Le championnat slovène n’est pas le plus rapide ni le plus technique, et encore moins le plus puissant. Forcément, le décalage est énorme avec les grands championnats où seuls les plus talentueux et forts mentalement pourront s’imposer. L’édition 2017 de nos espoirs nous a froidement rappelé que les joueurs qui nous enchantent sur les terrains pas toujours verts de la Prva Liga ne sont pas toujours taillés pour briller ailleurs. Malgré tout, on continue de se délecter des jeunes promesses que nous voyons s’exprimer dans nos petits clubs !

RETOUR SUR LES ESPOIRS 2017

Acheté pour 500 000€ par les Grasshoppers Zurich au mercato hivernal, Rifet Kapic a vécu six mois compliqués. Premièrement, il a joué sans titre de travail, ce qui est condamnable d’une peine de prison dans le droit suisse. Pour le reste, ses dix matchs disputés en championnat Suisse n’ont pas convaincu grand monde. Il va tenter de se relancer cette saison en Moldavie, au Sheriff Tiraspol.

A part quelques matchs disputés à l’automne, Rok Vodisek ne nous a pas beaucoup gratifié de sa présence sur les terrains slovènes la saison dernière. Il n’en reste pas moins champion avec l’Olimpija. Mais le club n’a pas bien géré sa fin de contrat et l’a laissé partir gratuitement au Genoa, qui pense avoir recruté le nouveau Handanovic. Il est tout de même peu probable qu’il arrive à s’imposer en Italie à moyen terme (il sera troisième gardien au départ).

Contrairement à ses camarades, Janez Pisek est resté à Celje parfaire son apprentissage. Il a été un taulier de son club, jouant 33 matchs pour six passes décisives. Il semble que Janez ait progressé dans tous les domaines pendant cette saison. Prometteur pour la suite…

Est-il nécessaire de faire un bilan de la saison de Jan Repas à Caen ? Parti trop tôt, pas prêt, trop de lacunes… Les supporters caennais doivent être déçus de celui que l’on avait présenté comme un bon espoir la saison dernière. Il aurait probablement dû rester une saison de plus à Domzale pour muscler son jeu. Dommage.

On a pu se poser des questions sur le(s) choix de carrière d’Andrej Kotnik, parti en septembre 2017 à Crotone, puis en troisième division espagnole, où il a joué quelques bouts de matchs à son arrivée en janvier 2018. Après cette année de « césure, » Kotnik est revenu à la maison à Gorica où il va tenter de retrouver une stabilité et de poursuivre sa progression, stoppée depuis un an. Le glandage Erasmus, c’est terminé !

LES ESPOIRS 2018

Jaka Bijol (NK Rudar Velenje | 05.02.1999)

Jaka Bijol a fait long feu au Rudar Velenje. Arrivé à l’été 2017 en provenance de Bravo (où il avait marqué 25 buts en 73 matchs dans toutes les catégories), il est directement propulsé titulaire et impressionne tout au long de la saison. Ses bonnes prestations aident son équipe à réaliser un début de saison canon et à tutoyer le sommet du championnat pendant plusieurs mois. Un an après son arrivée sur la pointe des pieds, le voilà qui rejoint le géant Russe du CSKA Moscou, club qui le suivait déjà depuis un an.

Son profil plutôt défensif le place en sentinelle devant la défense. Mais son CV, plutôt pas mal à 19 ans, l’a aussi placé comme contributeur du jeu offensif du Rudar avec des buts (trois) et des passes décisives (trois). De quoi le présenter comme le nouveau Dzagoev ? Pour son nouveau coach, c’est non. « Bijol est un joueur très fort, qui se distingue surtout dans les duels. Il a une très bonne qualité de passe, courte et longue. À l’avenir, nous déterminerons s’il est préférable d’attaquer en profondeur ou de jouer plus près de la ligne défensive. Dans tous les cas, il a de très bons attributs et c’est le plus important, » a déclaré l’entraîneur du CSKA, Viktor Goncharenko. A Moscou, il sera probablement aidé par le Croate Bistrovic, arrivé en janvier du Slaven Belupo.

Ses qualités physiques et techniques l’aideront à performer dans le championnat russe. Puissant, on l’a vu effectuer de magnifiques ouvertures avec une précision que peu de joueurs ont dans le championnat slovène. Il y a une place à prendre au CSKA…

jaka bijol
@NK Rudar Velenje

Jan Mlakar (NK Maribor | 23.10.1998)

Jan Mlakar était un des plus gros talents du centre de formation de Domzale qui a dû le vendre en 2015 à la Fiorentina moyennant 1 million d’euros (une somme énorme pour le club à l’époque) alors que d’autres clubs s’étaient penchés sur le profil de celui qui empilait but sur but en catégories de jeunes de son club. A 15 ans, le joueur aurait pu se cramer les ailes en Italie mais il est finalement devenu le capitaine de la Fiorentina Primavera. Excellent (il marque 17 buts en 2016-2017), il se fait remarquer et fait quelques tours en équipe première. Pour l’anecdote, il effectue ses débuts en équipe première en remplaçant son compatriote Josip Ilicic. En sélection U16 et U17, il s’est aussi fait remarquer pour avoir marqué 16 buts en autant de matchs ! Le Slovène est un pur buteur en plus de sa pointe de vitesse et de sa qualité de dribble mais il est également capable de jouer en pivot pour ses partenaires.

Barré en équipe première de la Fiorentina, le club le prête à Venise à l’été 2017 où il ne s’impose pas. Pour ne pas gamberger, il retourne alors au pays en janvier 2018, à Maribor où il signe pour quatre ans et demi à la surprise générale. Mais Zlatko Zavohic, directeur sportif de Maribor, a été malin : « Jan est un des attaquants les plus talentueux depuis l’indépendance de la Slovénie. Les négociations ont été simples, car nous avons d’excellentes relations avec la Fiorentina. Leurs capacités financières ne sont pas comparables aux nôtres mais nous avons conclu un accord : nous n’avons pas payé les frais de transfert, mais nous travaillerons avec la Fiorentina sur un prochain projet. »

Chez les Violets de Slovénie, il retrouve l’odeur du gazon et son sens du but. En duo avec un autre petit prodige, Luka Zahovic, il marque trois buts et délivre six passes décisives. Très fort dans le domaine aérien, il apporte de nouvelles possibilités à son équipe et à Zahovic qui aime la profondeur. Capable de garder la balle, il est aussi très bon pour faire remonter le bloc équipe. Dans la surface, on le voit rarement effectuer un mauvais choix alors qu’il n’a pas encore 20 ans. Pas de doute, on a affaire à un futur grand et on a de la chance de le voir évoluer un an de plus en Prva Liga slovène !

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Zahovic et Mlakar, jeunesse gagnante (Photo Drago Wernig – TAKA)

Filip Uremovic (NK Olimpija| 11.02.1997)

Même en Slovénie, on trouve le moyen de parler d’espoirs croates ! Filip Uremovic a été contraint de s’exiler, n’ayant pas réussi à percer dans l’équipe première du Dinamo Zagreb. En rejoignant Igor Biscan à Ljubljana en janvier 2018, il a montré qu’il était capable de rapidement faire sa place dans une équipe qui joue le titre, malgré un premier match catastrophique contre Celje. Son entraîneur a d’ailleurs été rapidement élogieux à son égard : « Filip se distingue par un caractère remarquable. Il est travailleur, assidu et ambitieux. Ses plus grandes qualités footballistiques sont la vitesse, l’agressivité et il est aussi très bon dans les duels, de la tête. » Un championnat et une coupe gagnés plus tard, le Rubin Kazan le repère et le voilà déjà en Russie. Lui qui déclarait à son arrivée à Ljubljana : « Tout s’est passé très vite » ne pensait peut-être pas déjà découvrir le championnat russe la même année ainsi que la sélection U21 croate composée de Halilovic, Coric, Moro, Benkovic, Sosa, Brekalo, Vlasic…

N’aurait-il pas mieux fait de rester un an de plus en Slovénie ? Biscan parti, Uremovic n’aurait peut-être pas eu la même relation avec son nouvel entraîneur. Certaines grossières fautes d’inexpérience font penser qu’il n’est peut-être pas encore prêt pour la Russie, mais il s’est également avéré être un défenseur qui comprend et lit bien le jeu, et qui est également très utile en relance, un profil dont avait besoin le Rubin.

Matija Rom (NK Domzale| 01.11.1998)

L’an dernier, nous mettions en valeur l’excellent travail produit par Domzale, grâce notamment à son centre de formation. Un nouvel exemple nous est donné avec l’avènement (progressif) de Matija Rom, seulement 19 ans et déjà remplaçant de luxe. A la faveur d’un début de saison bien rempli pour son club, Rom a connu un intéressant temps de jeu qui a permis d’entrevoir son potentiel : vif, percutant et doté d’une technique intéressante, ce latéral droit ne se contente pas de défendre mais apporte aussi offensivement. Il lui reste à progresser tactiquement et physiquement, mais Rom est sur la bonne voie.

Le joueur ne s’y trompe pas, il est bien dans un club propice pour son développement : « Domzale a démontré à maintes reprises qu’ils ont les connaissances et les conditions pour le développement des jeunes, donc je crois qu’à ce stade de ma carrière, c’est le meilleur environnement possible. » Ce début de saison intéressant lui a même ouvert les portes de la sélection U21. Même si l’élimination de la Coupe d’Europe et le retour des blessures ont amenuisé son temps de jeu, Rom reste un joueur à suivre dans les mois à venir.

David Zec (NK Triglav | 05.01.2000)

On espère que David Zec s’est mouillé la nuque avant de passer de Triglav à Benfica. Celui qui est devenu le premier joueur de football né ce siècle à intégrer la Prva Liga slovène (et le premier à marquer également) va essayer de marcher sur les traces du grand Oblak (ce n’est pas le même poste mais on parle de réussite).

« C’est un sentiment unique. C’est pour cela que je me suis entraîné tous les jours. Mais je suis conscient que ce sera deux fois plus dur d’intégrer un tel club, » ne se cache pas le défenseur de 18 ans qui a joué 29 matchs au cours de la saison 2017/2018. Même si ce sera dur, l’espoir pourra s’appuyer sur son expérience acquise en championnat slovène pour faire son trou au moins en équipe B. « Depuis ses premiers pas, David est un garçon qui a quelque chose de plus que ses coéquipiers. Les formateurs ont reconnu son talent dès le début. Depuis qu’il est en sélection U15, il a été remarqué par d’autres clubs slovènes et étrangers. Au cours de cette période, nous lui avons offert son premier contrat professionnel, une première dans l’histoire du NK Triglav pour un joueur de cet âge. »

D’un tempérament plutôt calme, Zec se distingue par son sens de l’anticipation, sa lecture du jeu et son physique (duels aériens, puissance). A Benfica, s’il arrive à s’adapter, Zec pourrait beaucoup progresser.

zec
La classe d’un 2000 @NK Triglav

Damien F.


Image à la Une ©NK Maribor

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