Notre voyage s’achève comme l’an dernier à Belgrade. Quelques jours plus tôt, l’Etoile Rouge venait de décrocher une qualification historique pour la Ligue des Champions. Nous n’aurons pas l’occasion de voir de matchs de cette équipe ni de leurs rivaux du Partizan, mais au programme un match de Première division tout de même, avec le FK Zemun, et des retrouvailles fort sympathiques avec un club que l’on avait découvert il y a deux ans, à savoir le FK Rekreativo 011.


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Du côté de Zemun

On ne va pas vous cacher que dans certains matchs qu’on fait dans nos pays Footballski, on se demande si avec un peu d’entraînement on ne pourrait pas postuler à une place dans une équipe. ZemunRad en était la parfaite illustration. Sous un samedi après-midi très chaud, après avoir visité Belgrade avec une guide zambo-serbe qui nous assure que Srebrenica ce n’était pas une bonne idée, mais que les femmes et les enfants étant épargnées, on ne peut pas vraiment parler de génocide, nous partons cette fois pour Zemun dans la banlieue de Belgrade.

Zemun c’est un peu la frontière entre l’ancien empire austro-hongrois et l’Empire ottoman. Ancienne ville désormais rattachée à la capitale serbe, le quartier prône toujours son indépendance et l’inspiration austro-hongroise se ressent toujours au niveau de l’architecture qui dénote avec ce qu’on peut voir dans Belgrade. Le centre-ville est rapidement traversé, on décide de se rendre dans l’enceinte du FK Zemun qui est un peu plus compliquée à trouver, même si l’on était déjà venu l’an dernier. Changement de bus et utilisation de ce formidable outil connecté qu’est google maps, nous arrivons finalement devant le petit stade du quartier. On avait le choix entre un Čukarički – Radnički Niš, nous optons finalement pour un succulent Zemun – Rad, nous disant que la balade après match sur les bords de la Save sera plus sympa.

L’affiche laisse rêveur, le dernier du championnat face à un club aux affinités politiques douteuses que nous avions pu découvrir l’été dernier. Mais nous sommes là avant tout pour le beau jeu et pour occuper notre samedi. Notre précieux sésame obtenu pour moins de trois euros, nous sommes situés en pleine tribune latérale dans la seule zone avec de l’ombre. Le parcage du Rad est bien rempli pour ce petit derby, Jelena Polic nous fait un petit coucou et c’est parti pour une somptueuse rencontre avec l’entrée des joueurs sur la pelouse sous l’hymne épique du FK Zemun. Le groupe ultra des locaux fait grise mine en début de match, on y trouve seulement cinq ou six mecs restant à l’ombre. Assez surprenant pour un groupe pourtant actif. Ils arriveront finalement avec un peu de retard et chanteront pendant tout le match.

Antoine Gautier / Footballski

Sur le terrain c’est pauvre, très pauvre. On pouvait la redouter, elle est malheureusement là, la fameuse purge que nous retrouvons à chaque Footballskitrip ! Après Brno-Slavia Prague, Lokomotiv Tbilisi-Torpedo Kutaisi et Rad-Cukaricki, nous avons un nouveau gagnant! Le déchet technique est affolant, aucun jeu et aucune envie. On veut bien qu’il fasse chaud, mais bon c’est quand même très faible venant de joueurs professionnels … Le public assez âgé de la tribune latérale s’impatiente comme nous, mais aucun joueur ne semble capable de faire la différence, pas même Takuya Murayama, l’ailier japonais de Zemun. Du moins en première période!

Nous découvrons que le stade ne dispose pas d’une buvette, mais de bien mieux, un bar ! Quoi de mieux pour se rafraîchir sous la chaleur estivale de Belgrade avant d’assister à une seconde période qui s’annonce passionnante ? Un petit nouveau va alors faire son apparition pour Zemun en seconde période. Un ailier international namibien, Somaed, fait ses grands débuts pour la lanterne rouge. On a peur pour lui, surtout qu’il évolue juste à côté du parcage ultra du Rad. Mais, au final, tout va bien se passer pour lui ! Mieux encore, il va se montrer intéressant offensivement et va participer au seul but du match inscrit par Kukulicic à la reprise. Et va faire rire tout un stade lorsque ses demandes d’appel en profondeur ressemblant au cri d’une chèvre égorgée parviennent aux oreilles des spectateurs.

C’est à peu près tout, le Rad se contente de tenir le résultat, les supporters de Zemun craquent des fumigènes et nous attendons la fin de la rencontre avec impatience … L’arbitre finit par délivrer les joueurs et les 500 supporters qui ont assisté à cette superbe rencontre. De notre côté, nous poursuivons la soirée sur les berges du Danube avec un bon barbecue arrosé de quelques Zaječarsko, histoire de finir cette journée sur une bonne note.

Antoine Gautier / Footballski

Qu’est devenu le FK Rekreativo 011 ?

Pour achever ce voyage en beauté et avant de reprendre l’avion en fin d’après-midi, direction une fois n’est pas coutume les faubourgs de Belgrade, pour retrouver un club que nous vous avions déjà présenté il y a deux ans. Le FK Rekreativo 011, un club créé et géré de A à Z par une bande de potes jouait à l’époque dans les ligues amateurs de Belgrade. C’est toujours le cas aujourd’hui et il était donc intéressant d’aller voir comment le club s’était structuré depuis. Football du dimanche, coup d’envoi à 11h et déplacement sur le terrain du Mladi Proleter (soit les « jeunes prolétaires de Belgrade), il n’en fallait pas plus pour nous motiver !


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Motivés, mais pas très au point en nous arrêtant un arrêt de bus avant celui prévu, nous passons un bon petit moment à tenter de trouver l’adresse de ce fameux stade…autour d’un cimetière. Finalement la magie de google maps se rappelle à nous et nous pouvons débarquer dans ce stade du Mladi Proleter avant la fin du premier quart d’heure. Le temps de retrouver Uros, un des dirigeants présent, absorbé par le début de match de son équipe. Malgré la chaleur présente en cette matinée à Belgrade les deux équipes essayent de produire un peu de jeu, et le Rekreativo se procure quelques occasions. La pause est l’occasion de faire le point sur ce qu’est devenu ce club, créé dans l’optique de permettre à une bande de copains de jouer entre eux, sans pression excessive du résultat, et avec avant tout la culture de l’amitié.

« On est en train de se structurer. Le Rekreativo est vraiment en train de passer une étape. On aimerait par exemple commencer à créer une équipe de jeunes, pour avoir une base sportive encore plus importante. Même si c’est très dur à gérer, c’est une étape importante qu’on est en train de franchir. »

© Antoine Gautier / Footballski.fr

Sur le terrain beaucoup de changements ont d’ailleurs eu lieu depuis deux ans, et une deuxième génération de joueurs a pris le relais de la première « Ils sont plus jeunes, plus forts et plus rapides. Mais il faut qu’ils apprennent à jouer ensemble. » On remarque par exemple aisément l’avant-centre, cheveux longs et bandeau à la Diego Forlan, qui finit par ouvrir le score à la conclusion d’une balle en profondeur. Malheureusement la fin de match sera plus compliquée. Tout d’abord à cause de la chaleur, qui pèse sur les deux équipes à partir de la 60e minute et nous offre une belle fin de match de niveau bas de tableau District avec des équipes coupées en deux.

Profitant d’un énième contre le Mladi Proleter finit par égaliser. Le Rekreativo ne s’en laisse pas compter, mais voit l’arbitre assistant leur refuser un but pour un hors-jeu…finalement invalidé par l’arbitre central, mais trop tard…En guise de compensation 10 minutes de temps additionnel (!) sont annoncées, mais c’est finalement le Mladi Proleter qui en profitera pour marquer d’un centre-tir complètement involontaire…

Le mauvais résultat n’entamera pas l’ambiance. Nous nous retrouvons finalement, avec les joueurs des deux équipes, à partager quelques bières au supermarché du coin. « La première mi-temps a été plutôt correcte, la deuxième on a complètement baissé de pied, mais la plus importante elle commence maintenant, c’est la troisième mi-temps ! » Le Rekreativo a déjà 5 ans d’existence (autant que Footballski), et bien que le club entame une transformation nécessaire pour sa survie à long terme, l’esprit est resté : débrouille, solidarité et amitié. Uros le résume en quelques mots après le match :

« C’est un équilibre compliqué à trouver avec nos vies sociales, parfois ma copine a envie de me tuer quand je parle encore du club. Mais quand je vois les gars, ce qu’on a pu apporter à certains, ça me réchauffe vraiment le coeur et ça me donne envie de continuer. »

De notre côté on ne voyait pas meilleure façon de terminer ce voyage qu’avec un peu de football vrai, celui avec qui on a tous commencé à jouer et qui nous a fait aimer ce jeu. Si vous passez à Belgrade, vous ne regretterez pas d’aller les voir.

Antoine Gautier & Antoine Jarrige, à Belgrade


Photo de couverture : Antoine Gautier / Footballski

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