Coupe du Monde 2018 – Russie : Krasnodar, place forte coupée du monde

Elle est là : la Coupe du Monde 2018. La vôtre … et la nôtre. Pour fêter cette compétition, chez nous, dans nos contrées russes, notre rédaction a décidé de faire les choses comme il faut en vous offrant différentes séries d’articles. Il est temps de passer à l’heure russe ! 

Ce dimanche 1er juillet, la Russie, pays hôte de la Coupe du Monde 2018, joue un huitième de finale historique contre l’Espagne, championne du monde de 2010. Vu que l’Espagne s’entraîne dans le complexe sportif de Krasnodar, c’est l’occasion de revenir sur pourquoi cette ville s’est fait souffler la dernière place par Saransk et n’accueille pas la Coupe du Monde ; choix surprenant qui a fait couler beaucoup d’encre chez les observateurs.

Krasnodar, place forte du football russe

Krasnodar a eu récemment deux clubs en première division pendant plusieurs années et l’un d’eux, le FK Krasnodar, fondé en 2008 et dirigé par l’oligarque passionné de foot Sergei Galitski, se qualifie pour les compétitions européennes toutes les saisons depuis 2014. Il y a signé quelques performances marquantes comme la victoire pleine de punch 3-0 contre la Real Sociedad en 2014, la sensation 1-0 contre le Borussia Dortmund en 2015 ou encore le carton 5-2 contre l’OGC Nice en 2016.

L’écrasante victoire contre Nice sur une pelouse « pourrie » comme relevé à juste titre sur le plateau de l’After Foot de RMC était la dernière rencontre – européenne, puisqu’un dernier match contre Kazan y a eu lieu ensuite – jouée au Kuban Stadion, le stade du club historique de la ville. En octobre 2016, le FK Krasnodar a migré dans son Krasnodar Stadion flambant neuf lors de la réception de Schalke 04. Le stade a une capacité de 33 979 spectateurs et l’affluence dépasse la barre des 20 000 spectateurs pour quasiment toutes les affiches à quelques rares exceptions près ; ce chiffre est exceptionnel pour un pays à la peine dans ce domaine comme en témoigne cette étude réalisée sur Footballski en 2015-2016. Le stade vient d’ailleurs d’exploser le record de la Youth League lors de FK Krasnodar – Real Madrid en février dernier. La localisation de la ville dans le sud de la Russie favorise la pratique du football en raison d’un hiver plus clément. Le stade dispose en outre d’un écran panoramique de 360° projetant des animations pour le moins spectaculaires. Il ne s’agit ni plus ni moins que de l’un des stades les plus modernes de la Russie (voire le plus moderne) à tel point qu’il a probablement inspiré le projet de nouveau stade du FC Nantes comme le soupçonne Eurosport.

En plus de ceci, le club a la chance d’avoir un président visionnaire qui a prévu un plan à long terme devant développer du football et former la jeunesse. Pour en savoir plus sur le club et ses projets, il est possible de lire tous les articles écrits par Footballski tout au long des quatre dernières années (2014, 2015, trilogie 2016 épisode 1, 2 et 3).

Sotchi, Saransk, Kaliningrad, mais pourquoi ?

C’est une question bien connue qui se pose pour tous les pays organisateurs de grandes compétitions. Il y a l’événement lui-même, et il y a l’après. Avant de construire des infrastructures, on essaie de prévoir si elles vont pouvoir servir après la fin de cet événement. À Krasnodar, l’utilité de ne fait aucun doute. Le projet à long terme qui s’accompagne de la formation des jeunes et jouit d’une popularité importante l’assure. Si l’on raisonne sur des critères purement sportifs, seule l’existence d’autres villes plus « footeuses » est censée pouvoir justifier la non-retenue de Krasnodar comme enceinte pour ce Mondial 2018.

Pourtant, sur toutes les autres villes organisatrices, beaucoup ne font pas rêver (ou moins), en tout cas sur le plan footballistique. Comment justifier que Sotchi, Saransk, Kaliningrad, etc. ont été retenues à la place de Krasnodar ? Officiellement, Vitali Mutko a justifié la non-retenue de Krasnodar par le nombre de places, le stade de Krasnodar ne pouvant contenir plus de 34 000 supporters quand la barre est placée à 45 000. Cette réponse relève toutefois du non-sens en 2018 puisque la Baltika Arena de Kaliningrad, pour ne citer qu’elle, ne peut pas accueillir plus de 35 000 spectateurs.

La raison de ces choix apparaît évidente : elle est d’ordre politique. Dans une Coupe du Monde très politisée, la Russie veut mettre en contact les visiteurs étrangers avec le plus d’ethnies possible. Or, le kraï de Krasnodar est déjà représenté par Sotchi qui se veut être la vitrine du luxe de la Russie, bien que la ville ait connu la dissolution d’un club en 2009 et de deux clubs en 2013. Les autres évoluent dans des divisions inférieures. Le stade dans l’enclave de Kaliningrad entre la Pologne et la Lituanie est censé rappeler la présence russe en Europe. Le Mordovia Saransk (se souvenir que Saransk est la ville où Gérard Depardieu s’était installé en 2013 au 1 rue de la démocratie) a évolué en troisième division cette saison 2017-2018 et son stade avait les pires difficultés à attirer du public quand il était dans l’élite.

Toutefois, Krasnodar a su trouver une alternative pour montrer durant un mois qu’elle existe : en y invitant l’équipe d’Espagne contre qui joue la Russie le 1er juillet.

Philippe Ray 


Image à la une : Nikolay Hiznyak / Sputnik via AFP Photos

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