A moins d’un an de la Coupe du Monde, nous avons décidé de nous replonger dans l’histoire du football soviétique des différentes (quatorze, hors Russie) républiques socialistes soviétiques d’Union Soviétique, avec quatorze semaines spéciales, toutes reprenant le même format. Cette semaine, nous parlons du Kazakhstan. Épisode 5 : Le football depuis l’indépendance. 


Lire aussi : Le football dans les RSS : #9 le Kazakhstan – Les tragédies du formidable Vladimir Lisitsyn


De 1992 à 2002

Tout comme les autres pays issus de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, le Kazakhstan nouvellement indépendant dut choisir quelle fédération internationale rejoindre entre l’UEFA ou la CAF. C’est ainsi que ce pays au sud de la Russie, qui touche la mer Caspienne d’un côté et la Chine de l’autre, s’est initialement dirigé vers la confédération asiatique du football. Le premier match de cette jeune sélection eut lieu le 1er juin 1992 face à une autre sélection d’Asie centrale, issue de l’éclatement du bloc soviétique, le Turkménistan. Le match se terminant par la victoire des Kazakhs sur le score d’un but à zéro. De même, les premiers clubs du Kazakhstan à disputer des compétitions internationales de la CAF sous l’étiquette kazakhe sont l’Ansat Pavlodar et le Zhamby Taraz en 1994. Enfin, quelques années plus tard, le pays est éliminé au dernier tour qualificatif pour la Coupe du Monde 1998 (dernier du groupe qualificatif avec l’Ouzbékistan) et à l’avant-dernier tour des qualifications de la Coupe du Monde 2002 au goal-average.

« Tourner kazakh » en 2002

Au tournant des années 2000, le football local progresse. L’équipe U20 atteint la finale de la Coupe du Monde au Nigéria en 1999 et l’Irtysh Pavlodar termine à la 4e place du Championnat des clubs asiatiques en 2000/2001. C’est d’ailleurs à cette époque qu’émerge l’idée de basculer vers l’UEFA. Mais alors, pourquoi le Kazakhstan serait-il européen ?

Le Général de Gaulle décrivait bien « l’Europe de l’Atlantique à l’Oural » : le Kazakhstan étant à la fois sur le continent asiatique et celui européen, il n’avait que l’embarras du choix. Au moment de la transition, Le Kazakhstan est alors dans un processus plus global d’Européanisation. Le pouvoir politique veut ancrer le pays dans la modernité, tourné vers l’occident. Cette politique d’Européanisation à marche forcée est toujours en vigueur comme l’atteste la récente controverse sur l’utilisation dans le futur de l’alphabet latin pour écrire en kazakh. D’ailleurs, pour expliquer ce changement, le président de la fédération responsable de ce changement, Rakhat Aliyev, déclarait : « Le football a grandi au Kazakhstan dans une tradition européenne ». Les premières traces du football au Kazakhstan datent de 1913.

Gerhard Aigner, directeur de l’UEFA, avait alors signifié à la fédération kazakhe qu’elle ne devait appartenir à aucun ordre organisation si elle souhaitait changer d’appartenance. C’est ainsi qu’elle a quitté la confédération asiatique de football en 2001 pour rejoindre 12 mois plus tard l’UEFA au congrès de 2002 à Stockholm, devenant ainsi le 52e pays de l’ UEFA.

« Tu ne peux pas devenir grand si tu joues contre des équipes asiatiques, le niveau est trop bas. L’Europe est la meilleure compétition du monde, toute la qualité du foot moderne a été construite en Europe de l’Ouest. On voit un grand écart entre les pays d’Europe de l’Est et de l’Ouest sauf peut-être la Croatie qui est entre les deux. C’est un pays de l’Est avec beaucoup de porosité. On voit aussi que les meilleures équipes africaines comme l’Algérie il y a 2 ans, le Sénégal il y a 15 ans sont formées par des clubs français. La formation ici est meilleure qu’en Afrique. » – nous expliquait Simon Kuper.

Un autre facteur important à mentionner lors de ce changement de confédération est l’aspect pécuniaire. En effet, les droits télévisuels sont très différents entre les différents continents. D’une répartition ne rapportant presque rien en Asie, le Kazakhstan -et ses clubs- a rejoint une poule aux œufs d’or lorsqu’il a rejoint l’UEFA. En 2014- 2015, l’UEFA a reversé 3 817 000 € au Kazakhstan, dont 1 025 000 € à sa sélection national. Cette somme s’élevait à 1 199 000€ en 2015- 2016 (pour la sélection nationale) auxquels il faut ajouter 1 500 000 € d’investissements de l’UEFA dans les infrastructures kazakhes. À la même époque, en 2015, il n’existait aucune rétribution financière pour l’Australie lorsqu’elle s’est arrogé le titre de la Coupe d’Asie des nations de football. Rejoindre l’UEFA, permet aussi de se confronter aux meilleures équipes du monde, une décision censée favoriser le Kazakhstan pour lui permettre de développer son football le plus rapidement possible.

Depuis 2002 et l’ UEFA

Le 24 mars 2007, à Almaty, le Kazakhstan obtient sa première victoire en match officiel UEFA, battant la Serbie deux buts à un. Le parcours de qualifications pour l’Euro 2008 est d’ailleurs tout à fait honorable, empochant 10 points en 14 matchs, deux victoires face à la Serbie et l’Arménie ainsi que deux nuls face à ces mêmes pays ainsi que la Belgique et l’Azerbaïdjan. De plus, la fédération a également conforté sa présence dans l’UEFA en organisant en mars 2014, à Astana, le 38e congrès ordinaire de l’Union.

Notons également qu’en décembre 2015, cette même fédération a créé la polémique en invitant les internautes à élire le futur sélectionneur national. Le résultat ne sera pris en compte que si au moins 50.000 personnes participent au vote, quorum que le vote n’a pas atteint.

Du côté du FC Astana, porte-étendard du football de clubs, se porte plutôt bien devenant le premier club kazakh à jouer la phase de poule de la Ligue des Champions (2015-2016, quatrième place du groupe). Depuis, le club s’est qualifié deux fois successivement (2016- 2017 et cette saison) pour les groupes de l’Europa League. L’équipe de la capitale s’est notamment distinguée cette saison avec une double victoire face au Maccabi Tel-Aviv. Le club pointe ainsi à une honorable 88e place au classement UEFA entre Swansea et Leipzig.

De son côté, le Kairat Almaty s’est fait connaître de la scène européenne pour deux faits ces dernières années. Le club a tout d’abord recruté des anciennes gloires sur le déclin comme Arshavin ou encore Tymoshchuk. Ensuite, le club d’Almaty s’est illustré lors des qualificatifs de la campagne européenne de 2015- 2016, éliminant l’Etoile Rouge de Belgrade et atteignant le dernier tour qualificatif face à Bordeaux. Grâce à tout cela, le Kazakhstan est actuellement 27e au classement des clubs.

Lors des derniers éliminatoires pour la Coupe du Monde 2018, le Kazakhstan était dans le groupe E en compagnie de la Pologne, du Danemark, du Monténégro, de la Roumanie et de l’Arménie ; pointant bon dernier avec trois petits points au compteur glanés à domicile lors de trois matchs nuls face à la Pologne, la Roumanie et l’Arménie, alors qu’il faut remonter au 14 octobre 2015 pour voir une victoire des Kazakhstanskie barsy en match officiel et une victoire 1-0 face à la Lettonie, à l’extérieur.

Aujourd’hui, le pays est classé 133e à la FIFA. L’équipe nationale kazakhe fait le yoyo entre un sommet à la 83e place en septembre 2016 et une plus mauvaise 166e position en mai 1996. Ses plus grosses défaites ont été après être passé du côté européen avec deux défaites 6-0 face à la Turquie à domicile en 2005 et face à la Russie en 2008 à Moscou.

Notons également que l’ensemble des joueurs de la sélection nationale évolue dans le championnat local.Un constat n’aidant pas les joueurs à évoluer et à se surpasser. Au contraire, disposants de conditions favorables et de salaires intéressants, ils n’ont que très peu d’intérêt pour une expérience à l’étranger afin de se frotter à un autre football.

Lazar van Parijs


Image à la une : www.kff.kz

1 Comment

  1. Pingback: Football, URSS et Kazakhstan : indépendance et ballon rond (5/5) – Novastan français

Leave A Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.