La Coupe du Monde c’est pour bientôt. Vous commencez à en entendre parler sur toutes les télévisions, dans tous les postes de radio, peut-être même votre boulanger a déjà ressorti les fanions aux couleurs des différentes équipes. Mais en réalité, la Coupe du Monde commence dès aujourd’hui ! Car si le plus grand événement sportif mondial occupera un mois de l’année, se payant le luxe de concurrencer pour quelques semaines le Tour de France en terme d’engouement, une autre compétition se déroulera quelques jours avant le coup d’envoi du match d’ouverture Russie-Arabie Saoudite à Moscou.


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Si vous êtes lecteur attentif de Footballski (quelle belle idée) vous avez sans doute déjà entendu parler de la Conifa, cette organisation créée en 2013 regroupant des sélections de pays, de territoires, de communautés sans reconnaissances officielles. En ce début d’été c’est ainsi à Londres que se déroulera la troisième édition de « leur » Coupe du Monde, celle des sélections sans reconnaissance officielle. En 2016, c’était sur les rives magnifiques de la côte Abkhaze que se tenait ainsi un championnat du monde, unanimement reconnu comme un événement superbe, remporté par la sélection locale face aux semi-pros du Pendjab. Plus que l’événement sportif, la compétition a permis à de nombreux observateurs de découvrir cette enclave, qui a déclarée son indépendance de la Géorgie dès 1992 entraînant une guerre fratricide de 2 ans, et reconnue aujourd’hui uniquement par la Russie et une poignée d’états.

L’an dernier, c’était la République Turque de Chypre Nord qui organisait un championnat d’Europe et comptait ainsi faire avancer sa reconnaissance sur le plan international. Séparée de la partie sud de l’île depuis 1973 et l’occupation par la Turquie ce minuscule territoire qui a déclaré son indépendance en 1983, vis sous embargo depuis plus de 20 ans, entretient très peu de relations diplomatiques et doit compter sur la protection et l’assistance de la Turquie pour tous ses secteurs vitaux. L’organisation d’un tel événement était donc pour eux aussi l’occasion de montrer aux yeux du monde leur capacité à accueillir des délégations venus des quatre coins de l’Europe pour une compétition de 10 jours, qui se déroula sans accrocs mais avec un intérêt populaire un peu décevant.


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Cette année c’est donc Londres qui accueille cet événement. Une compétition déjà historique puisque elle rassemblera 16 équipes venus des 4 continents. Une compétition un peu spéciale également puisque l’association accueillant l’événement est le Barawa, représentant une ville portuaire du sud de la Somalie d’une trentaine de milliers d’habitants dont une forte diaspora habite Londres. Pour des raisons évidentes de sécurité l’événement ne pouvait se dérouler en Somalie. C’est donc à Londres, leur ville d’adoption, ville d’accueil de centaine de diasporas du monde d’entier, et bien entendu ville de football par excellence, que se déroulera la compétition et qui cherchera à faire honneur à la devise de la Conifa « Freedom to play football ».

Le gardien lapon en action lors de Abkhazie-Laponie durant la Coupe du Monde organisée en 2016 en Abkhazie – Beslan Lagulaa/CONIFA

Tout au long des 10 prochains jours, nous vous proposons ainsi de vous faire découvrir ce monde « parallèle » à celui de la Fifa grâce à plusieurs articles ayant trait aux sélections engagées venant des pays de l’Est. A la suite de cette présentation nous vous proposons premièrement un guide de la compétition vous donnant toutes les clés pour apprendre à connaitre ces équipes, leur histoire, leurs joueurs, leurs chances.

Nous vous proposerons ensuite une interview exclusive de Jules Tepelian, vaillant joueur de l’Arménie Occidentale et de l’UGA Ardziv à Marseille, qui vivra à Londres sa deuxième Coupe du Monde. Un autre joueur nous a fait l’honneur d’un entretien, il s’agit de Markus Stankevicius. Comme son nom l’indique ce joueur est lituanien, a connu d’ailleurs 65 sélections avec la Lituanie au cours d’une carrière l’ayant vu notamment joué à la Lazio Rome et au FC Séville, mais qui défendra à Londres les couleurs de la Padanie.


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Au delà de ces deux portraits nous vous proposons un article un peu plus rétro, vous présentant l’histoire du Dinamo Sokhumi et son importance dans le football géorgien de l’époque soviétique. Aujourd’hui et dans un contexte d’isolement international quasi total, le club abkhaze est un bon exemple de ce que représente la Conifa pour ceux qui souhaitent jouer au football malgré l’enclavement. C’est précisément ce que nous verrons également en nous intéressant au cas des 4 sélections de minorités hongroises affiliées à la Conifa, dont la Transcarpatie et le Pays Sicule qui disputeront la Coupe du Monde, et qui tentent par ce moyen de recréer une unité hongroise bien au delà des frontières actuelles du pays magyar. Enfin vous comprendrez qu’il n’était pas possible qu’un événement pareil se passe si proche de nous en Europe sans aller y jeter un oeil. Nous serons donc présent samedi 9 juin prochain à Londres pour vous faire vivre cette finale de Coupe du Monde.

Avant l’orgie footballistique de ce mondial russe nous vous proposons donc prendre un peu de recul et de vous intéresser à ces outsiders qui chercheront l’espace d’une dizaine de jours eux aussi à communiquer avec le reste du monde par le langage du football.

Au programme:

  • Vendredi 1er juin. Le guide de la compétition.
  • Lundi 4 juin.  De Trianon à Szarvas, quand la Hongrie investit la Conifa.
  • Mardi 5 juin. On a discuté avec Jules Tepelian, joueur de l’UGA Ardziv et de la sélection d’Arménie Occidentale.
  • Mercredi 6 juin. La riche histoire du Dinamo Sokhumi, ou comment jouer au football dans un pays qui n’existe plus.
  • Vendredi 8 juin. On a discuté avec Marius Stankevicius, joueur de la Padanie et ancien international lituanien.
  • Dimanche 10 juin (on l’espère). On a vécu une finale de Coupe du Monde

 


Antoine Gautier

Photo de couverture : Beslan Lagulaa/CONIFA

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