Rien n’arrête Qarabag, c’est ainsi que la ritournelle sonne en Azerbaïdjan. Avec un Qäbälä avec le frein à main et un Zira qui fait du surplace, Qarabag n’a pas eu à forcer son talent pour remporter son sixième titre de champion, le cinquième d’affilée. La grande question qui se pose à l’aube de la nouvelle saison est de savoir si le Neftchi Bakou peut renaître de ses cendres pour récupérer une couronne qu’elle est la dernière à avoir remporté avant le règne des troupes de Gurbanov ? Cette nouvelle saison permettra aussi de jauger la réelle valeur du Keshla, ex-nouveau-Inter Bakou et vainqueur surprise de la Coupe, mais se fera sans le Kapaz Ganja, ce qui laisse un grand trou d’air à l’Ouest du pays.

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Six comme Qarabag

Intraitables. On pensait que le Qäbälä se rapprochait de plus en plus de l’ogre d’Agdam délocalisé à Bakou, mais que nenni. Qarabag a rondement mené sa fin de saison, avec toute son expérience, et malgré la perte de son buteur sud-africain Dino Ndlovu, pour être sacré champion quelques semaines avant la fin de la saison. Gurbanov s’est basé sur le premier pilier de son jeu renversant, à savoir une défense hors pair, puisque sur les 14 matchs de la deuxième partie de saison, Qarabag a collectionné 8 victoires, 4 matchs nuls et deux défaites (encaissées une fois devenus champions), pour un total de 12 buts marqués et 7 encaissés !


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Bref, rien à signaler pour les quintuples champions en titre, qui essaient de nouveau d’atteindre le graal de la Ligue des Champions cet été. Et c’est plutôt bien parti, après l’élimination de l’Olimpija Ljubljana qui leur offre la possibilité de rencontrer les Albanais de Kukësi au tour suivant.

Au niveau du mercato, il va toutefois falloir faire sans Richard Almeida, parti au FC Astana et légende vivante du club. Après cinq titres de champion, 216 matchs et 48 buts pour Qarabag, il semble toutefois irremplaçable et s’est durablement installé dans l’histoire du club. Au revoir Richard !

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Qäbäla au finish

L’ex-club de Tony Adams parvient tout de même à décrocher la seconde place, malgré une fin de saison assez moyenne qui a vu… le Neftchi Bakou revenir sur eux ! Et oui, le grand club historique d’Azerbaïdjan est de retour aux affaires après quelques années moroses, c’est un euphémisme. Quinze points séparaient pourtant les deux clubs à la trêve, ce qui illustre bien les trajectoires opposées des deux équipes depuis lors.

Il faut se faire du souci pour Qäbälä, qui malgré la meilleure attaque de la Ligue et deux joueurs sur  le podium des meilleurs buteurs (Bagaliy Dabo termine en tête avec 13 réalisations, tandis que Steven Joseph-Monrose arrive 3e avec 9 buts), a véritablement vécu une fin de saison en eau de boudin. La finale de la Coupe aurait pu mettre du baume au coeur, mais les radarlar l’ont perdue face au Keshla (voir ci-dessous), entraînant du même coup la non-prolongation du contrat de Roman Grigorchuk, remplacé par Sanan Gurbanov, qui avait déjà assuré un intérim au club en 2014 après le départ de Dorinel Munteanu. Le sorcier ukrainien a vite retrouvé un employeur en débutant une aventure avec le FC Astana.

Avec lui, d’autres cadres du club ont quitté le bateau, pour en plus aller signer chez des rivaux : le génial Filip Ozobic est parti au Qarabag, tandis que Bagaliy Dabo a signé chez le grand Neftchi Bakou. Quelques recrues locales ou venues de Turquie (voire du Skenderbeu) sont venues renforcer l’effectif, mais la sauce n’a pas encore pris. En témoigne la défaite honteuse en tour préliminaire de Ligue Europa face aux Luxembourgeois du Progrès Niederkorn (0-2 ; 0-1). Une aventure européenne qui prend déjà fin début juillet, ce qui n’était plus arrivé depuis longtemps au Qäbälä. Le club a donc tout intérêt à profiter de cet échec pour se concentrer à 100 % sur le championnat et essayer de rivaliser avec Qarabag.

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Voire avec le Neftchi Bakou ? Car le club historique pète la forme. A 80 ans et toutes ses dents, le club n’a encaissé que deux défaites en championnat après la trêve pour un total de 30 points sur 42, leur permettant d’accrocher le podium au détriment du Zira, à trois petits points de Qäbälä. Alors qu’il était encore 5e à mi-saison ! La défaite en demi-finale de la Coupe contre ces derniers passe mal, mais qu’importe, le Neftchi revient en Coupe d’Europe. Et il est même passé tout près de l’exploit en dominant Ujpest au match aller (3-1) du premier tour préliminaire de la C3, mais les Hongrois se sont montrés déterminants au retour pour se qualifier (4-0).

Qu’importe, le Neftchi est de nouveau dans la place et ça fait plaisir. En recrutant Dabo ou encore le défenseur croate Bralic, le Neftchi réaffirme ses ambitions de succès, ce qui est confirmé le 8 juin 2018 avec l’arrivée d’un magicien italien sur son banc de touche : Roberto Bordin, celui-là même qui a réussi à insuffler au Sheriff Tiraspol une soif de victoires incommensurable et une excellence tactique qui manqueront au championnat moldave.

Derrière, le Zira termine 4e et confirme sa bonne santé. Le club ne sombre pas et reste constant dans ses (bons) résultats, ce qui est une bonne chose dans l’imbroglio qui caractérise parfois les clubs azerbaïdjanais. Sumqayit, en revanche, aurait pu rêver d’un podium mais a complètement loupé le sprint final, finissant cinquième avec une victoire sur les huit derniers matchs.

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Bye bye Kapaz

Le cauchemar prend fin pour le Kapaz, qui était encore européen il y a quelques années (ils avaient éliminé le défunt FC Dacia, en 2016). Le club de Ganja n’a gagné que trois fois en 28 rencontres, trop peu pour espérer autre chose qu’une place de bon dernier. Trois fois champion d’Azerbaïdjan et quatre fois lauréat de la Coupe nationale, le Kapaz est l’un de ces clubs qui comptent et qui plongent sans mot dire. Dans une seconde division où les licences ne courent pas les rues (lire ci-dessous), la possibilité de remonter directement est réelle et c’est tout ce qu’on espère pour la capitale occidentale et deuxième ville du pays.

Le mérite de ce naufrage revient au seul promu, Sebail, qui a fait le nécessaire pour sécuriser sa place dans l’élite. Des victoires par-ci, par-là et une excellente première partie de saison ont suffi pour terminer avant-dernier, à neuf points du Kapaz. On retrouvera donc le Sebail l’an prochain en Premyer Liqäsi.

Premier trophée pour le Keshla !

On vous en parlait à la trêve, l’Inter Bakou était en banqueroute et a été repris en cours de saison, au prix d’un changement de nom, de blason et de couleurs. Bienvenue au FC Keshla, successeur officiel donc du double champion national (2008 et 2010). Après des débuts quelque peu poussifs (avant-dernier à mi-saison avec huit petits points), le Keshla a finalement réussi là où l’Inter Bakou avait échoué à quatre reprises en finale, c’est-à-dire en remportant la Coupe d’Azerbaïdjan 1-0 face à Qäbälä, qui reste donc sans trophée jusqu’à présent !


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Cette victoire en Coupe vient couronner une deuxième partie de saison riche en émotions puisque le Keshla a rapidement assuré un meilleur rythme que ses deux poursuivants (Kapaz et Sebail) tout en s’assurant de ne pas perdre contre eux et en s’offrant même des succès de prestige contre le Neftchi, et enfin le Qarabag en fin de saison, sans compter le Qäbälä en finale de la Coupe.

Un retour aux affaires européennes pour le Keshla, qui n’aura duré que bien trop peu de temps avec une humiliation 4-1 contre Balzan (Malte), un score que le club n’a pu renverser au retour (2-1).

Le classement

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Premyer Liqäsi cherche promu

Situation incroyable en revanche dans l’antichambre où il faut aller jusqu’à la cinquième place pour trouver l’équipe qui montera en Premier Liqasi, à savoir le Sabah. Et pour cause, les quatre clubs qui le précèdent n’ont pas obtenu la licence A. Le Khäzär, qui joue à Şüvälan à côté de Mayak Beach, a donc remporté en vain le championnat de division 2. Le Qaradag Lökbatan, Şüvälan et le MOIK s’en suivent avec la même conclusion.

Notons enfin que Turan Tovuz, malheureux champion de D2 l’année passée qui n’a pu monter pour les mêmes raisons, a terminé 6e.

Point mercato

Certains des transferts phares ont déjà été mentionnés ci-dessus. Rappelons donc que Bagalyi Dabo et Filip Ozobic ont quitté Qäbälä, le premier pour le Neftchi Bakou et le second pour Qarabag. Vernydub quitte lui aussi le club pour le Zorya Luhansk. Deux joueurs de Skenderbeu, James et Sabien Lilaj, ainsi que Lalawélé Atakora, viennent renforcer les Rouge et Noir.

Au Qarabag, soulignons l’arrivée du Lensois Abdellah Zoubir (passé par le Petrolul) pour un montant d’un million d’euros, tout comme de l’ailier Dzon Delarge de Bursaspor. Le champion a fait du bruit en recrutant le portier islandais Hannes Thór Halldórsson, qui vient de disputer la Coupe du Monde, en provenance du Randers. Il sera en concurrence avec Vagner, gardien brésilien recruté depuis Mouscron. Enfin, le jeune bulgare de 24 ans Simeon Slavchev, prêté à droite à gauche par le Sporting Club Portugal ces dernières années, aura la lourde tâche de faire oublier Richard Almeida. Au niveau des départs aussi, notons ceux du gardien emblématique Sehic et de sa doublure Kanibolotsky.

Le Neftchi a donc recruté d’abord Roberto Bordin puis Dabo, ainsi que les Croates Bralic (Siroki Brijeg) et Palacko (Wellington Phoenix). Notons enfin la venue au Zira du Franco-algérien Bilal Hamdi et du Franco-Martiniquais Dylan Duventru, en provenance du club chypriote de l’Alki Oroklini.

Dabo sous ses nouvelles couleurs, face à Ujpest. | © facebook.com/NeftciPFK

Les ambitions pour l’été

Elles sont déjà terminées en Ligue Europa avec les éliminations combinées de Qäbälä, du Neftchi Bakou et du Keshla au premier tour préliminaire. Des performances exécrables, surtout dans le chef du Qäbälä et du Keshla qui devaient facilement se qualifier sur le papier.

Seul Qarabag, en Ligue des Champions, ramène donc quelques points au ranking UEFA de l’Azerbaïdjan cette année. Une victoire 0-1 en Slovénie, face à l’Olimpija, confirmée par un mach nul 0-0 à Bakou, ont suffi pour permettre aux hommes de Gurbanov de se frotter à Kukësi au second tour. En cas de qualification, Qarabag rencontrera le vainqueur de BATE Borisov vs. HJK Helsinki au 3e tour, tandis qu’en cas de défaite, le club jouera contre Torpedo Kutaisi en C3.

Guran Gurbanov et la Ligue des nations

Ce qui va intéresser au plus haut point le football azerbaïdjanais concerne l’entrée en lice dans la Ligue des nations, première voie quailficative pour l’Euro 2020 dont quatre matchs seront joués à Bakou. Nous avions déjà évoqué le sujet à la suite des éliminatoires pour la Coupe du monde 2018, c’est Guran Gurbanov, le magicien du Qarabag, qui a repris les rênes de la sélection nationale après quelques expériences de managers étrangers peu concluantes. On a donné toutes les clés à Gurbanov qui a le loisir d’émettre également son avis sur les sélections de jeune.

Début juin, l’Azerbaïdjan a joué deux matchs amicaux avec une défaite 3-0 au Kazakhstan et une victoire 1-3 en Lettonie.


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Pour rappel, l’Azerbaïdjan est dans la Ligue D de la Ligue des Nations, et le tirage au sort leur a offert Malte, les Iles Féroés et le Kosovo pour en découdre cet automne. Rendez-vous dès le 7 septembre 2018 à Bakou avec un flamboyant Azerbaïdjan – Kosovo, qui semble déjà décisif pour la première place, la seule permettant d’être promu en Ligue C et de jouer des play-off a priori abordables en vue d’une qualification pour l’Euro 2020.

Par Thomas Ghislain


Image à la une : © qol.az

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