Avant une double rencontre européenne face à l’OGC Nice dans le cadre de cette merveilleuse compétition qu’est la Ligue Europa, nous vous proposons une semaine spéciale sur le Lokomotiv Moscou. Avant dernier numéro avec un retour dans l’histoire soviétique du club cheminot.


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Lorsqu’on évoque le Lokomotiv aujourd’hui, beaucoup d’observateurs le considèrent comme le troisième club de la capitale par ordre d’importance et imaginent que cela a toujours été le cas alors qu’historiquement, le club des cheminots était le plus faible des grands clubs de la capitale version soviétique.

Des débuts incertains

Si le Lokomotiv semble avoir été créé en 1936, le club revendique une parenté avec une équipe qui est apparue en 1923 « le club de la révolution d’octobre (MOK) » et qui était considéré comme l’un des tout meilleurs clubs moscovites. Cette parenté serait confirmée par le fait que la plupart des meilleurs joueurs de cette équipe ont rejoint le Lokomotiv dès la création de la société sportive du même nom en 1935. La section football ouvre elle ses portes en 1936. Elle ouvre également l’histoire du championnat soviétique avec une défaite contre le Dinamo Leningrad sur le score de trois buts à un. Le Lokomotiv achève la saison à la dernière place des clubs de la nouvelle capitale, ne devançant que les équipes de l’ancienne capitale, Leningrad. Le championnat d’automne lui permet de grimper d’une place et de finir quatrième en devançant le CDKA (CSKA aujourd’hui).

Chacun derrière son camarade et on fait le petit train… | © lokomotiv.info

C’est en coupe d’URSS que les Cheminots se démarquent tout de suite. Profitant de l’absence des Dinamo, de Kiev et de Moscou, ils remportent la première édition de cette compétition en 1936 en battant trois autres Dinamo sur leur chemin : le Dinamo Kungur, le Dinamo Kharkov et le Dinamo Tbilissi (en finale). Cet exploit ne se répéta pas avant-guerre, mais les résultats en championnat sont stables et seuls le Spartak et le Dinamo Tbilissi semblent être largement au-dessus de notre Loko. Après une sixième place finale en 1940, les joueurs s’en vont rejoindre les sélections de syndicats alors que le pays tout entier rentre en guerre.

De l’incertitude aux sommets

Après une défaite contre le CSKA en coupe en 1944, le Lokomotiv reprend le chemin du championnat, une fois la paix revenue, mais avec seulement quatre des joueurs qui composaient la solide équipe d’avant-guerre (parmi-eux Nikolay Rozhnov et Sergey Lysov). C’est à la dernière place que le club termine le championnat 1946, mais il parvient à remonter dès 1948, réussissant du même coup sa meilleure saison de la décennie avec une septième place acquise avec des légendes comme Yuri Chayko et Nikolay Epstein. Finalement le club redescend en 1950 pour mieux revenir en 1952 dans ce qui reste comme la meilleure période du Lokomotiv soviétique. Sous la houlette de l’entraîneur légendaire Boris Arkadiev.


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En effet, le club atteint la deuxième place du championnat en 1959 (record avant son premier titre, déjà en Russie) et quatre fois les demi-finales de la Coupe d’Union soviétique en cinq ans, la remportant au passage en 1957 contre le Spartak Moscou. Cette période de gloire, ponctuée par un grand nombre de places dans le Top-5 voit l’éclosion de nombreux grands joueurs soviétiques au Lokomotiv et lui a permis de développer une philosophie propre comme les autres clubs de la capitale. Le capitaine Vitaly Artemiev définit la « patte » du coach Arkadiev comme « une fusion du jeu collectif organisé et de l’expression artistique personnelle du joueur« .

Le Lokomotiv époque 1957 | © lokomotiv.info

Malheureusement, en coulisse, au plus haut sommet de l’État, des changements s’opèrent et le nouveau ministre des Transports ne fait plus du football une priorité contrairement à son prédécesseur Lazar Kaganovich. En conséquence, les meilleurs joueurs s’en vont comme Vladimir Maslachenko au Spartak, Yuri Kovalev au Dynamo Kiev et Valentin Bubukin au CSKA Moscou notamment, et les résultats s’effondrent.

Trente ans d’instabilité

L’équipe n’est plus une priorité pour son syndicat de tutelle et le résultat se voit directement dans un football soviétique toujours plus concurrentiel avec l’avènement ou la confirmation d’équipes issues d’autres Républiques socialistes soviétiques. Le Lokomotiv va, dès 1964, passer seulement seize saisons dans l’élite (avec un famélique bilan de quatre places dans le Top-10 du championnat) pour quasiment autant dans l’antichambre, touchant même de prêt la relégation avec une quinzième place en 1983 seulement quelques points au-dessus des relégués (Dnepr Mogilev, Tekstilschik Ivanovo et Dinamo Kirov pour vous donner une idée de la différence de classe).

Quelques bons joueurs ont pourtant garni les rangs du club, mais pas suffisamment pour s’assurer les premiers rôles : Givi Nodia, Valeri Petrakov ou encore Yuri Chesnokov qui évoluèrent sous les ordres d’Igor Volchok dans les années soixante-dix, qui représenta sans doute la décennie la moins pénible pour les inconditionnels du club, qui commençait pourtant à voir son stade se dégarnir. Volchok, avant de partir pour Alma-Ata offrait une demi-finale de coupe aux siens, pour rappeler la grande époque, mais elle fût perdue contre le Shakhtyor Donetsk 3-0 en match aller-retour.

L’entraîneur emblématique parti, la deuxième division de retour, il fallut l’arrivée d’un joueur emblématique des années soixante-dix aux manettes pour sortir les cheminots de leur torpeur. Cet homme, c’est Yuri Syomin qui débarque en 1986 pour remplacer un Volchok revenu sauver le club, mais plafonnant ensuite à la sixième place de la division. Avec Syomin, le Loko remonte, termine septième, redescend, puis remonte directement pour la saison 1991 (grâce il est vrai à un élargissement de l’élite et un barrage gagné contre le Rotor Volgograd). Mais cette même année, le Lokomotiv atteint la finale de la Coupe (largement battu par un intouchable Dynamo Kiev) et cela augure déjà de demi-finales pour les deux dernières éditions de cette compétition, où le Loko est battu par le CSKA puis par le Spartak, tous deux futurs vainqueurs. En championnat, la bande à Syomin termine seizième, mais gagne le droit de participer au championnat de Russie où il ne finit jamais moins bien que sixième jusqu’en 2007 avec une septième place (« record » battu en 2013 avec une neuvième place).

C’est là qu’est tout le paradoxe de l’histoire de ce club, et cette différence entre une équipe insipide pendant 30 ans puis rayonnante les trente dernières. Cette qui différences qui induit les non avertis en erreur sur la place du club de la RZhD (chemins de fer russes) dans l’histoire footballistique de l’URSS.

Adrien 


Image à la une : © lokomotiv.info

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