A moins d’un an de la Coupe du Monde, nous avons décidé de nous replonger dans l’histoire du football soviétique des différentes (quatorze, hors Russie) républiques socialistes soviétiques d’Union Soviétique avec quatorze semaines spéciales, toutes reprenant le même format. Nous poursuivons avec la Géorgie et une introduction (statistiques et faits).
Cet article sera suivi d’un événement important (consacré à la victoire européenne du Dinamo), d’un club ayant marqué l’URSS (le Dinamo Tbilissi évidemment), d’un Homme (Ramaz Shengelia) et enfin d’un point sur vingt-six années de football après l’indépendance.
Le programme de la semaine
#11 – Introduction
#12 – Un événement : 1981, le Dinamo Tbilissi remporte la C2
#13 – Un club : Dinamo Tbilissi, la mécanique de l’ombre
#14 – Un Homme : Ramaz Shengelia, le finisseur Mingrélien
#15 – Le football en Géorgie depuis l’indépendance
Un peu d’histoire
La République Socialiste Soviétique de Géorgie a été créée en 1921 suite à la victoire des Bolcheviks sur l’éphémère République Démocratique de Géorgie qui avait déclaré son indépendance en 1918 sous l’impulsion des Mencheviks largement majoritaires dans le pays. La Géorgie a ensuite été englobée dans une grande République Socialiste Soviétique de Transcaucasie (avec ses voisins Arménie et Azerbaïdjan). C’est en 1936 que la Géorgie redevient une RSS à part entière, amputée d’une partie de son territoire historique. La Turquie a profité de la désorganisation pour s’emparer d’un morceau du territoire alors qu’au sud, certaines régions ont été données à l’Arménie ainsi qu’à l’Azerbaïdjan. Enfin la côte de la Mer Noire, englobant notamment Sotchi et Novorossiysk a été réattribuée à la Russie sous l’Union Soviétique.
La Géorgie, qui fournissait beaucoup de denrées alimentaires à l’Union complète (notamment des fruits, des noix, des légumes) a toujours été un endroit à part sous l’URSS. Peu industrialisée, malgré un immense complexe métallurgique à Rustavi, une usine automobile à Kutaisi ou encore les mines de Manganèse de Chiatura. En effet, la Géorgie était la porte d’entrée principale pour les biens venus d’Europe (d’un côté et de l’autre du rideau de fer), via la Turquie notamment.
Le particularisme de la République, ajouté à un sentiment nationaliste grandissant dans les années 1970, va amener de grandes manifestations dans les années 1980 sous l’impulsion de Zviad Gamsakhurdia et de Merab Kostava. Certaines furent violemment réprimées mais la Géorgie prit son indépendance en 1991 et Gamsakhurdia devint le premier président démocratiquement élu dans une des anciennes républiques socialistes soviétiques (avant d’être renversé quelques mois plus tard).
La Géorgie dans le championnat soviétique
Lire aussi : Où sont aujourd’hui les équipes ayant joué en Ligue Supérieure d’URSS ?
Le football dans la RSS de Géorgie, c’est avant tout l’histoire d’un club, celui du Dinamo Tbilissi, qui a passé 51 saisons dans l’élite et finit quasiment la moitié d’entre-elles sur le podium, récoltant au passage deux titres en 1964 et en 1978 et également deux coupes nationales, en 1976 et en 1979 lors de la période dorée du football géorgien. On ne s’attarde pas plus sur son histoire car le Dinamo fera l’objet de nos articles suivants.
Quatre autres équipes ont également connu le plus haut niveau soviétique. Pour trois d’entre-elles, le passage fut anedoctique : le Lokomotiv Tbilissi faisait partie du championnat élargi en 1938 juste avant la guerre, le Spartak Tbilissi a fait une apparition de deux saisons au début des années 1950 alors que le club gourien du Guria Lanchkhuti est passé par la Ligue Supérieure Soviétique en 1987 avant de redescendre aussi vite. C’est le Torpedo Kutaisi qui a été la deuxième force géorgienne en URSS avec treize saisons au plus haut niveau, l’intégralité des années 1960 et quelques apparitions dans les années 1980 en étant toujours dans le ventre mou du championnat mais atteignant une fois les quarts de finale de la Coupe d’Union Soviétique (en 1983, battu aux tirs au but par le futur finaliste, le Metalist Kharkov).
De nombreuses équipes de province ont également disputé le championnat local pendant la période soviétique et ont eu accès aux divisions inférieures d’URSS. Parmi les champions nationaux qui existent toujours, on peut citer le Meshakhte Tkibuli, Rustavi (Metalurg), le Samgurali Tskhaltubo ou encore le Sulori Vani.
Statistiques en Ligue Supérieure :
Clubs ayant participé provenant de Géorgie | 8% |
Saisons jouées par les clubs géorgiens | 8% |
Points glanés par les clubs géorgiens | 2827 (4%) |
Victoires par matchs joués | 38% |
Buts marqués et Goal-average | 2715 (4%) / +174 |
Titres | 2 (4%) |
Podiums | 20 (12%) |
La RSS de Géorgie en Coupe d’Europe
Les participations géorgiennes en Coupe d’Europe se résument exclusivement aux participations et exploits du Dinamo Tbilissi. La première en 1973 avec une élimination immédiate contre Twente, il a donc fallu attendre 1974 pour voir une victoire géorgienne contre le Slavia Sofia et ensuite contre l’OFK Belgrade avant de tomber contre Tottenham. Tout cela fut en Coupe UEFA. En C1, en 1980, c’est Hambourg qui a sorti la bande à Kipiani au deuxième tour après un exploit majeur dès le premier tour face au grand Liverpool (victoire 3-0 à Tbilissi). Cette campagne a préfacé la campagne victorieuse en C2 de 1981 sur laquelle nous reviendrons cette semaine. La défense du titre en 1982 s’est elle arrêtée en demi-finale contre le Standard de Liège.
Les deux dernières campagnes soviétiques du Dinamo furent moins exaltantes (toutes deux en UEFA) avec des défaites contre Naples et contre le Werder Brême.
Les Géorgiens en équipe nationale d’URSS
La Géorgie a donné 29 internationaux au football soviétique (8%), soit le troisième plus gros contingent historiquement pour 517 sélections (10%) et 65 buts (9%). Les pionniers furent les deux Avtandil : Gogoberidze et Chukaseli dans les années 1950. L’équipe d’URSS championne d’Europe en 1960 comptait dans son onze les trois suivants : Slava Metreveli, Mikheil Meskhi et Givi Chokheli.
Au fil des victoires du Dinamo, les internationaux géorgiens s’empilèrent même si ces derniers avaient du mal à reproduire en sélection ce qu’ils faisaient avec leur club du fait d’une philosophie de jeu et d’une mentalité différentes. Néanmoins, Kavazashvili, Khurtsilava, Nodia, Dzodzuashvili, Daraselia (disparu tragiquement au sommet de son art), Shengelia (duquel nous parlerons jeudi), Chivadze (le capitaine) et Sulakvelidze ont atteint les vingt capes et beaucoup plus pour certains. Symbole des problèmes d’adaptations géorgiens, le génial David Kipiani n’a lui porté le maillot rouge qu’a dix-neuf reprises. Gela Kitashvili, sélectionné trois fois en 1989, fut le dernier de cette lignée.
Au niveau des buts, seuls deux joueurs ont apporté une contribution certaine, il s’agit de Slava Metreveli avec onze buts et de Ramaz Shengelia avec dix unités. Mais en attendant la suite de cette semaine exceptionnelle, vous pouvez retourner lire certains de nos articles sur ces légendes.
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Adrien Laëthier
Image à la une : © Footballski