Passé tout près du titre de champion de Hongrie la saison dernière, Videoton démarre l’exercice 2017-2018 avec la ferme intention de remettre les pendules à l’heure sur la scène nationale. Et sans nourrir le moindre complexe par rapport à son rendez-vous européen face à Bordeaux. Entraîneur, schéma de jeu, entraîneur, joueurs-clés… Voici tout ce qu’il faut savoir sur l’adversaire des Girondins lors du troisième tour préliminaire de Ligue Europa.

 

C’était le match que tout le monde attendait, le climax d’une saison indécise de bout en bout. Le 27 mai 2017, le Budapest Honvéd reçoit le Videoton FC à l’occasion de la 33ème et dernière journée de championnat. Les deux équipes occupent les deux premières places du classement, avec le même nombre de points. Le trophée est présent au bord de la pelouse et attend de savoir qui aura l’honneur de le soulever. La tension est palpable, les duels sont rugueux. Le Honvéd, en ballottage favorable car titré en cas de match nul, tient le bon bout à la mi-temps (0-0). Il entérine définitivement son sacre à l’heure de jeu lorsque Márton Eppel, le meilleur buteur de NB I, reprend victorieusement un centre de Patrick Ikenne-King (1-0). Les supporters présents dans les travées du Bozsik Stadion sont ivres de joie. Leurs protégés décrochent leur premier sacre national depuis vingt-quatre ans et renouent avec leur glorieux passé.


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Du côté de Videoton, en revanche, c’est la soupe à la grimace. Cette rencontre décisive n’a pas été négociée comme il le fallait et laisse forcément d’énormes regrets aux hommes d’Henning Berg. Car force est de reconnaître que cette équipe est celle qui a produit le jeu le plus agréable à regarder pendant toute la saison. Disposant de la meilleure défense (28 buts encaissés) et de la meilleure attaque (65 buts marqués) d’OTP Bank Liga, les Vidi ont fait respecter leur loi sur la plupart des terrains de Hongrie et notamment à domicile, où ils ont pris un malin plaisir à gifler plusieurs de leurs adversaires. Ils devaient récupérer la couronne nationale, conquise en 2015 et abandonnée à Ferencváros en 2016, c’était écrit. Mais leur tendance à lâcher bêtement des points en route face à des mal-classés et l’ultime défaite face au Honvéd en ont décidé autrement.

Nikolić, des faux airs de jeune premier et un talent certain pour renverser des situations mal embarquées

Qu’à cela ne tienne, le Videoton FC est bien décidé à rectifier le tir dès cette année. Si l’effectif n’a quasiment pas évolué durant l’intersaison, un changement de taille s’est opéré sur le banc de touche, où Henning Berg a cédé sa place à Marko Nikolić, tout juste auréolé d’un double coupe-championnat avec le Partizan Belgrade. Les dirigeants magyars décident ainsi de confier les rênes de leur équipe première à un entraîneur relativement jeune (38 ans) mais dont le CV comporte déjà quelques faits d’armes intéressants. Contraint de raccrocher les crampons à vingt ans seulement à cause d’un grave souci physique, Nikolić s’occupe alors des équipes de jeunes du FK Rad, son club formateur. Il dirige ensuite les professionnels à partir de 2008, mais le premier gros tournant de sa carrière a lieu en décembre 2013. Alors entraîneur de Vojvodina Novi Sad depuis six mois, club avec lequel il réalise des prouesses (qualification pour les barrages de la Ligue Europa), le Serbe est sollicité par le Partizan. En difficulté à l’époque, les Crno Beli retrouvent quelques couleurs sous la houlette de leur nouveau technicien, qui les qualifie pour la phase de poules de la C3 2014-2015.

© Videoton FC

Marko Nikolić laisse un bon souvenir du côté de la Ville Blanche, où il revient en août 2016 à l’issue de la fin de son contrat avec l’Olimpija Ljubljana. La saison qu’il vit alors avec le Partizan (qui était une nouvelle fois en mauvaise posture avant son retour) est des plus fastes : un titre de champion de Serbie acquis de haute lutte devant l’Etoile Rouge de Belgrade, une victoire en finale de la coupe nationale face à ce même ennemi juré (1-0), 37 matchs consécutifs sans défaite toutes compétitions confondues (plus de 85% de victoires au total) et, pour couronner le tout, une distinction honorifique de meilleur entraîneur de Super Liga. Une juste récompense pour ce technicien besogneux prônant un jeu porté vers l’avant. Cela n’a pas manqué d’attirer l’attention de plusieurs écuries européennes. Dont Videoton, qui lui fait une offre difficile à refuser. Les dirigeants serbes acceptent de libérer leur coach qui, le 6 juin 2017, s’engage donc pour deux ans avec les Vidi.

Un capitaine emblématique et des latéraux rapides

Marko Nikolić pose ses valises dans la charmante ville de Székesfehérvár avec le projet de mettre en place un 4-4-2 similaire à celui qui a connu tant de succès avec le Partizan quelques mois plus tôt. Cela tombe plutôt bien, car Videoton dispose justement d’un effectif taillé pour ce schéma tactique, déjà adopté par Henning Berg la saison précédente. D’ailleurs, le onze type du coach serbe ressemble trait pour trait à celui de son prédécesseur. Dans les buts, on retrouve le toujours impeccable Ádám Kovácsik, qui n’est pas étranger à la solidité défensive de son équipe. La charnière centrale est habituellement composée de Roland Juhász et de Paulo Vinícius. Retraité international depuis peu (34 ans, 94 sélections), Juhász est le taulier de cette formation, en témoigne le brassard de capitaine accroché à son bras. Pour l’anecdote, il était membre de l’équipe d’Anderlecht qui avait éliminé Bordeaux en seizièmes de finale de C3 en 2008. Né à Sao Paulo et arrivé à Videoton en 2011, Paulo Vinícius a quant à lui été naturalisé hongrois en mars dernier. Il a d’ailleurs immédiatement été convoqué par Bernd Storck, le sélectionneur national. Petit bémol cependant : le longiligne défenseur d’origine brésilienne est sorti prématurément face au Nõmme Kalju, la faute à un problème musculaire qui le tiendra éloigné des terrains pendant quelques semaines. Sauf surprise, András Fejes devrait être titularisé en attendant son retour.

Dans le système imposé par Nikolić, les latéraux doivent assumer un travail conséquent. Il leur faut apporter le surnombre en phase offensive tout en tenant fermement leur couloir. Un rôle parfaitement occupé par les deux joueurs régulièrement alignés à ces postes, à savoir Stopira (à gauche) et Loïc Nego (à droite). Le Cap-Verdien et le Français ne comptent pas leurs efforts et font régulièrement valoir leur pointe de vitesse pour apporter le danger dans le camp adverse, même s’ils manquent parfois de justesse dans le dernier geste. A noter que Nego a auparavant évolué dans l’Hexagone puisqu’il a été formé à Nantes. L’ancien Canari s’épanouit désormais en Hongrie et reste sur une saison pleine avec les Vidi. Il peut également être positionné un cran plus haut et laisser Roland Szolnoki faire la loi au poste de latéral droit.

Lazović – Šćepović, les deux font la paire

© Videoton FC

Au milieu de terrain, le VFC ne dispose pas de numéro 10 à proprement parler, ce qui est tout sauf une anomalie dans un 4-4-2 à plat. Infatigables chiens de garde, Anel Hadžić et Máté Pátkai (sans oublier József Varga, qui présente un profil similaire) doivent ainsi gérer au mieux les phases de transition et de conservation du ballon. Sur l’aile gauche, le Bosnien Asmir Suljić apporte un peu de folie et distille des centres souvent dangereux. Et puis, devant, Nikolić peut compter sur deux attaquants redoutables, Danko Lazović et Marko Šćepović. Ce duo serbe est à l’origine de plus du tiers des buts inscrits par Videoton la saison dernière, ce qui n’a rien d’étonnant au vu de leur adresse face au but, de leur excellente entente et, en un mot, de leur complémentarité. Šćepović, c’est l’archétype du grand avant-centre à l’aise dans les airs, capable de jouer en pivot et toujours bien placé dans la surface adverse. Lazović, lui, s’appuie sur sa palette technique pour trouver des solutions et faire la différence. Agé de 34 ans, l’ancien joueur du Zenit Saint-Pétersbourg a encore de très beaux restes et a d’ailleurs été élu meilleur joueur du championnat en 2016-2017. Vraie teigne sur le terrain, son caractère impulsif et sa tendance à contester les décisions arbitrales peuvent cependant lui jouer des tours.

Videoton a-t-il réellement une chance face à Bordeaux, un adversaire clairement supérieur sur le papier ? Cela dépendra en grande partie de la prestation des Bleu et Rouge lors du match aller, au Matmut Atlantique. Roland Juhász garde certainement un bon souvenir de l’enceinte girondine, puisque la Hongrie y avait battu l’Autriche lors de l’Euro 2016 (2-0). Une rencontre à laquelle avait assisté Viktor Orbán. Grand amateur de football, le Premier ministre hongrois est un supporter assidu du club de Székesfehérvár et sera sans doute présent dans les tribunes de la Pancho Aréna, théâtre de la manche retour. Mais ce soutien ne pèsera pas grand chose sur le terrain, si ce n’est par un surplus de motivation. Les Vidi savent pertinemment qu’ils n’ont pas la faveur des pronostics. Ils n’ont strictement rien à perdre et joueront de manière décomplexée. Leur salut passera notamment par la stabilité de leur onze de départ, qui n’a pas changé par rapport à la saison dernière et qui a déjà disputé six matchs officiels depuis fin juin (aucune défaite). Le FCGB, de son côté, sera probablement encore en rodage. « Nous mettrons tout en oeuvre pour créer la surprise à Bordeaux, a prévenu Pátkai. Nous ne viendrons pas en France avec les mains dans les poches. » Rien ne garantit que cela soit suffisant certes. Mais c’est déjà un bon début.

Raphaël Brosse (remerciements à Lazar V. P. pour ses renseignements concernant Marko Nikolić).


Image à la une : © Videoton FC

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