Qu’est-ce qu’un club de football ? C’est évidemment une équipe composée de joueurs et d’un staff qui l’entoure, ce sont également des dirigeants et un ensemble de personnes qui travaillent en son sein, ce sont des infrastructures, un stade, un entre de formation. Mais un club de football, c’est aussi un nom auquel des milliers de supporters s’identifient. Une marque qu’il faut développer, grâce aux trophées remportés d’aujourd’hui ou du passé. Cette histoire, c’est l’ADN du club. Elle permet aux supporters de se remémorer les moments forts, allant d’un derby remporté, un trophée chèrement acquis, de lourdes défaites ou encore des légendes ayant évolué sous les couleurs de ce club. Cette histoire permet ainsi de garder une identité propre au club. Mais elle permet aussi aux joueurs actuels ou futurs de se créer un attachement ou une attirance particulière pour ce club.

Plusieurs possibilités s’offrent aux clubs pour garder la flamme historique allumée. Tout d’abord, intégrer au sein du club les anciens joueurs afin de garder cet ADN au cours du temps. Au Spartak Moscou, Dmitri Alenichev ou encore Valery Karpin, anciens joueurs influents du Spartak des années 90 ont pris les commandes de l’équipe à différentes reprises ces 5 dernières années. On peut encore citer Sergei Rodionov, actuel Directeur général du club et qui fut une des stars du Spartak des années 80. La parole des anciens est  importante et lorsqu’un homme comme Nikita Simonyan donne son avis, on ne peut que l’écouter.

Garder un contact fort avec les vétérans pour affermir cette image d’un club uni pour la vie, et ce malgré les transferts ou les discordes qui peuvent exister, voilà la politique du club au losange. Entre les jubilés, la participation financière du club pour des équipements ou médicaments, ou encore le versement de pension pour les champions olympiques de 1956 qui ont évolué sous les couleurs rouge et blanche (Ilyin, Isaev, Paramonov et Simonyan), le Spartak sait prendre soin de ses anciens. Le club moscovite dispose aussi d’une équipe de vétérans qui joue à travers la Russie et l’Europe dans des tournois.  Le club n’oublie pas ceux qui ont fait la gloire de la marque « Spartak », encore plus lors de cette période de disette que le club connait actuellement.

Mais Leonid Fedun est allé plus loin. Le Président du Spartak Moscou a inauguré au sein du nouveau stade de 45360 places, l’Otkrytie Arena, un musée en l’honneur des « Gloires du Spartak ». Une première en Russie. Le CSKA a lui aussi son musée en l’honneur de ses gloires, mais il comprend l’ensemble des sports qui ont composé la Société Sportive CSKA (hockey, athlétisme…). Un musée consacré uniquement à la section football (le Spartak était aussi une Société Sportive composée de différents sports. Actuellement, il y a le hockey et le futsal) est donc unique en Russie !

Outre les recettes que peut engendrer ce musée pour le club, c’est aussi le moyen de renforcer l’attachement au club de manière durable. Un lien permettant de revivre des moments qui ont créé cet attachement ou attirance pour le club. À l’image des Barca, Manchester United, Ajax Amsterdam ou encore Milan AC, le Spartak s’est doté d’un outil de mémoire important.

Lors de la cérémonie d’ouverture, Vitali Mutko n’a pas tari d’éloges, incitant les autres clubs russes à faire de même. « L’ouverture du musée est une étape importante dans l’histoire du football russe et du Spartak. On a besoin de connaître son histoire. C’est un bon exemple pour les autres clubs. En général, du point de vue de l’infrastructure, le Spartak est le leader. Ici, à Tusheno, sera un grand royaume de sport. Le Spartak montre des éléments d’une organisation du football, que doivent suivre tous les autres ».

Visite guidée

Mais au fait à quoi ressemble-t-il ? J’ai fait la visite pour vous. Un véritable temple en l’honneur de ceux qui ont créé, alimenté et fait la gloire d’un des plus grands clubs russes. Pour acheter son ticket, rien de mieux que de passer par la boutique du Spartak, passage obligé destiné à acheter les produits dérivés du club. Les prix sont plutôt raisonnables. 700 roubles pour les adultes, 350 roubles pour les enfants de 7 à 16 ans et la visite du stade est inclus dans le prix !

Visite du stade

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© Vincent Tanguy / Footballski

Outre la visite du vestiaire, la salle de soins, la salle et la tribune de presse, les loges et le restaurant, on vous fait pénétrer au bord de la pelouse afin de pouvoir approcher le monument en l’honneur des frères Starostin érigé devant la tribune nord. (Lire aussi : Nicolaï Starostin, du Spartak Moscou au goulag)

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© Vincent Tanguy / Footballski

On peut aussi s’approcher de la statue en l’honneur de Fyodor Cherenkov, sûrement l’un des joueurs les plus emblématiques du club trônant à l’extérieur du stade devant la tribune sud qui porte son nom. (Lire aussi : Fyodor Cherenkov, légende malgré la maladie)

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© Vincent Tanguy / Footballski

Le musée

Après ce périple à travers le stade on vous conduit vers le musée au 4e étage de la tribune ouest. Sur 500 mètres carrés de surface, cette salle est tout simplement un voyage à travers le temps! Avec plus de 10000 photos, 700 vidéos et 600 objets d’exposition, cette salle renferme un trésor inestimable à la gloire du Spartak.

Disposées de manière chronologique, les différentes vitrines exposent des objets divers. En ce qui concerne les frères Starostin, notamment Nikolaï, on peut admirer des objets personnels (lunettes, tasses…), des lettres de correspondance avec ses frères durant ses années au goulag, des cartes de présentation, l’exposition des livres écrits par Nikolaï… Une vraie caverne d’Ali Baba.


Lire aussi : Nicolaï Starostin, du Spartak Moscou au goulag


Mais toute la beauté de ce musée, c’est la présence de multimédia partout dans la salle. On a la possibilité par exemple de lire l’enquête complète remplie par Nikolaï Starostin lors de son entrée à l’école supérieure des entraineurs.

Si vous souhaitez relire des articles de journaux de l’époque,  ou connaitre les résultats du Spartak en 1965 dans le championnat soviétique et en Coupe URSS, c’est possible en navigant tranquillement sur un ordinateur digital. Et tout ça agrémenté de vidéos et de documentaires à profusion exposés chronologiquement que l’on peut écouter. Un réel plaisir! Une semaine ne suffirait pas pour écouter et lire cette quantité d’archives! 2 heures, c’est trop peu…

Les divers objets offerts par les joueurs ou leur famille au musée permettent d’habiller ces archives. Certains joueurs ont leur vitrine dédiée tels Fyodor Cherenkov ou Egor Titov, mais c’est l’ensemble des stars du Spartak que l’on passe en revue (Sergei Rodionov, Ilya Tsimbalar, Dmitri Alenitchev, Nemanja Vidic…)

Qui dit stars dit trophées et il y en a un paquet! Entre les différentes coupes et les objets reçus de la part des adversaires lors des différents matchs de Coupe d’Europe, la salle regorge des trophées.

L’histoire des maillots du Spartak mérite le détour avec un descriptif interactif super bien fait. On peut ensuite regarder les plus beaux buts du Spartak en vidéo ou bien consulter le livre des records à couper le souffle. Et si on en avait pas assez, une salle spéciale est dédiée aux statistiques détaillées de la plupart des joueurs rouge et blanc avec des vidéos, des images… Une vraie mine d’or!

Pour finir, je me suis fait en hâte mon onze de légende!

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© Vincent Tanguy / Footballski

Je suis sorti de là plus qu’enchanté et j’avais envie de racheter un billet pour retourner dans cette salle! En tant que supporter c’est plus facile, mais ce musée est selon moi un passage obligé pour tous ceux qui aiment le football soviétique et russe! Car le Spartak restera un acteur majeur du football russe. Malgré les résultats actuels plus que décevants, Leonid Fedun ne désespère pas de pouvoir installer un nouveau trophée dans la galerie.

Vicent Tanguy


Image à la une : © Vincent Tanguy / Footballski

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