#1 La préparation de la Sbornaïa : Russie vs. Corée du Sud

Footballski vous propose de suivre à travers de nouvelles chroniques « La Russie prépare son Mondial », la série préparatif de la Sbornaya ! Premier adversaire : la Corée du Sud ! L’occasion d’aborder les liens entre les deux pays, de revenir sur l’historique en passant par une petite présentation des forces en présence.


La compétition la plus prestigieuse de football s’approche à grande vitesse et sa prochaine édition sera organisée en Russie. On dit souvent que l’important est de participer, malgré tout, un tel événement suscite de très fortes attentes et donc nécessite l’obtention minimale de résultats. Tout cela passe par une préparation adéquate. Le tirage au sort et le coup d’envoi vont arriver vite et il faut se préparer de toute urgence, d’autant plus que la Sbornaya a raté beaucoup de rendez-vous au plus haut niveau.

Depuis la demi-finale glorieuse de l’Euro 2008, la Russie a enchaîné deux échecs en 2010 et 2012 non sans avoir manqué de chance, avant de poursuivre avec des résultats plus conformes à son niveau en régression, à savoir un Mondial 2014 insipide et un Euro 2016 catastrophique. Une élimination dès le premier tour en Coupe des Confédérations plus tard, la Russie a disputé un match peu sérieux contre le Dinamo Moscou en septembre et va débuter maintenant sa saison de préparation finale contre la Corée du Sud, l’un des premiers pays qualifiés pour le Mondial (un classique pour un pays de l’AFC) !

Historique des rencontres

La Russie et la Corée du Sud sont deux pays ayant marqué l’histoire du football, le premier principalement sous l’ère soviétique et le deuxième de par ses participations continues au Mondial avec, comme point d’orgue, la mémorable demi-finale atteinte à domicile en 2002. Un parcours que la Russie aimerait certainement reproduire à domicile en juin prochain pour les dix ans de la belle demi-finale de 2008.

De façon assez étonnante, les deux sélections ne s’étaient jamais rencontrées avant 2013 et un match de préparation pour le Mondial 2014 où elles ont finalement été tirées dans le même groupe.

La Russie a remporté le premier match contre les Sud-Coréens 2-1 avec une équipe assez remaniée (comme l’adversaire), Smolnikov et Lodygin ayant disputé leur premier match avec la Sbornaya ce jour-là. Cette victoire avait permis aux Russes de remporter le Bâton de Nasazzi (un trophée que les équipes nationales se transmettent depuis 1930 en battant dans le temps réglementaire leur détentrice, chose que la Corée du Sud venait juste de faire en venant à bout de la Suisse quelques jours plus tôt).

La Russie et la Corée du Sud ont été tirées ensemble lors de la phase de groupe de la Coupe du Monde 2014 au Brésil, en compagnie de la Belgique et de l’Algérie dans le groupe H. La Sbornaya et les Guerriers Taeguk ont été les dernières équipes à rentrer en lice dans la compétition. Le match qui les a opposés n’est pas près de rester dans les annales. Entre une Russie privée de son meneur de jeu et une Corée du Sud en pleine crise, toute la première heure de la rencontre est restée insipide avant l’ouverture du score chanceuse de Lee Keun-ho sur la bourde bien connue d’Akinfeev – que tout le monde connaît et qui n’est pas utile de rappeler. Aleksandr Kerzhakov a ensuite égalisé pour égaler le record de buts marqués  détenu par Beschastnykh. Les deux équipes se sont séparées sur un nul qui a donné quelques espoirs aux Sud-Coréens peu confiants et, au contraire, entamé les espoirs d’une Russie considérée auparavant comme favorite du groupe. Au final, les deux équipes ont logiquement été sorties dès la phase de poules.

Parcours qualificatif

Depuis la Coupe du Monde 2014 et l’élimination jugée décevante des deux sélections dès la phase de groupe, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts pour les deux équipes. Cette section va relater comment la Corée du Sud a obtenu sa qualification pour le Mondial russe après un parcours mouvementé.

Les Sud-Coréens ont commencé leur parcours qualificatif en juin 2015. À cette époque, la Corée du Sud s’était largement relevée de sa prestation catastrophique du Brésil. Sous la houlette de l’Allemand Uli Stielike, les Guerriers Taeguk avaient été jusqu’en finale de la Coupe d’Asie 2015, perdue uniquement après prolongations contre l’Australie, pays hôte. Avant ce match final, les Coréens avaient gagné tous leurs matchs sans encaisser le moindre but ce qui avait de quoi rafraîchir les supporters qui avaient vu leur équipe en encaisser quatre contre l’Algérie lors du Mondial. Dans la continuité de ce beau parcours qui a vu l’image des Guerriers Taeguk être restaurée auprès de son public, la Corée du Sud a remporté ses huit matchs du deuxième tour préliminaire pour le Mondial 2018 sans encaisser le moindre but (en ayant, en passant, remporté la Coupe d’Asie de l’Est 2015 avec une équipe très jeune), seule équipe d’Asie à avoir réussi ça.

On aurait pensé à ce moment-là que la Corée du Sud avait de beaux jours devant elle, mais elle n’a pas confirmé. Au contraire, le troisième tour préliminaire a été une véritable peine pour la sélection coréenne qui a eu les pires difficultés à valider son billet. Handicapée par l’irrégularité de ses joueurs expatriés en Europe et par la blessure de plusieurs cadres défensifs, le match amical largement perdu contre l’Espagne (1-6) qui constituait la première défaite sud-coréenne dans le temps réglementaire depuis un an et demi et plus de vingt matchs, a retenti en signal d’alarme. Les Sud-Coréens ont remporté dans la difficulté tous leurs matchs disputés à domicile et ont trébuché à l’extérieur contre la Syrie (0-0) et l’Iran (0-1). Suite à cette dernière défaite, les déclarations de Stielike se plaignant que la Corée du Sud manquait de joueurs comme Sebastian Soria (Qatari naturalisé !) ont fait jaser toute la presse sud-coréenne, mais aussi les joueurs qui ont crié leur colère contre l’entraîneur. Deux défaites historiques contre la Chine (0-1) et le Qatar (2-3) ont entraîné le licenciement de l’Allemand et son remplacement par Shin Tae-yong (qui avait dirigé les jeunes Sud-Coréens). Deux nuls vierges contre l’Iran et l’Ouzbékistan ont validé le billet sud-coréen pour le Mondial après un troisième tour rocambolesque.

Transferts et joueurs sud-coréens en Russie

Les footballeurs sud-coréens sont de grands voyageurs et ont pour coutume de s’expatrier en masse, que ce soit en Europe ou en Asie, mais la Russie a rarement été une terre de succès pour les Sud-Coréens qui réussissent mieux en Angleterre ou dans les pays germanophones (Allemagne et Autriche). Les premiers Sud-Coréens ayant évolué en Russie y sont allés après la demi-finale sud-coréenne de 2002.

En 2003, Oh Beom-seok a rejoint le Krylia Sovietov où il y est resté jusqu’en 2009 avant de le quitter pour cause de retards de salaires. Il y a joué 70 matchs et a marqué trois buts.

Le transfert de Sud-Coréen le plus connu en Russie a été celui de Kim Dong-jin (sur lequel nous sommes récemment revenus dans la chronique hebdomadaire de la RPL, section « Qu’est-il devenu ? », journée 10) au Zenit Saint-Pétersbourg (3 ans, 68 matchs, 3 buts) qui est intervenu quelques jours après le passage de Dick Advocaat et un peu avant celui de Lee Ho qui est resté au club de 2006 à 2008 (18 matchs, 1 but).

Kim Nam-il, figure marquante du football sud-coréen des années 2000, a passé un an au Tom Tomsk vers la fin de sa carrière où il a disputé 41 matchs de 2010 à 2011.

Un peu plus récemment, le jeune attaquant Yoo Byung-soo a joué pour le FK Rostov de 2013 à 2016 où il a marqué un faible total de trois buts. Titulaire lors de la première saison (17 matchs), Yoo Byung-soo disparaît lors de la suivante où Rostov sauve sa place en deuxième partie de saison. Lors de la saison historique du club en 2015-2016 sous Kurban Berdyev, il ne dispute que quelques matchs en début de saison avant de disparaître et de rester vierge pendant un an de football.

Tous les autres cas de Sud-Coréens expatriés en Russie sont discrets, voire anecdotiques. Kim In-sung, joueur du CSKA Moscou en 2012, n’a disputé que deux malheureuses petites rencontres, quelques années auparavant, Od Ddog-yi n’a joué que trois matchs pour le Sibir Novossibirsk en 2006 et Kim Sung-Kyu n’a joué que deux petits matchs de Coupe pour le Rubin Kazan pendant deux saisons entières de 2006 à 2007.

À l’heure actuelle, on ne compte aucun joueur sud-coréen dans les effectifs russes. Il faut dire que la politique de réduction des étrangers pour favoriser le temps de jeu des footballeurs russes ne favorise pas leur intégration.

Les forces en présence

En trois ans, la Corée du Sud et la Russie n’ont plus rien à voir avec les équipes qui s’étaient croisées au Mondial après les événements divers qui ont bousculé (positivement comme négativement) et fait basculer les deux sélections.

Du côté de la Russie, on pourrait potentiellement trouver Konstantin Rausch, joueur allemand né en URSS (comme Neustädter), jouant pour le FC Cologne. Un autre joueur naturalisé pourrait avoir son premier match pour la Russie : l’arrière droit Mario Fernandes du CSKA Moscou. Mais évidemment, ce match devrait marquer le grand retour d’un international longtemps écarté par Cherchesov : Aleksandr Kokorin, le ressuscité du Zenit ! Après l’affaire française de l’été 2016, il avait manqué la Coupe des Confédérations 2017 en plus d’avoir passé une saison médiocre. Mais tout a changé depuis l’arrivée de Mancini à la tête du Zenit. Kokorin totalise aujourd’hui les statistiques détonantes de quinze buts en dix-huit matchs.

Du côté de la Corée du Sud, Shin Tae-yong (qui est connu en Corée du Sud pour sa capacité à s’adapter à l’adversaire) risque d’aligner une formation très remaniée. Le sélectionneur a laissé à la maison les joueurs du championnat coréen (le plus performant d’Asie lors des compétitions) en guise de remerciement suite au report d’une journée de championnat pré-qualification afin de permettre aux joueurs de pouvoir partir plus tôt en sélection. Les Sud-Coréens se présenteront donc avec des permutations en tout genre. Kim Min-jae, Kim Jin-su et Lee Jae-sung ne seront donc pas de la partie, de même que les jeunes Lee Seung-woo et Lee Jin-hyeon. Par contre, on peut d’avance affirmer que les stars Son Heung-min (qui sera la plus grande menace), Koo Ja-cheol, Ki Sung-yeung et Ji Dong-gwon seront là. Kwon Chang-hoon, Kim Young-kwon et Kim Seung-gyu devraient aussi être de la partie.

XI prédits :

Russie : Akinfeev – Fernandes, Dzhikiya, Vasin, Kudryashov – Rausch, Golovin, Dzagoev, Erokhin – Kokorin, Smolov
Corée du Sud : Kim Seung-gyu – Kim Young-gwon, Ki Sung-yeung, Kim Ki-hee – Lee Chung-yong, Kwon Chang-hoon, Jung Woo-young, Koo Ja-cheol, Oh Jae-suk – Son Heung-min, Ji Dong-won.

Ce que l’on peut espérer

Entre une Russie que l’on n’a pas vu jouer depuis un moment et une Corée du Sud en pleine reconstruction, difficile de savoir à quoi s’attendre dans cette rencontre d’équipes probablement remaniées. Il n’y a que peu de chances de voir un match à sens unique, mais les attentes sont plus importantes du côté de la Russie que la Corée du Sud. Il apparaît probable, en avant-match, que la Russie trouve le chemin des buts face à un adversaire qui alignerait une défense expérimentale. Pour la Sbornaya, les couloirs seront capitaux en l’absence des joueurs de K-League coréenne (notamment les arrières latéraux) et l’attaque des Guerriers Taeguk ne sera pas au mieux non plus pour ce mois d’octobre. On privilégie une victoire courte de la Russie, sans garantie.

Philippe Ray


Image à la une : © Grigoriy Sisoev/Sputnik via AFP Photos

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