A moins d’un an de la Coupe du Monde, nous avons décidé de nous replonger dans l’histoire du football soviétique des différentes (quatorze, hors Russie) républiques socialistes soviétiques d’Union Soviétique avec quatorze semaines spéciales, toutes reprenant le même format. Nous poursuivons avec la Biélorussie et une introduction (statistiques et faits).

Cet article sera suivi d’un événement important (consacré  au titre national du Dinamo), d’un club ayant marqué l’URSS (le Belarus Minsk), d’un homme (Sergey Aleinikov) et enfin d’un point sur vingt-six années de football après l’indépendance.

Le programme de la semaine


#16Introduction
#17 – Un événement : Dinamo Minsk 1982, la victoire du « football sincère »
#18 – Un club : Le Belarus Minsk, club capitale
#19 – Un Homme : Sergey Aleinikov, tout avait si bien commencé
#20 – Le football en Biélorussie depuis l’indépendance


Un peu d’histoire

La Biélorussie, comme nombre d’autres territoires de l’Empire russe, a pris son indépendance pendant la révolution de 1917. Cependant, cet État ne survivra même pas un an, suite au retrait de l’armée allemande et l’arrivée des Bolcheviques. La Biélorussie va également perdre une partie de son territoire lors de la guerre russo-polonaise et ne va devenir durablement une entité de l’URSS à part entière qu’après 1927 et quasiment une dizaine d’années de chaos. Les Polonais de la RSS de Biélorussie ainsi que nombre de Biélorusses vont être victimes d’une répression encore plus dure que dans tout le reste du pays, durant les années 1930, résultant non seulement en de nombreux exils forcés et exécutions mais également en une russification massive de la république qui se fait toujours aujourd’hui ressentir dans l’usage de la langue ainsi que dans la composition ethnique actuelle de la Biélorussie indépendante.

Les derniers remous de la République Socialiste Soviétique de Biélorussie ont eu lieu au moment de la Seconde Guerre mondiale où l’URSS, en accord avec l’Allemagne nazie sur le partage de la Pologne, devait récupérer les territoires biélorusses occidentaux perdus après la révolution. Staline n’abandonna pas cette idée malgré la fin du pacte germano-soviétique et la RSS de Biélorussie obtint ses territoires actuels ainsi qu’une place de membre de l’ONU.

La deuxième partie du vingtième siècle fut calme pour la Biélorussie, république très intégrée dans l’Union Soviétique depuis les purges des années 1930 et l’indépendance survint à la fin de l’année 1991 après l’échec du putsch de Moscou.

La Biélorussie dans le championnat soviétique


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Le football de haut niveau dans la RSS de Biélorussie, ce n’est l’histoire que d’un seul club, celle du Dinamo Minsk qui a, comme nous allons en parler mardi, fini par conquérir le titre de champion national et placé le football biélorusse, non seulement sur les cartes européennes mais également sur les cartes soviétiques car cette république occidentale de l’Union avait bien du mal à exister jusque là.

Renommé un temps Spartak Minsk (c’est d’ailleurs sous ce nom que les Biélorusses ont connu leur premier podium) puis Belarus Minsk (nous vous en parlerons dès mercredi), le Dinamo a connu un autre podium et une finale de Coupe avant la consécration de 1982 qui fut suivie d’une troisième médaille de bronze en 1983 et d’une nouvelle finale de Coupe en 1987.

D’autres clubs ont évolué dans les échelons inférieurs soviétiques, comme le Dnepr Moguilev qui remporte sa zone de deuxième division (soit le 3e échelon) en 1982 lui aussi, tandis que le Dinamo Brest, le Khimik Grodno, le KIM Vitebsk et le GomSelMash Gomel – leurs dénominations diffèrent selon les époques – naviguent entre deuxième et troisième divisions. Quant au BATE Borisov, on n’en retrouve pas trace jusqu’au quatrième échelon soviétique mais le club a bel et bien remporté le championnat de la république à trois reprises (1974, 1976, 1979).

Statistiques en Ligue Supérieure :

Clubs ayant participé provenant de Biélorussie2%
Saisons jouées par les clubs biélorusses4%
Points glanés par les clubs biélorusses1345 (2%)
Victoires par matchs joués32%
Buts marqués et Goal-average1162 (2%) / -135
Titres1 (2%)
Podiums4 (2%)

La RSS de Biélorussie en Coupe d’Europe

En Europe, il n’y en a forcément que pour le Spartak/Belarus/Dinamo Minsk. Malheureusement, les premiers podiums ont été acquis en 1954 puis en 1963, soit avant l’existence de la Coupe UEFA. Il faut donc attendre le titre de 1982 pour l’entrée en lice du Dinamo Minsk en Coupe d’Europe, à savoir la Coupe des Clubs Champions 1983-84 avec un joli parcours qui s’arrête en quarts de finale, éliminé de justesse par le Dinamo Bucarest (1-1, 0-1) après avoir sorti les Grasshoppers et le champion hongrois du Raba ETO Győr – une double confrontation durant laquelle Viktor Sokol marque pas moins de cinq buts, ce qui lui permet de finir meilleur buteur de la compétition avec six réalisations, soit une de plus que Roberto Pruzzo (Roma) ou Ian Rush (Liverpool).

Les années 1980 sont prolifiques pour le Dinamo Minsk, dont la troisième place en 1983 offre la possibilité d’enfin participer à la C3. Le HJK Helsinki est laminé au premier tour, 4-0 à Minsk avec un triplé de Kondratiev, et 0-6 à Helsinki avec un quadruplé de Gotsmanov. Le Sporting Lisbonne puis Widzew Łódź subissent ensuite la loi des Biélorusses, qui tombent finalement en quarts de finale contre Željezničar Sarajevo (2-0, 1-1). Le club est de retour en Coupe UEFA en 1986 pour un petit tour seulement, éliminé par le Raba ETO Győr. La saison suivante, en qualité de finaliste de la Coupe – et comme le vainqueur le Dynamo Kiev était envoyé en C1 – le Dinamo Minsk complète son tiercé européen en participant pour la première fois à la Coupe des Vainqueurs de Coupe. Une nouvelle fois, le Dinamo fait forte impression en éliminant coup sur coup Gençlerbirliği et surtout la Real Sociedad d’Arconada au deuxième tour. L’aventure s’arrête en quarts de finale contre le FC Malines de Michel Preud’homme (0-1, 1-1), soit rien de moins que le futur vainqueur de l’épreuve. Enfin, le Dinamo Minsk représente une dernière fois l’Union soviétique en Europe avec la Coupe UEFA 1988-1989, le club élimine le Trakia Plovdiv avant de tomber contre le Victoria Bucarest.

Les Biélorusses en équipe nationale d’URSS

Comme son football de club, les joueurs biélorusses ont eu beaucoup de mal à se faire une place sous le maillot rouge CCCP pendant toutes ces années. Seuls neuf joueurs (2%) ont porté ce maillot pour un total de 183 sélections (3%) et un petit quinze buts (2% également). Si le premier, Leonard Adamov, fut appelé en 1965, ce fut éphémère avec une seule cape et il a fallu attendre 1980 pour Aleksandr Prokopenko (une seule sélection également) puis sept autres joueurs dont la plupart débutèrent en 1984 : Sergey Aleinikov dont nous vous parlerons jeudi mais aussi Zygmantovich, Gotsmanov (né au Kazakhstan), Borovski ou Kondratiev.

Parmi eux, seuls quatre ont dépassé les vingt sélections et Aleinikov avec six buts ainsi que Kondratiev avec quatre buts (en quatorze capes) en sont les meilleurs buteurs.


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Adrien Laëthier


Image à la une : © Footballski

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