Elle est là : la Coupe du Monde 2018. La votre … et la notre. Pour fêter cette compétition, chez nous, dans nos contrées russes, notre rédaction a décidé de faire les choses comme il faut en vous offrant différentes séries d’articles. Il est temps de passer à l’heure russe !
La Russie doute. La Russie craint le pire. La Russie est sceptique. D’accord, ça, vous commencez à le savoir : les Russes ne sont pas sûrs de leurs forces. Pourtant, connaissez-vous réellement les forces en présence ? Les attentes ? Les poins forts et faibles ? Non ? Tant mieux, nous sommes là pour ça.
La sélection
Gardiens :
Igor Akinfeev (CSKA Moscou), Andrey Lunyov (Zenit) et Vladimir Gabulov (FC Bruges)
Défenseurs :
Sergey Ignashevich (CSKA Moscou), Ilya Kutepov (Spartak Moscou), Mario Fernandes (CSKA Moscou), Fyodor Kudryashov (Rubin Kazan), Igor Smolnikov (Zenit), Vladimir Granat (Rubin Kazan) et Andrey Semyonov (Akhmat Grozny)
Milieux :
Alan Dzagoev (CSKA Moscou), Roman Zobnin (Spartak Moscou), Aleksandr Erokhin (Zenit), Aleksandr Golovin (CSKA Moscou), Anton Miranchuk (Lokomotiv Moscou), Aleksey Miranchuk (Lokomotiv Moscou), Aleksandr Samedov (Spartak Moscou), Yuri Gazinski (Krasnodar), Yuri Zhirkov (Zenit), Denis Cheryshev (Villareal) et Daler Kuzyaev (Zenit)
Attaquants :
Artyom Dzyuba (Zenit) et Fyodor Smolov (Krasnodar).
L’équipe type
Les points forts
Si l’équipe russe a grandement déçu durant la préparation pour cette Coupe du Monde, la Sbornaya a pourtant, sur le papier, quelques points forts qu’il faudra enfin exploiter sur le terrain. En dehors de ceux-ci, nul doute que le fait de jouer à domicile reste l’atout premier de la sélection.
Un milieu de terrain plein de talents
Vous l’avez peut-être remarqué, le milieu de terrain est la zone la plus fournie dans la sélection de Cherchesov. En regardant les noms de plus près, nous pouvons voir que le talent est bien là. Ainsi, l’entre-jeu est logiquement le principal atout de la sélection russe dans cette compétition. Ce milieu est composé de Gazinski et Zobnin, deux joueurs solides à la récupération, des expérimentés Zhirkov et Samedov sur les ailes ; mais également de quelques beaux joyaux au centre du terrain avec Dzagoev, Golovin et Erokhin pour faire les relais. Enfin, l’animation, elle, ira entre les pieds des frères Miranchuk et du jeune Kuzyaev. De quoi faire rêver beaucoup de sélections et les Sbornaya précédentes. Néanmoins, la mayonnaise n’a toujours pas pris entre ces joueurs venus de clubs aux systèmes bien différents et qui peinent à se trouver sur le terrain sous le maillot de la Russie.
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Une équipe expérimentée
Il est vrai, l’équipe nationale russe peut paraître en manque d’expérience internationale. A l’exception d’Ignashevich, Zhirkov et Akinfeev, les joueurs appelés n’ont finalement que peu de sélections. Pourtant, outre Golovin, la plupart des joueurs présents sont dans la force de l’âge, arrivent sur leur trentaine, et jouent quasiment tous dans des équipes russes aux publics exigeants. De même, beaucoup ont connu les joies européennes et de la Champion’s League – rare sont les joueurs à moins de cinq matchs de C1 dans cet effectif. Espérons que cette expérience accumulée et cette connaissance du haut-niveau vont leur permettre de résister au mieux à la pression.
Les points faibles
Une défense douteuse
C’est un point faible récurrent depuis plusieurs années. Même si la Sbornaya n’a pas pris énormément de buts lors des derniers matchs amicaux, la seule lecture de l’effectif défensif sélectionné fait peur. Avec la fâcheuse absence sur blessure de Dzhikia, Cherchesov s’est résout à convaincre Sergey Ignashevich, recordman de sélections, à revenir fêter ses 39 ans sous le maillot de la sélection nationale. Le plus attristant est de voir que ce même Ignashevich, loin de son meilleur niveau, a finalement été le moins mauvais des défenseurs lors des matchs amicaux tandis que le jeune Kutepov semble, lui, perdu et que Kudryashov ou Granat restent des joueurs assez moyens, évoluant dans un Rubin Kazan qui a raté sa saison (mais a encaissé, il est vrai, peu de buts sous les ordres de l’exigeant sorcier turkmène Kurban Berdyev).
Une osmose à trouver
Nous en parlions en évoquant le milieu de terrain, la Sbornaya ne ressemble pas à une véritable équipe sur le terrain. Si Cherchesov a changé la tactique pour passer à quatre en défense, alors qu’il nous avait habitués à une défense à trois, le milieu de terrain talentueux peine à jouer ensemble. Un milieu où les frères Miranchuk ne sont pas titulaires alors qu’ils sont les seuls à amener quelque chose quand ils rentrent en jeu. Il est vrai qu’il est toujours difficile de faire une équipe avec une multitude d’individualités venues de clubs différents, mais le problème vient peut-être finalement du fait que, même si les gros clubs russes dominent toujours le championnat, il n’y a pas, cette saison, d’équipe fournissant la moitié de l’effectif de la sélection comme auparavant.
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Rajoutons à cela que le Zenit, le Spartak, le Lokomotiv, le CSKA et Krasnodar ont tous des styles de jeu radicalement différents et nous avons peut-être un début d’explication. Espérons pour les Russes que Cherchesov arrive corriger le tir.
L’homme à suivre
Nous vous l’avions déjà présenté avant l’Euro 2016, l’homme à suivre est toujours le jeune Aleksander Golovin ; lui qui confirme les attentes avec une très belle saison sous les couleurs du CSKA Moscou. Grand artisan du bon parcours européens des siens ainsi que de leur seconde place domestique, il est aujourd’hui annoncé un peu partout en Europe. Cette Coupe du Monde est également pour lui une très bonne chance de se montrer sous son meilleur jour. Présent en sélection dès son plus jeune âge, il a réussi à survivre aux désillusions de la Sbornaya et s’imposer comme un élément important du futur de cette équipe.
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La prévision
Difficile de prévoir quelque chose avec cette équipe de Russie. Et même si les matchs de préparation peuvent faire craindre jusqu’à une défaite en ouverture contre l’Arabie Saoudite, nous nous voulons (très) légèrement plus optimistes en voyant une victoire très poussive permettant de libérer l’équipe qui obtiendrait sa qualification contre l’Egypte et perdrait contre l’Espagne, en huitièmes, après un très bon match (avec les nouveaux problèmes en Espagne, l’adversaire sera d’ailleurs peut-être différent). Toujours est-il que, malgré tout, la Sbornaya doit passer ce groupe que l’on peut qualifier d’abordable.
A partir de là, tout dépendra de l’adversaire en huitièmes. Un stade de la compétition synonyme, à notre sens, de plafond pour cette sélection mais qui resterait une performance honorable qui sera sans aucun doute saluée dans le pays. En clair, l’important est de passer les poules et d’éviter l’humiliation.
Adrien
Image à la une : © Olga MALTSEVA / AFP