Lors du tirage des barrages de l’UEFA Europa League, le mystérieux nom de « Domzale » s’affichait en adversaire de l’OM. C’est vrai que le petit club slovène ne fait pas beaucoup parler de lui. Dans l’ombre de Maribor et de l’Olimpija Ljubljana, le petit poucet grandit tranquillement, mais surement. Après avoir affronté West Ham l’année dernière, et avoir battu Fribourg au tour précédent, Domzale commence à se faire un nom en Europe. Et comme un marseillais averti en vaut bien deux, Footballski vous emmène dans le pays de Bostjan Cesar.

Un club sans grande tradition

Le NK Domzale est un club fondé en 1921 sous le nom de SK Disk, avant de prendre le nom de sa ville une dizaine d’années plus tard. Pour la première fois, le club apparaît dans la ligue Slovène Ouest lors de la saison 1939-40. Après la guerre, Domzale rentre dans le rang et ne joue que dans le championnat fédéral de Ljubljana jusqu’en 1984. Car en 1983, le club fait venir un ancien joueur de l’Olimpija Ljubljana, Dimitrije Srbu. Sous sa direction, l’équipe monte jusqu’au plus haut échelon national (sans jamais jouer dans une division yougoslave). Ce qui permet à Domzale d’intégrer la première division pour le premier championnat post indépendance. Pendant une dizaine d’années, le club fait l’ascenseur. Puis, Slavisa Stojanovic est nommé en tant que coach et la magie opère : Domzale gagne le titre de Champion de Slovénie deux fois consécutivement (2007 et 08), s’offrant même le luxe de compter 18 points d’avance sur Maribor en 2007 ! Pour le premier parcours européen de son histoire, Domzale passe deux tours de qualifications et échoue de peu face à Stuttgart après avoir s’être imposé à domicile. Stojanovic part pour une somme record à la Real Sociedad mais depuis, Domzale reste dans le haut de tableau et dispute régulièrement l’Europe.

Un coach offensif

rozman, domzale

Après le départ de Luka Elsner, avec qui on avait eu l’occasion de discuter, à l’Olimpija Ljubljana, on se demandait bien qui allait pouvoir prendre la succession du coach ayant insufflé un vrai renouveau à l’équipe. La direction décide de donner sa chance à un jeune coach talentueux de 33 ans, Simon Rozman, qui officiait jusqu’alors à Celje. Pari gagné : ce coach très offensif a su de suite donner une identité de jeu marquée à son équipe, marquant en moyenne deux buts et demi par match. Rien de surprenant de la part d’un technicien qui avait dit aux fans lors de son intronisation : « Ne vous inquiétez pas, avec moi vous n’allez pas nous ennuyer ! Vous connaissez ma réputation ». Amputé de ses deux meilleurs buteurs lors du mercato hivernal dernier, il a su repartir de plus belle pour marquer toujours plus et même gagner la Coupe. En contrepartie, son équipe est apparue parfois déséquilibrée et peut gagner 5-0, 5-3 comme perdre 4-1 ou 3-1. En tout cas, grâce à lui, Domzale a été la meilleure attaque du championnat de Slovénie 2016-2017 avec 63 buts inscrits.

Des ambitions européennes

Le club grandit certainement. En Slovénie, Domzale est même considéré comme faisant partie du Big Three avec Maribor et l’Olimpija. Après avoir gagné la considération dans son pays, le club Slovène aimerait bien faire parler de lui au niveau continental, ce qui avait déjà été le cas la saison dernière au troisième tour, après le match aller gagné contre West Ham. Avant la confrontation contre Fribourg, l’entraîneur Simon Rozman ne faisait d’ailleurs pas fi de ses ambitions, avec une grande assurance : « Nous sommes là où nous voulons être. Mais notre souhait est de ne pas s’arrêter là. Nous savons ce qui nous attend. Nous voulons faire un résultat dès le premier match. Cela peut sembler un peu présomptueux, mais nous avons des athlètes , des professionnels. Nos ambitions sont grandes. »

Un mercato peu agité

Ne pouvant tirer que très peu d’argent de la billetterie, des droits TV (quasiment inexistants en Slovénie) et des sponsors, il va de soi que la seule source possible de revenus pour le club est le marché des transferts. Le centre de formation marchant bien, les pépites sont vendues assez rapidement. Mais cette année, hormis le milieu Zan Majer parti à Rostov, il n’y a pas eu de saignée. Le club est bien financièrement et veut se donner les moyens de ses ambitions. Pour la première fois, un transfert payant a été conclu : celui du défenseur Tilen Klemencic (un de nos espoirs), acheté 150 000€ à Celje ! Pour le reste, comme d’habitude, Domzale tente des paris avec des joueurs libres, Senjad Ibricic étant le plus connu d’entre eux. Et, bien, sûr, fait monter des jeunes de son centre de formation.

Le joueur clé

À peine arrivé de Koper (qui a fait faillite), Senjad Ibricic s’est directement imposé comme le taulier de l’équipe. L’ancien joueur du Lokomotiv Moscou est le milieu offensif et le créateur. Le jeu dépend beaucoup de ses inspirations et son réalisme. Il a déjà marqué 4 buts en 5 matchs d’Europa League et se mue en exemple pour ses jeunes coéquipiers. À 31 ans, il ne court plus comme avant, mais sa vision du jeu et sa technique sont toujours intactes. De plus, la philosophie de son entraîneur convient parfaitement à ses qualités.

domzale

À suivre aussi le début de saison de feu de la jeune pépite Jan Repas (20 ans), le compère d’Ibricic au milieu, qui peut aussi jouer ailier. Pour plus d’informations, nous l’avions présenté en tant qu’un des 5 espoirs slovènes de la saison 2016-2017. Il n’a pas joué le match retour contre Fribourg en raison d’une suspension faisant suite à trois cartons jaunes.

Une ambiance familiale

Le Parc des Sports de Domzale a été construit en 1948. Rénové cet été, il ne peut cependant pas accueillir de matchs européens importants. Trop petit avec ses 3000 places, il n’est pas aux normes européennes. Comme contre Fribourg, le match contre Marseille sera disputé dans le plus grand stade Slovène, celui de l’Olimpija Ljubljana. Cette enceinte de 16 000 places n’était pas pleine contre Fribourg mais aura plus de chances de l’être contre l’OM. Les supporters de Domzale, composés d’un public très familial venant quasiment uniquement de la petite ville de 13 000 habitants, n’auront aucune difficulté pour se déplacer étant donné la faible distance (14 kilomètres) séparant Domzale de Ljubljana. À noter que depuis 2006, un petit groupe d’Ultras opère, eux qui se sont sobrement intitulés « Ultras Domzale ».

Le reste du public sera constitué des amateurs de football de Ljubljana qui n’ont aucune animosité avec Domzale, ce dernier ayant bien moins de tradition footballistique que leur Olimpija, qui était auparavant une place forte du championnat yougoslave.


Lire aussi : On a discuté avec Benjamin Morel, ex joueur de Domzale


Le stade Stozice de Ljubljana

Style de jeu et forme du moment

En Europa League, le système de Rozman est plus défensif qu’en championnat. Son système en 4-3-3 se transforme en 4-5-1 avec un milieu récupérateur qui est Husmani. Les ailiers Repas et Bizjak n’ont pas la même liberté, mais cela ne signifie pas que l’équipe bétonne. La presse allemande a été très agréablement étonnée par le jeu de Domzale à l’aller même si les Slovènes ont logiquement subi. Les transmissions rapides vers l’avant couplées avec la qualité technique élevée de l’équipe ont posé des problèmes à Fribourg à l’aller et ont permis de les éliminer au retour. Marseille devra être vigilant quant à la qualité offensive certaine de son adversaire, capable de se projeter vite et bien. Il suffit de regarder le deuxième but contre Fribourg pour s’en convaincre.

Mais ça, ce n’est pas une surprise pour les avertis. La surprise, c’est que Domzale a réussi à tenir le choc défensivement alors qu’on ne l’en pensait franchement pas capable. Probablement aidés par des Allemands assez amorphes, les Slovènes ont tout de même résisté, montrant une forte cohésion et une belle solidarité. On sait tout de même que quand l’équipe adverse va vite tout en se montrant précise techniquement et tactiquement, les défenseurs de Domzale peuvent être très vite dépassés. Aux Marseillais d’enflammer la partie et de mettre du rythme tout en ne laissant pas trop d’espaces.

À noter qu’aux tours précédents, Domzale s’était fait peur face aux Estoniens du Flora Tallinn et aux Islandais de Valur malgré une supériorité évidente. Cette équipe reste très inexpérimentée et trop peu sûre en défense pour pouvoir éliminer Marseille. Mais il faudra tout de même que les Olympiens ne prennent pas à la légère ces deux matchs, sans quoi ils risquent de repartir comme Fribourg…

La rédaction de Footballski


Image à la une : © ANŽE PETKOVŠEK

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