A moins d’un an de la Coupe du Monde, nous avons décidé de nous replonger dans l’histoire du football soviétique des différentes (quatorze, hors Russie) républiques socialistes soviétiques d’Union Soviétique avec quatorze semaines spéciales, toutes reprenant le même format. Nous entamons déjà la deuxième partie de notre série avec cette semaine l’Arménie et une introduction (statistiques et faits).
Cet article sera suivi d’un événement important (le doublé de l’Ararat Erevan), d’un club ayant marqué l’URSS (l’Ararat Erevan), d’un homme (Khoren Hovhanisyan) et enfin d’un point sur vingt-six années de football après l’indépendance.
Le programme de la semaine
#36 – Introduction
#37 – Un événement : Le doublé de 1973 de l’Ararat Erevan
#38 – Un club : l’Ararat Erevan
#39 – Un Homme : Khoren Hovhannissyan
#40 – Le football en Arménie depuis l’indépendance
Un peu d’histoire
La République Socialiste Soviétique d’Arménie a été définitivement créée en 1936 après la dissolution de la République de Transcaucasie qui avait rassemblé Arméniens, Géorgiens et Azéris après un an et demi d’existence séparée au sein de l’Union au début des années vingt. Comme ses voisines, l’Arménie a été annexée après une courte indépendance suite à l’autodétermination que Lénine avait laissé aux différents peuples constituants l’Empire Russe.
Cependant, et même si les versions historiques diffèrent, on croit que l’arrivée de l’URSS a été vécu plutôt positivement par un peuple arménien très affaibli par la guerre avec l’Empire Ottoman. Peu prévisible au départ, vu le faible nombre de Bolchéviques au sein du pays, ce rapprochement a pu être perçu comme une défense contre l’ennemi de l’Ouest. Malgré tout, l’Arménie n’obtint pas ce qu’elle espérait, la région de Kars est cédée à la Turquie alors que sur les trois provinces que l’URSS lui avait promis, seul le Zanguezour lui est finalement rattaché alors que le Karabakh et le Nakitchevan sont réunis à l’Azerbaïdjan soviétique. Certains y voit ici une méthode de division de la part de Staline pour empêcher tout mouvement nationaliste au sein d’une civilisation ancienne.
Si la période soviétique arménienne est assez calme, la collectivisation des terres ainsi que la répression contre l’Eglise fût assez mal vécue chez les Arméniens, encourageant un sentiment anti-soviétique au sein de la population. Ces évènements ainsi que le retour de certains émigrés (suite à une politique de Staline) vont faire revivre un sentiment national chez les Arméniens qui vont plusieurs fois manifester durant les années soixante (notamment pour commémorer les massacres ottomans).
La perestroïka de Gorbachev fit naître un espoir dans la république mais le point de non-retour est atteint avec le refus du leader soviétique de rattacher le Haut-Karabakh à l’Arménie malgré le vote du Soviet Suprême de la région en question. Ce fût le début des tensions ethniques avec le voisin azéri qui mena à la guerre du Karabakh après l’indépendance. L’indépendance qui fut effective fin 1991 après la dissolution de l’URSS.
L’Arménie dans le championnat soviétique
Lire aussi : Où sont aujourd’hui les équipes ayant joué en Ligue Supérieure d’URSS ?
Une seule équipe arménienne a participé au championnat supérieur soviétique, il s’agit bien évidemment de l’Ararat Erevan duquel nous allons beaucoup vous parler cette semaine. Trente-trois années au plus haut niveau malgré des débuts difficiles soldés par deux relégations après leur première accession en 1949 (alors Spartak Erevan) et un court retour au début des années soixantes. C’est en 1965, pour sa troisième accession, que l’Ararat s’est imposé pour ne plus jamais quitter l’élite soviétique jusqu’à son démantèlement. Un parcours ponctué par un titre (1973), deux deuxièmes places (1971 et 1976) ainsi que deux victoires en Coupe, contre le Dynamo Kiev en 1973 (pour le doublé) et contre le Zarya Voroshilovgrad en 1975. L’Ararat perdit sa finale suivante en 1976 contre le Dinamo Tbilisi, ce qui fût sa deuxième défaite, la première étant datée de 1954 alors que le club s’appellait encore Spartak et évoluait au deuxième échelon (alors battu par le Dynamo Kiev).
Cinq autres clubs arméniens ont évolué au deuxième niveau soviétique. Le Kotayk Abovyan a passé une bonne partie de la dernière décennie soviétique à ce niveau alors que le Shirak Leninakan (aujourd’hui Gyumri) a connu son heure de gloire dans les années cinquantes et soixantes (atteignant même un quart de finale de Coupe en 1960, battu par le Dinamo Tbilisi) avant de décliner et de survivre grâce aux quotas accordées aux RSS puis finalement de descendre. Le Lori Kirovakan (aujourd’hui Vanadzor) a passé une saison en Classe B. Enfin deux clubs d’Erevan, le Nairi (pour deux saisons) ainsi qu’un Dinamo Erevan qui a coexisté avec le Spartak Erevan (devenu Ararat mais qui s’est lui aussi appelé Dinamo à une époque) ont également fait de courtes apparitions.
Statistiques en Ligue Supérieure :
Clubs ayant participé provenant d’Arménie | 2% |
Saisons jouées par les clubs arméniens | 4% |
Points glanés par les clubs arméniens | 1 336 (2%) |
Victoires par matchs joués | 34% |
Buts marqués et Goal-average | 1150 (2%) / -156 |
Titres | 1 (2%) |
Podiums | 3 (2%) |
La RSS d’Arménie en Coupe d’Europe
Trois apparitions en quatre saisons, c’est pendant la période de grandeur de l’Ararat Erevan que la RSS d’Arménie a été représentée en Coupe d’Europe. Une participation dans chacune des compétitions européennes, en commençant par la C3 en 1972, éliminant l’EPA Larnaca ainsi que le Grasshopper avant de tomber aux tirs-au-but contre Kaiserslautern malgré une victoire 2-0 à Erevan. Deux ans plus tard, ce sont de nouveaux des Allemands, ceux du Bayern Munich qui ont eu raison des Arméniens, cette fois en quart de finale de C1, après une nouvelle victoire à domicile. Auparavant l’Ararat avait battu le Viking Stavanger (Norvège) et les Irlandais de Cork City.
La dernière participation de l’Ararat soviétique en coupe d’Europe, une saison plus tard fût plus courte. Après une très large qualification contre l’Anorthosis Famagouste, c’est contre West-Ham que les Arméniens sont tombés au deuxième tour de la Coupe des vainqueurs de Coupe 1975-1976.
Les Arméniens en équipe nationale d’URSS
Il y a eu six joueurs arméniens qui ont porté le maillot national soviétique (soit 2% des internationaux soviétiques) pour 66 sélections (1%) et huit buts (également 1%). Le premier fût Eduard Markarov, qui vécut sa première sélection durant la Coupe du Monde 1966, et malgré ses incroyables statistiques avec le Neftchi Bakou et l’Ararat Erevan, n’eut sa chance que trois fois et ne marqua jamais en équipe nationale. Le plus capé d’entre-eux (34 sélections) et également le dernier, vous le découvrirez plus amplement jeudi, il s’agit de Khoren Oganesyan.
Les quatre autres internationaux arméniens le devinrent dans les années soixante-dix alors que l’Ararat est au sommet du football soviétique. Il s’agit de Levon Ishtoyan (huit capes), Arkadiy Andriasyan (douze fois appelé pour un but), Oganes Zanazanyan (six sélections et un but) et enfin en 1976, Nazar Petrosyan (3 capes sous le maillot rouge).
Adrien
Image à la une : © Footballski