Le championnat biélorusse est le seul championnat européen à ne pas avoir été mis entre parenthèses malgré la pandémie de Covid-19. L’occasion de dresser une rapide revue d’effectif des jeunes joueurs qui montrent de belles promesses depuis un mois et demi, voire plus. Revenons auparavant sur ce qu’il s’est passé dans la carrière de nos derniers espoirs.
Les Espoirs 2017
Il y a du bon et du moins bon dans cette fournée 2017. Du côté des déceptions, Kirill Kirilenko n’a pas réussi à lancer sa carrière malgré des débuts précoces en Vysshaya Liga avec le Dynamo Brest. Il a quitté le club pour rejoindre la réserve du BATE Borisov sans réussir à passer le cap pour l’équipe première. Il évolue désormais, à 19 ans, au Karpaty Lviv, dernier du championnat ukrainien, où il a joué 4 matchs depuis le début de la saison. Vladislav Zhuk est de retour au Slavia Mozyr depuis la saison dernière où il est titulaire et plutôt bon au poste de latéral droit, un cran en-dessous du poste auquel il s’était révélé. Evgeni Berezkin est dans la rotation au milieu de terrain au BATE Borisov mais peine à trouver du temps de jeu.
Du côté des satisfactions, Vitali Lisakovich est en train de relancer une carrière qui semblait au point mort après quelques prêts en Croatie. Il a depuis un mois la confiance de Yuri Vernydub, son entraîneur au Shakhtyor Soligorsk, et il le lui rend bien. Lisakovich est en pleine forme, vient d’inscrire 4 buts en 3 matchs et domine les matchs comme peu de joueurs peuvent le faire en Biélorussie. L’attaquant a de l’or dans les pieds mais doit encore progresser dans ses décisions, parfois trop individuelles. Désormais international biélorusse (5 sélections). Ancien du Shakhtyor également, Valeriy Gromyko a explosé en début de saison dernière, suffisamment pour signer à l’Arsenal Tula cet hiver après six mois passés sans jouer. Il avait été placardé par son club car il ne voulait pas prolonger. Un bon transfert dans un bon club russe pour un bon joueur de football, désormais régulièrement appelé avec la sélection biélorusse pour une première cape face à l’Allemagne en juin dernier.
Les Espoirs 2018
Il y a beaucoup plus de succès dans les cinq espoirs de 2018. Tous ont plus ou moins répondu aux attentes. Maksim Shvetsov est peut-être celui qui a le plus de mal à progresser. Toujours au Dinamo Minsk, il était titulaire dans une défense à trois avec Sergey Gurenko. Depuis l’arrivée de Leonid Kuchuk il y a deux rencontres, il regarde les matchs sur le banc. Il a été rejoint par deux joueurs de ces espoirs 2018 : Ivan Bakhar et Vladislav Klimovich. Bakhar a explosé avec le FK Minsk l’an dernier, compilant 7 buts et 4 passes décisives dans une équipe résolument défensive. A 21 ans, il était logiquement sollicité par les meilleurs clubs biélorusses et son choix s’est porté vers le Dinamo Minsk. Titulaire depuis le début de saison, il alterne bons et moins bons matchs, mais avec déjà deux buts et deux passes décisives ainsi qu’une entente intéressante avec Vladislav Klimovich. Les deux joueurs évoluent derrière l’attaquant de pointe et se trouvent. Klimovich surprend positivement en étant l’un des détonateurs de ce nouveau Dinamo Minsk. Lui aussi est prêt à passer un cap après deux saisons au Torpedo-BelAZ.
Les deux autres joueurs évoluent au BATE Borisov. Zakhar Volkov avait impressionné lors de la dernière campagne de Ligue Europa du BATE Borisov, en 2018/2019, en jouant notamment ces meilleurs matchs face à Arsenal. Sélectionné dans l’une des équipes types de la semaine de la compétition, Volkov a confirmé son statut de grand espoir et sa progression exponentielle. Toujours titulaire indiscutable au BATE, Volkov aspirera rapidement à mieux. La Russie semble être le choix évident. Il l’est beaucoup moins pour Denis Scherbitski, qui pourrait avoir de clubs beaucoup plus huppés sur son cas. Il reste sur dix mois sans jouer, faute d’une blessure à l’épaule difficilement diagnostiquée qui a mis du temps à guérir. Il est de retour dans les cages de son club depuis trois semaines et c’est comme s’il ne les avait jamais quittées. Décisif, le longiligne gardien de but l’a été avant et après sa blessure. Il est l’un des meilleurs jeunes gardiens d’Europe et une valeur sûre pour son club et sa sélection.
Les Espoirs 2020
Maksim Plotnikov (Dinamo Minsk | 29.01.1998)
Maksim Plotnikov fait partie de cette nouvelle génération de joueurs qui représente le renouveau du centre de formation du Dinamo Minsk, jadis l’excellence de la jeunesse en Biélorussie. Il y a lui, Maksim Shevtsov et quelques plus jeunes joueurs aux portes de l’équipe première, qui dominent actuellement le championnat des réserves avec 6 victoires en 7 matchs. Cela fait un an et demi que Plotnikov surprend agréablement dans les buts du Dinamo Minsk, après des prêts sans résultat concret au Luch Minsk et au Torpedo-BelAZ. Mais il s’est tout de suite installé confortablement dans les buts de son club formateur, fort d’une aura nécessaire à son poste et d’un certain charisme qui lui permet de contrôler sa défense et son bloc équipe de façon très intéressante.
Les stades sont vides et silencieux actuellement, mais beaucoup moins quand Plotnikov joue. Le jeune gardien de but est très vocal, on l’entend régulièrement crier sur ses joueurs ou d’un plus général « выше » (« plus haut »). Preuve de sa bonne saison l’an passé, il a été élu joueur de l’année par les supporters du Dinamo. Plutôt complet, Plotnikov n’est pas encore décisif à chaque match, manque un peu de régularité et doit encore progresser dans tous les secteurs du jeu, mais il apparaît comme une bonne alternative à Denis Scherbitski dans les buts de la future sélection nationale.
Gleb Shevchenko (Slavia Mozyr | 17.02.1999)
Gleb Shevchenko n’attire pas l’attention car il a des dreadlocks sur la tête. Pas seulement du moins. Le jeune milieu de terrain du Slavia Mozyr impressionne parce qu’il est partout sur le terrain. Shevchenko est l’une des révélations du début de saison avec une équipe du Slavia Mozyr, dont le classement ne reflète pas vraiment les performances. Ce n’est pas non plus une surprise de le voir à ce niveau de jeu, car Shevchenko est finalement capitaine des espoirs biélorusses. C’est plutôt une progression cohérente, démarrée en deuxième division il y a deux ans et qui s’est poursuivie la saison passée.
Le milieu de terrain du Slavia arrive à maturité et apparaît comme l’un des leaders techniques de son équipe, en abattant un boulot impressionnant grâce à un coffre assez rare pour un jeune Biélorusse. Il manque encore un peu d’impact au niveau statistique et possède aussi le défaut de sa principale qualité : s’il est souvent partout, il est aussi parfois nulle part et gagnerait à gérer ses efforts afin d’être plus efficace et lucide par moments. Le début de saison est qualitatif, la suite pourrait l’envoyer dans l’un des clubs du Top 4. A moins qu’il ne reste dans son club formateur quelques mois de plus.
Artem Shkurdyuk (Energetik-BGU, prêté par le BATE Borisov | 20.08.1998)
Cela fait maintenant un peu plus d’un an et demi qu’Artem Shkurdyuk est prêté par le BATE Borisov à l’Energetik-BGU. Il avait fait une première demi-saison en deuxième division avant d’y être une nouvelle fois prêté la saison dernière. Devant la progression de son jeune joueur dans l’un des seuls clubs qui fait confiance aux jeunes en Biélorussie, le BATE Borisov a eu la bonne idée de renouveler l’expérience. D’autant que l’Energetik est entraîné – ou du moins co-entraîné – par l’ancien… défenseur central du BATE Borisov, Artem Radzkov.
L’environnement est donc idéal pour progresser pour le jeune défenseur central roux et Shkurdyuk s’est tranquillement imposé comme le patron de la défense à trois de l’Energetik. Il est celui qui couvre ses partenaires dans une équipe assez facilement déséquilibrée, autant dire qu’il n’a pas le travail le plus facile du championnat. Cela s’est d’ailleurs vu la saison dernière où il était membre de la pire défense de Vysshaya Liga avec 66 buts encaissés en 30 rencontres. C’est beaucoup mieux cette année puisqu’on en est seulement à sept buts encaissés en sept matchs. Shkurdyuk est plus calme, plus efficace, meilleur tout simplement après avoir pris le pouls du championnat l’an passé.
Dmitri Podstrelov (Shakhtyor Soligorsk | 06.09.1998)
C’est la belle histoire de la saison dernière. La saison du Dnyapro Mogilev s’est terminée par une descente puis une faillite. Un petit ailier droit du nom de Dmitri Podstrelov a quand même réussi à tirer son épingle du jeu, suffisamment en tout cas pour convaincre le Shakhtyor Soligorsk de le prendre sous contrat. Deux sélections et un but lors de matchs amicaux inintéressants en février, et le voilà comme la belle révélation du début de saison du Shakhtyor. Il s’est petit à petit imposé grâce à de belles prestations dans un Shakhtyor pourtant très irrégulier.
Très énergique, dynamique, Podstrelov a encore quelques défauts majeurs à corriger, comme celui de ne regarder que ses pieds ou celui de pousser trop loin son ballon mais il a la vitesse, le volume de jeu et la détermination pour au moins faire une bonne carrière dans le championnat. Il ressemble d’ailleurs assez fortement à son coéquipier Sergey Balanovich, 33 sélections avec la Biélorussie et une bonne expérience en Russie, à l’Amkar Perm. Pour Podstrelov, ce serait un bon modèle à suivre.
Jasurbek Yakhshiboev (Energetik-BGU, prêté par le Pakhtator | 24.06.1997)
Deux buts face au plus grand club du pays pour son premier match avec sa nouvelle équipe, tout ça en mondiovision car les passionnés de football n’avaient pas autre chose à regarder. Voilà comment Jasur Yakhshiboev s’est présenté à la Biélorussie et son football. Inattendu car le championnat ouzbek est largement sous médiatisé et, surtout, car l’Energetik ne nous avait pas habitués à recruter des joueurs de ce calibre. Le club a des étrangers de qualité avec Jérémy Mawatu, David Tweh notamment, mais Yakhshiboev s’impose déjà, après sept matchs, comme l’un des meilleurs joueurs du championnat. Tous les autres évoluent dans le haut de tableau. L’Energetik, lui, est un candidat au maintien.
Rapide, technique, adroit, Yakhshiboev est une énorme surprise mais une surprise bienvenue dans un championnat qui manque cruellement de joueurs de son profil. Mais c’est aussi un petit problème. Depuis la troisième ou quatrième journée, Yakhshiboev sait qu’il est au-dessus du lot et il a tendance à vouloir en faire beaucoup trop tout seul. Cela saute aux yeux, et il serait bien avisé de corriger ce défaut. Pour le reste, l’avenir de Yakhshiboev s’écrit bien loin de la deuxième partie de tableau en Biélorussie.
Quentin Guéguen
Image à la une : © Jasur Yakhshiboev, by.tribuna.com