Pour le moins inattendue, l’annonce fut ressentie comme un choc dans le microcosme du football moldave. Au lendemain d’une victoire importante face au FC Saxan juste avant la trêve, le président du CF Ungheni communique qu’il a résilié les contrats des joueurs et du staff de l’équipe première et qu’il décidera, dans les prochaines semaines, s’il se retire ou non de Divizia Naţională. On espère que non pour ce promu pour le moins sympathique, qui se bat pour son maintien, assure le spectacle et représente une ville historique, Ungheni, située à la frontière roumaine, sur les bords du Prut. Portrait.

Entre Gustave Eiffel, un fleuve et ses fleurs

Probablement à cause de la topographie de la région et de la sinuosité de la rivière Prut aux abords de ce qui était alors un petit village, celui-ci était dénommé Unghiul (L’ongle) d’après à un document signé par Ştefan cel Mare en personne, au 15e siècle. Le nom d’Ungheni apparaît quant à lui dès le 17e siècle, et se développe à cette époque en tant que point de passage commercial d’importance, situé à 20 kilomètres de Iaşi, à 100 km de Chişinău et non loin de Bălţi également. Au premier recensement après l’annexion de la Bessarabie par l’Empire russe, en 1813, on dénombrait 44 foyers, 4 veuves et 2 hommes célibataires.

Petit patelin jusqu’alors, c’est au 19e siècle qu’Ungheni commence à se développer avec tout d’abord une foire agricole initiée par le seigneur du coin, Mihai Buznea. Essentiel au commerce et à la guerre russo-turque qui s’annonce, le pont ferroviaire d’Ungheni est construit dans les années 1870 pour relier la ville d’un côté à Iaşi, autrefois capitale de la principauté moldave, et de l’autre côté à Kishinev, alors capitale de la Bessarabie tsariste, et par là à Tiraspol et à Odessa. Après que les inondations de 1876 ont presque détruit ce pont, initialement bâti en bois, c’est un entrepreneur pas comme les autres qui est commissionné par la compagnie des chemins de fer bessarabes pour le reconstruire, puisque Gustave Eiffel en personne termine ses plans tout de fer puddlé au printemps 1876 avant l’inauguration officielle le 21 avril de l’année suivante.

Le « Pont Eiffel » d’Ungheni | © Timpul.md

C’est qu’un invité de marque se rend dans la ville le lendemain : juste avant de déclarer la guerre aux Ottomans le 24 avril, le tsar Alexandre II de Russie vient à Ungheni pour passer en revue les forces en présence aux abords du Prut (on parle de 20 000 soldats). Le pont nouvellement construit devient alors un point de passage important pour les divisions de l’armée impériale autant que pour les munitions durant la guerre.

La guerre russo-turque a engendré un boom dans la construction du réseau ferroviaire de la région, le découpant d’est en ouest et du nord au sud, Ungheni devenant son terminus à l’ouest. Étant donné son importance stratégique entre les deux rives du fleuve Prut, le pont est resté intact durant les deux conflits mondiaux, jusqu’à participer à l’action « Podul de Flori » (Pont des Fleurs) à la fin de l’URSS. Le 6 mai 1990, les Roumains décident de traverser huit points frontaliers situés sur le Prut, dont le pont d’Ungheni, entre 13h et 19h, pour se rendre en République Socialiste Soviétique de Moldavie sans passeport ni visa. L’action est répétée un an plus tard, le 16 juin 1991, cette fois-ci en sens inverse : ce sont les Moldaves qui vont en Roumanie sans devoir présenter quoi que ce soit. Des centaines de milliers de Moldaves et Roumains, qui ne semblaient faire plus qu’un à l’époque, sont passés d’un côté ou de l’autre. Des larmes de joie, des retrouvailles inespérées, des hora dansées les pieds dans l’eau. Comme le romance le grand poète Grigore Vieru, dans son Premier Testament, ce furent des jours historiques :

Sur le pont, dans mon village, était aussi venu un médecin de Chişinău avec son fils qui devait avoir environ quatre ans et dont le père lui a promis, lorsqu’ils étaient à Chişinău, qu’il allait voir des Roumains. Ceux de la rive droite étaient trempés jusqu’à la moelle. Les gens de mon village de Pererâta avaient amené, en hâte, des vêtements secs pour les invités tant désirés. On communiquait dans une langue commune – le roumain. Après deux-trois petits verres de ţuica, ils avaient commencé à chanter – ils entonnaient les mêmes chansons communes. A un âge où l’on n’était pas encore atteint par nos mensonges linguistiques, le fils du médecin avait demandé à son père, d’une naïveté triomphante : « Papa, tu m’as promis de me montrer des Roumains. Lesquels sont-ils ? » – Grigore Vieru.

Ces deux jours ont symbolisé la déliquescence de l’Union soviétique, dont la République indépendante de Moldavie s’extirpera finalement le 27 août 1991, et surtout la réunification des « frères » Roumains, dans certains cas des familles entières, séparées durant près d’un demi-siècle de socialisme. Des deux rives, on a lancé des fleurs dans la rivière.

Ce n’est qu’en 2012 que l’édifice est officiellement renommé « Pont Eiffel », et pour cause, il a fallu pas mal de temps pour rendre à Gustave son œuvre, les autorités soviétiques n’ayant pas trop voulu se pencher sur ce pont qui unit les deux côtés du Prut ! Signe de la solidité des constructions de l’entrepreneur français, le pont n’a eu à subir aucune grosse réparation depuis sa mise en service au 19e siècle. Seul l’écartement des voies, calqué sur les différentes périodes de domination de la région, est tour à tour devenu large puis standard, puis large, puis standard, pour arriver à un écartement large à l’heure actuelle, identique à l’ensemble du territoire moldave et hérité de l’époque soviétique, même si le pont en lui-même possède les deux. C’est d’ailleurs aux abords du poste-frontière d’Ungheni que le changement de bogies s’effectue, ce qui a le don de réveiller les passagers du train Bucarest-Chişinău au petit matin.

Visite guidée d’une ville en constante évolution

Ainsi, au début du 20e siècle, la petite cité comptait près de 3 000 habitants, la plupart Roumains, Juifs et Ukraino-russes, et le poste-frontière fonctionnait à plein régime. Le statut de ville ne sera conféré qu’en 1944 par les Soviétiques. Après un certain essor durant l’ère de la Grande Roumanie dans l’entre-deux guerres, la capacité industrielle de la ville se dessine durant la période soviétique (textile, mobilier, automobile, etc.) tout comme son importance de transit, autant de marchandises que de passagers, entre les deux républiques roumaine et bulgare, et l’URSS.  Il en va ainsi de Leonid Brejnev lui-même, qui rendit visite à Ungheni en avril 1971.

Zone de frontière © ziareromania.ro

Autrement que par les voies ferrées et routières cependant, quitter l’URSS était comme partout déconseillé, en témoignent les quelques fils barbelés qui trônent encore à la frontière, reliques d’un empire déchu devenus signes, aujourd’hui, d’une forteresse européenne si proche mais si lointaine pour la Moldavie. Le policy report du documentaire « Where  Europe Ends » rappelle la bataille judiciaire qui s’est déroulée dans les années 2000, entre le conseil du raion d’Ungheni et le président Voronin, pour enlever une portion de ces fils barbelés. Celle-ci n’étant pas placée à l’exacte frontière avec la Roumanie, les fils barbelés empêchaient l’accès à environ 2,5 hectares de terres, que le raion (équivalent de la province) revendiquait précisément. En attendant, pour rejoindre ce « no man’s land » afin de faire paître leurs bêtes, les bergers devaient passer par le point de contrôle et le cachet du garde, et ce deux fois par jour, jusqu’à ce qu’il soit rétrocédé au raion en 2011 !

Au dernier recensement de l’époque soviétique, en 1989, la ville d’Ungheni comptait 40 000 habitants. Elle en compte un peu moins aujourd’hui, émigration oblige, mais Ungheni reste un centre industriel et culturel important. Un petit coin de paradis en Moldavie ? En tout cas une ville verte, avec ses nombreux parcs, sa rivière, son delta, son allée de châtaigniers, etc. Surnommée la « porte de l’Ouest » de la République de Moldavie, elle est également un centre d’activité important. Sa zone industrielle comporte notamment l’un des cinquante plus gros fabricants de tapis au monde ou encore l’atelier de poterie « Ceramica-Ungheni » qui exporte sa faïence jusqu’en France. La zone économique spéciale « Ungheni-Business » accueille d’ailleurs les investisseurs désireux de bénéficier d’une situation géographique optimale et de conditions économiques favorables.

L’allée des châtaigniers, l’une des plus grandes d’Europe | © Expresul.com

Une ville paisible et néanmoins gorgée d’histoire. Une promenade dans le centre et vous ne manquerez pas le boulevard principal de la ville, bordé de châtaigniers sur trois kilomètres, ou encore l’Eglise Saint-Alexandre Nevski, érigée en 1903 en l’honneur de la guerre russo-turque, sur les plans du célèbre architecte de Chişinău de l’époque, Alexandru Bernardazzi. L’église se trouve en effet à l’endroit-même où le tsar Alexandre II aurait lu, devant les soldats de l’Empire, le manifeste impérial comprenant la déclaration de guerre contre les Ottomans, en 1877. Transformée en musée durant l’époque soviétique, elle a acquis le statut de cathédrale épiscopale en 2011. Quant à l’Eglise Saint-Nicolas, qui se trouve dans le quartier Dănuţeni, elle fut élevée en 1882 et se distingue par son plan en croix et ses neufs tours de taille différente. Elle a été bâtie par le ktitor (donateur chez les Orthodoxes) Constantin Moruzi, descendant d’une dynastie phanariote influente et dont le caveau se trouve sur les lieux. Située sur le point le plus haut de la ville, elle permet d’être visible par l’ensemble des villageois à l’époque et d’apercevoir aisément le village roumain d’Ungheni, de l’autre côté de la rivière, ainsi que la ville de Iaşi au loin. Il reste difficile d’y distinguer l’autre œuvre de Gustave Eiffel dans la région, à savoir le Grand Hotel Traian de Iaşi.

© ungheni.md

Le CF Ungheni, nouveau venu dans cette ville multiséculaire

Et puis, à deux pas du parc central, au carrefour de la route de Sculeni et la route de Călăraşi, un stade, rénové en novembre 2014 et doté d’un gazon artificiel, mais qui n’est pas encore conforme aux standards du plus haut niveau. Parce que bien évidemment, tout serait trop beau si le CF Ungheni jouait à Ungheni.

Revenons en arrière. Au moment où le Conseil du raion et la Fédération Moldave de Football inauguraient le nouveau stade de la ville d’Ungheni, le FC Costuleni, rappelons-nous en, décidait de se retirer du championnat, alors qu’il aurait dû en être le principal bénéficiaire après la trêve. A cette époque, le CF Ungheni se trimbalait en tête de la Divizia B – Centre (3e échelon), à l’instar du Spicul Chişcăreni dans la série Nord. Du coup, les derniers aménagements, en premier lieu de réelles tribunes, des vestiaires et un coin presse, n’ont pas été finalisés – et Ungheni de jouer la saison passée, en Divizia A (second échelon), avec une soixantaine de places assises, le reste debout, des vestiaires rustiques et des équipes de presse obligées de grimper… une échelle en bois qui mène sur un toit pour filmer les rencontres !

© Divizia-A.md

Ce qui n’a pas empêché le club de terminer quatrième la saison dernière, 22 points derrière le Spicul, mais avec le droit de monter puisque les jeunes du Sheriff et du Zimbru, classés seconds et troisièmes, ne peuvent évidemment être promus. Au final, c’est Ungheni qui reçoit sa licence, contrairement à son compère de promotion(s), et par là le droit de rejoindre l’élite, grâce à un accord avec le Speranţa Nisporeni afin d’utiliser leurs nouvelles installations, un terrain synthétique situé à Nisporeni, à 50 kilomètres d’Ungheni, jusqu’à la mise en conformité du stade de la ville.  « Tôt ou tard, nous jouerons sur le terrain de la ville d’Ungheni. Les travaux d’aménagement d’une tribune de 600 places viennent de débuter, grâce à la Ville et au Conseil raional. Les vestiaires suivront. » annonçait le président Dionisie Ternovschi en juin dernier.

Afin de répondre aux exigences de la Divizia Naţională, outre l’aménagement du stade en cours, le président est conscient qu’un effort, autant financier que sportif, doit être réalisé. « Bien sûr que l’effectif actuel doit être renforcé autant en défense qu’en attaque » ajoutait le président à l’intersaison, tout en soulignant que « les joueurs qui ne répondront pas aux demandes du club vont devoir quitter l’équipe ». Doté d’un budget de 60 000 euros dans l’antichambre, Ternovschi concède que « pour affronter la Divizia Naţională, nous avons besoin, au minimum, de tripler le budget ».

Célébration de la promotion en première division | © ungheni.md

Le CF Ungheni reprend donc le flambeau du FC Costuleni, qui venait d’un village voisin, pour représenter la ville frontalière dans l’élite du football moldave. Fondé en 2012, le club s’est construit, avec le soutien de la ville, sur les décombres du CS Moldova-03 Ungheni. Dénommé Locomotiva Ungheni durant l’époque soviétique, celui-ci a végété, au gré de ses différents noms, en deuxième et troisième division moldave jusqu’à sa dernière place au sein de cette dernière en 2011-2012. Sous le nom d’Attila Ungheni, le club avait toutefois fait l’ascenseur jusqu’en Divizia Naţională, en 1996-1997. Lors de la fête célébrant la promotion en mai passé, le maire Alexandru Ambros avait déclaré que « la Mairie de la ville d’Ungheni va fournir tout son effort pour soutenir l’équipe du CF Ungheni dans la durée. Ungheni mérite d’être représenté en Divizia Naţională par une équipe aussi bien préparée ».

Derrière ce nouveau projet d’un club de football à Ungheni, un entrepreneur italien, Fausto Neviani, et son entreprise TDV Group qui se décline notamment en Bricone, spécialisé au départ dans le mobilier et qui a ouvert un magasin à Ungheni avant d’en ouvrir un autre à Bălţi. L’entreprise est sans surprise le sponsor maillot et partenaire général du club, lui offrant même les couleurs du maillot cette saison (orange et bleu) en remplacement du jaune clinquant de la saison dernière. Pour sa montée en première division, le club peut compter sur de nouveaux soutiens comme l’équipementier Kelme ou la compagnie Pintomold qui travaille les noix, un secteur où la Moldavie se classe quatrième pays exportateur au monde.

© cfungheni.com

Un apprentissage à la dure et un redoutable golgether

Mais au niveau sportif, quelle est donc la recette de cette progression fulgurante ? « En ce qui concerne notre club, (les joueurs) ont un salaire de base ni petit, ni grand, duquel ils sont pénalisés en cas d’absence aux entraînements. Du coup, nous avons une présence très élevée aux entraînements (…) » déclarait Ternovschi lorsqu’ils étaient en Divizia A. Ces joueurs, justement, il a fallu en convaincre de rejoindre l’aventure une fois la licence en poche, ce qui n’était pas une mince affaire. Ainsi, le club s’est renforcé uniquement de prêts et de joueurs libres, mais cela n’était pas assez : au premier match de championnat, disputé à Ghidighici face à l’Academia Chişinău, le gardien de but était… Octavian Vatavu, un défenseur de métier ! Le gardien titulaire Caminschi s’était en fait envolé vers Krasnodar pour s’inscrire à l’université tandis que ses remplaçants n’étaient pas disponibles.

Après le recrutement express de deux gardiens, dont le prometteur Apostolachi (15 ans seulement), le club pensait poursuivre tranquillement son opération maintien, avec le duo expérimenté Constantin Arbănaş (champion de D2 avec le Spicul) – Vadim Boreţ à la tête de l’équipe. Cela se passe plutôt bien puisque le premier match nul (0-0 contre Speranţa) arrive dès la deuxième journée et la première victoire fin août contre le Dinamo-Auto (2-1). Malgré quelques dérouillées (dont un 7-0 sur le terrain du Sheriff), Ungheni ne fait pas mauvaise figure et semble en mesure de se mêler à la lutte pour le maintien jusqu’à ce que le duo d’entraîneurs décide de quitter le navire début octobre, laissant le club à la neuvième place (une victoire et trois matchs nuls), pour rejoindre un ambitieux Sfântul Gheorghe, candidat aux premières places en Divizia A.

« Je suis parti d’Ungheni parce que j’avais des idées différentes de celles de la direction. Nous nous sommes quittés amicalement, nous restons bons amis, j’ai juste décidé de partir. Cependant, je pense que nous avons fait du bon boulot au vu de l’effectif dont nous disposions et j’espère qu’Ungheni restera en Divizia Naţională, parce qu’ils ont des supporters extraordinaires » déclarait Arbănaş après coup. Nicolae Ţurcan, auparavant entraîneur de jeunes au Sheriff, s’assoit sur le banc de touche pour guider Ungheni vers le maintien, et parvient même à décrocher une deuxième victoire juste avant la trêve, 3-0 face à la lanterne rouge, le FC Saxan.

Après avoir semble-t-il approché certains clubs et joueurs italiens pour renforcer son équipe, sans succès toutefois, c’est tout naturellement qu’un Moldave, né à Ungheni et revenu d’Italie, est le héros de la première partie de saison, pour ce club à l’accent transalpin. Déjà meilleur buteur du club la saison passée avec 17 buts, le milieu offensif Viorel Primac, numéro 10 dans le dos et brassard sur le biceps, confirme ses qualités de golgether au plus haut niveau avec 7 buts en ce début de saison, soit deux unités seulement derrière l’intouchable Brezovec.


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Né en 1985 à Ungheni, il a fait partie des équipes de jeunes de la ville jusqu’à la quitter en 2005, après avoir terminé le lycée républicain section sportive, pour se rendre en Italie et y chercher du travail. Là-bas, en dehors de ses heures à l’usine de caoutchouc ou à la menuiserie, il se joint à l’A.S. Tiber, petite équipe du championnat régional d’Ombrie (9e échelon national), située au sud-ouest de Pérouse, où il effraie les défenses avec pas moins de 25 et 26 buts en deux saisons.

© Secrieru Dionis | Page FB du CF Ungheni

Pour autant, enfant de la ville, il continue à suivre les performances de l’équipe d’Ungheni, et y fait un bref retour d’une saison, avant de repartir en Italie. Puis, il y revient définitivement lorsque le nouveau projet du CF Ungheni est en marche. Âgé de 32 ans aujourd’hui, il a connu une éclosion sur le tard. « Pour le moment, je ne pense qu’au football. Après le foot, je pense que je vais retrouver l’Europe de toute façon. Puis, personnellement, je crois que le futur d’Ungheni est un futur européen » nous confie-t-il. Primac est bien l’enfant d’une ville tournée vers l’extérieur, vers l’Union européenne, mais qui n’en oublie pas son propre développement. « Depuis 2014 et jusqu’à aujourd’hui, il est titulaire à presque tous les matchs de l’équipe et montre une mentalité de battant une volonté de victoire et un amour de l’équipe et de la ville, match après match », peut-on lire sur le site officiel du club à son sujet. A propos de sa première partie de saison, le milieu moldave s’attendait à marquer, mais pas tant. Au-delà du sportif, il avoue que « le plus difficile est de jouer tous ses matchs en déplacement et aucun à la maison. Je crois que c’est la principale raison de nos résultats ».

Toutefois, malgré des signes encourageants et une première partie de saison honorable, le 14 décembre dernier, un coup de tonnerre s’abat sur le club : le président a décidé de dissoudre l’équipe lors d’une réunion avec la direction, l’effectif et le staff technique deux jours auparavant. Les joueurs ont donc reçu intégralement leur salaire et ont constaté la résiliation de leur contrat. A l’heure actuelle, la direction n’a pas encore décidé si l’équipe continue le championnat, sans doute avec des jeunes, ou si elle demande à se retirer de celui-ci. Les joueurs sont pour le moment en vacances. « Pour les joueurs comme pour moi, c’était inattendu en premier lieu. Je ne sais pas si les gars vont rester puisqu’ils n’ont rien dit » déclarait récemment Primac pour Moldfootball. « Je n’aimerais pas terminer ma carrière sur une telle note ».

Ainsi, les festivités qui ont suivi la promotion le printemps passé semblent un lointain et amer souvenir. Les parcs d’Ungheni ont perdu leur verdure et l’on imagine difficilement la plage sous les pavés glacés des terrasses avoisinantes. Le pont Eiffel, quant à lui, a permis à nombre de Moldaves, travailleurs ou étudiants, de revenir parmi les leurs pour les vacances et les fêtes de fin d’année. Ce samedi, on fête la Noël orthodoxe en Moldavie. Le club d’Ungheni va-t-il offrir à ses supporters et à ses joueurs un dernier baroud d’honneur et continuer l’aventure en Divizia Naţională, ou préférera-t-il prendre le courant du Prut pour renaître à nouveau de ses cendres d’ici quelques années, lorsque de l’eau aura coulé sous le pont ? Réponse dans les prochains jours.

Thomas Ghislain

Tout propos de V. Primac recueillis par Thomas Ghislain pour Footballski, hors ceux relatés par Moldfootball.


Image à la une : © Secrieru Dionis | Page FB du CF Ungheni

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