La prochaine saison d’OTP Bank Liga débutera dans un peu moins d’un mois. Avant de s’y plonger pleinement, l’heure est venue de dresser le bilan de l’exercice 2018/2019, club par club. Le long cavalier seul de Ferencváros, l’essoufflement d’Újpest, le réveil tardif et vain du Szombathelyi Haladás… On fait le point.
La bataille pour le titre
1. Ferencváros – 74 pts
Trois ans après son dernier sacre, Ferencváros est de retour au sommet. Au fond, comment aurait-il pu en être autrement ? Les Aigles verts ont trusté la première place du classement du début à la fin de la saison et ont logiquement été titrés, avec une avance plus que confortable (13 points !) sur MOL Vidi. Le champion sortant a d’ailleurs cru avoir relancé le suspense en battant son rival juste avant la trêve hivernale (2-1), ce qui lui avait permis de revenir à 5 longueurs. Mais l’illusion n’a pas duré.
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Car pendant que ses poursuivants perdaient des plumes à gauche et à droite, Fradi est resté une implacable machine à gagner. Souvent avec la manière, comme contre Diósgyőr (7-0) ou la Puskás Akadémia (4-0), et parfois de manière plus étriquée, comme à Kisvárda (0-1). La mécanique ne s’est jamais vraiment enrayée et la démonstration de force face à Vidi fin avril (4-1) a définitivement scellé la passation de pouvoir. Détenteur de la meilleure attaque (72 buts marqués) et de la meilleure défense (27 buts encaissés), le club budapestois a amplement mérité de décrocher la trentième couronne de champion de Hongrie de son histoire.
Pour mener à bien cette opération reconquête, Serhiy Rebrov – qui a remplacé Thomas Doll fin août – a pu s’appuyer sur des éléments très performants dans tous les secteurs, du gardien Dénes Dibusz à l’attaquant Davide Lanzafame (co-meilleur buteur avec 16 réalisations). Bonne pioche de l’été, Ivan Petryak (prêté par le Shakhtar Donetsk) a apporté sa pierre à l’édifice dans le domaine offensif, à l’instar de l’indispensable Roland Varga. Piteusement éliminé par le Maccabi Tel-Aviv lors du premier tour préliminaire de la Ligue Europa en juillet dernier, ce qui a représenté la seule grosse fausse note de sa saison, Ferencváros a maintenant un autre défi à relever : s’offrir un parcours digne de ce nom sur la scène continentale.
2. MOL Vidi – 61 pts
Titré en 2018, MOL Vidi a donc dû se résoudre à céder le trône à Fradi. Mais même si l’écart final au classement semble abyssal, les joueurs de Marko Nikolić n’ont pas abdiqué rapidement, bien au contraire. Revenus dans le coup juste avant l’hiver, Loïc Nego et ses coéquipiers ont néanmoins concédé deux revers à domicile dès la reprise, contre la Puskás Akadémia (0-3) et Diósgyőr (1-2), ce qui a sérieusement plombé leurs ambitions. Et comme Ferencváros n’a jamais connu de passage à vide, il a fallu accepter l’inéluctable.
La saison des Vidi reste cependant très réussie, pour deux raisons. Tout d’abord parce qu’ils ont clos l’exercice en remportant la Magyar Kupa, au détriment du Budapest Honvéd en finale (2-1). Ensuite – et surtout ! – parce qu’ils sont parvenus à se hisser en phase de groupes de la Ligue Europa, ce qui n’était plus arrivé depuis des lustres pour une formation hongroise. Malgré des prestations honorables, à l’image d’un match nul contre le futur vainqueur de l’épreuve, Chelsea (2-2), le club de Székesfehérvár (qui a encore changé de nom et s’appelle désormais MOL Fehérvár FC) ne s’est pas qualifié pour les seizièmes de finale. Cette épopée européenne a forcément coûté beaucoup d’énergie aux partenaires de Marko Šćepović (10 buts), ce qui leur a nui en championnat. Mais nul doute qu’ils signeraient des deux mains pour goûter de nouveau aux joies de la C3 à l’automne prochain.
La course à la troisième place
3. Debrecen – 51 pts
La course à la troisième place a offert bien plus de suspense que celle qui concernait le titre. Trois équipes se sont livrées à une longue passe d’armes qui, en définitive, a tourné à l’avantage de Debrecen. Déjà sur le podium à la trêve grâce à une fin d’année 2018 tonitruante (quatre victoires d’affilée toutes compétitions confondues), le DVSC a par la suite soufflé le chaud et le froid, prenant une rouste à Kisvárda (3-0) et dominant Ferencváros la semaine suivante (2-1). Une inconstance qui n’a pas porté préjudice à Dániel Tőzsér, Tamás Takács et consorts, puisque les Loki disputeront bel et bien le premier tour préliminaire de la Ligue Europa cet été, en l’occurrence contre les Albanais de Kukësi.
4. Budapest Honvéd – 49 pts
A l’approche de l’ultime coup de collier de la saison, le Honvéd pouvait à la fois espérer un podium en championnat et un nouveau titre en Magyar Kupa. Il n’a eu ni l’un, ni l’autre. Battus en finale de la coupe nationale par MOL Vidi (2-1), les Budapestois ont également échoué à deux petits points de Debrecen. De quoi laisser quelques regrets, surtout lorsque l’on se rappelle du démarrage parfait des Rouge et Noir (4 victoires lors des 4 premières journées). Tout n’est néanmoins pas à jeter car, en dépit d’une certaine irrégularité dans les résultats, les joueurs d’Attila Supka ont ravi leurs supporters à plus d’une reprise, notamment en s’imposant face à Ferencváros (3-2). Arrivé sur la pointe des pieds, David N’Gog a progressivement pris ses marques (6 buts) au sein de sa nouvelle formation. Pour la suite, celle-ci devra se passer de Dávid Gróf (gardien atypique ayant rejoint Ferencváros) et de Filip Holender (co-meilleur buteur d’OTP Bank Liga avec 16 réalisations) en 2019/2020.
5. Újpest – 48 pts
Si Debrecen et le Budapest Honvéd auront le droit de disputer des rencontres européennes cet été (voire durant l’automne, si tout se passe pour le mieux), ce ne sera pas le cas d’Újpest. La déception a dû être de taille dans les rangs des Lilák, qui ont été dans le coup jusqu’au bout. Mais la grosse défaillance dont ils ont été victimes dans l’ascension finale leur a été fatale. Avec seulement 2 points pris lors des 6 dernières journées, il était effectivement difficile de rivaliser pour les hommes de Nebojša Vignjević. L’arrière-garde menée par Róbert Litauszki a pourtant été la deuxième plus robuste de l’élite (28 buts encaissés), Soma Novothny a confirmé son statut de valeur sûre en attaque (9 buts), mais cela n’a pas suffi. Arrivé durant le mercato hivernal, l’ancien Monégasque Lacina Traoré a quant à lui marqué lors de chacune de ses trois premières titularisations, sans réussir à endiguer la chute de son équipe par la suite.
L’équipe « ventre mou »
6. Mesőkövesd-Zsóry – 44 pts
Le ventre mou est rarement imposant en OTP Bank Liga, compétition qui ne comporte que douze clubs. Il a été particulièrement mince cette saison, puisqu’une seule formation n’a vraiment rien eu à craindre ni à espérer : Mesőkövesd-Zsóry. Passés à deux doigts de la relégation en 2017/2018, les Jaunes ont donc vécu une édition 2018/2019 plus paisible. En grande partie grâce à Stefan Dražić et Gábor Molnár, qui ont inscrit la bagatelle de 20 buts à eux deux. Le MSE n’avait jamais terminé dans la première partie du classement de la D1 au XXIesiècle. C’est désormais chose faite.
La lutte pour le maintien
7. Puskás Akadémia – 40 pts
Les six équipes ayant terminé dans la deuxième partie de tableau ont pris part, de très près ou de plus loin, à la lutte pour le maintien. Comme l’an passé, cette féroce bataille pour la survie parmi l’élite a attendu le baisser de rideau pour rendre son verdict. A ce moment-là, la Puskás Akadémia était néanmoins déjà hors de danger. Tout n’a pas été simple pour le club basé à Felcsút, qui ne totalisait que deux petits points à l’issue des sept premières journées. Mais dans le sillage d’un Josip Knežević souvent décisif (12 buts), Tamás Kiss et ses coéquipiers ont redressé la barre, étant même invaincus sur les 6 derniers matchs de la saison.
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8. Paks – 39 pts
A l’instar de la Puskás Akadémia, Paks s’est également fait quelques frayeurs. L’Atomcsapat a en effet connu deux trous d’air qui l’ont fait glisser vers la zone rouge : de début novembre à mi-décembre (aucun succès en 6 rencontres) et, surtout de début mars à fin avril (2 points engrangés en 7 journées). Heureusement pour eux, les hommes d’Aurél Csertői se sont réveillés juste à temps pour grappiller les unités qui manquaient afin d’entériner leur maintien. Sans doute désireux de moins trembler l’an prochain, le PFC a conservé Norbert Könyves et a enregistré le retour de Dániel Böde, formé au club et qui a rendu de fiers services du côté de Ferencváros entre 2012 et 2019 (103 buts en 237 matchs).
9. Kisvárda – 38 pts
Ils ne devaient pas être nombreux, ceux qui pensaient que Kisvárda allait se maintenir après ses débuts cataclysmiques (4 défaites, aucun but marqué et 11 buts encaissés à l’issue des 4 premières journées). Et pourtant, László Dajka est parvenu à mener sa mission à bien, en s’appuyant, entre autres, sur des victoires cruciales obtenues face aux concurrents directs qu’étaient le MTK Budapest (1-0) et le Szombathelyi Haladás (0-1). Arrivé pendant l’hiver après avoir passé près de trois mois sans club, Gheorghe Grozav a tiré le promu vers le haut (5 buts, 3 passes décisives), tout comme Zoltán Horváth (9 buts). A Vasile Miriuță, le nouvel entraîneur des occupants du Várkerti Stadion, de faire perdurer le club au plus haut niveau de la hiérarchie hongroise.
10. Diósgyőr – 38 pts
C’est une rengaine qui se répète sans cesse. Saison après saison, Diósgyőr joue très dangereusement avec le feu. A chaque fois, on en vient à penser que le DVTK va finir par se brûler. Et à chaque fois, il s’en sort de justesse. 2018/2019 n’a pas fait exception à la règle, les partenaires de Florent Hasani (7 buts) ayant passé tout l’exercice aux abords de la ligne de flottaison. Le succès décroché face à MOL Vidi (2-1), l’improbable match nul arraché sur le terrain du Honvéd (4-4) et la belle victoire contre Újpest (3-0) ont malgré tout permis à Fernando et à ses joueurs de finir juste au-dessus de la zone de relégation. Une fois de plus…
11. MTK Budapest – 34 pts
Qui aurait pu prédire une telle descente aux enfers ? A la trêve hivernale, le MTK pointait à la sixième place avec 27 points et figurait même parmi les prétendants potentiels au podium dans notre bilan de mi-saison. Mais le promu a ensuite totalement perdu pied et a accumulé les défaites (12 sur les 15 matchs disputés à partir de février, avec 7 revers de rang pour terminer !), ce qui l’a inévitablement fait plonger. Ni Sándor Torghelle (7 buts), ni László Lencse (6 buts) n’ont réussi à inverser la trajectoire du promu, qui retrouvera donc la Merkantil Bank Liga en août 2019.
12. Szombathelyi Haladás – 30 pts
La relégation du Szombathelyi Haladás est nettement moins surprenante. Lanterne rouge pendant la quasi-totalité de la saison, le club situé non loin de la frontière ouest de la Hongrie était même complètement largué au moment d’aborder le dernier tiers du calendrier (10 points après 22 journées). Animés par un remarquable sursaut d’orgueil, les Hali ont alors gagné 6 des 8 matchs qui ont suivi et ont laissé poindre l’espoir d’une remontada incroyable. Mais il était trop tard pour revenir sur les équipes situées juste devant. L’apport de Rui Pedro (prêté par Ferencváros en janvier) a été très bénéfique pour la formation dirigée par Ferenc Horváth, qui évoluera néanmoins à l’étage inférieur la saison prochaine. Sans Gábor Király qui, désormais âgé de 43 ans, a décidé de ranger les gants.
Dans l’ascenseur, le MTK Budapest et le Szombathelyi Haladás croiseront Zalaegerszeg et Kaposvár, respectivement premier et deuxième de Merkantil Bank Liga en 2018/2019.
L’équipe-type de la saison 2018/2019
Raphaël Brosse
très beau papier : une mine d’informations
merci pour votre travail