Durant cette année précédant de la Coupe du Monde, nous avons décidé de nous replonger dans l’histoire du football soviétique des différentes (quatorze, hors Russie) Républiques socialistes soviétiques d’Union soviétique avec quatorze semaines spéciales, toutes reprenant le même format. Nous finissons notre grande épopée avec le Turkménistan avec un point sur le football turkmène depuis l’indépendance.
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Comme bien souvent dans les anciennes républiques soviétiques, ce sont les équipes historiques qui dominent les débuts du football indépendant. Ainsi, au Turkménistan, les années quatre-vingt-dix sont marquées par la domination des équipes historiques issues de l’ex-URSS, le Kopetdag, que nous vous avons présenté cette semaine, rafle quasiment tout en championnat durant cette première décennie, n’étant privé du titre que par un nouveau voisin gênant, le Nisa Achgabat créé en 1994 et déjà champion en 1996. En coupe, la hiérarchie n’est guerre différente et seul un club créé à l’indépendance parvient à troubler la monotonie en remportant le trophée en 1994 ; il s’agit du Turan de Dashoguz, qui continue ensuite son existence dans l’élite et s’y trouve toujours aujourd’hui sans néanmoins faire parler de lui.
Le moment charnière entre l’Ancien Monde et le Nouveau Monde arrive en 2003, le Nisa est champion pour la dernière fois avant d’entamer son déclin menant à sa disparition, même si, en 2002, le Shagadam Turkmenbashi rompait déjà la monotonie en emportant le championnat. Club au combien symbolique, jouant dans la ville de Turkmenbashi, autrefois Krasnovodsk, dont le port pétrolier rend hommage au leader de l’après-indépendance, Saparmurat Niyazov.
Par la suite, les titres reviennent par époque à de nouveaux venus (tous de la capitale) et le plus ancien Balkan Balkanabad (anciennement Neftyanik). Le MTTU, fondé par des Turcs en 2003, glane son premier titre en 2005 et redevient périodiquement champion avant d’être nommé Edigen suite à des problèmes financiers. Problèmes financiers également pour le FK Achkabad, fondé en 2006 et pourtant champion en 2007 et 2008 avant d’atterrir à la dernière place du championnat … tout en étant sauvé faute de candidats. Après l’intermède du Balkan, c’est désormais le Altyn-Asyr de la capitale, fondé en 2008, qui est tenant des quatre derniers championnats domestiques. En coupe, seul le club de l’Akhal, autre membre de la capitale, aujourd’hui deuxième force nationale, et l’historique Merv Mary,pourtant cantonné aux seconds rôles, ont réussi à apporter de la fraîcheur aux palmarès turkmènes.
Aujourd’hui le championnat n’est plus composé que de huit équipes, témoin des difficultés de la Yokary Liga. Ce sont toujours les clubs de la capitale (quatre dans l’élite) qui dominent, avec Ahal et Altyn-Asyr. Les quatre autres places étant dévolues à deux historiques : Merv et Balkan Balkanabad et à deux clubs de Turkmenbashi : le nouveau venu Energetik et le titré Shagadam.
Du côte de la sélection nationale, l’histoire n’est guère plus tranquille. Le premier match de l’histoire de la jeune sélection a lieu en 1992 et se solde par une défaite 1-0 en sol kazakh contre un Kazakhstan pas encore totalement conscient de son indépendance. Ensuite, les premières années sont très délicates, malgré l’alternance de techniciens nationaux et d’anciennes républiques soviétiques. Même Berdyev y fait un court essai sans succès, bien que l’on puisse sentir l’équipe se structurer et les résultats en qualifications s’améliorer. L’autre signe encourageant est l’apparition de quelques citoyens turkmènes non ethniques sur les feuilles de match.
Cependant l’heure de gloire du football turkmène se voit en 2004 lorsque, sous la direction de Rahym Gurbanmamedov, le pays se qualifie- enfin- pour une compétition d’envergure : le Championnat d’Asie des Nations, en Chine. Bien sûr la marche est un peu haute pour les Turkmènes, mais les résultats sont très encourageants avec un nul en ouverture contre un poids lourd du continent : l’Arabie Saoudite. Les buteurs sont Bayramov (alors au Vorskla) et Begenchmuhammad Kuliyev (joueur d’Ust-Kamenogorsk). Si l’élimination s’ensuit, les défaites contre l’Ouzbékistan (1-0) et l’Iraq (3-2 avec un but de Vladimir Bayramov, titulaire au Rubin) laissent présager une suite meilleure pour une sélection qui a su intégrer ses légionnaires.
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Malheureusement, de la 83e place FIFA en 2004, le pays tombe à son pire niveau en 2007 : la 149e, essuyant au passage une correction contre Bahreïn, 5-0. La sélection est même démantelée en 2006 et n’est plus capable d’être proche d’une quelconque qualification. Gurbanmammedov est rappelé plusieurs fois pour tenter de redresser l’équipe, Boris Grigoriants y contribue également et la reconstruction passe par deux finales (perdues) en AFC Challenge Cup. Les résultats se redressent significativement et la campagne de qualification pour cette Coupe du Monde est plus probante, avec notamment un match nul contre l’Iran et deux victoires contre l’Inde. Non qualifiée, la fédération décide d’appeler Yazguly Hojageldyev sur le banc pour la campagne de qualifications pour le trophée continental.
Le nombre de participants a bien été augmenté, mais la mission est accomplie pour le nouveau sélectionneur en battant Taiwan et Singapour et en concédant une courte défaite (et une plus large) contre Bahreïn, le Turkménistan sera en 2019 l’équipe FIFA la moins bien classée à participer au Championnat d’Asie des Nations aux Émirats arabes unis en janvier.
Adrien
Image à la une : AFP PHOTO / SAM YEH