« Je suis au Spartak depuis l’âge de 7 ans et il y a tout ce qu’il faut ici. » Tels étaient les mots d‘Egor Titov dans une interview donnée au quotidien sportif Sport-Express en mai 2006. Elle résume l’ensemble de sa carrière. Celle d’un joueur attaché à son club de formation du début à la fin, participant à l’une des périodes les plus glorieuses de l’histoire du club.

De jeune talent…

Egor Ilitch Titov est né le 29 mai 1976 à Moscou dans une famille où le talent sportif était déjà présent. En effet, son père était un champion de patinage et il souhaitait que son fils prenne la voie du patinage de vitesse. Mais les anges du football se sont accrochés au petit Egor, l’incitant à préférer les crampons plutôt que les patins.

A l’âge de sept ans, il commence à participer à certains matchs pour enfants du Spartak. Egor Titov raconte : « Aujourd’hui, les enfants dès leur plus jeune âge portent le maillot rouge et blanc, mais à l’époque, nous portions des t-shirts blancs sans rayures rouges ni losange. »

Il intègre l’école de football du Spartak à l’âge de huit ans. Son premier entraîneur, Anatoly Koroliov, se souvient : « J’ai vu Egor pour la première fois en 1983. Il avait alors 7 ans et déjà à cet âge, il se différenciait des autres. La première chose que j’ai pensé en le voyant c’est ‘il faut le prendre‘. Le garçon était déjà un vrai petit joueur. Juste, des gestes footballistiques, une bonne approche des éléments qui l’entouraient. Une extraordinaire capacité d’assimilation. Son principal défaut était son physique. Il n’avait pas le physique pour jouer au milieu. C’est pourquoi il a commencé devant.« 

Bien que l’académie du club historiquement liée au peuple était de l’autre côté de la ville, l’obligeant à 75 minutes de transport en commun, l’idée d’en changer ne lui est jamais venue à l’idée. A force de travail aux entraînements, il devient rapidement un des joueurs les plus talentueux de son âge. En 1992, il intégre l’équipe deux du Spartak, entraînée par Viktor Zernov. Il y joue durant trois ans (91 maths et 14 buts) tout en étant remarqué par les entraîneurs, notamment un certain Oleg Romantsev. Koroliov poursuit : « En 1993, nous jouions contre le CSKA et nous avons gagné 6-0. On a dit après que Titov avait joué de manière fantastique. Mais il avait joué comme d’habitude à son niveau. Peut être un peu mieux. Tout s’est passé devant Oleg Romantsev…« 

… à la gloire

Il débute avec l’équipe première en 1995. A l’âge de 18 ans, il participe à son premier match officiel en quart de final de Coupe de Russie face à Uralmash à Ekaterinbourg. A la 79e minute, il entre à la place de Nikiforov et le Spartak l’emporte sur le score sans appel de 5-0.

Débuter en 1995 dans une équipe qui venait de remporter trois fois de suite le championnat russe n’est pas chose facile. Et pourtant, Egor Titov va très vite se fondre dans le collectif. Placé au milieu derrière les attaquants, il marque et distribue souvent des passes décisives. Son sens du jeu et son apport technique au milieu ont fait de lui l’un des plus grands milieux de terrain de son époque. Période faste du Spartak, l’équipe engrange les titres et Egor Titov n’est pas étranger à tout cela.

© sport-express.ru
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A son apogée, en 2000, Titov a la possibilité de partir au Bayern Munich. Le club bavarois propose un salaire presque trois fois supérieur à celui du Spartak. Mais Oleg Romantsev et Gregory Esaulenko, vice-président du club, déclarent alors qu’ils n’accepteraient le transfert qu’à partir de vingt millions de dollars. Une énorme somme à l’époque, même pour le Bayern.

Durant ces treize ans de carrière au Spartak, il remporte six fois le championnat russe (1996, 97, 98, 99, 2000, 2001), termine une fois deuxième (2005) et deux fois troisième (1995, 2002) et soulève deux Coupes de Russie (1998, 2003). En équipe nationale, il dispute 33 matchs et trouve le chemin des filets à six reprises. Il participe à la Coupe du Monde 2002 où il marque un but sur penalty, contre la Tunisie.

On peut retenir quelques buts importants durant sa carrière, notamment ce but de la victoire 2-1 en Ligue des Champions contre le Real Madrid le 30 septembre 1998 au Luzhniki, ou encore l’unique but de la victoire en finale de Coupe de Russie en 2003 contre Rostov (1-0). Lors de notre rétrospective de la saison 2001, nous étions longuement revenus sur l’importance de Titov.

Quelques incidents de parcours

Sa carrière prend une tournure inattendue en 2004 lors des éliminatoires pour la Coupe d’Europe 2004. Après un match contre le Pays de Galles, il est contrôlé positif. Suspendu pour douze mois, il ne participe pas à la phase finale de l’Euro 2004 avec la Russie et ne joue pas avec le Spartak durant cette année. Il s’est toujours défendu de s’être dopé, incriminant les diététiciens.

Il revient tout de même en grande forme en 2005, permettant au Spartak, dans son rôle de leader, d’accrocher la troisième place. En 2006, Guus Hiddink, alors sélectionneur de la Russie, le sélectionne à nouveau jusqu’en 2007 où il quitte définitivement la sélection nationale.

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En 2008, des tensions entre Egor Titov et son entraîneur Stanislav Cherchesov apparaissent. Suite à la défaite 5-1 contre le CSKA, Cherchesov envoie Titov jouer avec la réserve. Il refuse par la suite une confrontation avec Cherchesov et le Spartak finit par renvoyer Titov du club. Lui, l’enfant tant aimé.

Il s’engage avec le club de Khimki où il reste quelques mois pour ensuite jouer avec le Lokomotiv Astana, club avec lequel il participe à 26 matchs et inscrit 6 buts. Il termine sa carrière en 2012 à Arsenal Tula où il joue cinq matchs sous les ordres de son ami Dmitri Alenichev. C’est d’ailleurs ce dernier qui, en 2015, lorsqu’il prend les commandes du Spartak, propose à Egor Titov de faire partie de son staff au côté de Dmitri Ananko. En septembre 2012, un match d’adieu en l’honneur de Titov s’est déroulé au stade du Lokomotiv en présence de nombreuses célébrités du Spartak Moscou.

Fidélité

Titov est également connu pour être un ami fidèle. Ainsi, dans le conflit en 2006 qui oppose Alexandr Starkov à Dmitri Alenichev, Titov montrera sa solidarité avec son compagnon lors du match contre le Lokomotiv en brandissant son brassard de capitaine devant les supporters. Outre les amis, sa fidélité au Spartak est tout aussi belle. Peu de joueurs peuvent se targuer d’une telle fidélité. Il est à mettre au rang de Francesco Totti à la Roma ou de Ryan Giggs à Manchester United.

Les supporters espèrent que le trio de choc, tous d’anciennes gloires du Spartak, actuellement aux commandes du Spartak amènera le club vers les mêmes sommets.

Vincent Tanguy


Image à la une : © sport-express.ru

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