Temps de lecture 6 minutesL’oeil du recruteur #17 : Aleksandr Golovin

L’œil du recruteur revient et c’est toujours le même principe. Un rapport détaillé, technico-tactique d’un joueur de nos championnats, qui mériterait de jouer à un niveau un peu plus élevé qu’il ne le fait actuellement. L’occasion aussi de vous faire découvrir un joueur que vous verrez évoluer dans quelques jours pendant le championnat d’Europe des nations en France. Aujourd’hui, Aleksandr Golovin du PFC CSKA Moscou.

Aleksandr Golovin

Nom complet : Aleksandr Sergeevich Golovin
Né le : 30 mai 1996  à Kaltan, oblast de Kemerovo
Pays : Russie
Taille – Poids : 1.80 m – 69 kg
Poste (pied) : Milieu relayeur (droit)
Autre(s) poste(s) : Ailier gauche / Ailier droit
Club : PFC CSKA Moscou – Russian Premier League, Russie
3 sélection, 2 buts avec la Russie.

CARRIÈRE

Avant d’arriver en 2012 à Moscou, Aleksandr Golovin a beaucoup bougé dans sa région natale. De Kaltan, petite ville où il a grandi avec un père footballeur (au niveau universitaire), il rejoint le Metallurg-Kuzbass Novokuznetsk. C’est d’ailleurs son père qui l’amenait en voiture à chaque entraînement. Il intègre ensuite une école sportive (réserve olympique) dans la ville de Leninsk-Kuznetskyi et il sera appelé dans les sélections régionales de jeunes de Sibérie et disputa un certain nombre de matchs, ce qui lui permit d’être repéré par plusieurs clubs russes.

Il choisit le CSKA plutôt que le Zenit ou le Rubin, seulement car il avait plus d’intérêt et d’affinité avec ce club durant son enfance. Il en est d’ailleurs le premier étonné :  » Je jouais au football seulement parce que cela me plaisait, je n’aurais jamais imaginé avoir un jour le niveau pour rejoindre un club comme le CSKA « . Peu après son arrivée dans la capitale russe, il sera du groupe russe champion d’Europe des U17 en 2013 avec ses coéquipiers Chernov et Makarov. La saison 2013 sera, pour lui, celle de la confirmation en U19, alors qu’il n’a que seize ans : il fait des performances remarquées en Youth League en marquant notamment contre le Bayern et City.

C’est à 18 ans que Golovin va débuter en équipe première : Leonid Slutskiy profite d’un match contre Khimki en Coupe pour le lancer dans le grand bain. Il joue 88 minutes que l’on peut qualifier de convaincantes car depuis ce jour, le jeune milieu de terrain est présent sur le banc de touche des Armeitsy. Il devra cependant attendre la trêve et donc mars 2015 pour débuter en championnat face au Mordovia Saransk. Il rentre en jeu sept fois lors de la saison dernière et cela a été suffisant pour débuter en sélection nationale. En effet, la Sbornaya est au plus mal et Capello, alors sélectionneur, tente des paris fous en appelant un certain nombre de jeunes inexpérimentés. Golovin en fait partie et marquera même pour sa première sélection dès sont entrée en jeu contre la Biélorussie.

© Epsilon/Getty Images
© Epsilon/Getty Images

La saison actuelle devait donc être celle de la confirmation, ce qui n’est pas toujours aisé lorsque l’on sait que Leonid Slutskiy rechigne souvent à faire confiance aux jeunes en club et que certains grands espoirs du CSKA comme Bazelyuk ou Panchenko, qui avaient le même rôle de joker que Golovin, ont fini par se perdre. Le début de saison est d’ailleurs dans la lignée de la saison 2014/2015 : six entrées en jeu assez courtes en dix-huit matchs alors que le CSKA domine le championnat ainsi que deux titularisations en Coupe avec notamment la galère à Irkutsk où le CSKA a eu besoin de la prolongation pour se débarrasser du Baïkal. Tout change donc en 2016, lorsqu’à la reprise en mars, il est appelé en sélection nationale par Slutskiy qui cumule désormais les deux casquettes. Après trois matchs joués avec le CSKA (dont sa première titularisation), il réapparaît à la surprise générale en sélection et impressionne avec un but contre la Lituanie, ce qui lui vaudra une titularisation surprise contre la France où il a été l’un des moins mauvais et où il a sans doute gagné sa place pour l’Euro 2016. En club, il apparaît désormais à chaque match et est de plus en plus souvent titulaire, ce qui fait de lui l’un des artisans du titre des Moscovites cette saison et il a largement écarté la concurrence de Tkachyov pourtant recruté cet hiver pour évoluer sur l’aile.

UTILISATION ACTUELLE 

Comme évoqué précédemment, Aleksandr Golovin est de plus en plus utilisé en club par Lenoid Slutskiy. Il gagne du temps de jeu, de l’expérience, mais il délaisse de plus en plus le poste de milieu relayeur qui semble pourtant mieux lui convenir, pour évoluer sur un côté – alternativement, et sans ordre de préférence, le gauche ou le droit. Le joueur n’y voit aucun inconvénient car il met l’accent sur le fait de s’imposer ainsi que d’acquérir de l’expérience.

Il est ici important de noter que malgré le fait qu’il évolue en tant qu’ailier lors de ses différentes apparitions, il continue à ce poste à utiliser une panoplie plus proche de celle d’un numéro 8. Il suit moins la ligne de touche que ses compères Tosic et Musa, et joue donc plus proche d’Eryomenko, en utilisant son sens du placement ainsi que sa qualité de passe. Son savoir-faire défensif rassure sans doute également son entraîneur à ce poste, lui permettant de maintenir un pressing haut et de bloquer l’arrière latéral adverse le plus dangereux.

PROFIL

  • Aleksandr Golovin possède une très bonne vision du jeu, ce qui est extrêmement prometteur, pour un joueur qui va tout juste avoir vingt ans. Il lit le jeu très tôt, ce qui lui permet d’avoir un temps d’avance et de compenser certaines de ses lacunes.
  • Cela s’accompagne comme bien souvent d’un bon sens du placement. Il est souvent là où il faut au bon moment, ce qui apporte donc au niveau offensif, mais aussi défensif quand il est placé en milieu de terrain.
  • Il ne rechigne jamais à la tâche, qu’elles soient défensives comme offensives quand des efforts sont demandés. Il est donc proche de l’action et avec la combinaison des deux qualités précédemment citées, on obtient ce but contre la Lituanie en sélection.
  • Ses passes dans un petit périmètre sont toujours assez bonnes et il joue souvent près de ses coéquipiers, ce qui en fait un joueur précieux au milieu de terrain et un ailier qui peut être utile en soutien du numéro 10.
  • Quand il est utilisé sur l’aile droite, il fait également profiter de sa qualité de centre lorsqu’il s’engage sur son côté. Il fait assez souvent des passes décisives sur ce genre d’action.
  • On peut également noter qu’il n’est jamais vraiment mauvais lorsque son équipe passe à côté de son match. Il sera au pire assez discret, comme lors du match amical contre la France en mars. Ce qui prouve sa sobriété et son sérieux pour un joueur d’un tel âge.
  • Enfin, il a une très bonne qualité sur coup de pieds arrêtés, tant sur corner pour délivrer de nouvelles passes décisives avec sa patte droite, que sur coup-franc où il a marqué quelques buts notamment en équipes de jeunes.
  • Son physique est toutefois encore un peu juste pour aller au combat, c’est ce qu’il compense par son sens du placement. Sa vitesse est également assez limitée quand il est placé sur l’aile, même si son impression de lenteur est parfois trompeuse : dans le coeur du jeu, c’est plus ce qu’on appellera un « faux-lent ».
  • Enfin, il n’a pas une capacité de dribble explosive lui permettant d’éliminer rapidement ses adversaires en un contre un. Ses crochets sont assez prévisibles, et cela combiné à une capacité d’accélération non-décisive font qu’il ne peut pas se mettre aussi souvent qu’on le souhaiterait en position de centre lorsqu’il est placé sur l’aile.

ÉVALUATION

Il faut toujours être prudent lorsque l’on évoque un espoir russe sorti d’un des grands clubs moscovites. La confirmation est parfois dure au sein même du club formateur alors que les départs en Europe se sont souvent soldés par des échecs dans les dernières années. Mais Golovin ne possède pas tous les défauts de ses compères, étant travailleur et modeste. Il faut savoir également que les moyens financiers d’un club comme le CSKA lui assure un salaire confortable dans un cocon protecteur, et que le CSKA ne sera pas vendeur à bas-prix (comme par exemple sa valeur sur un site de référence, évaluée à 500.000 Euros).

Les joueurs russes font d’ailleurs de plus en plus le choix de rester en Russie par eux-mêmes, une question de visibilité et de sécurité sûrement. Ce qui peut apparaître regrettable pour leur progression mais qui s’explique aussi par les nouveaux règlements obligeant les clubs à aligner cinq Russes sur le terrain. Les ténors du championnat se battent donc désormais pour retenir les meilleurs Russes. A la lumière de cela, nous pouvons donc dire que si le joueur devait faire un choix aujourd’hui en Europe, il lui faudrait un club où il est facile de s’adapter dans l’ombre avant de pouvoir montrer des très belles choses sur le terrain : les clubs du milieu de tableau allemand sont donc parfaits pour cela tout comme le Red Bull Salzburg tant que la machine tourne toujours bien. Séville en Espagne est également une équipe sachant façonner les milieux de terrains techniques comme Golovin, et l’entraîneur Emery tout comme son adjoint Cheryshev connaissent les spécificités du football russe. Mais il est peut-être plus probable de le voir passer un cap au CSKA et de le retrouver alors sur les tablettes de plus gros clubs qui seront prêts à tenter le pari de l’adaptation.

Cibles types : Borussia Mönchengladbach, Red Bull Salzburg, FC Séville, Sporting Portugal, FC Hoffenheim, Herta Berlin.
Prix : 3.000.000 €
Rapport qualité / prix : Un peu cher (marché russe oblige), mais peut devenir un pion essentiel du milieu de terrain dans un club sachant laisser un temps d’adaptation aux jeunes étrangers.
Note du joueur : B-
Note du potentiel : B+

Adrien Laëthier


Image à la une : © Dean Mouhtaropoulos/Getty Images

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1 Comment

  1. Thierry 16 juillet 2018 at 16 h 26 min

    Il a fait une très belle saison ponctué par un mondial merveilleux pour la Russie!
    En espérant le voir à Monaco 😉
    Lemar serait bien remplacé!

    Reply

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