C’est la reprise en République Tchèque. Faisons un point après cette trêve et cette première partie de saison qui a vu le Viktoria Plzen prendre une avance confortable (14 points!)  sur un groupe de poursuivants qui bataille ferme pour la seconde place qualificative pour la C1 mais n’a pas dit son dernier mot pour le titre. Retour en sept points sur les six premiers mois de cette belle 1. Liga.

Point 1 : Un recrutement XXL

Depuis maintenant deux saisons, le championnat tchèque est animé par la fièvre acheteuse de ses deux grands clubs de la capitale, à savoir le Slavia et le Sparta. Sous l’emprise de l’actionnariat chinois, le Slavia a su redorer son blason, retrouvant un titre de champion la saison dernière et, surtout, attirant de nombreux joueurs à la renommée européenne. Des joueurs ayant arpenté de long en large les terrains des grands championnats, comme Miroslav Stoch, Danny, Halil Altintop ou encore Eduard Sobol et Ruslan Rotan, tous deux en provenance du championnat ukrainien. De l’autre côté, face à cette fièvre acheteuse et pour tenter de concurrencer son grand rival, le Sparta Prague a décidé, lui aussi, d’accélérer la machine avec un recrutement estival prolifique où l’on pouvait y trouver des joueurs comme Tal Ben Haim, Semih Kaya, Srdjan Plavsic, Georges Mandjeck, Lukas Stetina, Eldar Civic, Vukadin Vukadinovic, Martin Dubravka, Mark Janko ou encore les Français Rio Mavuba et Jonathan Biabiany ; le tout chapeauté sous la direction du technicien italien Andrea Stramaccioni.

Afin de ne pas se répéter, nous vous proposons d’écouter notre précédent podcast qui revenait justement sur la question de ces recrutements, le pourquoi et les résultats actuels liés à cette arrivée massive dans les deux clubs praguois.


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Point 2 : Pavel Vrba et le Viktoria Plzen, une histoire d’excellence

Plzen a sa bière. Plzen a son club de football. Plzen a son entraîneur. Si l’idylle entre Pavel Vrba et le Viktoria Plzen a connu une petite pause durant quelques années de transition dans la carrière du technicien tchèque, entre un poste de sélectionneur et une courte pige en Russie, voilà que l’homme à la base de l’ère dorée du Viktoria Plzen est de retour au club cette saison. Et autant dire que le résultat est savoureux.

Chaque année, tout amateur de football tchèque se prépare au même scénario : de nombreux espoirs l’été pour finalement retrouver une configuration classique lors de la trêve hivernale. Chaque saison, depuis le renouveau du Slavia, voilà que l’on ne cesse de suivre ce trio Slavia – Sparta – Plzen dans une lutte pour le titre se tenant en quelques points et proposant un suspense tenace jusque dans les derniers moments de la saison. Oui, mais voilà, cette année est bien différente et le Viktoria Plzen caracole en tête du championnat avec 46 points au compteur (15 victoires et un match nul en 16 journées). Un record. « Nous sommes sur le bon chemin, mais il reste encore beaucoup de matchs. Rien n’est décidé », tentait de nuancer Pavel Vrba. Quoi qu’il en dise, les résultats comptables ne trompent pas et ne nous laissent pas envisager d’autres scénarios qu’un nouveau sacre pour son club en juin prochain.

Mais si l’entraîneur tchèque veut se montrer prudent à quelques mois de fêter ce titre qui semble promis, ce dernier envoi également un signal important de ce qu’est ce Viktoria Plzen 2.0 sauce Vrba : un mélange d’expérience, de rigueur, de tactique et d’intelligence de jeu. Une équipe ne voulant rien laisser au hasard et ne voulant rien sous-estimer. Quitte à passer pour de faux modestes.

Meilleure défense et meilleure attaque du championnat, les Bohémiens de l’Ouest ont, plus qu’un titre à jouer, une nouvelle saison à préparer ; avec, en ligne de mire, une préparation précoce pour sa future participation en Ligue des Champions. Car voilà, si la formule marche, il est également important de comprendre toute la stratégie du Viktoria Plzen : s’appuyer sur l’expérience de vieux briscards, présents au club depuis de nombreuses années, comme Hubnik, Limbersky, Kolar, Horava, Petrzela ou Bakos, tout en offrant progressivement du temps de jeu à de jeunes joueurs talentueux. Or, la plupart de ces cadres ont tous entre 32 et 34 ans, des âges avancés posant problème pour l’avenir de ce collectif et de cette ère dorée. Là est donc la question : comment gérer la transition de cette saison qui s’annonce d’ores et déjà historique ? Comment faire face à ce renouvellement de joueurs et de générations ?

Heureusement, Pavel Vrba reste aux commandes du navire. C’est bien le plus important.


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Point 3 : Le Sparta Prague et ses interrogations

Comme énoncé dans le premier point, le Sparta Prague a beaucoup recruté. Mais a aussi mal recruté. Avec onze arrivées, dont sept de l’étranger, le Sparta voulait frapper un grand coup et redevenir leader du championnat tchèque. Oui, mais voilà, si les espérances étaient là, les résultats, eux, n’ont pas suivi. Entre adaptation délicate, niveau de jeu collectif et individuel catastrophique et une vie de groupe chaotique, voilà que le club de la capitale pointe à la cinquième place, loin du leader susmentionné. Manque d’un leader, manque d’envie, manque de cohésion, manque d’esprit d’équipe, manque de connaissances tactiques, manque de, manque de… La liste est longue et l’un des premiers fautifs reste l’entraîneur italien Andrea Stramaccioni, rapidement pris en grippe par une partie du public, et notamment les ultras déversant à l’occasion de quelques matchs de chatoyants « italiano vaffanculo ».

De l’aveu même de ce dernier, ce mercato fut un échec et aujourd’hui, le club doit recoller les morceaux et repartir de l’avant. « Si je pouvais revenir en arrière, je ne suggérerais pas de faire venir tant de joueurs étrangers à la fois », expliquait ainsi l’Italien. « Ce n’est pas facile de commencer un nouveau cycle dans un club. Tomas Rosicky a mis fin à sa carrière il y a quelques jours et l’équipe dispose de joueurs entretenant un fort lien avec le club, comme David Bicik, David Lafata, Costa ou Michal Kadlec. Ces joueurs aiment le club, mais nous devons créer une nouvelle génération de joueurs au Sparta. »

© Sparta Praha / Facebook

Exit alors les Marc Janko, Lukas Marecek, Georges Mandjeck ou encore Martin Dubravka (pourtant meilleur joueur du club, transféré à Newcastle pour deux millions d’euros) et Vyacheslav Karavaev. Dites bonjour à une nouvelle vague d’arrivée composée des Roumains Florin Nita et Nicolae Stanciu, du milieu de terrain Guélor Kanga ou encore de l’arrière gauche serbe Mihailo Ristic. En espérant que, cette fois-ci, la formule fonctionne.

Point 4 : Le Sigma Olomouc, l’ADN d’une surprise

Troisième au classement, à égalité de points que le Slavia Praha (32 points), le Sigma Olomouc, promu cette saison, est la belle surprise du championnat tchèque. Pourtant, rien ne destiner le club à se positionner à cette position.

En effet, si le club ne dispose d’aucun nom prestigieux à l’échelle du championnat tchèque, le Sigma tire sa recette d’un esprit d’équipe solide. Cette équipe, c’est l’histoire d’une bande de jeunes joueurs, formés au club pour la plupart, jouant ensemble depuis le plus jeune âge, découvrant les joies de la première division tchèque. Ensemble. Et c’est finalement là, toute la réussite du Sigma Olomouc : avoir pris le temps. Alors que les autres clubs enchaînent les joueurs et les entraîneurs, ici, à Olomouc, les joueurs restent et l’entraîneur, Vaclav Jilek, construit ce projet depuis maintenant quatre ans.

« Nos garçons sont les meilleurs. J’aimerais les garder à Olomouc. J’ai le rêve de voir le Sigma remporter un titre. C’est pour cela que j’étais déçu de voir Petr Ševčík partir (le joueur a été transféré au Slovan Liberec en 2016, NDLR). J’étais tellement furieux quand il est parti pour Liberec. », expliquait-il au quotidien tchèque iSport.

C’est ainsi que le club peut compter sur les siens et ses jeunes cadres. Que ce soit David Houska, 24 ans, formé au club et poumon de cette équipe. Un travailleur inépuisable insufflant à lui seul l’esprit dégagé par cette belle génération. De même pour Jakub Plsek, lui aussi milieu de terrain, lui aussi formé au club, lui aussi âgé de 24 ans, ou encore la patte gauche de Simon Falta, l’autre milieu de terrain, très technique, Jiri Texl, le milieu offensif Tomas Zahradnícek, le talentueux technicien Tomas Galasek, 22 printemps et petit-fils de l’ancien gardien Jiří Vít – véritable légende du Sigma Olomouc dans les années 1970-80. Tous ont moins de 25 ans, tous ont du talent et tous symbolisent cet ADN du Sigma Olomouc. L’histoire d’une bande d’amis s’amusant sur le terrain et offrant tous les week-ends un dernier spectacle de football vrai là où, chez d’autres, les valeurs se perdent et où l’argent coule à flots. Avec moins de réussite.

Point 5 : La valse des entraîneurs

Jaroslav ŠilhavýJindřich Trpišovský et David Holoubek. Trois noms. Trois entraîneurs. Trois hommes qui ont animé la presse et le mercato. Grand artisan du renouveau du Slavia Prague, Jaroslav Šilhavý n’a pas résisté aux mauvaises prestations des siens lors des derniers mois et de l’élimination prématurée des compétitions européennes. On ne le répétera jamais assez, le football est un monde cruel, un monde où la vérité d’un jour est remise en cause le lendemain, un monde où l’un des meilleurs entraîneurs du pays peut être éjecté de son poste malgré une seconde place au classement. Alors oui, le Slavia n’a pas le temps, le Slavia veut progresser et garde l’ambition de truster la première place pour les années futures. Oui, le Slavia veut aussi se faire une place sur la scène européenne. Si Šilhavý a su imposer sa patte lors de sa première saison au club, avec un titre de champion national à la clé, la saison de la confirmation fut plus délicate, la faute à une attaquante peu efficace, un collectif marqué par une arrivée massive – là aussi – de joueurs étrangers et un certain manque d’inspiration dans le jeu. La faute également à un Milan Skoda en perte de vitesse, là où, la saison passée, l’attaquant tchèque était considéré comme le meilleur buteur du championnat. Pour le remplacer, les spéculations ont été nombreuses, mais le dévolu s’est finalement porté sur Jindřich Trpišovský.

© Slavia Praha / Facebook

Homme fort de Liberec depuis quatre ans, Jindřich Trpišovský n’a cessé de faire progresser son équipe, l’emmenant par deux fois en Ligue des Champions et la classant cette saison à une belle quatrième place malgré des moyens plus limités que les clubs praguois ou le Viktoria Plzen. Jan Nezmar, ancien joueur puis directeur sportif du Slovan Liberec, nouveau directeur sportif du Slavia Prague depuis décembre dernier, a également eu un rôle important à jouer dans cette venue, comme il l’a déclaré lors de sa signature, « Il (Jan Nezmar, NDLR.) est venu me chercher en seconde division, au Viktoria Žižkov, et m’a donné une chance incroyable. » Trpišovský réalise également la responsabilité qui vient avec ses nouvelles fonctions, « je me sens dans une obligation à l’égard des gens qui viennent au stade. L’une de mes tâches est de proposer un jeu offensif, construit et intense. »

Pour le remplacer à Liberec, Libor Kleibl, directeur sportif du Slovan, a fait le choix de recruter David Holoubek. Homme fort de la formation au Sparta Prague où il a pu faire progresser des joueurs comme Ladislav Krejci ou Pavel Kaderabek. Après treize ans passés à Letná, à entraîner les jeunes, à être adjoint de Zdeněk Ščasný en équipe première ou encore à jouer les pompiers de service après le limogeage de ce dernier, voilà que l’entraîneur tchèque fait ses bagages pour la première fois de sa jeune carrière et s’envole vers Liberec. Un club sain, dont le but est de s’appuyer sur ce qui a déjà marché sous l’ère Trpišovský, comme l’expliquait Holoubek sur le site officiel du club, « d’abord, je voudrais dire que j’apprécie beaucoup le travail que le club a accompli avec Jindřich Trpišovský. Je lui souhaite bonne chance dans sa nouvelle aventure. S’il n’avait pas quitté le club, je ne serais pas là. Je veux construire sur son travail. » De quoi proposer un jeu attractif tout en s’appuyant sur la jeunesse présente à Liberec. Un travail que connait bien David Holoubek.

Point 6 : Michal Krmenčík, buteur maison

Il est loin d’être le joueur le plus connu et côté du football européen, pourtant, en Tchéquie, Michal Krmenčík est actuellement le joueur vedette du championnat, trustant la place de meilleur buteur du championnat et étant considéré par la plupart des observateurs comme le meilleur joueur de la saison. Courtisé par de nombreux clubs européens, dont des rumeurs l’envoyant à Bordeaux, Newcastle ou encore Leeds, le buteur du Viktoria Plzen a finalement décidé de rester au club jusqu’à la fin de la saison – sans que le club ne lui laisse réellement le choix.

Il faut dire que le canonnier maison, formé au club, réalise la meilleure saison de sa carrière et est devenu la pièce clé du système de Pavel Vrba, en témoigne les stats : avec lui, Plzen marque à 87%. Sans lui, le pourcentage chute à 61%. « C’est un joueur important pour nous, nous comptons sur lui. Nous sommes heureux de l’avoir encore ici », déclarait Milan Petrzela, coéquipier de l’attaquant tchèque.

© Viktoria Plzen / Facebook

Rapide, athlétique et bon finisseur, Michal Krmenčík apporte ainsi une grande variété dans le jeu de son équipe et, surtout, pèse continuellement sur les défenses adverses. De telles performances qui ne laissent pas insensibles et qui devraient l’envoyer vers un championnat plus huppé dès la saison prochaine, en témoigne une source proche du dossier pour iSport, « le club était d’accord avec Michal pour aider à remporter le titre de champion. Cet été, il recevra une permission de transfert si un montant suffisant est mis sur la table. »

Point 7 : Vaclav Drchal, future pépite ?

La République Tchèque est connue pour former de jeunes joueurs à fort potentiel, cette nouvelle saison ne déroge pas à la règle et nous donne l’occasion de revenir rapidement sur l’un d’entre eux : le jeune attaquant du Sparta Prague, Vaclav Drchal, tout juste âgé de 18 ans.

Si ce dernier n’a pas encore eu la chance de participer à des matchs officiels avec l’équipe première, il fait actuellement partie du groupe de professionnels lors des derniers matchs amicaux et a surtout fait parler de lui chez les jeunes grâce à ses 22 buts marqués en autant de matchs. Un score flatteur laissant présager pour Erich Brabec, un avenir radieux. « [Ses qualités] sont le travail du corps, sa vitesse et sa qualité de finition. Voyez comment les deux premiers marqués hier étaient des buts “à la Lafata­” ». (Interview réalisée en janvier 2018 suite à un match face au MAS Táborsko (7:2), NDLR.) »

Pierre Vuillemot


Image à la une : © Viktoria Plzen / Facebook

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