Il n’est jamais trop tard. L’heure est (enfin) venue de dresser le bilan de la saison 2017/2018 du championnat de Hongrie, principalement marquée par le sacre de Videoton. Ce compte-rendu permettra aussi de tirer les premiers enseignements de l’exercice 2018/2019, qui a débuté il y a déjà plusieurs semaines. Ferencváros devancé, Újpest récompensé, Vasas condamné… On fait le point.
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Le classement
Le groupe de tête
La bataille pour le titre a donné lieu à un long et haletant mano a mano entre Videoton et Ferencváros. Vainqueur de la coupe de Hongrie, Újpest a également chipé la troisième place au nez et à la barbe du Budapest Honvéd et de Debrecen.
1. Videoton – 68 points
Le hasard fait parfois bien les choses. Le 27 mai 2017, Videoton avait laissé filer le sacre à cause d’une défaite sur le terrain de son concurrent direct, le Budapest Honvéd, lors de la dernière journée (1-0). Un an plus tard jour pour jour, c’est une victoire face à ce même adversaire (2-0) qui a définitivement propulsé les Vidi vers le troisième titre de champion de Hongrie de leur histoire. Ce succès a également mis un terme à un passionnant duel entre le club de Székesfehérvár et Ferencváros. Les deux formations ont été au coude à coude pendant toute la saison ou presque, occupant le fauteuil de leader à tour de rôle tout en étant dans l’incapacité de faire le break quand l’occasion se présentait.
Et c’est finalement Videoton qui a eu le dernier mot. Cette consécration est à mettre en grande partie au crédit de Marko Nikolić. Arrivé à l’intersaison en provenance du Partizan Belgrade, où il venait de réaliser le doublé coupe-championnat, le technicien serbe a très vite imposé sa patte, faisant de son équipe une impitoyable machine à gagner, solide défensivement (meilleure arrière-garde du championnat avec 28 buts encaissés) et dotée d’une grosse force de frappe offensive. Dans le but, Ádám Kovácsik a été décisif à de nombreuses reprises. Sur les côtés, les infatigables latéraux Stopira et Loïc Nego n’ont eu de cesse de se projeter vers l’avant. Devant enfin, le duo composé de Danko Lazović (quatorze buts, sept passes décisives) et de Marko Šćepović (dix buts, dix passes décisives) a encore fait des dégâts considérables.
Videoton a changé de nom pendant l’été et s’appelle désormais MOL Vidi (MOL étant une compagnie pétrolière et gazière hongroise). Mais la dynamique, elle, n’a pas subi de coup d’arrêt. Engagés en tours préliminaires de Ligue des Champions, les Rouge et Bleu ont en effet réalisé un parcours européen remarquable, éliminant successivement Dudelange (1-1, 2-1), le Ludogorets Razgrad (0-0, 1-0) et Malmö (1-1, 0-0) avant d’être stoppés par l’AEK Athènes (1-2, 1-1). Reversé en phase de groupes de Ligue Europa (une première pour un club magyar depuis 2012), Vidi aura le privilège de défier Chelsea, le PAOK Salonique et le BATE Borisov. Reste à savoir si le champion sortant pourra à la fois faire valoir ses arguments lors de cette campagne continentale et assurer la défense de son titre sur la scène nationale.
2. Ferencváros – 66 points
Longtemps, Ferencváros a donné l’impression d’être en mesure de récupérer la couronne abandonnée au Honvéd en 2017. Emmené par une attaque de feu (69 buts marqués, aucune équipe n’a fait mieux), Fradi a accusé le coup au pire des moments. Sa perte de vitesse dans le sprint final (quatre matchs nuls sur les cinq derniers matchs) a effectivement permis à Videoton de couper la ligne d’arrivée en tête. Les Aigles verts ont forcément de quoi avoir quelques regrets, mais leur saison fut des plus abouties concernant le jeu proposé. Roland Varga (dix-sept buts, six passes décisives) a rayonné, tout comme le virevoltant Joseph Paintsil (dix buts, sept passes décisives), qui a depuis rejoint Genk. Derrière, Miha Blažič s’est affirmé comme étant un patron en puissance, tandis que Stefan Spirovski a très rapidement pris ses marques dans l’entrejeu. Non, le FTC n’a pas grand-chose à se reprocher. Si ce n’est d’avoir laissé échapper quelques points à des moments cruciaux…
Bien décidé à ne pas connaître pareille mésaventure une nouvelle fois, Ferencváros a pris un départ quasi parfait dans cet exercice 2018/2019 (dix-sept points engrangés en sept rencontres). Le club budapestois a en revanche quitté la scène européenne prématurément, étant éliminé dès le premier tour préliminaire de Ligue Europa par le Maccabi Tel-Aviv (1-1, 1-0). Une grosse contre-performance au regard de la qualité de l’effectif, notamment renforcé par l’arrivée de Davide Lanzafame durant l’été. C’est probablement cet échec qui a engendré le départ de Thomas Doll, remplacé sur le banc par Serhiy Rebrov. Tout autre classement qu’une première place en fin de saison serait synonyme de déception.
3. Újpest – 49 points
Quel finish de la part d’Újpest ! Dans l’ombre pendant la majeure partie de la saison, les Lilák ont terminé en boulet de canon. Ils ont d’abord remporté la coupe de Hongrie fin mai, au détriment de la Puskás Akadémia (2-2, 5-4 t.a.b.), avant de coiffer sur le poteau leurs concurrents dans la course au podium grâce à une victoire face à Debrecen lors de la dernière journée (2-1). Cela a récompensé le travaille accompli par Nebojša Vignjević, qui a fait de l’UTE une formation joueuse et audacieuse. Dans le sillage d’un Soma Novothny indispensable à la pointe de l’attaque (dix-sept réalisations), les partenaires de Róbert Litauszki ont rapidement fait oublier Enis Bardhi et Souleymane Diarra, respectivement partis à Levante et à Lens durant l’été 2017. La reprise a été un peu compliquée pour les Budapestois, balayés par le FC Séville en deuxième tour préliminaire de Ligue Europa (4-0, 1-3) et auteurs d’un démarrage poussif en championnat (une seule victoire après sept journées). Mais il ne faudrait en aucun cas les sous-estimer.
4. Budapest Honvéd – 47 points
L’état de grâce n’a pas duré. Sacré champion contre toute attente en 2017, le Budapest Honvéd a assez vite compris qu’il n’allait pas être en mesure de conserver sa couronne. Le départ de Marco Rossi, qui a quitté son poste d’entraîneur juste après le sacre en raison de désaccords quant à son salaire, a sans doute pesé lourd. Car ni Erik Van der Meek, ni Attila Supka (qui a succédé au Néerlandais avant la trêve hivernale) n’ont trouvé la solution miracle pouvant permettre à la formation budapestoise d’accrocher le podium. Trop friables défensivement et inconstants dans leurs performances, les Rouge et Noir ont malgré tout terminé à une quatrième place synonyme de qualification européenne. Une campagne continentale qui a pris fin de manière peu glorieuse, face aux Luxembourgeois du Progrès Niederkorn (1-0, 2-0).
Que peut-on attendre, désormais, du Honvéd version 2018/2019 ? Deux de ses meilleurs éléments ont profité du mercato estival pour changer d’air : Davide Lanzafame (dix-huit buts, douze passes décisives) a rejoint Ferencváros et Márton Eppel (quatorze buts, six passes décisives) a été séduit par le Kairat Almaty. Les clés de l’attaque ont été confiées à Danilo et à Filip Holender. Et peut-être que l’ancien Parisien David N’Gog aura aussi son mot à dire.
5. Debrecen – 44 points
Le scénario de la fin de saison a été cruel pour Debrecen. Sur le podium pendant la trêve hivernale, le DVSC semblait disposer d’atouts suffisamment sérieux pour conserver cette troisième place jusqu’au bout. Mais les Loki ont lâché prise dans l’emballage final, avec notamment un lourd revers sur le terrain du mal classé Balmazújváros (4-0) et, surtout, une défaite face à Újpest lors d’un duel à couteaux tirés entre concurrents directs (2-1). Cinquièmes au moment de faire les comptes, les hommes d’András Herczeg échouent donc aux portes de l’Europe. Cela ne devrait toutefois pas altérer l’ambition de Dániel Tőzsér et consorts, qui ont un effectif taillé pour rester dans la première partie du classement.
Le (petit) ventre mou
La Puskás Akadémia a connu un démarrage poussif, Paks a, pendant un temps, titillé les candidats au podium. Mais ces deux clubs n’ont, dans l’ensemble pas eu grand chose à craindre ou à espérer cette saison.
6. Puskás Akadémia – 43 points
La Puskás Akadémia n’a pas repris l’ascenseur ! Ce n’était pas gagné d’avance pour le promu, qui a connu une entame compliquée (deux points après cinq journées) mais qui a ensuite su progressivement prendre ses distances avec la zone rouge. Finaliste malheureuse de la Coupe de Hongrie, l’équipe de Felcsút a surtout pu compter sur Josip Knežević (onze buts, sept passes décisives) et Ulysse Diallo (sept buts) pour accrocher une probante sixième place. Le recrutement de la jeune pépite Tamás Kiss (17 ans) à l’intersaison semble des plus intéressants. A noter que Jonathan Heris et ses coéquipiers sont dans le dur depuis la reprise (aucune victoire en sept journées).
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7. Paks – 42 points
Sans faire de bruits et avec des moyens relativement limités, Paks est toujours là. Certes, terminer septième ne constitue pas, en soi, une performance exceptionnelle. Mais il ne faudrait pas oublier que l’Atomcsapat a, plusieurs semaines durant, joué les trouble-fêtes dans la course au podium. Toujours mené par les insaisissables János Hahn et László Bartha, le PFC s’est placé aux avant-postes après la trêve hivernale et s’est notamment offert le scalp de Videoton (1-0). La bande à Aurel Csertői s’est cependant complètement effondrée dans la dernière ligne droite (quatre défaites d’affilée). Dommage, car il y avait quelque chose de beau à aller chercher.
La lutte pour le maintien
La bataille a aussi été indécise jusqu’au bout en bas de tableau, comme en témoigne le faible écart de points (quatre) entre le Szombathelyi Haladás, huitième, et Vasas, dernier. Les cinq équipes concernées ont en tout cas eu de sacrées sueurs froides, et ce jusqu’aux ultimes secondes de la dernière journée de la saison.
8. Szombathelyi Haladás – 38 points
Les supporters du Szombathelyi Haladás ont dû pousser un gros « ouf » de soulagement après le coup de sifflet final du dernier match de la saison. Oui, leur équipe est parvenue à se maintenir parmi l’élite du football hongrois. Mais que ce fut compliqué ! Dans le dur dès le début de l’exercice, les Hali ont été entraînés par trois techniciens différents. Successeur de Bálint Pacsi (qui avait lui-même remplacé Géza Mészöly), Michal Hipp a réussi à redresser la barre juste avant la trêve hivernale, au moment où le club a emménagé dans le flambant neuf Haladás Sportkomplexum. Gábor Király et ses coéquipiers n’ont cependant jamais pu prendre leurs distances vis-à-vis de la zone rouge, ce qui a failli leur coûter très cher.
9. Mezőkövesd-Zsóry – 37 points
Mezőkövesd-Zsóry revient de loin. De très loin même, puisqu’il était tout simplement lanterne rouge à la trêve, avec seize petits points au compteur. Les Jaunes ont toutefois eu le mérite de ne rien lâcher (huit rencontres consécutives sans défaite entre mi-novembre et mi-mars), ce qui leur a permis de finalement sortir la tête de l’eau. Guidés par un Márk Koszta (dix buts) souvent décisif dans les rendez-vous cruciaux, ils ont fait un bond de géant vers le maintien en enchaînant trois victoires d’affilée en mai. Attila Kuttor, qui a joué un rôle non négligeable dans cette « remontada », poursuivra l’aventure sur le banc du MSE. Avec l’intention, sans doute, de vivre un nouvel exercice moins crispant que le précédent.
10. Diósgyőr – 36 points
La survie de Diósgyőr en OTP Bank Liga s’est jouée à quelques minutes et à quelques centimètres près. Opposé à un Videoton déjà assuré d’être champion à l’occasion de la dernière journée, le DVTK a repris l’avantage à trois minutes de la fin du temps réglementaire, par l’intermédiaire de Gábor Makrai. Et, dans le temps additionnel, la superbe frappe de Máté Patkai a heurté la barre transversale. Pas d’égalisation donc, et une victoire (2-1) synonyme de maintien pour les joueurs de Fernando, qui ont eu très chaud. Leur début de saison plutôt correct (sixième en décembre) ne laissait pourtant pas présager un tel scénario. Mais en dépit de leur potentiel offensif, Roland Ugrai et consorts ont dangereusement glissé au classement, avec une inquiétante série de six revers d’affilée entre début avril et mi-mai. Une spirale négative qui, heureusement pour Diósgyőr, a été brisée avant qu’il ne soit trop tard.
11. Balmazújváros – 36 points
Contrairement à la Puskás Akadémia, Balmazújváros a été contraint de redescendre à l’échelon inférieur dès l’issue de la saison 2017/2018. Le promu – qui évoluait au plus haut niveau national pour la première fois de son histoire – s’est battu avec ses armes et n’a, dans l’ensemble, pas démérité. Son retard à l’allumage (un seul succès sur les douze premières journées) a néanmoins été traîné comme un boulet jusqu’au bout. Les Orange et Noir pouvaient encore espérer se sauver lors de la dernière journée, mais le match nul à rebondissements obtenu contre Ferencváros (3-3) n’a pas suffi. A noter qu’Attila Haris et Bachana Arabuli, deux révélations du côté de Balmazújváros, portent désormais respectivement les couleurs de Debrecen et de la Puskás Akadémia.
12. Vasas – 34 points
Terminons ce bilan annuel par la lanterne rouge du classement, Vasas. Maintenu de justesse en 2016, fringant troisième en 2017, dernier en 2018 : le VSC a continué de jouer aux montagnes russes et cela lui a été fatal. Michael Oenning, qui pouvait pourtant s’appuyer sur la même ossature que l’année précédente, n’a jamais su trouver de solution miracle pour créer un déclic chez ses protégés. Plombés par une défense beaucoup trop perméable (61 buts encaissés, pire arrière-garde de l’élite), Mohamed Remili et ses partenaires sont restés aux abords de la ligne de flottaison tout au long de la saison et ont piqué du nez en fin de parcours (seulement deux victoires sur les onze derniers matchs). La sentence est inéluctable : les Budapestois doivent maintenant entamer une opération reconstruction en Merkantil Bank Liga. Vasas espère certainement connaître un destin similaire à celui du MTK Budapest, relégué en 2017 et remonté en première division dès l’année suivante après avoir survolé les débats dans l’antichambre de l’élite. Solide dauphin du MTK, Kisvárda a également composté son billet pour l’édition 2018/2019 de l’OTP Bank Liga.
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Raphaël Brosse
Image à la une : © AFP PHOTO / Scanpix / Henning Bagger