30 septembre 2020. Le FK Krasnodar remporte la victoire face au PAOK Salonique et atteint pour la première fois de son existence les phases de poule de la Ligue des Champions.

Derrière cette qualification historique se cache de nombreux facteurs qui reflètent un excellent travail du club. L’un d’entre eux se révèle être son entraîneur, Mourad Moussaïev. Un enfant de Krasnodar aux rênes de l’équipe première et l’un des auteurs du plus grand exploit réalisé par le club.

Une progression rapide

Né le 10 novembre 1983 à Krasnodar, Mourad Moussaïev est un passionné de football dès son plus jeune âge et particulièrement du football italien. Fasciné par la Serie A avec des équipes comme la Lazio et des joueurs tels que Roberto Baggio, Mourad essaie de regarder un maximum de matchs de son championnat préféré et supporte même l’équipe d’Italie lors des grandes compétitions.

© Danieletorino2 | Wikipedia

Il termine l’Université de culture physique, des sports et du tourisme situé à Krasnodar et en 2005 obtient le poste d’entraîneur des jeunes du centre de formation de Krasnodar-2000 (club de troisième division ayant existé entre 2010 et 2011).

A la dissolution du club, Moussaïev rejoint le FK Krasnodar, nouveau club de la ville fondé en 2008 et occupe de nouveau un poste d’entraîneur similaire à celui qu’il avait au Krasnodar-2000. Il fait ses armes au sein du club et prend la tête en 2016 de l’équipe de jeunes FK Krasnodar II.

En 2017, il est nommé entraîneur de l’équipe première. Toutefois, n’ayant pas obtenu sa licence, il s’y retrouve en tant qu’intérimaire et c’est seulement le 1er juillet 2018 que Mourad Moussaïev, alors âgé de 34 ans, devient l’entraîneur du FK Krasnodar. Il devient accessoirement le plus jeune entraîneur du championnat, succédant à Sergey Matveev avec lequel il travaillait en attendant de régler tout les détails administratifs.

© vk.com/fckrasnodar

Un travail de longue haleine…

Beaucoup de sceptiques ne voyaient pas d’un bon œil la présence au poste d’entraîneur de Moussaïev, pointant du doigt sa jeunesse et surtout son CV assez léger pour les ambitions du club.

Pour rappel, le rêve du Président du club, Sergueï Galitski, est d’avoir un onze de haut niveau issue du centre de formation pratiquant un football offensif. C’est bien là que Mourad Moussaïev est une pièce absolument essentiel dans le projet du propriétaire.

Le président Galitski | © vk.com/sergejgalickij

L’entraîneur des Bykis est un enfant de la ville qui a baigné dans la mentalité du club. En ayant travaillé avec l’équipe de jeunse, il a notamment participé à l’évolution de jeunes comme Safonov, Utkin ou encore Suleymanov, qui sont aujourd’hui des éléments importants de l’équipe première.

Il partage la vision du club sur la façon dont l’équipe se doit de jouer et prône un jeu qui va de l’avant. Moussaïev s’inspire des meilleurs clubs européens dans ce domaine en regardant beaucoup le jeu de Liverpool, de Dortmund, etc…

Cette obsession pour l’attaque a peut-être fait plus de mal que de bien à Krasnodar la saison dernière, lorsque le club a connu une campagne européenne catastrophique, se prenant de nombreux buts que ce soit en phase qualificative de LDC ou en poule de Ligue Europa.

Safonov et Souleïmanov | © Анна Нэсси/soccer.ru & Tellerreport.com

Cette désillusion n’a fait que retarder la qualification du club russe en phase de poule de Ligue de Champions. Mais au-delà des matchs européens, Krasnodar est devenu un « gros » en RPL, avec une possession constamment en sa faveur, dans le but d’établir des schémas de passes qui deviennent de plus en plus huilés. Ce monopole du ballon permet à Krasnodar entre autre de se rassurer, ayant une défense quelque peu frileuse – à ce propos, il est rare que les Bykis n’encaissent pas de but.

Il est difficile de faire des reproches sur le plan défensif aux hommes de Moussaïev, tant l’envie de construire et d’attaquer avec du beau football est louable.

Le coeur noir et vert

Même quand les résultats n’étaient pas flamboyant en Europe, Mourad Moussaïev a toujours eu le vestiaire à ses côtés. Il avoue d’ailleurs avoir eu quelques craintes à son arrivée à la tête de l’équipe première, par rapport à son manque de crédibilité auprès de l’effectif dû à son jeune âge et l’absence de carrière de footballeur.

© Артем Гусев / soccer.ru

Cette mentalité positive des joueurs est au passage très importante, certains sont prêt à suivre Moussaïev pour sa vision du football et plus globalement le FK Krasnodar, qui est devenu plus qu’un simple club, une institution.

Quand on demande à Matfey Safonov s’il souhaite s’essayer dans un championnat d’un calibre supérieur, il répond ceci : «  Pourquoi rejoindre un grand club en Europe, si nous pouvons faire de notre club un grand ? »


Lire aussi :

La triologie du FK Krasnodar – Episode I : un peu d’histoire

La triologie du FK Krasnodar – Episode II : les matchs fondateurs


Le FK Krasnodar qui n’a qu’une douzaine d’années, respire le football et ce, à tout les niveaux. Les installations sont optimales, le centre de formation cartonne et tout le monde semble vivre le football ; Moussaïev passe son temps à débattre avec Galitski pour savoir qui est le meilleur entre Maradona et Messi. Cela peut sembler anecdotique, mais ça prouve la passion du président, de l’entraîneur, du staff et de l’effectif, cassant les clichés d’un simple club russe riche ayant pour seul but de balancer les millions dans de grands noms avec une vision court-termiste.

Mourad Moussaïev est donc un entraîneur à l’image de Krasnodar. Pur produit de la ville, perfectionniste, fidèle, jeune, intelligent et surtout très ambitieux. Il ne révolutionne pas le football, ne le bouleverse pas, mais le simple fait de s’inspirer de ce qu’il considère comme spectaculaire et vouloir l’appliquer à son équipe force le respect.

Par Kondrateï Filatoff


Image à la une : © vk.com/fckrasnodar

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