Le vendredi à Vilnius, il pleut… comme tous les autres jours de la semaine. D’ailleurs, Lietus signifie « pluie ». Ce 13 novembre donc, la Lituanie U21 va recevoir l’Irlande U21 au LFF Stadionas de Vilnius et c’est cela, et seulement cela, que je veux retenir de ce vendredi 13 novembre 2015.

© Adrien Laëthier / Footballski
© Adrien Laëthier / Footballski

Vilnius est toujours aussi belle même après des mois sans la revoir, mais elle serait encore plus belle avec un match de football. Ainsi, à la nuit tombée, je me dirige vers la gare en sortant de la vieille-ville. Une fois le pont passé, il devient clair qu’un match à lieu : l’éclairage du petit stade de la fédération éclaire très largement la sombre Liepkalnio Gatve. La première impression est que le stade n’est pas si faiblement garni pour un match espoir dans un sport mineur lituanien, d’autant plus que les U21 sont à l’agonie dans ces qualifications pour l’Euro : aucun but marqué pour 13 encaissés et donc six défaites en autant de rencontres dont une sur la pelouse d’Andorre. En face, l’Irlande sort d’une défaite en Italie mais avait gagné ses trois premiers matchs et peut donc largement prétendre à une place de barragiste.

Ceci est une billétrie | © Adrien Laëthier / Footballski
Ceci est une billetterie | © Adrien Laëthier / Footballski

Alléché par ce programme, je décide donc de chercher un billet au guichet que l’on m’indique être cette magnifique voiture japonaise métallisée (une caisse au propre comme au figuré, donc) contenant à son bord deux charmantes jeunes filles. Tout cela est scellé pour trois euros, plus placement libre. Je rentre donc dans le stade, passant devant une buvette aux allures de stand de marché de Noël géant, puis un demi-terrain en synthétique où les enfants s’amusent et tapent dans la balle. Me voilà assis et prêt à m’intéresser à la composition des équipes. Il est clair que ce match est important pour la sélectionneur lituanien qui a appelé certains joueurs de l’équipe A qui n’ont pas porté le maillot espoir depuis plus de deux ans – s’ils l’ont porté un jour. Le message est précis : l’équipe senior ne jouant que des amicaux, la priorité reste la compétition.

En effet si devant le portier rennais Edvinas Gertmonas, la défense composée de joueurs titulaires dans le championnat local n’a pas changé. L’attaque qui n’a toujours pas marqué a elle été remaniée : Deimantas Petravicius de Notthingham Forest, Vykintas Slivka de Den Bosch (mais passé par la Juventus) et surtout Lukas Spalvis, onze buts en quatorze matchs au Danemark avec Aalborg, sont titulaires alors qu’ils jouent normalement à l’étage au dessus. Il sont associés à Simonas Stankevicius d’Oldham, lui aussi international A, qui sera le principal animateur de ce début de match. La principale force des locaux est d’ailleurs de posséder un bon nombre de joueurs titulaires en club alors que les Irlandais ne sont pas tous titulaires, même au quatrième niveau anglais (League Two). Un seul joueur joue d’ailleurs en dehors du Royaume-Uni : Jack Byrne au Cambuur Leuwaarden.

Le match est d’ailleurs dominé à la surprise générale par les rouges (couleur inhabituelle pour les locaux plus habitués au vert ou au jaune) mais le trio Slivka, Stankevicius et Spalvis semble s’entendre à merveille alors que la défense, elle, est souvent en difficulté, y compris Gertmonas, auteur d’une relance dans l’axe à ras de terre à bannir de tous les terrains de football. L‘Irlande n’obtiendra qu’un coup-franc dangereux, et il va le mener à leur perte car c’est sur le contre que Spalvis va, d’une superbe tête, délivrer les siens en marquant le premier but des Lituaniens en six matchs de compétition. Mais à partir de ce moment-là, ce sont les insulaires qui vont prendre le contrôle du match et, suite à un bon enchaînement, Conor Wilkinson de Barnsley va égaliser.

© Adrien Laëthier / Footballski
On change les scores à l’ancienne en Lituanie | © Adrien Laëthier / Footballski

On joue alors la 44e minute et on imagine que cela sera désormais dur pour la Lituanie. Mais, sur la remise en jeu, Spalvis dévie pour l’intenable Petravicius qui, seul, va préférer remettre en retrait à Stankevicius qui fixe le malheureux gardien de Falkirk. 2-1, juste avant la mi-temps ! Les Irlandais, énervés par quelques décisions arbitrales peu favorables et l’absence de cartons jaunes distribués, prennent un grand coup sur la tête et auront beaucoup de mal à s’en remettre. En effet, malgré de bonnes intentions au retour des vestiaires, les hommes au trèfle ne vont pas savoir se montrer dangereux autrement que par un plongeon dans la surface du buteur Wilkinson, et ils seront punis sur un énième contre, à la 71e minute, où Spalvis récupère un ballon qu’il dévie pour Stankevicius qui décale lui-même Kazlauskas. Le joueur de Grudziadz bat une nouvelle fois Danny Rogers ! L’Eire est à terre et ne réagira que par du manque de fair-play ou des coups, qui conduiront Sean Kavanagh à la douche avant ses partenaires.

La fête est totale dans le petit stade qui crie, chante et chambre les Irlandais. C’est un authentique exploit pour les Lituaniens qui n’avaient rien gagné jusque-là et une vraie fête pour les fans, peu habitués à voir les Vert et Jaune (en rouge pour le coup ce soir donc) s’imposer dans un match au pays du basketball ! Malheureusement et logiquement, la dynamique ne durera pas puisqu’ils ont été perdre ensuite en Italie sur le score de 2 à 0, mais nul doute que certains de ces joueurs, notamment et surtout la ligne offensive, ont un bel avenir et nous entendrons peut-être de nouveau parler d’un Lituanien au plus haut niveau, des années après l’énigme Edgaras Jankauskas.


LES NOTES FOOTBALLSKI

Lituanie Irlande

Standing du stade (2/5):

Le stade est sympa, mais quand même, pour la capitale de la Lituanie et accessoirement le siège de la fédération, cela fait beaucoup trop stade de campagne et cela nous rappelle que le football n’est là-bas qu’un sport mineur.

Disponibilité des billets (4,5/5):

Il y en a toujours, et on peut même les acheter sur internet ! Pourquoi un demi-point de perdu me direz vous ? Car l’achat se fait dans une voiture, ce qui peut ne pas être clair au premier abord.

Tarifs (5/5):

Trois euros ! Rien à ajouter je pense !

Ambiance (1,5/5):

Oui, c’est la sélection espoirs et ceci explique cela mais l’ambiance bon-enfant laisse quand même trop souvent place au silence dans ce LFF-Stadionas.

Risques (5/5):

Il n’y avait pas d’adversaire dans les tribunes mais encore une fois en sélection, l’avis est faussé. On se demandait même ce qu’étaient venus faire là les quelques « robocops » qui attendaient à la sortie ainsi que devant les grilles.

Accessibilité et transports (4,5/5):

On est juste derrière la gare (moins de cinq minutes à pied). Accessible ainsi depuis le centre, la vieille ville, la gare SNCF et la gare routière. Il n’est cependant pas indiqué et très discret, donc un bon 4,5.

Boissons (4/5):

Plutôt bien ! Des bières locales variées, des Kepta Duona délicieux pour accompagner le tout et un design de marché de Noël ! On veut y retourner ! Grande diversité de produits.

Quartier environnant (3,5/5):

D’accord, on se retrouve dans la magnifique vieille-ville en dix minutes à pied mais il n’empêche qu’une fois passé sous le pont SNCF, le quartier de nuit peut être lugubre – mais non dangereux – et donner l’impression que l’on est déjà dans les faubourgs d’une petite ville soviétique.

 

Adrien Laëthier


Photo à la une : © Adrien Laëthier / Footballski

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