Malgré une interruption de deux mois engendrée par la pandémie de Covid-19, la Hongrie a – comme l’Allemagne – réussi le tour de force de boucler son championnat majeur de football avant le 30 juin. Ferencváros toujours plus haut, la Puskás Akadémia avec brio, Debrecen au fond du seau… Il est l’heure de dresser le bilan d’une saison 2019/2020 que l’on risque de ne pas oublier de sitôt.

Arrêté le 14 mars après une 25e journée (sur 33) qui s’est déroulée dans des stades à huis clos, le championnat hongrois a pu reprendre ses droits le 23 mai, avec un match en retard entre Ferencváros et Debrecen (2-1). Très vite, les spectateurs ont pu réinvestir les tribunes, puisqu’une jauge limitée a été fixée pour toutes les enceintes dès le 29 mai. Une restriction qui n’était plus en vigueur lors des trois dernières journées, au cours desquelles les clubs ont été autorisés à vendre autant de places que possible (en sachant que les rencontres à guichets fermés restent très rares en OTP Bank Liga). A noter toutefois que la Merkantil Bank Liga (deuxième division) n’a quant à elle pas repris. Au 30 juin, la Hongrie a recensé 4 123 cas confirmés de Covid-19, pour 577 décès.

Le classement final de la saison 2019/2020

1. Ferencváros – 76 pts

2019 avait été l’année du retour en grâce. 2020 a été celle de l’éclatante confirmation. Pour la première fois depuis 24 ans, Ferencváros est parvenu à être sacré champion de Hongrie deux saisons d’affilée. Les deux fois avec une marge plus que conséquente sur la concurrence. Car malgré un été passé à disputer des tours préliminaires de Ligue des Champions et un automne à ferrailler en phase de groupes de Ligue Europa, Fradi en a gardé suffisamment sous la pédale pour faire régner sa loi sur la scène nationale. Invaincus dans leur antre de la Groupama Aréna, les Aigles verts ont récolté 76 points. Un record depuis le passage de la première division à douze équipes, en 2015.

Meilleure attaque (58 buts marqués) et meilleure défense (24 réalisations encaissées) de l’élite, le club du 9e arrondissement de Budapest est resté sûr de sa force du début à la fin de l’exercice. Le très fiable Denés Dibusz a fait régner l’ordre dans sa surface, bien aidé il est vrai par une arrière-garde difficilement franchissable. Devant, l’absence du fantasque Davide Lanzafame (reparti au Budapest Honvéd) ne s’est que très peu fait ressentir, l’Ivoirien Franck Boli ayant très vite trouvé ses marques (10 buts). Mais la grande révélation de l’exercice se trouve assurément sur l’aile gauche, où Tokmac Chol Nguen a très souvent fait des misères à ses vis-à-vis. C’est un fait indéniable : Serhiy Rebrov a construit une redoutable machine à gagner. Reste maintenant à savoir si celle-ci sera suffisamment bien huilée pour se hisser en poules de C1, ce qu’aucune formation magyare n’a réussi à faire depuis Debrecen en 2009/2010.

2. MOL Fehérvár – 63 pts

Loin, très loin derrière Ferencváros, on retrouve MOL Fehérvár (ex-Videoton). Eliminé sans gloire dès le deuxième tour préliminaire de C3 par les Liechtensteinois de Vaduz (1-0, 0-2 a.p.), le club de Székesfehérvár a pu consacrer toute son énergie à la reconquête de sa couronne nationale. Le démarrage parfait des Vidi (six victoires lors des six premières journées) laissait augurer un suspense digne de ce nom dans la lutte pour le titre. Mais Loïc Nego et consorts ont ensuite accusé le coup, laissant leur rival s’envoler en tête du classement. Débarqué fin novembre, Marko Nikolic a été remplacé par Joan Carrillo. En dépit du renfort de Nemanja Nikolić (5 buts), arrivé libre du Chicago Fire en février, les Rouge et Bleu ont continué à souffler le chaud et le froid (trois succès seulement sur les huit dernières journées). Ces derniers devront à l’avenir faire sans l’emblématique Roland Juhász qui, à 36 ans, a décidé de raccrocher les crampons.

3. Puskás Akadémia – 54 pts

Les observateurs assidus du football hongrois ont assez vite compris que les deux premières places seraient, sans surprise, occupées par Ferencváros et MOL Fehérvár. En ce qui concernait la troisième marche du podium en revanche, le suspense était bien plus grand. Et, au terme d’un sprint final des plus indécis, c’est la Puskás Akadémia qui a complété le trio de tête. Profitant de la méforme plus ou moins préoccupante des outsiders habituels (le Honvéd et Újpest notamment), les protégés de Zsolt Hornyák ont tracé leur route sans trop se poser de questions et, surtout, en jouant de manière décomplexée. Avec le très habile Josip Knežević (8 buts, 9 passes décisives) à la construction et l’efficace David Vaněček (11 buts) à la finition, l’équipe basée à Felcsút – village dans lequel un certain Viktor Orbán a passé son enfance – disposait d’un potentiel offensif indéniable, qui lui a donc permis d’accrocher un strapontin européen. Une grande première pour cette structure, créée en 2005.

4. Mezőkövesd-Zsóry – 50 pts

D’un souffle, la Puskás Akadémia a ravi la troisième place à l’autre agréable surprise de cette saison, à savoir Mezőkövesd-Zsóry. Pas vraiment attendu à pareille fête, le MSE a pourtant passé la quasi-totalité de l’exercice 2019/2020 aux avant-postes, en grande partie grâce à la vista de Tamás Cseri et à la précision de Budu Zivzivadze face au but (8 réalisations). Les Jaunes ont cependant craqué à quelques encablures de la ligne d’arrivée, puisqu’il se sont d’abord inclinés en finale de la Coupe de Hongrie contre le Honvéd (2-1) puis se sont essoufflés lors des ultimes journées de championnat (une seule victoire sur les sept dernières rencontres). Une issue amère, donc, pour Attila Kuttor et sa troupe, qui pourront se consoler en repensant aux nombreuses prestations abouties réalisées devant leurs supporters.


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5. Budapest Honvéd – 44 pts

En soi, voir le Budapest Honvéd terminer dans le Top 5 de l’OTP Bank Liga n’a rien d’exceptionnel, ne serait-ce qu’en raison de son prestigieux passé et de ses légitimes ambitions européennes. Le début de saison a néanmoins fait craindre le pire aux fans de Kispest, dont les protégés ont concédé quatre revers lors des quatre premières journées. Bon gré mal gré, les Budapestois ont ensuite peu à peu remonté la pente, emmenés par un Davide Lanzafame auteur d’un come-back remarqué (11 buts). En plus d’avoir fait mieux que sauver les meubles, les Rouge et Noir ont remporté la Coupe de Hongrie pour la huitième fois de leur histoire. Nous les retrouverons par conséquent en tour préliminaire de C3 d’ici quelques semaines.

6. Újpest – 43 pts

Un classement final en milieu de tableau, une différence de buts nulle (45 buts marqués, autant d’encaissés) : voilà deux éléments qui symbolisent à merveille la saison d’Újpest, très moyenne selon certains, assurément médiocre pour d’autres. Pourtant dotés d’un fort potentiel, des joueurs tels que Soma Novothny, Donát Zsótér ou encore Márk Koszta ont eu bien du mal à répondre aux attentes placées en eux. Deux succès face à Zalaegerszeg (2-1) et Kaposvár (5-0) lors des deux dernières journées ont permis aux Lilák de s’éviter quelques sueurs froides. Et heureusement, car la zone rouge n’était pas si loin…

7. Zalaegerszeg – 43 pts

Est-il possible, pour un club promu en première division, de se sauver par le jeu ? Absolument, si l’on se fie à la performance réalisée par Zalaegerszeg. Relégable à la trêve hivernale, le ZTE ne s’est jamais départi de sa volonté d’aller de l’avant et s’est finalement sauvé grâce à un finish remarquable (14 points pris sur 18 possible entre fin mai et mi-juin).  Ce n’est en outre pas un hasard si András Radó (13 buts) et Gergely Bobál (11 buts) ont terminé au sommet du classement des buteurs. Le plus dur se profile désormais, puisqu’il faudra confirmer en 2020/2021.

8. Kisvárda – 41 pts

Pour son deuxième exercice de rang au plus haut niveau national, Kisvárda a donné l’impression de n’avoir que très peu de marge par rapport à ses concurrents dans la lutte pour le maintien. Et d’aucuns ont dû penser que le club du nord-est de la Hongrie s’était tiré une balle dans le pied fin mars en résiliant le contrat de son meilleur joueur, Gheorghe Grozav (7 buts, 5 passes décisives), coupable d’avoir filé en Roumanie sans autorisation préalable de ses dirigeants. Plus de peur que de mal au bout du compte, car les hommes d’Attila Révész ont grappillé les points qu’il leur manquait pour conserver leur place en NBI.

9. Diósgyőr – 41 pts

Habitué, année après année, à sauver sa peau au cours de la dernière journée, Diósgyőr s’est offert le luxe d’assurer son maintien plus tôt qu’à l’accoutumée. Trop heureux de s’éviter un baisser de rideau angoissant, le DVTK s’est complètement relâché, terminant l’exercice avec cinq défaites d’affilée dont quatre face à des adversaires de bas de tableau. La copie rendue par Tamás Kiss et ses coéquipiers s’en retrouve inévitablement ternie.

10. Paks – 41 pts

Cette fois, le couperet est passé tout près pour Paks. Composée exclusivement de joueurs hongrois, l’Atomcsapat s’est maintenue sur le fil du rasoir, en ne perdant pas sur la pelouse de son concurrent direct Debrecen lors de l’ultime journée (1-1). Les semaines précédentes, Norbert Könyves (11 buts), Dániel Böde et leurs partenaires avaient montré de belles capacités de réaction contre Ferencváros (2-2, 0-2 à la 90e) et à Zalaegerszeg (3-3, 3-1 à la 78e). Plus que la qualité technique déployée sur le terrain, ce sont donc les ressources mentales qui ont tiré le PFC d’un bien mauvais pas.

11. Debrecen – 39 pts

Engranger 39 unités en 33 journées est, en règle générale, suffisant pour espérer se maintenir. Cela n’a pas été le cas cette saison, au grand dam de Debrecen. Troisième de l’édition 2018/2019 et engagé sur la scène continentale l’été dernier, le DVSC était alors sans doute bien loin de penser qu’il vivrait une telle déconvenue. Mais force est de constater que les Loki, huitièmes à la trêve, n’ont jamais réussi à s’éloigner des eaux dangereuses. Et ils ont fini par y plonger, malgré les changements d’entraîneur (András Herczeg, Zoltán Vitelki et Elemér Kondás se sont succédé en vain) et le rendement intéressant des recrues nigérianes Tunde Adeniji et Haruna Garba (16 buts à eux deux). Sortis de la Coupe de Hongrie par Dorogi, club de D2 (1-1, 5-4 T.A.B.), Dániel Tőzsér et consorts n’ont surtout réussi à prendre qu’un seul point en trois rencontres face à la lanterne rouge Kaposvár. Après 27 saisons consécutives en NBI, c’est ainsi à l’étage inférieur que Debrecen évoluera en 2020/2021.

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12. Kaposvár – 14 pts

Ferencváros n’est pas la seule formation à avoir battu un record de points. A l’autre bout du classement, Kaposvár est également entré dans les annales en terminant la saison avec, en tout et pour tout, 14 petites unités au compteur, soit le plus faible total jamais enregistré depuis le passage à douze clubs. A la ramasse du début à la fin, le promu s’est fait corriger à maintes reprises (80 buts encaissés et 27 défaites en 33 matchs !) et a logiquement terminé avec le bonnet d’âne vissé sur le crâne. On notera enfin que le MTK Budapest et Budafok, respectivement premier et deuxième de Merkantil Bank Liga au moment de l’interruption – définitive concernant cette division – de la saison, évolueront dans l’élite la saison prochaine.

L’équipe-type de la saison 2019-2020

Raphaël Brosse

Image à la Une : © Raphaël Brosse

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