Temps de lecture 18 minutesSaison 2017/2018 : Un an de football en Ukraine

Onze, comme le nombre de titres qu’affiche désormais le Shakhtar Donetsk. Contrairement à la saison passée, le titre s’est joué à la toute fin de l’exercice pour deux points à la faveur de Donetsk. Et pourtant, la décision finale ne s’est pas jouée uniquement sur le rectangle vert, mais aussi dans les tribunaux. Retour sur la saison 2017/2018 du championnat d’Ukraine, marquée par une affaire d’ego qui finit par coûter le titre au Dynamo Kiev.

Pour la seconde année consécutive, le Shakhtar damne le pion au Dynamo Kiev, avec il est vrai un peu moins d’aisance que l’année passée. Le début de championnat commence par une défaite lors de la journée numéro deux face à ce même Dynamo. Le stade du Metalist 1925 (Ex Metalist Kharkiv) ne porte pas chance aux hommes de Paulo Fonseca qui voient la défaite se profiler après qu’une superbe tête du Congolais Dieumerci Mbokani finisse au fond des filets. De chasseur, le Shakhtar passe à chassé après la défaite sur tapis vert du Dynamo face à Mariupol lors de la septième manche. Le mois de septembre, arrive et amène avec lui une tempête qui va secouer le club. Son emblématique capitaine, Darijo Srna échoue lors d’un teste anti dopage et voit sa saison terminée suite à une suspension prononcée de près d’un an. Même si Bogdan Butko fera le job par la suite, le choc est rude pour le Shakhtar qui voit le joueur le plus capé de son histoire (plus de 500 matchs), disparaître du paysage. L’annonce de sa suspension faite, Donetsk maintient le cap jusqu’à la trêve malgré deux défaites (Oleksandriya et Lugansk) et termine sa saison régulière avec un petit matelas de six points d’avance sur Kiev.

Puis vient une nouvelle défaite face au Dynamo, à nouveau un à zéro, à nouveau à domicile, cette fois sur une boulette défensive. L’écart fond au classement tandis que son rival se démène devant les tribunaux pour récupérer ses trois points perdus par forfait en début de saison. Mais le Shakhtar a de la ressource, son élimination en huitièmes de finale de C1 face à la Roma n’affecte nullement le club qui affiche même des statistiques stratosphériques depuis la reprise en février. Trente buts marqués en treize rencontres contre six encaissés. Neuf cleansheet sur la même période avec des raclées infligées à tour de bras. Deux fois cinq à zéro ainsi que quatre fois trois à zéro. La témérité paye pour Donetsk qui voit le Dynamo se saborder en fin de saison en laissant échapper de gros points face au promu Mariupol. C’est donc serein qu’arrive le Shakhtar à Kiev pour la dernière journée, assuré d’un onzième titre avec cinq longueurs d’avance. Se profile néanmoins une dernière défaite face au grand rival, sans conséquence si ce n’est pour l’ego, car le champion en titre n’aura donc pas battu son dauphin en championnat cette saison. Le tir est quelque peu corrigé dans les jours qui viennent avec une victoire sur Kiev en finale de Coupe d’Ukraine.

Malgré l’énorme boulette du Dynamo qui a refusé de jouer à Mariupol en début de saison et donc perdu bêtement trois points (explications dans le paragraphe suivant), le Shakhtar n’a en aucun cas démérité cette saison. Paulo Fonseca continue de manœuvrer sa barque avec brio et s’est même vu récompensé avec une prolongation de contrat de deux ans. Meilleure attaque (Facundo Ferreyra et Marlos terminent premier et second du classement des buteurs) et meilleure défense d’UPL, le Shakhtar reste redoutable à tout point de vue et se place déjà en favoris la saison prochaine.

Nouvel échec pour le Dynamo qui échoue à la seconde place derrière un Shakhtar qui est pourtant longtemps resté à portée de tir. Sous la coupe de son nouveau coach Aliaksandr Khatskevich, le Dynamo voit s’envoler la C1 après une défaite cruelle en barrages à Berne face aux Young Boys, mais aussi son ailier vedette Andriy Yarmolenko. La star de l’équipe qui coupe enfin le cordon pour rejoindre Dortmund. L’entame de championnat se passe comme sur des roulettes avec cinq victoires en six matchs, dont une à Kharkiv face au Shakhtar grâce au but du Congolais Mbokani, puis vient « l’affaire ». Fin août le Dynamo doit céder sa place de leader au Shakhtar après un match perdu trois à zéro sur tapis vert face à Mariupol. La situation est des plus cocasses pour la télé ukrainienne qui diffuse le match. À l’heure du coup d’envoi au stade de Mariupol, seuls les locaux sortent du tunnel, en survêtement comme pour s’échauffer. Le direct est maintenu et le réalisateur en profite pour insérer à l’antenne une note explicative du règlement. À savoir que les joueurs du Dynamo ont trente minutes (après l’heure initiale) pour faire leur entrée sur la pelouse et disputer la rencontre. Dans le cas contraire, le FK Mariupol sera déclaré vainqueur par forfait. Aucun joueur ni membre du staff du Dynamo ne fait son apparition, le président du club Igor Surkis ne bluffait donc pas lorsqu’il déclarait que son équipe ne se rendrait pas à Mariupol. La raison de cette mascarade, une note des services de sécurité ukrainiens qui indiquaient la possibilité d’une attaque terroriste. Somme toute plausible puisque Mariupol ne se situe qu’à une trentaine de kilomètres de la zone de conflit. Il y a trois ans, la ville avait d’ailleurs reçu des tirs d’artillerie, faisant plusieurs morts. La rencontre non jouée fait suite à de nombreuses engueulades entre les services de sécurité ainsi que les deux clubs. La délocalisation du match demandée par Kiev ayant été refusée par les autres parties, le club a tout simplement décidé de boycotter la rencontre. Une décision qui pèsera très lourd sur la suite championnat.

Le mois d’octobre est catastrophique pour le Dynamo qui enchaîne cinq matchs sans victoires dont une défaite contre le Chornomorets alors avant-dernier. L’objectif étant maintenant de maintenir le Shakhtar à portée de tir pour les playoffs. En parallèle, Kiev termine premier de sa poule en Europa League avec quatre victoires en six matchs et sort l’AEK Athènes au tour suivant avant de tomber face à la Lazio.

Les playoffs du championnat ressemble presque à une ballade pour le Dynamo qui remporte neuf de ses dix matchs, mais trébuche à domicile face à Mariupol, laissant filer le titre à Donetsk. Pourtant, le Shakhtar est battu à nouveau par deux fois dans cette seconde partie de saison. Chez lui le 14 avril (0-1) puis à Kiev lors de la dernière journée (2-1). Le bilan des confrontations entre ces deux équipes en championnat présente trois victoires pour Kiev, aucune pour Donetsk et un match nul. L’écart final est de deux points. Igor Surkis peut dès lors se mordre les doigts d’avoir laissé filer trois points à Mariupol dans ce match non joué. Car, la ligue ukrainienne avait entériné la défaite sur tapis vert en novembre avant que le Tribunal Arbitral du Sport, saisi par le Dynamo, n’en fasse de même fin février. Une décision du club regrettable quand l’on sait que le Dynamo a fini par se rendre à Mariupol durant les playoffs.

Malgré un petit passage à vide en octobre, le Dynamo a fait son boulot durant cette saison 2017/2018 avec l’avènement de jeunes joueurs très prometteurs comme le milieu de 19 ans Mykola Shaparenko, le latéral Vitaly Mykolenko (19 ans) et l’attaquant Nasariy Rusyn (19 ans). Sur son aile droite, Viktor Tsygankov a parfaitement joué son rôle, prenant le brassard de capitaine et faisant quasiment oublier Andriy Yarmolenko avec ses 13 buts et 9 passes décisives. La relève est là à Kiev, reste à tout mettre en ordre pour la saison à venir.


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Belle et juste récompense que cette troisième place pour le Vorskla qui n’a cessé de progresser depuis la saison dernière. Malgré une défaite en ouverture face au Shakhtar, Poltava lance immédiatement sa saison avec cinq victoires sur les six rencontres suivantes et s’installe déjà à la troisième place. La qualité de jeu et le talent dont dispose cet effectif sonnent comme un message très clair, nous sommes la troisième force du plateau. En revanche, la lutte pour le titre n’est pas encore d’actualité pour le Vorskla qui est toujours ramené à la réalité par les intraitables Shakhtar et Dynamo qui prennent tout deux des points face à leur poursuivant. Malgré une frayeur en fin de saison régulière avec une défaite trois à zéro sur le terrain de Lugansk, le Vorskla assure sa troisième place et valide son ticket sans encombre dans le groupe européen.

Cette formation séduisante s’appuie sur une colonne vertébrale solide, composée à la base par une paire de gardiens talentueux. Bogdan Shust et Oleksandr Tkachenko font le job tour à tour lorsque l’un ou l’autre est blessé. En défense c’est le polyvalent Mykola Matvienko qui s’est montré très à son avantage sur la première moitié de saison. Un peu trop d’ailleurs puisque le Shakhtar décide à l’hiver de le rappeler de prêt. Au milieu, Pavlo Rebenok (meilleur passeur du club) et Vyachelsav Sharpar orchestrent le tout tandis que Yuri Kolomoets empile les buts. De belles prestations et neuf réalisations en championnat qui n’ont pas échappées au sélectionneur Andriy Shevchenko qui n’a pas hésité à l’appeler en sélection. Une belle récompense à 27 ans après un passage raté à l’étranger.

La seconde partie de saison confirme la tendance pour Poltava qui maintient la meute à bonne distance derrière sans pourtant réussir à prendre des points face aux deux premiers. Les quatre défaites en playoffs sont contre le Shakhtar et le Dynamo qui restent sur un rythme effréné. Derrière, le Zarya s’incline par deux fois et dit adieu à la troisième place synonyme de qualification directe pour la C3. Un ticket pour la Coupe d’Europe qui revient donc de bon droit à cette équipe de Poltava qui aura fort à faire pour mener à bien une campagne européenne en plus de défendre sa place de « meilleurs des autres » derrière Kiev et Donetsk.

Incapable de maîtriser sa saison de bout en bout, le Zarya paye son irrégularité en « échouant » à la quatrième place. Le début de saison n’est clairement pas à la hauteur des ambitions et Lugansk s’émiette durant l’été. Fin août, le club navigue entre la huitième et la dixième place. Le moral remonte en septembre après une victoire en poule de Ligue Europa face à l’Athletic Bilbao, avant d’enchaîner avec un 4-4 de folie face au Dynamo Kiev puis une nouvelle victoire européenne face au Herta Berlin. La machine se relance peu à peu, mais stagne à la septième place au classement, en cause ses matchs nuls intempestifs qui freinent sa remontée. On craint alors le pire à Lugansk avec une envisageable non-qualification dans le premier groupe du championnat. La situation se débloque finalement à la mi-décembre, et de fort belle manière puisque le Zarya prend ses quartiers d’hiver avec en poche une victoire sur le leader, le Shakhtar Donetsk. Avec en prime, l’obtention de cette sixième place, le minimum pour une équipe de ce calibre. Le retour de la trêve est très bien négocié avec deux nouvelles victoires de suites qui propulsent le Zarya à la quatrième place.

La mission « troisième place » en playoffs échoue lamentablement avec deux revers face au troisième, le Vorskla Poltava. Pas touche au podium, Poltava est bien la troisième force du plateau cette saison. Ne reste plus qu’à maintenir derrière sois les deux promus. Ce sera chose faite avec deux victoires sur le Veres et une sur Mariupol. Les positions resteront donc figées, de quoi faire regretter à cette formation de Lugansk ses ratés du début de saison. Difficile en effet de concilier plusieurs compétitions, dont une coupe d’Europe, sans avoir une certaine profondeur d’effectif. Malgré beaucoup de reproches reçus, cette équipe a une nouvelle fois fait preuve de talent, à beaucoup de niveaux. L’attaquant brésilien Iury a bien mérité sa place dans l’équipe type du championnat avec onze réalisations. Artem Gromov s’est lui aussi illustré avec dix passes décisives, faisant de lui le meilleur passeur du championnat devant Marlos (Shakhtar). À noter aussi les perfs intéressantes d’Oleksandr Andrievskiy (prêté par le Dynamo) au milieu et du latéral droit Yevgen Opanasenko. Pour finir, que dire de la saison lunaire d’Andriy Lunin (18 ans) au poste de gardien, qui s’est vu récompensé de la plus belle des manières avec un transfert au Real Madrid pour 8,5 millions d’euros. Le Zarya se devra d’être solide du début à la fin de l’exercice 2018/2019 s’il veut retrouver sa troisième place.

Le champion de D2 en titre, ex Illichivets, s’en ai plutôt bien sorti pour son retour dans l’élite. Mariupol ne se pose aucune question en début de saison et déroule son jeu avec une étonnante efficacité. Des gros points sont pris durant l’été ainsi qu’au mois de septembre, avec en bonus deux belles victoires par trois à zéro face au Karpaty et au Chornomorets. Des prestations intéressantes et une victoire sur tapis vert face au Dynamo et voilà Mariupol à la troisième place du classement fin septembre. La saison presque rêvée du promu s’écaille pourtant à l’hiver avec une série de défaites face aux concurrents directs dans la course à l’Europe. Mariupol est défait par le Vorskla, par Oleksandriya et par le Zarya. En revanche, aucune concession n’est faite aux clubs de deuxième partie de tableau qui sont maintenus à bonne distance jusqu’à la fin de la saison régulière. C’est donc à la sixième place que Mariupol termine début mars, suffisant pour être versé dans le groupe européen.

La seconde partie de saison reste plus délicate avec un effectif peu étoffé et une campagne à mener en parallèle en Coupe d’Ukraine. En effet Mariupol ira jusqu’aux demi-finales, perdues face au Shakhtar Donetsk. Une seule victoire est à mettre au crédit du promu en playoffs, celle obtenue à domicile face à l’autre promu, le Veres. Une victoire importante qui permet au club de conforter son petit matelas d’avance sur le sixième et de s’assurer d’une place en tour préliminaire de la Coupe d’Europe. Une saison réussie pour Mariupol avec une qualification dans le premier groupe et au bout une place européenne ainsi qu’une très honorable campagne en Coupe, aux portes de la finale. Quelques renforts bien ciblés et de nouveaux prêts judicieux seront nécessaires à cette formation de Mariupol pour maintenir son niveau de compétitivité pour la saison à venir.

Promu chanceux la saison passée, repêchée de la troisième place à cause de la non-qualification du Desna Chernigiv, le Veres ne sera resté que trois journées dans la seconde partie du tableau avant de s’installer avec les grands pour ne plus en bouger. Le recrutement plutôt astucieux du promu, Vasyl Kobin (Shakhtar), Valery Fedorchuk (Dynamo), Mykhaylo Sergiychuk (Olimpik), Oleksandr Bandura (Stal) et Volodymyr Adamyuk (Dnipro) lui permettent de tenir tête à ses acolytes tout en jouant le rôle d’épouvantail. Une belle victoire face à Poltava, un gros carton (6-1) à Lviv et pour finir le scalp du Dynamo Kiev (3-1) en fin de saison régulière. En revanche, le Veres voit ses limites atteintes en playoffs avec aucune victoire en dix rencontres et une logique, mais honorable sixième place, en plus d’un quart de finale de Coupe.

Si vous êtes fan du Veres, ne vous étonnez pas en revanche de ne plus voir ce nom dès la saison 2018/2019 figurée dans le tableau de l’UPL. En Juin dernier, les dirigeants du club qui venaient de délocaliser définitivement leurs activités dans la ville voisine de Lviv annoncent la fusion immédiate avec le club de troisième division du FC Lviv, 5e à l’issue de l’exercice 2017/2018 et donc non promu. En revanche, la fusion s’accompagne du changement de nom du club pour adopter celui de FC Lviv. L’UEFA valide finalement la manœuvre et octroi au club son certificat pour sa participation en D1 ukrainienne. De quoi faire grincer quelques dents au pays. La ville de l’Ouest ukrainien alignera bien deux clubs en 2018. Le Veres n’est plus.

Saison décevante pour le FK Oleksandriya qui n’a pu atteindre ses deux objectifs, jouer la Coupe d’Europe et se hisser une seconde saison de suite dans le premier groupe du championnat. Après un succès encourageant en tour préliminaire face à l’Astra Giurgiu, Oleksandriya tombe au tour suivant contre le BATE Borisov. Coup dur pour le petit poucet ukrainien qui voit sa saison grandement impactée par cette non-participation à la C3. Les huit premiers matchs de la saison se soldent par aucune victoire et engluent le club dans le bas du classement. Les performances, notamment offensives sont loin de la saison passée et déçoivent de plus en plus à mesure qu’Oleksandriya voit les promus Mariupol et Rivne assurer leurs places dans le premier groupe. Une éclaircie tout de même est à signaler avec une victoire retentissante à Kharkiv face au leader le Shakhtar Donetsk à la mi-novembre. Sans espoir d’égaler la prestation intéressante de l’an dernier (5e), Oleksandriya déroule pourtant en seconde partie de saison en terminant invaincue en playoffs avec six victoires et quatre nuls, de quoi assurer la 7e place et remporter le trophée d’honneur du meilleur du second groupe.

Lassés de jouer le maintien aux commandes d’un club historique, les dirigeants du Karpaty ont fait les choses en grand l’été dernier en enregistrant pas moins de seize arrivées. Sergiy Myakushko venu de Kiev, Artem Fedetsky revenu d’Allemagne, Sebastian Ribas passé par Strasbourg, Dijon et Monaco, Francisco Di Franco arrivée de Boca Junior, Jorge Carrascal prêté par Séville, les retours d’Oleksandr Gladkiy et de Maryan Shved ainsi que l’arrivée de l’Argentin Fernando Tissone. Le Karpaty aux accents sud-américains. Un tout nouveau projet pour le club de l’ouest ukrainien qui tarde pourtant à se concrétiser. Deux petites victoires seulement sont à mettre au crédit du Karpaty à l’issue de la première moitié de saison, terminée à la douzième et dernière place avec en prime deux magistrales volées reçues face au Dynamo Kiev (5-0) et face au promu Veres Rivne (1-6). Des déroutes qui entraînent d’ailleurs deux changements d’entraîneurs, exit l’espagnol Sergio Navarro, remplacé par Serhiy Zaytsev, lui-même remplacé par Oleg Boychyshyn. De quoi entrevoir une nouvelle fin de saison galère, au bord du précipice, loin du top 3 annoncé en début de saison.

Et pourtant, les verts se réveillent durant les playoffs et assurent leur maintien. Au cœur de la réussite tant attendu de cette équipe, un homme, le colombien Jorge Carrascal qui a ébloui de ses talents la seconde partie de saison. Allier polyvalent, Carrascal se révèle durant les playoffs pour s’imposer comme le meilleur marqueur du Karpaty. Le bilan est nettement plus positif dans cette seconde partie de saison avec cinq victoires, trois nuls et deux défaites en dix rencontres. Un temps convoité par le Shakhtar et le Dynamo, Jorge Carrascal jouera finalement bien au Karpaty la saison prochaine après un accord avec le FC Séville sur la vente définitive de l’Argentin. La régularité devra être le maître mot de Lviv la saison à venir pour enfin retrouver le haut du tableau, cette équipe en est capable.

Les promesses entrevues en début de saison n’ont pas été tenues dès l’hiver passé. Un fois la déception de l’élimination en tour préliminaire de Ligue Europa face au PAOK passée, le parcours de l’Olimpik en championnat a décrit une courbe sinusoïdale. Des gros points en début de saison avant de connaître un trou d’air en septembre (cinq matchs de suite sans victoire), Donetsk relance la machine, prend des points importants et séduit sur le terrain grâce à sa colonne vertébrale solide. Seul problème pour le club, ses meilleurs éléments se voient tous accorder des bons de sortis à l’hiver. La charnière centrale n’est plus avec les départs d’Anton Kravchenko à Karabükspor et d’Artem Shabanov au Dynamo Kiev. Le prolifique milieu de terrain Andriy Bogdanov file à l’Arka Gdynia en Pologne. Même topo pour l’attaque avec le départ du marocain Moha au Slovan Bratislava, alors meilleur buteur du club au moment de la trêve. Des lignes décimées et des départs non palliés, la fin de la saison régulière est chaotique avec une victoire et six défaites sur les sept derniers matchs. Résultats des courses l’Olimpik sombre dans la seconde partie du tableau et se voit privé de course à l’Europe.

La seconde partie de saison n’est guère plus fringante, mais permet pourtant à Donetsk de se maintenir avec un maigre bilan de deux petites victoires sur dix matchs de playoffs. L’Olimpik devra sortir de son chapeau quelques nouveaux talents en 2018/2019 afin de retrouver la première moitié de tableau.

On pensait le Zirka capable d’enfin franchir le pas pour basculer dans le premier groupe, il n’en est finalement rien puisque c’est même la relégation que s’apprête à connaître le club après une difficile saison et une humiliation défaite en barrages pour le maintien. Le recrutement est plutôt osé en début et en cours de saison avec les arrivées d’Anton Bratkov (ex-Dynamo) ainsi qu’une colonie de Français. Adel Gafaiti, Arnaud Guedj, Cécé Franck Pépé, Julian Rullier, Hicham El-Hamdaoui et Momar Bangoura rejoignent les rangs du Zirka. Quatre victoires seulement sur la première phase de championnat ne permettent pas à Kropyvnytsky de s’accrocher au wagon de tête. La mayonnaise ne prend pas et le Zirka rejoint la zone de relégation dès l’entame des playoffs pour ne plus jamais en sortir. Trois victoires, dont deux face à l’Olimpik Donetsk (9e) concurrent direct au maintien, trois nuls et quatre défaites scotchent le club à cette dixième place, celle du premier relégable. L’ultime espoir pour le Zirka à l’accent français réside alors dans les barrages pour le maintien face au Desna Chernigiv. Avantage au pensionnaire de la D2 avec un nul à l’aller à Kropyvnytsky. Mais le sursaut d’orgueil attendu au retour ne vient pas. Pire, le Zirka est corrigé quatre à zéro par le Desna. Fin des espoirs avec cette relégation plutôt logique. Parmi nos Français, seul l’ancien niçois Hicham El-Hamdaoui s’est quelque peu montré avec ses deux réalisations. À voir si les frenchies seront de l’aventure en seconde division en 2018/2019.

Grande est la déception de la part d’un club qui semblait, l’année passée, avoir réglé ses problèmes et mi derrière lui cette période difficile qui faisait suite à l’annexion de la Crimée et le déclenchement du conflit à l’est. Et pourtant, après avoir terminé dans le premier groupe lors de l’exercice précédent, le Chornomorets est passé à un cheveu du désastre, relégué puis sauvé grâce aux problèmes financiers de son successeur.

Défait six fois sur les sept premières rencontres, le Chornomorets se tire une balle dans le pied dès l’entame de saison avant de finalement réagir en octobre en se payant le Dynamo Kiev à domicile, effaçant quelque peu la correction cinq à zéro reçue face au Zarya Lugansk. Une série de cinq matchs sans défaite permet à Odessa de sortir la tête de l’eau, notamment grâce à son buteur Oleksiy Khoblenko, auteur de huit réalisations sur la première moitié de championnat. Des performances remarquées qui valent au Chornomorets de recevoir une offre du Lech Poznan aux alentours du million d’euros. Khoblenko s’envole donc pour la Pologne durant l’hiver. Même résultat pour son camarade Denys Vasin, le meilleur passeur de l’équipe, qui reste au pays, mais déménage à Poltava. La trêve hivernale n’est donc pas des plus reluisantes pour Odessa qui perd en quelques jours son meilleur buteur et son meilleur passeur.

Versé dans le second groupe en mars, le Chornomorets ne parvient pas à se défaire de la meute. Trois victoires seulement en dix rencontres maintiennent le Chornomorets à la onzième place sur douze, à sept longueurs de l’Olimpik Donetsk, premier non relégable. La situation n’est alors pas totalement désespérée puisque les odessites sont renvoyés en barrages pour y affronter le FC Poltava, second de la D2. Le match aller se solde par une victoire étriquée à domicile un à zéro qui ne rassure pourtant pas. Le retour se transforme en cauchemar pour Odessa qui voit deux de ses meilleurs joueurs (Lyulka et Tatarkov) quitter le terrain sur blessure avant l’ouverture du score de l’adversaire qui force la prolongation. Poltava enfoncer le clou (2-0) par la suite. Incapable de réagir, le club perd un défenseur à la suite d’un carton rouge avant de voir le troisième but arriver. L’arbitre libère les acteurs à la 120e et envois le Chornomorets en D2. Une descente à l’échelon inférieur, fruit d’un début de saison catastrophique, couplé à des performances en dents de scie, un mercato peu judicieux ainsi que des barrages totalement ratés. La panique gagne alors le club, déjà très juste au niveau financier, qui met son stade aux enchères dès la fin du championnat et se prépare à liquider tout ce qui a de la valeur. Et pourtant, coup de pouce du destin, le 21 juin les dirigeants du FC Poltava annoncent la dissolution du club qui n’a pas pu obtenir sa licence pour la Premier League (Explications en bas de l’article dans la rubrique D2). Le Chornomorets est repêché cinq jours après et sera donc de la partie malgré sa saison quasi calamiteuse.

Le manque cruel de moyens du Stal a fini par être fatal au club qui échoue à la dernière place du classement. Les promesses de la saison passée n’auront pas tenu. Dans l’incapacité de pallier les départs l’été dernier, le Stal doit se résoudre en début de saison à aligner un nombre inquiétant de jeunes joueurs promus de l’équipe U21. Avec 21,1 ans de moyenne d’âge, l’équipe de Kamianske est la plus jeune du championnat. Malgré six points pris lors des deux premiers matchs, la réalité rattrape le club qui enchaîne sept défaites de suite et doit attendre la mi-février avant de retrouver les joies de la victoire. Après une élimination en coupe face au FC Lviv pensionnaire de troisième division, Kamianske traîne sa carcasse en playoffs dans le groupe relégation. Le bilan de trois victoires, deux matchs nuls et cinq défaites lors des dix matchs finaux ne suffit donc pas au Stal pour se maintenir. Loin de là puisqu’il termine l’exercice 2017/2018 avec 26 points, soit dix de retard sur le premier non relégable. Une dernière place synonyme de relégation directe, sans passer par la case barrages. Clap de fin donc pour le Stal Kamianske qui aura passé en tout et pour tout trois saisons dans l’élite.

La Persha Liga

L’Arsenal Kiev (75 points) fait son retour dans l’élite cinq ans après sa banqueroute. La meilleure défense du championnat s’est adjugé la première place en seconde division, synonyme de promotion directe, sans passer par les barrages. La lutte fut intense jusqu’au bout pour le club de Kiev qui après avoir longtemps dominé au classement s’est vu doublé par Poltava avant de l’emporter dans le sprint final à la faveur de trois victoires de suite quand son adversaire direct était tenu en échec face au 5e Kovalivka.

Les deux barragistes, le FC Poltava (2e, 72 points) et le Desna Chernigiv (3e, 71 points), se sont parfaitement défaits de leurs homologues de première division lors des barrages d’accessions. La montée en D1 du Desna semble tout à fait logique, après une première accession ratée l’an dernier pour cause de licence non obtenue. En revanche, les choses sont bien plus compliquées pour le FC Poltava qui devait rejoindre à l’échelon supérieur son voisin du Vorskla. Devait, puisque début juin, le board du club a annoncé sa dissolution, la montée lui étant refusé pour cause d’infrastructures non conformes. Le président du club Leonid Sobolev s’en est expliqué dans la presse peu de temps après dénonçant les exigences démesurées de la ligue de football professionnelle. Pour valider son homologation, le Stade Lokomotiv devait se doter de nouvelles entrées avec tourniquets, d’un système de réchauffement de la pelouse ainsi que la refonte totale d’une des tribunes. Des travaux estimés à deux millions de dollars que le président était prêt à débourser, sur deux ans. Réponse négative de la ligue qui ne veut pas voir le stade terminé dans deux ans, mais durant l’été. Travaux impossibles dans l’état actuel des choses et du budget. Fin de l’histoire, le FC Poltava est recalé à l’entrée.

À noter parmi les déceptions, les performances de l’Obolon Kiev (14e), toujours incapable de se mêler à la lutte pour la montée, et du Volyn Lutsk (13e) relégué l’an passé et lui aussi englué dans le ventre mou de la Persha Liga.

© 1927.kiev.ua

Le XI de l’année

Rémy Garrel


Image à la une : ©

2 Comments

  1. sergio 30 juillet 2018 at 16 h 29 min

    Jorge Carrascal est Colombien, pas argentin.

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    1. Rémy Garrel 30 juillet 2018 at 20 h 30 min

      Nos excuses, c’est corrigé.

      Reply

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