Ils y ont cru. Un peu plus longtemps que les autres années. Mais au final, les joueurs du Qäbälä ont mal négocié la fin de saison, ce qui a permis au Qarabag de s’adjuger une quatrième couronne consécutive, la cinquième au total. Pour le reste, l’Inter termine troisième avec les honneurs tandis que le Neftchi est sauf. Retour sur la saison 2016-2017 en Azerbaïdjan.

Qarabag, c’est la Champions League

Guran Gurbanov et les siens auront donc une nouvelle fois atteint leur objectif. Quatrième titre d’affilée, conclu à deux journées de la fin du championnat, et une nouvelle occasion de participer à la grande Ligue des Champions – ils entreront au 2e tour qualificatif, probablement en tant que tête de série. Pour autant, la domination du club « d’Agdam » n‘a pas été aussi nette que les années précédentes, la faute à un Qäbälä plus accrocheur d’année en année et à des résultats en demi-teinte à la reprise. Ainsi, la fin du mois de février laissait penser à un changement de couronne, lorsqu’ils ont coup sur coup perdu à Qäbälä (2-0) puis face à l’Inter (0-1), ses deux principaux concurrents pour le titre.

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Mais une série de huit matchs sans défaite s’en est suivie et les errements de son dauphin associés à une confiance retrouvée et une défense revigorée, meilleure de la ligue (14 petits buts encaissés) et qui n’a concédé que trois pions sur les huit derniers matchs, ont fait le reste. Le 16 avril, Qarabag savait qu’une victoire à l’Inter était synonyme de titre, après la contre-performance du Qäbälä à Kapaz plus tôt dans la journée (2-0). Madatov guide les siens dès la 4e minute avant que Ndlovu, d’un doublé, ne fasse chavirer les quelques dizaines de supporters qui ont fait le déplacement. Ils l’ont donc fait ! Avec ce cinquième titre de champion, Qarabag se rapproche tout doucement du record détenu par le Neftchi (8 titres).

Pour couronner cette saison, Qarabag s’est même offert une victoire en Coupe d’Azerbaïdjan face à Qäbälä (2-0). Sous un joli soleil de début de mois de mai, c’est Nakitchevan, capitale de la République autonome du même nom, exclave du reste du territoire azerbaïdjanais, qui accueille cette finale. Au terme d’une cérémonie d’ouverture grandiose mêlant concert de l’excellente chanteuse Röyanin, chants et danses traditionnels, ponctuée par un hymne qui a sans doute été entendu jusque dans l’Arménie voisine, le terrain a laissé place aux 22 acteurs pour un match à haute tension, dans un stade presque plein. Face à un Bezotosniy encore une fois génial, Qarabag a réussi à percer la défense de Qäbälä via Madatov, puis grâce à un autogoal sensationnel d’Abbasov, pour la plus grande détresse de Grigorchuk. Troisième coupe d’affilée pour Qarabag, la sixième au total !

Toujours pas pour Qäbälä

C’est de loin la meilleure saison de Qäbälä en championnat. Après avoir terminé sur la troisième marche du podium lors des trois dernières saisons, les Radarli sont enfin parvenus à une place de dauphin plus conforme à leurs ambitions, après avoir réalisé un chassé-croisé haletant avec le Qarabag durant toute la saison.

Ils y ont cru, jusqu’à cette défaite houleuse, dans les arrêts de jeu, face à leur grand rival, fin novembre. Ils y ont cru de nouveau quand ils ont pris leur revanche, mi-février, avec une cinglante victoire 2-0 qui leur ont permis de revenir sur Qarabag en tête du classement, puis de la prendre la semaine suivante à la faveur d’une défaite des champions en titre contre l’Inter. Mais des contre-performances malencontreuses vont suivre, et Qäbälä va finir la saison sur un peu convaincant 6/21, insuffisant pour prétendre au titre de champion.

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Pire encore, la défaite en Coupe en fin de saison, 2-0 contre Qarabag, là où on attendait plutôt une revanche de la part des Rouge et Noir. Incapables de hausser leur niveau de jeu, sur un terrain il est vrai difficile, Qäbälä a semblé impuissant face à l’expérience de son adversaire. Il faudra encore faire des efforts pour enfin parvenir à les déloger l’année prochaine.

L’Inter et le Zira, enfin en Europe

Mea culpa de notre part suite à ce que nous annoncions à la trêve : l’Inter Bakou jouera bien la Ligue Europa l’année prochaine. La suspension de l’UEFA concernait en fait leur prochaine qualification européenne dans les trois éditions à suivre, c’est-à-dire qu’ils l’ont purgée en n’y participant pas l’été passé. Une troisième place conforme au standing de l’Inter, toujours placé, mais jamais gagnant. Une fois que leur troisième place était actée, d’ailleurs, l’Inter a fini la saison en eau de boudin, et c’est un euphémisme. Deux victoires seulement depuis le mois de mars, pour un bilan de 7/24 désastreux. La priorité était donnée à la Coupe, où ils ont subi la loi de Qäbälä en demi-finale (défaites 1-3 et 2-0).

Leur belle saison permettra sans doute à certains de leurs cadres de faire l’objet de convoitises lors du prochain marché des transferts. Aliyev, co-meilleur buteur de la Premyer Liqasi avec Ozobić (onze buts seulement), a explosé cette saison tandis que Haciyev (7 buts) a joué sa meilleure saison depuis son arrivée à l’Inter il y a quelques années.

Quant au Zira, il a bien réagi après une première partie de saison en demi-teinte. Ils ont réussi à remporter la bataille pour la quatrième place face à Kapaz, à Sumqayit et au Neftchi. Le départ de Bonilla au Nacional a fait mal mais a permis de remplir les caisses ; personne n’a réellement pu remplacer le bombardier sur le front de l’attaque, le Zira n’ayant réussi à marquer que 29 buts en 28 matchs, trop peu pour espérer jouer le titre. L’apprentissage continue pour une équipe qui, rappelons-le, avait terminé deuxième la saison passée dans sa tunique de promu ! Non qualifié pour la Ligue Europa 2016-2017 à cause du fait que le club était fondé trop récemment, le Zira pourra bel et bien goûter à l’ivresse européenne dès cet été, et nul doute que cela permettra au club de davantage se structurer et s’enrichir notamment.

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Le Neftchi reste en Premyer Liqasi

On vous contait les déboires du Neftchi en janvier dernier, ceux-ci font désormais partie du passé. Le Neftchi a extrêmement bien négocié la reprise, ayant d’ailleurs le meilleur  bilan de la ligue après 9 matchs (5 victoires, 2 matchs nuls, 2 défaites). Ils ont même réussi à faire match nul à Qarabag et à s’offrir le scalp de Qäbälä à domicile. Une bonne nouvelle pour le club historique de la Premyer Liqasi, pour lequel on pouvait réellement craindre de plus gros soucis au vu de son entame de saison. Une fois le maintien bel et bien assuré, le Neftchi a ensuite tout misé sur la Coupe, mais le Qarabag était trop fort (0-2 ; 0-0). Le club de Bakou était ensuite trop court pour pouvoir espérer accrocher une quatrième place qualificative pour l’Europe puisqu’ils finissent à sept points de celle-ci, après avoir réduit l’écart à quatre en cours de saison.

Enfin, AZAL, qui avait rejoint l’élite il y a onze ans et avait failli remporter le titre en 2008, fait la bascule en deuxième division après avoir été habitué du ventre mou durant ces dernières années. Une saison horrible en tous points puisque l’équipe termine avec dix petits points au compteur, une seule victoire et 50 buts encaissés. C’est Turan-Tovuz, club historique basé à Tovuz, dans le nord-ouest du pays, qui devrait prendre sa place en Premyer Liqasi. Tovuz a une population de 13.700 habitants et une économie basée sur l’agriculture et le tourisme, principalement, tout en possédant un savoir-faire viticole remarquable. La ville est jumelée à celle de Cognac, en France. Turan-Tovuz avait participé à la première édition du championnat, en 1992, où ils avaient terminé troisième,  avant de le remporter en 1994. Ils étaient rétrogradés après la saison 2012-13 et pourrait donc retrouver la première division, qui sied bien mieux à son standing. Il s’agit notamment du club formateur de Javid Huseynov, l’enfant terrible du Qäbälä.

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Seulement, ces derniers jours ont fait apparaître qu’une garantie bancaire devait d’abord être déposée par le club avant de pouvoir intégrer la Premyer Liqasi. Après qu’un homme d’affaire a promis la somme requise (500.000 manats, soit environ 270.000€), il semble s’être récemment rétracté et hypothèque ainsi les chances du club de retrouver l’élite. Auquel cas la Fédé pourrait décider de faire monter Soahil FK, voire de garder l’AZAL en Premyer Liqasi. Affaire à suivre.

Qu’attendre de la saison prochaine ?

En Europe, les objectifs restent les mêmes pour les deux principaux clubs du pays. Qarabag tentera une nouvelle fois d’atteindre les poules de la Ligue des Champions, en entrant au deuxième tour préliminaire en tant que tête de série. Un statut que le club devrait conserver pour le tour suivant, en cas de qualification, mais sans doute pas pour l’ultime étape des barrages, mais sait-on jamais, avec un bon tirage… En cas d’élimination, atteindre la phase des poules de la Ligue Europa représente une nécessité, d’autant qu’ils commencent à en devenir des membres habituels. L’objectif serait alors de se qualifier enfin pour un printemps européen, ce qui reste tout à fait envisageable au vu des belles performances que le club parvient à sortir, de temps à autre, en Europe.

Pour Qäbälä, l’objectif sera d’abord national, à savoir un titre de champion qui mettrait fin à l’hégémonie du Qarabag. En Europe, Qäbälä tentera de rééditer l’exploit de ces deux dernières saisons : se qualifier pour les poules de la Ligue Europa en commençant l’aventure au premier tour qualificatif ! Le premier chantier de la direction du club, dès les prochaines semaines, c’est tout simplement de convaincre Grigorchuk de continuer l’aventure en tant qu’entraîneur. Enfin, l’Inter tentera de faire bonne figure tandis que le Zira partira lui à la découverte des joutes européennes.

Au niveau national, la lutte sera de nouveau acharnée entre Qarabag et Qäbälä pour le titre, cela ne fait aucun doute. En fonction des parcours européens de l’un et/ou de l’autre, d’autres équipes pourraient se mêler à la lutte, principalement l’Inter. Le Zira tentera lui d’accrocher un podium, et Neftchi de réaliser enfin une saison convaincante après deux années moisies.

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Ozobić, bombardier particulier

On aurait pu parler de Dino Ndlovu, l’attaquant sud-africain ayant marqué des buts importantissimes dans la dernière ligne droite pour Qarabag, mais histoire de rester Footballski, attardons-nous sur Filip Ozobić du Qäbälä. C’est peu dire que le Croate a su faire son trou à Qäbälä. Indispensable tout au long de la saison, Ozobić, 26 ans, formé au Spartak Moscou et qui provient du Slaven Belupo, s’est finalement révélé être le meilleur maillon offensif des Radarlar, bien plus décisif et prolifique que les Weeks, Dabo et Subotic qui ont certes brillé durant certaines parties de la saison. Ainsi, en compagnie de Rauf Aliyev, Ozobić termine meilleur buteur de la Premyer Liqasi, avec un total de onze buts qui n’est certes pas élevé et qui compte quelques penalties, mais qui reste correct pour un ailier gauche comme lui.

On aurait pu mettre en avant son but tout en finesse contre le MTK ou sa patate contre Lille, ou ce but qui aurait pu, et dû, tout changer lorsqu’il ouvrait le score à Qarabag fin novembre, mais on a préféré ce tir pleine lucarne qu’il a offert contre le Zira, du gauche s’il vous plaît. Doué d’une jolie technique balle au pied, ambidextre, rapide et la tête sur les épaules, Filip Ozobić est tout bonnement surnommé « Magicien » sur sa compilation Youtube, rien que ça. Gageons qu’il régale encore les fans de Qäbälä et les simples fans de foot en Azerbaïdjan la saison prochaine.

L’instant Robert Prosinečki

Le soufflet est un peu retombé en équipe nationale après la victoire de l’Allemagne à Bakou (1-4) fin mars, mais le fait d’avoir marqué contre les Allemands, premier but encaissé par le leader du groupe durant ces éliminatoires, montre que Prosinečki est sur la bonne voie avec ses hommes. L’échéance du 10 juin face à l’Irlande du Nord s’avère déjà décisive pour la suite de la campagne.

Quel but de Nazarov ! © qol.az

En attendant, et pour lui souhaiter bonne chance, souvenons-nous de la finesse technique dont dispose Robert, ainsi que toute l’équipe croate de 1998, avec ce petit moment contre la Jamaïque.

La minute Harlem Shake

Oui, la minute, car le temps de lire ce texte et la vidéo de trente secondes qui s’en suit, vous n’aurez pas perdu une minute de votre temps mais plutôt profité d’un moment de joie comme seule une équipe de football réalisant un Harlem Shake sait en offrir. Ca date, mais c’est toujours aussi bon, et c’est signé l’Inter Bakou.

Thomas Ghislain


Image à la une :  © qol.az

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