Ce samedi, on s’est décidé à se lancer dans une nouvelle aventure FNL, avec un alléchant Zenit-2 vs. Spartak-2 qui se profilait en fin d’après-midi. L’idée paraissait sympathique, surtout au vu du soleil qui illuminait dès le matin la Neva et la ville la bordant. Le printemps semblait enfin arrivé à Saint-Pétersbourg après quelques jours de neige qui avait, en milieu de semaine, redonné leur éclat hivernal à ses splendides façades multicolores et le sourire aux enfants qui pensaient devoir attendre quelques mois pour la revoir.

Après quelques pas au sein de la forteresse Pierre-et-Paul et sur la plage qui la jouxte, on se dirige vers le côté ouest de l’île Petrogradskaya pour prendre une mousse et des calamars frits près du stade, en attendant l’heure fatidique. A la sortie de l’établissement, une mauvaise nouvelle tombe : il pleut des cordes! чёрт! Le ciel qui s’était couvert dans l’après-midi a décidé de se fendre et de tremper d’une neige fondante agressive les valeureux Peterbourgeois venus supporter leur équipe réserve.

Et ces valeureux supporters, il y en avait étonnamment beaucoup ! Une file inattendue, les traditionnelles fouilles d’avant-match et la petite trotte qui mène à la Malaya Sportivnaya Arena nous ont d’ailleurs fait louper l’entrée des joueurs, la minute de silence (en mémoire de Vladimir Kozachenko, légende du Zenit et directeur de l’Académie depuis 2014, qui s’est éteint à 64 ans la semaine dernière), l’entame de match et, par conséquent, le premier but du Spartak, dont nous avons pris la célébration en cours avec le petit contingent d’une centaine de supporters spartakistes. Dommage, il s’agissait d’une madjer de l’excellent Georgi Melkadze. La neige fondante se durcissait pour ressembler à des mini-grêlons qui, accompagnés d’un vent costaud en faveur du Spartak en première mi-temps, nous balafre la moitié du visage.


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© Footballski.fr

Il fait dégueu, le Zenit est mené, mais il y a quand même du positif dans tout ça, et sans doute ce qui va nous pousser à rester jusqu’au bout : la ferveur des ultras du Zenit. Brandissant une bannière « Il n’existe pas de deuxième Zenit » en première période et composé d’environ 500 gars, la tribune en face de nous n’a pas arrêté une seule seconde de chanter, sauter, hurler, encourager. Avec quelques insultes envers le Spartak au passage, bien sûr.

De l’autre côté, le parcage visiteur était éloigné de tout, bien gardé par un double cordon de policiers. Un parcage quasi-inaudible durant tout le match tellement les Sine-Belo-Golubie ont imprimé leur tempo dans ce registre. Sur le terrain par contre, le Zenit galère et encaisse une latte qui aurait pu faire 0-2 à la demi-heure. La légende Konstantin Zyrianov, capitaine en ce jour, tente bien de guider les jeunes pousses qui l’entourent, mais ça reste compliqué. Les conditions rendent la bagarre épique, et l’on en vient presque à regretter que le match se joue sur synthétique et pas sur un bon terrain détrempé seul capable d’offrir des pataugeoires, des passes qui n’arrivent pas à destination et de merveilleux tacles glissés. La Malaya Arena en offre aussi, mais dans une moindre mesure. Peu d’occasions à se mettre sous la dent, le Zenit joue face au vent et chaque dégagement de Babourine a du mal à dépasser la moitié de terrain, ce qui complique encore les choses quand on essaie tant bien que mal d’atteindre la tête de Krapouchine en pointe. Quelques accrochages obligent l’arbitre à sortir quatre cartons jaunes déjà, notamment durant un début d’altercation à la 20e minute.

Alors, on attend la mi-temps, histoire de voir évoluer le jeune Aleksey Isaev, alias le Jonathan Legear de la FNL, de notre côté. Entré en cours de jeu, il avait débuté sa rencontre à gauche mais a été rapidement replacé à droite. Mais juste avant celle-là, patatra, le Spartak accélère de nouveau côté droit, un centre arrive de nouveau sur Melkadze mais cette fois-ci Babourine s’interpose. Seulement, il ne parvient pas à capter la balle et celle-ci revient dans les pieds de Artem Fedchuk, qui ne se fait pas prier : 0-2 pour le Spartak, un gros coup sur la tête pour le Zenit juste avant la pause.

La mi-temps arrive à point nommé pour que les joueurs se resaississent et pour que les spectateurs aillent quelques minutes s’abriter à côté des toilettes. Sans surprise, une bonne partie de ceux qui se trouvaient, comme nous, du côté de la tribune non-couverte, a décidé d’arrêter les frais et de rentrer à la maison. C’est sans mentir qu’une telle idée nous a aussi traversé l’esprit, puisqu’à ce rythme on allait finir complètement détrempé, mais en pesant le pour et le contre il était plus intéressant de rester : les ultras nous réchaufferont, le Legear de la FNL nous réservera bien quelques suprises et le Zenit pourrait même revenir dans le match. La neige fondante a maintenant fait place à de la pluie tandis que le vent, encore très fort, devrait désormais désavantager le Spartak.

Au retour des vestiaires, la bataille se fait encore acharnée, le Spartak gère son avance au tableau d’affichage et le Zenit a du mal à emballer la rencontre. Alors, Isaev et Chanbiev ont décidé de pimenter un peu la rencontre : sur un contact assez rugueux du joueur spartakiste, notre poulain réagit, Chanbiev re-réagit en le poussant et Isaev re-re-réagit en lui mettant la main sur la gorge. C’en est évidemment trop pour l’arbitre qui renvoie les deux acteurs aux vestiaires. On savait qu’on faisait bien fait de rester ! A 10 contre 10 cependant, les constructions sont plus compliquées, on essaie de joindre les deux ailes côté Zenit, mais les Rouges ferment bien les portes. Devant, Melkadze continue d’être pressant et menaçant et empêche le Zenit de construire calmement ses attaques. Pendant ce temps-là, le vent continue de souffler, la pluie de tomber et les ultras de chanter, chanter, chanter. En parlant de chantier, celui qui se trouve à côté du stade semble se trouver en pause technique le temps de deux heures, au vu du nombre d’ouvriers qui ont décidé de profiter de la vue sur la Malaya Arena et de l’abri qu’ils sont en train de construire.

© Footballski.fr

Disons-le : notre tribune, encore pleine en début de match, est désormais parsemée et on y est 50, tout au plus, tandis qu’en face les tribunes couvertes sont encore assez bien remplies. Côté visiteurs, la moitié a également semblé se dissiper à partir de la mi-temps. Les éléments sont il est vrai catastrophiques et il faut bien être un peu taré dans sa tête pour s’infliger ce calvaire météorologique deux heures durant. Mais à Footballski on l’est un peu, n’est-ce pas ?

Le stade s’est ensuite uni en une salve d’applaudissements lors de la sortie de Zyrianov, remplacé par l’ailier droit Batioutine. C’est sur un rush de ce dernier qu’un coup-franc est accordé aux 40 mètres, côté droit. Evseev s’élance et Zouyev s’élève : Selikov est battu et voilà que le Zenit revient dans le match à la 83e ! Craquage d’un mini fumi dans le parcage ultra, dont quelques dizaines de mecs sont désormais torse-nus, encourageant de plus belle leur équipe. Il n’y a pas de deuxième Zenit qu’on vous dit !



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Malheureusement, le Zenit pousse mais n’y arrive pas, la faute à une défense solide du Spartak, à quelques bons arrêts de Selikov et à des minutes précieuses gagnées en contre-attaque. Nimeli, parti seul au but, rate d’ailleurs une grosse occasion de tuer définitivement la partie. Le coup de sifflet final arrive, enfin pourrait-on dire, et semble donner l’idée à la pluie de réduire son intensité. Quand ça veut pas… Au classement, et vous verrez ça en détail ce mercredi dans le traditionnel compte-rendu du football russe, le Zenit-2 reste dans le ventre mou tandis que le Spartak-2 remonte à la 5e place, à deux points du troisième.

On quitte donc l’enceinte du Petrovsky, en contournant l’arène principale sans s’empêcher de penser que son heure a bientôt sonné : la réception de l’Anzhi, samedi prochain, devrait faire figure de dernier match du Zenit dans l’enceinte, avant de déménager, pour la réception de l’Ural le 21 avril, dans la fameuse Zenit Arena. Encore faut-il que celle-ci soit prête, d’où l’emploi du conditionnel. Mais ceci est une autre histoire qui vous sera contée dans l’un des épisodes Villes de Coupe du Monde. En attendant, direction un petit café local pour une Lager et un excellent bortsch, en attendant peut-être Monaco-PSG.

Les buts du match sont disponible ici.

Les notes Footballski

Stadion Petrovsky, Malaya Sportivnaya Arena

Standing du stade (2,5/5) :

Accolé au Grand Petrovsky, la petite arène Petrovsky rassemble tout l’attirail d’une petite soeur : terrain synthétique, piste d’athlétisme réduite, trois tribunes dont une seule couverte, infrastructures minimes.

Disponibilité des billets (5/5) :

Le billet a cette fois-ci été réservé à l’avance via le site du club, mais il était encore possible d’acheter son sésame avant le match. Tout le monde semblait avoir trouvé son bonheur au vu des deux tribunes bien remplies en début de match.

Tarifs (4/5) :

250 roubles, soit environ 4€, raisonnable pour un match de deuxième division.

Ambiance (5/5) :

Nous mettons 5 étoiles parce qu’au vu des conditions météo et du déroulement du match, la ferveur et la résilience des ultras du Zenit faisaient plaisir à voir et parvenaient à rendre la rencontre un peu plus enthousiasmante.

Risques (4/5) :

Le parcage du Spartak était bien gardé pour éviter tout débordement, et la faiblesse de l’affluence en fin de matchs a fait qu’un nombre réduit de badaux sont retournés vers l’île ou vers le métro (ouvert cette fois-ci).

Accessibilité et transports (4/5) :

Même entrée que pour la grande arène du Petrovsky, du coup le métro est à 5 minutes à pied, tout comme pas mal de lignes de bus. Une fois sur l’île Petrogradskaya, on ne met pas longtemps de rejoindre l’embouchure où se trouve le stade à pied.

Boissons (0/5) :

Les échoppes et autres vendeurs de boissons semblaient fermés cette fois-ci.

Quartier environnant (5/5) :

Vu que c’est à côté de la grande arène, répétons ce qui a été dit lors de Zenit-Dinamo Moscou : Le quartier est superbe, le stade borde la Néva, nous sommes en centre-ville et l’emplacement du stade nous fait bien ressentir que nous sommes à Saint-Pétersbourg. Idéal.

N. B. : Nous avons voulu expressément retarder la publication de cet article, qui relate un week-end sympathique de football, duquel s’en est suivi un bien triste lundi pour l’ensemble des Péterbourgeois et des Russes. Toutes nos pensées vont vers les victimes, leurs familles, leurs proches et quiconque touché par la tragédie qui s’est déroulée dans le métro de Saint-Pétersbourg.

Par Thomas Ghislain


Image à la une : © Thomas Ghislain / Footballski

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