Temps de lecture 9 minutesDécouvrez Belgrade par le football

Le match entre le PSG et Crvena Zvezda est l’occasion idéale pour terminer le travail. Cela laissera peut-être un peu de temps aux Parisiens pour leur permettre de tirer le meilleur de Belgrade lors de leur visite de la ville s’ils sont laissés en liberté. Voici donc votre guide de voyage pour Belgrade.

Le plus simple pour arriver de l’étranger reste l’avion. Pour rejoindre le centre-ville depuis l’aéroport Nikola Tesla, vous pouvez prendre un taxi ou le bus. L’alternative moins coûteuse est d’arriver à Budapest pour ensuite prendre un petit bus qui fait la liaison directe entre l’aéroport de Budapest et votre destination à Belgrade en quatre heures. Il vous en coûtera 25 euros par trajet. Pour ceux qui arriveront directement en Serbie à Niš, le trajet coûte 1 500 dinars (13 euros environ) et dure deux heures et demie.

Si vous arrivez à l’aéroport Nikola Tesla, il existe de très nombreuses compagnies de taxis, le plus sûr étant de commander un taxi à une opératrice ou sur un numéro Whatsapp et d’éviter de prendre un taxi hélé dans la rue ou à l’aéroport. Summum du service, en tweetant (en anglais même) à @NAXIStaxi votre emplacement, vous pouvez réserver un taxi qui acceptera la carte bancaire. Très pratique. L’alternative est de prendre le bus public 72 et il vous en coûtera 89 dinars serbes, soit 77 centimes d’euros (150 si achetés dans le bus) pour arriver à Zeleni Venac.


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Maintenant que vous êtes à Belgrade, il serait temps de s’intéresser au foot local. Belgrade (au sens large) est la capitale politique, économique et footballistique du pays. On retrouve ainsi six clubs en SuperLiga sur un ensemble de 16 équipes : Crvena Zvezda, Partizan, Čukarički, Rad, Voždovac, et Zemun. La carte ci-dessous essaye de replacer l’influence des supporters. Sans surprise, la couleur dominante est le rouge pour Crvena Zvezda.

Les territoires de Belgrade
Noir : Grobari (Partizan) | Rouge : Delije (Zvezda) | Bleu foncé : Blue Union (OFK Beograd) | Bleu : Union Force (Rad) | Vert : Taurunum Boys (Zemun) | Rose : Invalidi (Vozdovac)

FK Crvena Zvezda (Etoile Rouge de Belgrade)

Les lettres DS correspondent aux Delije (Sever), les fameux supporters de l’Etoile Rouge de Belgrade. Ils correspondent à la première force en présence à Belgrade. Issu de la fusion de deux clubs après la Seconde Guerre Mondiale, SK Jugoslavija et BSK Belgrade, les Crveno-beli (Rouge et Blanc) ont remporté la Coupe des Clubs Champions en 1991 avant d’aller parader à Tokyo et gagner la Coupe Intercontinentale. Aujourd’hui, le club compte 28 championnats nationaux à son palmarès.

Difficile d’associer le club avec un seul lieu en ville. Le stade est le Marakana, comptant plus de 55 000 places est surnommé le trou, « Rupa » par les supporters du Partizan à cause de son esthétique. Construit sur une colline, les bureaux et la boutique du club surplombent le terrain. Les principaux groupes d’ultras sont les Ultra boys, les Belgrade Boys, les Ultras, les Brigate, les Heroes, les Hijene, et les Belgrade Boys. On compte environ 5 000 ultras répartis dans ces différents groupes, notamment les UB.

FK Partizan Belgrade

La seconde couleur la plus importante est le noir, symbolisant le Partizan Belgrade. Encore une fois, les marques ne sont pas unanimes. Il n’y a pas un quartier à proprement parler. Et même si des blocs à Novi Beograd sont à majorité dominés par un groupe de supporters, ça n’empêche pas un groupe rival d’exister. Le club est l’ancien club de l’armée et a remporté 27 championnats nationaux. Les Crno-beli (Noir et Blanc) sont réputés pour leur formation. Leur stade, le JNA stadion, qui signifie donc toujours « stade de l’armée populaire yougoslave », est situé à quelques mètres du Marakana. La photo est impressionnante quand on arrive à Belgrade depuis les airs. Les deux stades sont seulement distants de quelques centaines de mètres.

Les deux stades se trouvent à proximité d’Autokomanda. En cas de match ou simplement par pur plaisir culinaire, nous vous conseillons une pljeskavica à Stepin Vajat ou à Staro Užice. Ce plat national est le « hamburger » local. Les photos viennent de Staro Užice.

FK Rad

En s’éloignant un peu plus du centre-ville, nous arrivons du côté de Banjica. On y retrouve notamment l’ancien camp de concentration, installé par les nazis lors de l’occupation. Il est aujourd’hui transformé en lieu de mémoire. On y retrouve également le club du Rad. C’est la troisième force en présence sur la carte, représentée par les UF pour Union Force, les ultras du Rad Beograd. Le club a été crée en 1958 par une société de construction. « Rad » signifiant « travail », les joueurs sont tout naturellement surnommés les Građevinari, les constructeurs. Les ultras sont les plus à droite sur l’échiquier politique et entretiennent un climat de haine avec Novi Pazar, le club de la minorité musulmane de Serbie. Le club avait défrayé la chronique il y a peu pour une affaire de racisme à l’encontre d’un joueur du Partizan.

Le quartier est également connu pour héberger la Vojnomedicinska akademija, l’hôpital militaire qui jouit d’une excellente réputation. En tant que touriste, on ne peut que vous souhaiter de ne pas y séjourner. Toujours dans le coin, on retrouve de nombreuses ambassades avec le quartier de Dedinje. Tant qu’à compléter votre découverte de la gastronomie locale, il faudra essayer un burek à un moment de votre séjour. C’est une pâtisserie salée fourrée généralement avec du fromage, des épinards, de la viande hachée, du fromage ou de la pomme de terre.


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FK Voždovac

A une encablure de l’hôpital se tient le Voždovac Stadion, domicile du club de Voždovac. Le club a été fondé en 1912 sous le nom de SK Dušanovac et a pris son nom actuel en 1973. La particularité de ce club est d’avoir un stade construit sur un centre commercial. Le stade Bojan Matić a en effet été édifié en 2013 et alors que certaines entreprises profitent des toits pour faire un bar « rooftop », ils ont ici installé un stade de 5 200 places. Les ultras sont les invalidi – invalides – et entretiennent une excellente entente avec ceux de l’OFK.

OFK Belgrade

L’OFK est généralement présenté comme le troisième club de Belgrade et historiquement le club de la jeunesse belgradoise. En bleu foncé sur la carte, nous retrouvons les BU pour Blue Union, ou Plava Unija. Le club est aujourd’hui en troisième division mais a formé tellement de joueurs et a joué un rôle majeur dans le foot yougoslave qu’il aurait été impossible de ne pas le mentionner. Celui-ci a été crée en 1911 et les Romantiques ont eu leur période de gloire entre les moitiés des années 50 et des années 70. Son palmarès comporte notamment cinq titres nationaux. Le club est situé à un carrefour majeur de Belgrade, de part son emplacement central et ses nombreux sites alentours à visiter comme l’Eglise Saint-Marc de Belgrade, le Parc Tasmajdan ou encore la salle de basket (qu’on dit Kosarka en serbe) du Pionir. Si vous avez les moyens, vous pouvez essayer le restaurant Madera, dans le parc Tasmajdan. Il s’adresse à l’élite locale et vous vous en sortirez pour le prix d’un restaurant à Paris.

FK Zemun

Après avoir remonté le Boulevard Zorana Djindjica, vous arriverez dans cette autre municipalité qu’est Zemun, tristement célèbre à cause du Zemunski Klan, un des gangs mafieux les plus puissants des Balkans au début des années 2000. Zemun, c’est un choc et un passage OBLIGATOIRE si l’on visite la ville blanche. L’atmosphère y est si différente que l’on perd tous nos repères acquis de l’autre côté de la Sava. Si l’on regarde autour de nous, on retrouve l’architecture austro-hongroise. N’hésitez pas à monter à la tour de Gardoš qui vous permet d’avoir une vue imprenable de Belgrade.

Vous pouvez revenir vers Belgrade en longeant le Danube. Vous passez alors par le port puis par le casino et enfin les tours annonçant l’entrée dans Zemun. Tout le long du Danube est aménagé pour s’y promener, courir, faire du roller. Vous y trouverez l’été les splavs, les fameux bateaux où les serbes sortent pour faire la fête. Il y en a pour tous et pour tous les goûts, de la boite bling-bling au Kafana avec de la musique traditionnelle. En Serbie, ces lieux sont fumeurs et beaucoup de monde fume, donc attention si vous avez perdu l’habitude de la fumée. Les plus connus sont surement Stara Pesma, Kajak ou encore SFRJ, plus dédié aux souvenirs du passé. Il est conseillé de réserver une table quand vous sortez que ce soit en boite, club ou encore Kafana. Soyez à l’heure, quinze minutes de retard et votre table sera perdue, autant dire que si vous souhaitez arriver au milieu de la nuit quand la fête bat son plein, vous pourriez rester dehors. Les réservations peuvent se faire sur les sites gdeizaci.com ou beogradnocu.com

Face à une partie des splavs se trouve le Kalemegdan, la grande forteresse de Belgrade, surplombant la jonction entre le Danube et la Sava. Entre la plaine pannonienne et la péninsule des Balkans, il représente la frontière entre l’empire byzantin et l’empire austro-hongrois. C’est un lieu de promenade très agréable bien connu des Belgradois. Lorsque vous sortez du parc par

En passant par Knez Mihailova, vous pouvez sinon vous arrêter à Ex-Marshall pour sa décoration pour le moins singulière, même si l’endroit en lui même laisse à désirer. En continuant la grande rue piétonne, vous arrivez à la place de la République où se trouve le musée national qui vient de ré-ouvrir après de nombreuses années de rénovation ainsi que la statue du Prince Charles sur son cheval. Continuez un petit peu et vous arrivez à Skardarlija, une charmante rue piétonne pavée à l’ambiance bohème où se trouvent une enfilade de restaurants dans lesquels les Belgradois aiment venir chanter et danser, le tout en famille. L’ambiance y est plus artistique, certains n’hésitent pas à comparer ce quartier avec Montmartre à Paris.

Pour les amateurs de bière, la scène locale des micro-brasseries est en pleine expansion et même s’il est difficile d’en sortir une du lot, la Pivzdarija est plutôt sympa. N’hésitez pas à goûter ses produits plutôt que les bières industrielles locales généralement passables. Si vous préférez le café, Przionica vaut le détour puisqu’ils torréfient eux même leur café.

Belgrade a toujours été une ville qui aime faire la fête, aime profiter de la vie et ce même pendant les bombardements. Ainsi vous trouverez de nombreux restaurants généralement plutôt haut de gamme à Beton Hala. Les entrepôts le long du quai du port ont été aménagés et permettent ainsi de sortir sous le parc du Kalemegdan avec vue sur Novi Beograd. Les joueurs de Crvena Zvezda ont eux élu leur QG à Comunale. Enfin, pour sortir, 20/44, KC Grad, KC Drugstore sont des lieux mythiques de la scène alternative locale avec la DJ Tijana T comme figure de proue.

Si vous avez bien suivi, vous avez surement remarqué que Čukarički n’a pas été abordé sur la carte et donc dans cette présentation. Le club, seule structure privée dans le football serbe n’a pas la même histoire et le même passé yougoslave que les clubs mentionnés. Les Brdjani ont longtemps végété dans les ligues mineures avant d’accéder à la seconde division yougoslave en 1993-1994 puis la première en 1996-1997. Ainsi, le côté singulier du club est renforcé par la dualité entre l’absence d’ultras et sa gestion privée comme nous l’évoquions il y a quelques temps.

On n’oubliera pas de mentionner également le FK Rekreativo 011, club amateur créé par une bande d’amis il y a quelques années, que nous avions rencontré lors de nos derniers #FootballskiTrip et qui jouent chaque week-end aux quatre coins de Belgrade. Le stade où ils jouent leurs rencontres à « domicile » est par ailleurs situé sur l’île Ada Ciganlija, au sud de la ville mais très facilement accessible en transport en commun. L’île artificielle créée à l’époque de Tito est aujourd’hui une base nautique et de loisirs très apprécié des Belgradois qui viennent s’y promener sous les arbres, se prélasser sur les plages mais également faire du sport sur les nombreux terrains mis à disposition. Pour ceux qui apprécient également la balle ovale, sachez que le terrain de la section rugby de Crvena Zvezda se situent à cet endroit.


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De manière générale, Belgrade compte de nombreux clubs amateurs ou semi-amateurs, leur avantage étant que ces clubs jouent leurs matchs assez tôt le matin. Parfait donc pour commencer la journée et enchaîner sur un autre match ou une autre visite.

Enfin, peu de musées à conseiller si ce n’est le musée national qui vient de ré-ouvrir ainsi que le musée de l’aviation juste à côté de l’aéroport (à pied en sortant du terminal). Logé dans l’ancienne tour de contrôle, on y retrouve de nombreux vestiges comme des pièces des F16 et F117 abattus lors de la guerre. Notez également un grand cimetière à ciel ouvert tout autour. Parfait juste avant de décoller et malheureusement quitter Belgrade.

Lazar van Parijs


Prix donnés à titre indicatif. Toutes les illustrations signés Footballski / Lazar van Parijs.

3 Comments

  1. Tugo 11 décembre 2018 at 16 h 09 min

    Tres bon article ! A propos des musées, surpris de ne pas voir celui de Tito, qui est a cote du stade du Partizan.

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  2. LAMORLETTE Michel 11 décembre 2018 at 19 h 52 min

    Super reportage , ça donne vraiment envie d’aller y faire un tour !!

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  3. ben 13 janvier 2019 at 0 h 15 min

    Dommage qu un club historique comme FK Obilic n a pas été mentionné dans l article ( oui, même s ils existent plus)^^’

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