Petit tour en Slovénie… Un finish éblouissant, des confrontations directes tendues, de belles surprise en Europe, un directeur sportif qui menace de mort des journalistes, un coach champion qui démissionne… La prva liga slovène nous aura offert une année riche en émotions en 2018 ! 

Le classement

1 – Olimpija Ljubljana

Quel suspense ! Même nombre de points, même résultats lors des confrontations directes (une victoire et deux matchs nuls chacun), même nombre de buts marqués, même nombre de buts encaissés… il faut donc cherche le critère du nombre de buts à l’extérieur marqué dans les confrontations directes pour voir l’Olimpija émerger à 3 buts, contre 1 seule pour Maribor, et décrocher ainsi sa 6e couronne ! Mais ces calculs d’apothicaire n’auraient même pas eu lieu sans une folle. Totalement épique, la fin de saison voit Ljubljana et Maribor se passer devant l’un et l’autre chaque journée au gré des contreperformances des uns et des performances des autres. Le dernier match de la saison est difficile pour Ljubljana, mené 1-0 à Domžale dans un stade plein pendant que Maribor gagne contre Gorica et mène le classement virtuel. Mais à la 80ème minute, le défenseur Klemencic pousse Savic dans la surface sur une action pourtant anodine. C’est un penalty pour Ljubljana ! Kronaveter s’élance et prend le gardien adverse à contre pied… Les supporters Verts présents en nombre dans le stade et sur les pontons alentours exultent. Maribor, qui mène 2-0, ne peut rien faire, puisque tout autre résultat d’une défaite de l’Olimpija les prive de titre.

Andres Vombergar va se souvenir longtemps de son but à la 90e, un soir de mai à Maribor. A la suite de l’égalisation de Kronaveter, sur pénalty encore, c’est en effet sa réalisation qui permet à l’Olimpija de l’emporter 2-3 et de remporter de justesse le classement particulier entre les deux ogres du football en Slovénie !

https://www.youtube.com/watch?v=7PYCmIhIz1I

Peu de monde aurait prédit 12 mois auparavant que l’Olimpija pourrait être champion au vu du gigantesque bazar régnant au sein du club. Et pourtant. Si l’Olimpija est champion, il le doit en partie à son coach, Igor Biscan. Arrivé après avoir accompli des exploits en Croatie avec Rudes pour sa première expérience en tant que manager, Biscan a fait avec l’Olimpija ce que tout le monde pensait impossible, à savoir monter une équipe compétitive avec peu de moyens, le tout en prenant un effectif amputé des meilleurs joueurs de la saison précédente et dans un climat délétère.

Le premier chantier de l’ère Biscan a été la défense. Mission accomplie avec 17 buts encaissés en 36 journées, soit onze de moins que Maribor, la deuxième meilleure arrière-garde de l’élite. L’Olimpija a ainsi pris les rênes du championnat assez rapidement en début de saison grâce à un bloc compact. Alors que Maribor connaissait des difficultés offensives, Ljubljana avait plus de consistance en attaque, que ce soit avec le menaçant Ricardo Alves ou, en fin de saison, via Stefan Savic. Même sans attaquant prolifique, l’Olimpija a possédé une ligne offensive bien plus régulière que son concurrent. La tactique en 4-2-3-1, à défaut d’être spectaculaire, a permis aux joueurs de s’exprimer avec leurs qualités et d’avoir des repères.

Alors même qu’au mercato d’hiver le club a trouvé le moyen de s’affaiblir en se délestant des meilleurs joueurs, l’équipe de Biscan n’a pas perdu un seul match en 2018. Les joueurs ont fait bloc et se sont tous soudés derrière leur coach, lequel bénéficiait d’une grande aura dans le vestiaire. Ce qui les a sauvé dans une lutte pour le titre où il a fallu avoir un sacré mental. En Coupe, l’Olimpija a éliminé Maribor et Celje avant de s’offrir une victoire en apothéose en finale, 6-1 contre Aluminij !

Depuis ce doublé, Biscan est parti pour « divergences de points de vues » avec sa direction et le club s’est enlisé dans une nouvelle crise…

Biscan Olimpija
Merci Igor, et bon vent ! © Facebook Olimpija

2 – Maribor

Pendant ce temps, Maribor a été tenu en haleine par le futur de son directeur sportif Zlatko Zahovic (pour changer). Après s’être emporté contre un journaliste en conférence de presse, lui disant qu’il souhaitait « le tuer » (!), l’ex enfant terrible du football slovène a été menacé de suspension de toute activité liée au football. Après avoir communiqué sur son refus de quitter son poste sans indemnité (à hauteur de la rémunération qu’il doit recevoir jusqu’à la fin de son contrat), il est finalement resté et n’a pas été suspendu jusqu’à nouvel ordre. Pour le plus grand bonheur de Maribor.

En Coupe d’Europe, le club a réussi a décrocher le pactole en se qualifiant pour les poules de la C1, bien aidé par son buteur éternel Marcos Tavares, auteur de buts très importants en qualifications. La phase de poule a été honorable, malgré un 10-0 encaissé lors de la double confrontation contre le futur finaliste de l’épreuve (Liverpool). Deux nuls contre le Spartak et un contre Séville ont fait honneur au football slovène et a un peu plus consolidé le club dans son leadership dans les coeurs du pays.


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L’équipe a fait un beau parcours en championnat malgré la Ligue des Champions (une seule défaite sur les matchs aller). En revanche, les quatre matchs nul 0-0 ont mis en avant le principal manque de l’équipe, c’est-à-dire l’animation offensive malgré la réussite de son meilleur buteur Luka Zahovic (le fils de, qui fait moins de vagues !). La reprise est compliquée avec une seule victoire en six matchs, malgré le recrutement du grand espoir Jan Mlakar. Mais le titre est définitivement perdu à trois journées de la fin dans la finale contre l’Olimpija à Ljudski Vrt (2-3). Cet été, Maribor s’est renforcé avec les signatures de Kenan Piric, Nardin Mulahusejnovic (qui a impressionné dans la ligue bosnienne) ou Felipe Santos. Tandis que son rival s’est plongé seul dans une nouvelle crise, une fois de plus.

zlatko zahovic
Le bon Zlatko, légende en Slovénie ! | © NK Maribor Facebook

3 – Domžale

Ah, la belle surprise de l’été 2017 ! Grâce à son match contre l’Olympique de Marseille, le plus important de l’histoire du club, la France et l’Europe ont pu plonger en Slovénie et voir le très bon fonctionnement de ce club, pouvant être érigé comme un modèle. En 2017, Domžale a généré près de 4,5 millions d’euros de résultat net. Près de la moitié de ces fonds proviennent de la vente et le prêt de joueurs. Et pour en arriver là, la cellule de recrutement et l’Académie fonctionnent à merveille, en concertation avec une présidence et un staff technique ambitieux et réalistes.

Mais avec le succès européen, Domžalea laissé des plumes en championnat, puisque seules trois victoires sont comptabilisées fin septembre. Des blessures de joueurs importants n’ont pas aidé une équipe sans réelle profondeur de banc. En novembre, le moteur se met enfin en marche et le club enregistre onze victoires consécutives ! L’effectif, constitué d’un mélange intelligent de vieux briscards (Kirm, Ibricic, Ibraimi) et de jeunes talents (Rom, Zuzek, Cerin) finit finalement en boulet de canon et sa troisième place, derrière les deux géants, est finalement bien la sienne.

4 – Rudar

La saison dernière, on a souvent eu le plaisir d’entendre la musique bavaroise à base de cuivres, retentissant à chaque but du Rudar à domicile. Comme toujours à court d’argent, le petit club de Velenje a offert une saison extraordinaire à ses supporters en révélant de jeunes joueurs comme Jaka Bijol, 19 ans, depuis parti en Russie. La ligne d’attaque, avec Parfitt-Williams et Tucic sur les côtés pour entourer l’avant-centre Radic, a bien marché, mais c’est surtout le collectif qui s’est fait remarquer. Dans un effectif composé de seulement six joueurs de plus de 25 ans, c’est remarquable.

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Ligue Europa en vue | © Faceook Rudar

5 – Celje

La saison a commencé difficilement, avec un changement d’entraîneur dès la 7ème journée, alors que Celje n’avait qu’une seule victoire à son actif. Les Jaune et Bleu se sont finalement hissés à la cinquième place du classement avec des résultats en dents de scie. L’effectif, symbolisé par ses jeunes leaders, Rudi Pozeg Vancas, Lovro Cvek ou Jucie Lopeta, a manqué d’expérience dans les moments importants. Le club, qui a su rester stable depuis l’échec des investisseurs ukrainiens, possède le quatrième budget du championnat et se voit ambitieux. Ainsi, Celje n’a perdu aucun joueur important et s’est même permis le luxe de garder RPV, un des meilleurs joueurs de la saison en Slovénie. Une qualification européenne est envisageable pour 2018-2019.

6 – Gorica

Gorica s’est écroulé après la vente de Rifet Kapic (500.000€, Grasshoppers) et la perte du buteur Kyrian Nwabueze, qui a dû précipitamment mettre fin à sa en raison d’un problème cardiaque. Ecroulé est peut-être un mot un peu fort, mais Gorica n’a jamais semblé en mesure de pouvoir rivaliser avec les équipes mieux classées. Malgré tout, la défense a tenu le coup avec le très bon Grega Sorcan en gardien. Là encore, l’effectif se distingue par sa jeunesse. Quatre éléments dans l’effectif ont plus de 24 ans. Dans ces conditions, il était dur d’aller plus loin en Ligue Europa, avec une élimination tout sauf honteuse au deuxième tour contre Panionios après avoir éliminé Shirak.

Ils font le nombre

Krško n’a pas l’habitude de terminer plus haut mais le club a vécu une année particulièrement compliquée. Son annonce de partenariat en septembre avec le groupe suisse « JSP GROUP » n’avait pas fait que des heureux. Exit les joueurs locaux pour faire la place à des étrangers. Sauf que les résultats ne s’améliorent pas et les supporters grognent, trouvant que le club est en train de perdre son identité. Le maintien est difficilement acquis sur le terrain et après cette saison compliquée, le club annonce la fin du partenariat, pour se recentrer sur un développement stratégique avec les ressources locales. Voilà qui semble mieux !

Aluminij a fait respecter l’ordre aux deux nouveaux promus (Triglav et Ankaran) en se classant juste devant. Le club de Kidricevo peut remercier son Albanais Francesco Tahiraj, déterminant en fin de saison lors de cruciales victoires. Et son accession en finale de Coupe de Slovénie aura ponctué cette saison réussie ! Triglav, malgré la barbe de Luka Majcen, incontestablement la plus belle du monde footballistique, a vécu une saison galère que les play down ont sauvé. Son meilleur buteur Poplatnik est parti en Inde alors que le jeune talent Zec est parti à Benfica. Les choses ne devraient donc pas s’arranger. La dernière place est réservé au petit nouveau Ankaran, qui n’a jamais pu jouer chez lui en raison d’un stade non conforme. Son équipe était de toute façon limitée et ne pouvait pas viser mieux.

Pour finir, on ne peut que se féliciter de l’accession de Mura en première division, ce club historique tombé en faillite et qui renaît aujourd’hui. Les derbys avec Maribor s’annoncent déjà bouillants !

L’équipe type

Damien F.


Image à la une : © @NK Olimpija Facebook

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