Nouvelle saison menée tambours battants par Qarabag, en Azerbaïdjan. Poils à gratter sur la scène européenne qu’ils ont découverte cet automne, les quadruples champions en titre mènent tranquillement la danse et sont suivis par Qäbälä et le Zirä, les deux seuls clubs qui ont réussi à leur prendre des points jusqu’à présent. Le Neftchi est dans une situation moins déplorable que la saison dernière à la même époque, tandis que l’Inter Bakou a changé de nom et se trouve dans la mouise. Bref récapitulatif de la première partie de saison dans la Terre de Feu.

Tour d’horizon

1. Qarabag – 37 points

Rien à dire. Qarabag est à sa place, et on voit mal comment un cinquième titre pourrait leur échapper, au vu de leur suprématie sur les quatorze premiers matchs. Cinq petits points lâchés, avec une défaite face à son dauphin, Qäbälä, et un match nul contre le troisième larron, le FK Zirä. Comme d’habitude, Qarabag se base sur une défense solide, six petits buts encaissés soit la meilleure de l’élite, sans contestation possible.

Surtout, Qarabag a su jongler avec la plus grande aventure de son histoire jusqu’à présent, à savoir sa première participation, et la première pour un club azerbaïdjanais, à la Ligue des Champions. Six matchs de haut niveau, avec trois réceptions de gala (Chelsea, Atlético Madrid, AS Rome) durant lesquels Qarabag a fait mieux que simplement subir, comme on le laissait présager, réussissant à prendre deux points contre l’Atlético notamment. Du coup, Gurbanov a quelque peu fait tourner son effectif, avec des joueurs comme Diniyev, Yunuszade, Izmailov, Amirguliev, Huseynov ou Sheydaev, qui ont pu grappiller quelques titularisations. Le front de l’attaque est tenu par le Sud-Africain Dino Ndlovu, avec cinq buts, et surtout le jeune Madatov, souvent placé sur l’aile et qui est l’actuel meilleur buteur du club avec six réalisations en championnat.

Deux interrogations subsistent. Tout d’abord, Dino Ndlovu est parti au Zhejiang Greentown, en seconde division chinoise. On parle d’un attaquant zimbabwéen, Khama Billiat des Mamelodi Sundowns (Afrique du Sud) pour le remplacer. La tâche ne sera pas aisée, tant Ndlovu s’est montré important dans le jeu de Gurbanov et surtout décisif dans les moments-clés.

D’autre part, la nomination de Gurban Gurbanov en tant que sélectionneur de l’équipe nationale d’Azerbaïdjan aura inévitablement une conséquence sur le temps qu’il peut consacrer à Qarabag. Sa double casquette et la gestion de cette situation pas toujours simple devra être suivie attentivement.

Qarabag a d’ailleurs terminé l’année sur une mauvaise note avec une élimination en quarts de finale de la Coupe contre Sumqayit (2-1, 0-2), une compétition que le club avait remportée au cours des trois dernières saisons.

© facebook.com/sumqayitfc

2. Qäbälä – 31 points

L’été s’est avéré décevant pour Qäbälä, éliminé sans gloire de la Ligue Europa au troisième tour qualificatif, par le Pana. Mais en championnat, seule la défaite contre la lanterne rouge Kapaz, fin septembre, a terni un calendrier bien géré, agrémenté toutefois de deux défaites contre ses principaux concurrents, Qarabag et Zirä, mais une victoire de haute lutte contre les champions en titre 1-0, en octobre.

Avant la trêve, Qäbälä a assuré sa présence en demi-finales de la Coupe en éliminant facilement Säbail, ce qui lui ouvre une voie royale vers le premier trophée de son histoire (Qäbälä était finaliste en 2014 et en 2017) au vu des éliminations de ses deux principaux concurrents.

Grigorchuk s’appuie sensiblement sur le même effectif qui a terminé second la saison dernière, auquel s’ajoutent les excellents Steven Joseph-Monrose et Famoussa Koné, auteurs de quatre et cinq buts, loin derrière le meilleur buteur du championnat, le Français Bagaliy Dabo avec neuf réalisations.

Qäbälä devra lutter âprement pour garder sa place de dauphin, vu la ténacité du Zirä. Mais à moins d’un gros couac, on les voit mal parvenir à rattraper Qarabag dans la course au titre. Avec un Qarabag – Qäbälä prévu dès la reprise, le 10 février, ainsi qu’un Qäbälä – Zirä qui suit une semaine plus tard, on en saura un peu plus sur les capacités des Rouge et Noir à tenir le haut du pavé cette saison.

© http://gabalafc.az

3. Zirä – 30 points

La surprise de la saison 2015/2016 revient donc en force cette année, après être quelque peu rentrée dans le rang la saison dernière. Enfin admis en Ligue Europa, le Zirä a pu engranger leurs premiers succès face à Differdange (2-0, 1-2) avant d’être éliminé par l’Astra au second tour qualificatif. La Coupe d’Europe devrait de nouveau être au programme l’été prochain, tant la constance des résultats du Zirä a permis de faire le trou avec le quatrième (10 points déjà) et s’assurer ainsi une place sur le podium, en compagnie des deux mastodontes que sont Qarabag et Qäbälä. Les Bleu ciel ont commencé la saison par une série de huit matchs sans défaite, en tenant tête à Qarabag notamment (0-0), avant de chuter à Sumqayit (2-1).

Souvent vainqueur par un but d’écart, le Zirä a pu s’appuyer sur un effectif mêlant jeunesse et expérience, avec le renfort bien senti de quelques légionnaires comme Richard Gadze, Joseph Boum, Gabi Matei ou David Manga. On retient aussi l’excellent début de saison du back gauche Tamkin Khalilzade, 24 ans et 4 buts, qui lui a même valu deux sélections avec l’équipe nationale durant l’automne.

Le Zirä a lui aussi mal terminé l’année en s’inclinant face au Neftchi, en quarts de finale de la Coupe (1-0, 0-2).

Malheureusement, le Zirä doit déjà faire face à quelques défections durant le mercato hivernal. Notamment le même Khalilzade, parti au Qäbälä, Gabi Matei transféré au Bruk-Bet Termalica, ou encore David Manga dont le contrat a été résilié. Il va donc falloir quelque peu rebâtir en fonction des départs et espérer l’une ou l’autre arrivée pour tenir le rythme des deux Q devant. Quoiqu’il en soit, le Zirä prouve de nouveau cette saison qu’il dispose des moyens de ses grandes ambitions et qu’il désire s’installer durablement dans le haut du tableau de la Premyer Liqasi.

© facebook.com/fczire

4Sumqayit – 20 points

Le trou est déjà fait et il sera difficile pour Sumqayit de rejoindre le podium. Néamoins, c’est déjà une belle saison pour le club de la troisième ville du pays, plus souvent habitué à être en queue de ventre mou qu’aux avant-postes ces dernières années. Le club peut compter sur la bonne forme de son avant-centre, Amil Yunanov, déjà auteur de cinq buts cette saison dont le plus important, jusqu’à présent, est sans doute le 2-0 inscrit à la 90e minute lors du quart de finale retour de la Coupe, contre Qarabag. Un but somptueux où il mystifie Qarayev, synonyme de qualification pour les demi-finales, mais surtout d’élimination du meilleur club azerbaïdjanais dès décembre.

Il s’agit d’ailleurs du principal objectif de fin de saison pour Sumqayit, le maintien étant quasiment assuré et le podium étant déjà trop loin. Rendez-vous en avril avec un double affrontement contre le Keshla.

5Neftchi – 16 points

Quel bonheur de voir le Neftchi naviguer loin de la zone de relégation. Il y a un an, les Noir et Blanc étaient en effet englués dans les profondeurs du classement mais ont réussi à s’en sortir grâce à une belle série à la reprise, pour l’année de son centenaire.


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Le Neftchi avait extrêmement mal débuté sa saison, avec six matchs sans victoire durant l’été. Mais quatre victoires consécutives ont suivi et ont permis au club de souffler un peu, avant de terminer l’année sur une belle performance en Coupe, en éliminant le Zirä (0-1, 2-0). La Coupe devrait d’ailleurs être le principal objectif du club en seconde partie de saison. Ca sera contre Qäbälä, en avril, soit une montagne à renverser.

6Säbail – 13 points

Le promu s’en sort plutôt bien et a profité de quelques victoires au cordeau contre des concurrents directs (Neftchi, Kapaz, Keshla) pour se trouver à la trêve à distance respectable de la lanterne rouge. Le club rencontre toutefois beaucoup de difficultés à marquer, avec neufs buts seulement en quatorze matchs.

Le FK Säbail, à l’image du FK Zirä, est un nouveau club, fondé en 2016 et qui a gagné son droit à jouer dans l’élite grâce au fait que le Turan Tovuz, vainqueur de la seconde division, n’a pu obtenir sa licence. Säbail étant son dauphin, ils ont pu rejoindre l’élite dès leur première saison au niveau professionnel. Le club représente un quartier sud de la capitale et joue au stade Bayil, le plus souvent devant des tribunes clairsemées.

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7e – Keshla – 8 points

Drôle de saison pour le Keshla. Il s’agit en fait du nouveau nom de l’Inter Bakou, sous lequel le club remporte deux championnats, trois médailles d’argent et trois de bronze. Des problèmes financiers sont déjà apparus en 2015, l’UEFA avait même sanctionné le club en l’excluant des compétitions européennes pour les trois prochaines saisons. Un repreneur est arrivé cet été et a décidé de changer le nom du club en cours de saison, tout autant que son logo et ses couleurs. Exit les Bleu et Blanc, voici les Blanc et Rouge.

Cette instabilité dans les coulisses n’est pas idéale pour une équipe. Pour preuve, le Keshla est avant-dernier, à un petit point de la lanterne rouge et donc de la relégation. La saison avait pourtant bien débuté avec un tour de qualification passé avec succès en Ligue Europa, avant de chuter contre le Fola Esch en juillet. En championnat, le Keshla avait déjà glané huit points en six matchs en tenant notamment en échec le Zirä. Mais depuis, c’est un chemin de croix, le Keshla restant sur huit défaites consécutives en championnat.

La lueur dans la grisaille vient de la Coupe nationale, où le Keshla parvient à s’extirper des quarts de finale en éliminant un Kapaz au fond du trou. La demi-finale s’annonce très compliquée face à un Sumqayit auteur d’une belle saison.

Le 18 février, pour le second match de reprise, les deux bonnets d’âne de la Premyer Liqasi seront d’ailleurs face à face en championnat, pour une rencontre explosive qui devrait donner les grandes lignes du reste de la saison.

© facebook.com/keshlafc

8Kapaz – 7 points

Rien ne va plus à Ganja. Le Kapaz, l’un des clubs historiques et des plus populaires du pays, est en grand danger. Sept petit points, deux victoires (dont une à Qäbälä), 29 buts encaissés, une élimination en quarts de finale de la Coupe contre Keshla… Le bilan est catastrophique pour le Kapaz, qu’on avait pourtant l’habitude de voir parmi les prétendants au podium depuis leur retour dans l’élite en 2015.

Un effectif peu compétitif, des performances à domicile désastreuses (0 point), dans un stade décrépi qui accueille de moins en moins de supporters (tandis que le quotidien des joueurs se déroule à Bakou, loin de Ganja), un changement d’entraîneur (Yusin Huseynov est arrivé en novembre) qui ne porte pas encore ses fruits. Difficile de voir une lueur d’espoir pour un club qui n’est qu’à sa place, au vu du niveau de jeu proposé cette année. Le mano à mano avec Keshla pour le fauteuil de relégable devrait durer jusqu’à la fin de saison et commence dès le 18 février avec la rencontre qui oppose les deux équipes.

Classement

Le but Puskás 2018

Le fameux trophée du plus beau but de l’année sera sans doute décerné à Kamran Abdullazade, du Kapaz, pour sa fabuleuse retournée des 16 mètres contre le Keshla en quarts de finale de la Coupe. Malheureusement, ce but n’a pas suffi à Kapaz, qui s’incline 2-3 et quitte prématurément la coupe nationale. Un bon placement, une exécution parfaite, un stade en furie. But sensationnel.

Capitaine Sadygov tire sa révérence

L’emblématique capitaine de Qarabag et de l’équipe nationale, Rashad Sadygov, a mis un terme à sa carrière internationale. « Il peut être considéré comme une légende vivante du football azerbaïdjanais, raconte Oqtay Atayev, correspondant pour UEFA.com en Azerbaïdjan. Un tel joueur de football, un tel patriote, un tel leader sur et en dehors du terrain, on n’en rencontrera pas de sitôt. Il s’est toujours détaché de par ses qualités techniques, sa stabilité, son caractère solide, modeste et patient et ses qualités humaines. Il est un exemple de véritable capitaine pour beaucoup et est très respecté en Azerbaïdjan. »

Mais le successeur de Gurban Gurbanov, c’est peut-être bien lui. « Il est probablement le seul joueur de football dans l’histoire qui a joué à la fois en Ligue des Champions et a entraîné une équipe en UEFA Youth League. Il est le capitaine de Qarabag mais aussi l’entraîneur principal des U19. Je suis sûr qu’il deviendra un bon entraîneur. Peut-être qu’il deviendra, très prochainement, un assistant de son ami Gurban Gurbanov à Qarabag ou au sein de l’équipe nationale. »

© facebook.com/FKQarabagh

Par Thomas Ghislain


Image à la une : © facebook.com/FKQarabagh

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