A quelques heures du retour du championnat slovaque, nous revenons sur les points marquants et les équipes qui ont animé ces six premiers de football au pays de Robert Vittek. Si l’ancien buteur du LOSC est malheureusement très peu apparu sous le maillot du Slovan Bratislava cette saison, d’autres ont su apporter un souffle de renouveau dans un football où les surprises sont rares. De la réussite El Maestro à l’échec Trencin, retour sur six mois de football en Slovaquie.

El Maestro redonne espoir à Trnava

44 ans. 44 années que le Spartak Trnava, sa ville et ses supporters attendent désespérément un titre de champion national. Neuf points, neuf petits points d’avance sur ses premiers poursuivants, neuf petits points d’avance redonnant espoir à tout le peuple rouge et noir, neuf petits points sur lesquels il faudra batailler pour asseoir cette première place au classement.

Apportant une nouvelle organisation au sein du club, El Maestro, jeune entraîneur serbe arrivé cette année en terre slovaque, a sensiblement modifié le fonctionnement du club à travers, notamment, une utilisation poussée des analyses vidéos et de nombreuses descriptions tactiques afin de permettre à ses joueurs d’aborder au mieux et avec une riche palette tactique les matchs de championnat. Tant de nouveautés validées en action, sur le terrain, avec un bilan comptable remarqué et remarquable (quatorze victoires pour 19 journées). Seule ombre au tableau, les quatre défaites face à ses deux principaux concurrents, le Slovan Bratislava (1-0, 2-1) et Zilina (3-0, 3-1).

Malgré ce, Trnava reste quasi parfait, encore plus pour une première saison au sein de la ligue nationale slovaque. Il faut dire que, dès le début de son aventure, El Maestro n’a pas laissé le doute planer très longtemps, affichant une réelle ambition, longtemps perdue dans ce fief historique du football slovaque. Le tout emballé dans une réelle volonté de jeu et de spectacle, porté par des joueurs comme l’Autrichien Marvin Egho, la belle surprise géorgienne Vakhtang Tchanturishvili au poste d’ailier ou encore les piliers défensifs Boris Godál, Martin Tóth ou encore Lukáš Greššák. Trois vieux briscards venant souligner cette belle homogénéité au sein du groupe, entre jeunesse offensive et expérience défensive.

Six clubs, deux places

En Slovaquie, certaines choses ne changent pas. Stades vides, tensions entre ultras, clubs et fédération, problèmes extra-sportifs et aussi longues soirées d’hiver à se réchauffer à la Borovička, Halušky du week-end offert par le bien nommé Slovak Pub de la capitale. Les exemples sont nombreux et multiples. L’un d’eux se trouve également au sein même du championnat, à savoir sa capacité à garder un suspens entier durant de long mois et former des groupes plus ou moins réduits de concurrents à la fois pour l’Europe et pour le maintien. Avant d’aborder le second cité, revenons tout d’abord sur les concurrents du Spartak Trnava pour cette place de leader du championnat, mais aussi pour les deux autres places qualificatives pour une Coupe d’Europe.

Premier club de cette liste, champion en titre, le MSK Zilina. Auteurs d’un début de saison poussif avec une succession de défaites face à des clubs pourtant inférieurs sur le papier, les hommes de Guľa ont mis un long moment pour se reconstruire après les départs de Vavro, Mabouka et Hlohovsky. Le club a peu à peu su s’appuyer sur une nouvelle génération de jeunes joueurs slovaques emmenés par son buteur maison : Samuel Mráz, 20 ans et déjà neuf buts en 19 matchs. De même, le club peut une nouvelle fois s’appuyer sur sa colonne vertébrale Volešák – Díaz – Káčer. Si le départ du jeune et talentueux Nikolas Spalek risque de jouer, Zilina dispose malgré tout d’un fort vivier de jeunes joueurs. Si certains ont déçu, à la manière de Cociuc, Chvátal, Otubanjo ou Janosik, d’autres comme Bichakhchyan, Michlík ou Gerebenits sont voués à intégrer progressivement la rotation de l’équipe première. Une équipe qui, malgré les changements, reste portée par des idéaux et une envie de jeu forte. Là est la véritable force de Guľa et du MSK Zilina.

Zilina compte 34 points au compteur, tout comme le Slovan Bratislava. Mais la conjoncture, elle, est bien différente.

Voilà bientôt dix ans que j’ai la chance d’écrire sur le football slovaque et le Slovan Bratislava. Dix ans où, finalement, les problèmes ne changent pas. Dix ans où les répétitions deviennent lassantes. Dix ans où l’attente se fait de plus en plus pesante. Car si le club de la capitale a durant ces dix dernières années obtenu de nombreux titres nationaux, il n’empêche que le club, stagne dangereusement depuis quelques années. Avec une constante : les échecs successifs dans les mercatos et les changements de coachs incessants.

Alors que le club débutait assez bien sa saison sous la houlette du Serbe Vukomanović, le Slovan Bratislava n’a pas résisté à la tentation et, après quelques échecs consécutifs, a fait peau neuve sur son banc avec la venue de Martin Sevela, jeune bâtisseur des derniers succès de Trencin. Exit aussi Seydouba Soumah, meilleur joueur du club la saison passée et transféré en Serbie, au Partizan Belgrade, pour un transfert record de quasi-deux millions d’euros. Exit également pour Mucha, De Marco, Kona ou encore Priskin. Tant de joueurs remplacés  par des Ibrahim Rabiu, David Holman, Diamantis Chouchoumis, Jakub Mares, Filip Holosko ou encore Vasil Bozhikov. Si certains noms vous semblent familiers, c’est bien normal, le Slovan Bratislava veut redorer peu à peu son blason et retrouver dans ses rangs quelques anciens ou actuels internationaux. Malheureusement, comme souvent, la plupart ont déçu.

Si la défense a excellé, avec en premier lieu le capitaine du club, le Serbe Sekulic, l’attaque, elle, a été portée par deux hommes : Jakub Mares et Filip Holosko. Si le premier s’est révélé constant dans ses performances, le second, lui, passé l’automne, a malheureusement fait déchanter ses fans et laissait entrevoir un visage peu séduisant. Saluons également les performances du duo Holman – Rabiu, deux hommes transférés qui ont su apporter un véritable plus au club, là où, longtemps, le manque était présent. Malheureusement, les déceptions sont plus nombreuses que les réussites. Bozhikov, Chouchoumis, Droppa, Cavric, Schet, Kubik, tant de noms, tant d’échecs et déceptions.

© Slovan Bratislava / Facebook

Et si ce n’en était pas assez, voilà que le club a une nouvelle fois décidé d’être sûr-actif sur le marché des transferts cet hiver afin de parer aux nombreux échecs du précédent exercice. Un mercato ambitieux, coûteux avec des noms comme Kenan Bajric, du NK Olimpika, transféré pour 600 000€ ou encore Andraz Sporar, grand talent gâché par les blessures, transféré en provenance du FC Bâle, là aussi pour 600 000€, ou encore les Espagnols Nono (Diósgyőr) et Moha (Olimpik Donetsk).

Avec 32 points, le DAC Dunajska Streda continue de progresser en devenant l’une des valeurs sûres du championnat slovaque. Premièrement, le club a su faire venir Marco Rossi, champion l’année dernière en Hongrie, avec Honved, et technicien italien expérimenté, reconnu, apportant une véritable plus-value pour le DAC.  Malheureusement, le club n’a pas connu que des réussites. En effet, si l’assise défensive de l’équipe offre un superbe spectacle, fort, sérieux et solide, emmené par une paire de stoppeurs Huk – Šatka et le capitaine et véritable leader Marin Ljubičič, si le club a réalisé le meilleur coût du mercato avec la venue du jeune talent hongrois Zsolt Kalmár, si le club possède également un jeune talent croate en attaque en la personne de Marko Divković ; le DAC a aussi déçu offensivement. Là est le véritable problème du club, mais si ces derniers arrivent enfin à le résoudre, il se pourrait bien que le club de la communauté hongroise de Slovaquie vienne jouer les troubles fêtes en haut du tableau.

À une petite longueur se trouve Ruzomberok. Club phare de l’été en Slovaquie avec un beau parcours européen emmenant le club jusqu’à Liverpool pour y affronter Everton. Si le club a la chance d’avoir Hrnčar au poste d’entraîneur, valeur sûre du football slovaque, Ruzomberok a néanmoins accusé le coup et fait face à une instabilité dans ses résultats avec de nombreux points perdus, chez lui, à domicile. Même si Ruzomberok n’a pas la chance de disposer de l’effectif le plus étoffé du pays, il n’empêche que le club a su se construire une base solide et performante composée de joueurs comme l’ailier droit Erik Daniel, la paire défensive Maslo – Kružliak, sans oublier Peter Maslo, Matej Kchan ou encore le milieu albanais Kristi Qose. Dire que Ruzomberok ne réalise pas une bonne saison est faux, le club a d’ailleurs connu une année 2017 splendide, avec une troisième place l’année dernière, un beau parcours européen, des progrès en coupe et surtout la construction d’une belle équipe et d’un jeu agréable à voir jouer. Hrnčar doit composer avec les faiblesses des siens mais le technicien slovaque sait y faire et permet encore au club de croire à un avenir radieux.

© FC Nitra / Facebook

Pour finir, revenons rapidement sur les deux derniers prétendants européens de ce club des 6 : Trencin et Nitra. À la surprise générale, le premier cité est loin des espérances placées en lui. Si, comme souvent, le club a connu un mercato agité avec une grande refonte de son effectif, voilà que Trencin a payé ce peu de stabilité avec un début de saison chaotique. Revenant progressivement dans la course européenne grâce notamment à de belles performances de Ricky Van Haaren, Rangelo Janga ou encore Desley Ubbink et El Mahdioui, le club a surtout connu des erreurs de casting et de longs moments de flottement. Aujourd’hui, Trencin connait une saison de transition, et si l’AS a un énorme potentiel, il doit encore travailler sur la stabilité de ses performances et améliorer son travail défensif afin, d’enfin, tenir un score. Enfin, Nitra, de retour en première division slovaque après les déboires financiers de Kosice, a réalisé un début de saison canon avant de, progressivement, retourner vers une belle septième place inattendue. Il faut dire que, malgré son statut de promu, Nitra a réussi à construire une équipe intéressante, très expérimentée, avec des joueurs comme Tomas Kona, Lukáš Hroššo ou encore Milos Šimončič qui se sont tous imposés comme des leaders sur et en dehors du terrain du fait de multiples expériences passées à un niveau plus ou moins élevé. De même, bien que le club ne dispose que d’un groupe réduit de 19 joueurs seulement, il peut tout de même compter sur la présence de jeunes joueurs talentueux se faisant une place dans le XI. Citons par exemple des joueurs comme le défenseur Križan, le milieu Fábry ou encore le seul attaquant intéressant de l’équipe, Balaj, tous trois âgés de 20 ans seulement. Dans cette même idée, saluons également le recrutement hivernal de Vestenický, sous forme d’un prêt en provenance de Cracovia pour ce jeune espoir à la déroute depuis quelques saisons et son départ de l’AS Roma.

Mais surtout, Nitra peut compte sur son entraîneur Ivan Galad, ancien de la maison entre 2003 et 2007, mais aussi ancien sélectionneur chez les U21. Un homme reconnu dans le monde du football slovaque qui a su donner une identité de jeu assez forte, basée essentiellement sur une tactique défensive stricte, où, malheureusement pour le spectacle, les buts et les prestations offensives de ses joueurs pêchent un peu, en témoigne cette statistique : sur les onze derniers matchs du club, ce dernier n’a remporté que huit points, avec une seule victoire au compteur, face au Tatran Prešov. Pas de quoi faire vibrer les foules dans une ville conquise par le hockey sur glace.

Podbrezová, après l’Europe, la décadence

Il est loin le temps de l’espérance, le temps des rêves européens et du podium. Tout cela, Podbrezová y a goûté. Une fois. La saison dernière. Et puis, voilà que la réalité revient au galop, brisant tout espoir de voir le club perdurer dans ces premières places. Avec seulement quatre petites victoires au compteur obtenu, il faut dire que le club connait une saison difficile. La vision collective, dans laquelle la plupart des cadres de l’effectif ont acquiescé bien volontiers, l’année dernière, quand tout allait bien, est mise à mal. Cette année, les mêmes cadres ne répondent plus présents ou ont quitté l’équipe, à l’image de l’Argentin Podio (Zlin, République Tchèque) ou du Slovaque Matej Kochan (Ruzomberok) tandis que ceux restants, comme Kuciak, Viazanko, Turňa, Kostelný, Mikuš et Djordjevič n’ont jamais vraiment su redresser la barre et prendre les commandes d’un navire à la dérive après la déception européenne de la fin de saison dernière.

© FK Železiarne Podbrezová / Facebook

Là est la réalité de cet effectif. Avec la perte de joueurs-cadres supérieurs au niveau général de l’équipe, la blessure de Michal Breznanik et la perte de vitesse de ses joueurs restants, Podbrezová a dû revoir certains objectifs à la baisse et garder en ligne de mire le maintien. Un maintien loin d’être joué, puisque seulement trois séparent le club, dixième au classement, de Senica, douzième et bon dernier.

Pierre Vuillemot


Image à la une : © FC Spartak Trnava / Facebook

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