Le championnat slovaque reprend ses droits ce week-end, l’occasion pour nous de revenir sur la dernière saison en date et sur le futur de cette nouvelle édition.

Lors de la trêve, nous avions eu l’occasion de revenir très longuement sur la situation des clubs et des performances de ces derniers. De ce fait, nous nous attarderons plus succinctement sur la situation des clubs pour nous concentrer sur les enjeux qui ont eu l’occasion de se dérouler lors des six derniers mois de compétition en Slovaquie, allant du nouveau sacre de champion avec Trenčín à la relégation de Skalica en passant par la belle réussite du Spartak Myjava et à la chute de Žilina.

Trenčín, la réussite intelligente

Dominateur. Joueur. Intelligent. Tant de qualificatifs qui collent parfaitement à l’AS Trenčín, lui, l’officiel nouveau champion de Slovaquie. Un an après son tout premier titre, le club a une nouvelle fois survolé le championnat slovaque grâce à l’aboutissement d’un projet parfaitement rodé. Projet pour lequel nous avions eu l’occasion d’écrire un article il y a de cela un an, et dans lequel vous pourrez retrouver tous les éléments importants à savoir. Pour y revenir brièvement, le club a su se hisser à ce niveau grâce à la mise en place d’une ossature claire, s’appuyant sur un lien avec l’Ajax, une structure de formation de plus en plus performante et, surtout, d’un réseau de recrutement incroyable qui permet au club de dénicher, faire éclore et vendre un joueur au plus offrant quelques années après son arrivée. En clair, l’AS Trenčín est devenu en l’espace de quelques saisons le FC Porto slovaque.

© sport.sk
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De la même manière que les Portugais, le club a su faire face aux départs de ses cadres pour les remplacer illico par de nouvelles têtes. Ainsi, tout le long de l’année, le club a pu profiter de l’excellent apport offensif de Matus Bero ou encore de Gino van Kessel – transféré au Slavia Praha depuis. Meilleur buteur du championnat, il a été l’homme de base de cette équipe et l’a envoyé vers ce doublé coupe – championnat. Avec une différence de buts de +45 et un total de 81 points dans le besace – soit 12 de plus que le second, le Slovan, il est peu de dire que le club a dominé outrageusement le championnat slovaque cette année.


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Jeu offensif, combinaisons, successions de passes, mouvements, occasions à la pelle, cette équipe est sans aucun doute le petit rayon de soleil du football slovaque. Une machine parfaitement huilée qui ne déraille que très rarement. L’exemple à suivre pour tous les clubs, en particulier pour son principal concurrent, le Slovan Bratislava.

Outre ce jeu offensif, le club a également pu compter sur une base défensive solide, faisant du club la seconde meilleure défense derrière le Slovan. Šemrinec, le gardien, a une nouvelle fois été d’un grand apport dans les résultats de son équipe avec des performances constantes tout au long de la saison et un total de 15 clean sheets, le meilleur pour les gardiens du pays, devant Jan Mucha, du Slovan, qui en comptabilise 14.

De même, Milan Rundić – transféré au Slovan Bratislava lors de ce mercato –  et les très jeunes Martin Šulek et Lukáš Skovajsa ont su répondre présents. Sans oublier le capitaine Kleščík et le pilier du côté gauche, Kingsley Madu. Dernier homme fort à citer, Ibrahim Rabiu. Autre joueur venant du Nigéria – le terrain de recrutement favori du club avec les Pays-Bas, Rabiu est le symbole de l’intelligence de l’AS Trenčín. Pas en réussite à ses débuts, la faute à une acclimatation délicate, il a peu à peu su trouver sa place dans le cœur du jeu, délivrant depuis caviar sur caviar, régalant de sa vision du jeu et de sa belle technique. En prônant la patience et la confiance en ses choix, le club a ainsi pu faire éclore un nouveau joueur de talent dans ses rangs. Un de plus.

Déception à Bratislava

Le Slovan Bratislava est un club ambitieux, le plus ambitieux en Slovaquie. À cet égard, une seconde place et une nouvelle saison sans aucun trophée ne peuvent être considérées comme une réussite. Pourtant, si le club a été distancé de 12 points par Trenčín, on peut tout de même noter que le Slovan a su, pendant de longs mois, s’accrocher jusqu’à espérer retrouver une première place, avant de s’écrouler dans les toutes dernières semaines du championnat.

© TASR
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Pas flamboyant, le club a tout de même senti la patte Nikodimos Papavasiliou. Arrivé comme un inconnu sur le banc du club afin de remplacer Dušan Tittel dans l’urgence après un début de saison calamiteux, le Chypriote a su imposer sa vision du football au groupe et, en quelques semaines, a métamorphosé l’équipe et son approche tactique. Solide défensivement, le club a pu compter sur Jan Mucha afin de garder ses cages. Portier expérimenté, il a tenu la baraque et a apporté son expérience et leadership au groupe. De même, la défense centrale composée de Kornel Salata et du serbe Sekulic a tenu son rang, faisant d’elle la meilleure du pays.

Plus globalement, tout le XI titulaire du Slovan Bratislava n’a pas vraiment déçu et tous les joueurs de ce XI ont su répondre présents quasiment tout au long de l’année. Cependant, et c’est là que le bât blesse, le banc n’a jamais su apporter sa pierre à l’édifice quand on avait besoin de lui. Si le club a tenté un recrutement sauvage lors du mercato hivernal, la plupart des joueurs n’ont pas su répondre aux attentes et, au final, n’étaient là que pour faire le nombre. Une situation délicate qui s’est révélée désastreuse lors de la fin de saison quand les organismes des titulaires commençaient à être défaillants.  L’exemple le plus flagrant étant cette finale de coupe où le club de la capitale a vu le titre lui filer entre les mains dans le dernier quart d’heure.

Deux Spartak, deux trajectoires

Quand on parle Spartak en Slovaquie, le premier club qui nous vient en tête est celui présent à Trnava. Lui, le club supporté par des milliers de Slovaques et qui a su écrire de belles lignes à son histoire. Pourtant, lors de cette dernière saison, c’est un autre Spartak qui a su faire régner l’ordre et donner du plaisir à ses supporters. Un autre Spartak situé à Myjava, dans le nord-ouest du pays.

Modestement, sans grand moyen, le Spartak Myjava se fait peu à peu une place dans le football slovaque et son élite. Troisième à la fin de cette saison, le club a pu compter sur l’apport de son entraîneur et de son adjoint, le duo Norbert Hrnčár-Richard Höger – ces derniers ont quitté le club lors du mercato pour Ružomberok. Incroyablement complémentaire, le duo a su insuffler au club une hargne, un véritable esprit conquérant et l’envie d’y croire, qu’importe les moyens en place. Tirant par la même occasion le meilleur de leur groupe. À seulement neuf points du second, le Spartak Myjava a tout le long de l’année édatns le Top 3 du championnat et n’a absolument pas volé cette place historique pour un club qui était encore en troisième division il y a quelques saisons.

Devant faire face à de nombreuses blessures tout au long de la saison, le club de Myjava a malgré tout su rebondir grâce à un groupe complet, composé de joueurs intelligents et revanchards. Plus que des joueurs, Myjava a été une véritable équipe où tous les membres ont eu un rôle à jouer au moins une fois dans la saison. Un esprit récompensé par les bons résultats du club.

Et puis, il y a l’autre Spartak. Celui de Trnava. Européen également, le club n’a pas vraiment montré les mêmes qualités que son homonyme spartakiste. Entre tensions et conflits, le parcours du club a une nouvelle fois connu des turbulences tout au long de la saison. Une habitude à laquelle les supporters commencent à se résigner.

Miro Karhan est bien triste pour son Spartak | © DANIEL ROLAND/AFP/Getty Images
Miro Karhan est bien triste pour son Spartak | © DANIEL ROLAND/AFP/Getty Images

Avec son nouveau stade, le club voulait retrouver son glorieux passé et rejouer le titre de champion. Malheureusement pour les habitants de Trnava, le spectacle ne fut pas toujours au rendez-vous. Changeant maintes fois d’entraîneurs, passant de Juraj Jarábek à l’intérimaire Branislav Mráz puis par Ivan Hucko pour terminer la saison avec Miroslav Karhan, la stabilité légendaire du Spartak Trnava a nouvelle fois sévi cette saison. À vrai dire, il est difficile de parler longuement de la saison du club de Trnava. Le seul mot pour la décrire reste : moyen. Les joueurs ? Moyens. Les résultats ? Moyens.

Alors oui, il y a bien eu David Depetris sur le front de l’attaque pour donner quelques plaisirs aux supporters du Spartak. Malheureusement, le Slovaco-argentin était bien seul pour faire briller le club. Il y a bien le jeune Jakubech qui a su tirer son épingle du jeu et possède un bel avenir, mais, comme un symbole, ce dernier est le dernier rempart de l’équipe. La défense ? Elle a connu des chamboulements tout le long de la saison, du fait des blessures de certains et des contre-performances d’autres. Au milieu ? On peut citer Mikovič. Jeune capitaine de l’équipe, ce dernier a su tenir son rang et s’imposer comme le leader de l’équipe, avec Boris Godál en défense. Malheureusement, ces derniers étaient bien trop seuls. Aldo Baez, recruté au mercato estival, ancien joueur de Trenčín et du Slavia, a quant à lui confirmé sa réputation de tête brûlée à la mauvaise humeur constante.

En clair, à Trnava, les problèmes sont souvent les mêmes et ne changent que très rarement. Seul motif d’espoir, l’arrivée de Miro Karhan sur le banc. Véritable légende du football slovaque et du club, il a su apporter son leadership dans les dernières journées du championnat et devra insuffler le renouveau du club lors de la prochaine saison.

Žilina, Ružomberok et Dunajská Streda, une saison de transition

Il est loin le temps où le MŠK Žilina pouvait se targuer de jouer le titre et d’accéder aux groupes de la Ligue des Champions. Si loin. La faute à une grande instabilité dans les résultats et les prestations collectifs. Capable à la fois de faire déjouer Trenčín ou le Slovan, le club a également réussi l’exploit de galérer contre un Skalica complètement inoffensif tout le long de la saison ou contre des équipes comme Podbrezová ou Zlaté Moravce.

Malgré tout, Žilina peut se reposer sur sa force : la formation. Former, faire éclore et vendre à des prix conséquents, voilà le nouveau modèle sur lequel repose le club. Dernier exemple en date, László Bénes. Joueur de base du club cette année, le milieu slovaque a montré tout son talent et son potentiel au point d’attirer les plus grands et de signer durant l’actuel mercato au Borussia Mönchengladbach. Malheureusement, cette politique a aussi un côté néfaste. Vendre trop rapidement ses meilleurs éléments ne permet pas à Guľa, pourtant connu et reconnu comme l’un des meilleurs entraîneurs au pays, de travailler dans les meilleures conditions et de pouvoir mettre en place son projet sur le long terme.

© TASR - Pavol Ďurčo
© TASR – Pavol Ďurčo

Car oui, l’autre force du club, c’est sa stabilité sur le banc. Guľa et son staff technique sont connus en Slovaquie pour être extrêmement compétents. Cet entraîneur propose depuis de nombreuses années une philosophie de jeu claire et portée vers l’avant. De plus, de la même manière que Trenčín avec son entraîneur, le club s’appuie sur cette philosophie de jeu, ce professionnalisme et ce travail de tous les instants pour continuer à progresser et décrocher des résultats.

On se retrouve donc dans un entre-deux. D’un côté, le club laisse sa chance aux jeunes. Malheureusement, ces derniers se retrouvent rapidement propulsés en équipe première afin de combler les départs incessants. De ce fait, à la manière d’un Vavro en défense – qui a dû remplacer Škriniar transféré à la Sampdoria- ou d’un Michlík au milieu, ces derniers, bien que talentueux, sont encore trop tendres pour pouvoir jouer le titre de champion et permettre au club de retrouver les sommets.

Si les problèmes ne sont pas les mêmes, la déception est également présente du côté de Ružomberok et Dunajská Streda. Le premier cité s’est plutôt bien repris après la trêve hivernale et a laissé entrevoir de belles possibilités pour le futur et la nouvelle saison qui se profile. L’arrivée de Dušan Tittel comme directeur sportif et celle de Ladislav Pecko sur le banc ont permis au club de se redresser et de retrouver une place dans le ventre mou du championnat slovaque. Une place acquise notamment grâce aux belles performances de Lačný sur le front de l’attaque ainsi que celles de Ján Maslo dans la charnière centrale.

Le second cité, Dunajská Streda, a également connu une saison décevante. Trop irrégulier, le DAC n’a jamais vraiment su faire preuve de conviction pour aller chercher une place européenne. De même, Maric, l’entraîneur du club, a relativement échoué dans sa tâche et dans son approche, ne proposant que très peu de solutions et d’alternatives à son équipe.

La lutte contre la relégation

Podbrezová, ViOn Zlaté Moravce, Senica, Zemplín MichalovceSkalica. Autant de noms qui vous font rêver. À n’en pas douter. Le premier cité a connue une seconde partie de saison salvatrice, récoltant pas moins de 14 points et étant la meilleure défense du printemps avec seulement 9 buts encaissés. Une belle remontée qui a permis au club de se retrouver à une place qui est la sienne. Le second, Zlaté Moravce, a connu de nombreuses difficultés économiques plaçant l’équipe dans une situation délicate à l’avenir indécis. Fort heureusement, Zlaté Moravce a pu compter sur Leandre Tawamba – transféré en avril au Kairat – et sur Jhonnes Marques de Souza, deux attaquants qui ont bien aidé le club à engranger quelques points.

Senica de son côté à connu une saison galère rythmée par une absence totale de banc, d’un manque de créativité et d’une ligne offensive d’une inefficacité terrible. Une saison à oublier, très clairement. Enfin, sans aucune surprise, le Zemplín Michalovce et Skalica n’ont pas montré grand-chose cette saison.

Notre équipe de la saison

  • Gardien : Slovakia Ján Mucha (Slovan Bratislava)
  • Défenseurs :  Slovakia Martin Šulek (AS Trenčín),  Slovakia Kornel Saláta (Slovan Bratislava), Serbia Boris Sekulić (Slovan Bratislava), Nigeria Kingsley Madu (AS Trenčín)
  • Milieux : Slovakia Viktor Pečovský (MŠK Žilina), Nigeria Ibrahim Rabiu (AS Trenčín),  Slovakia Matúš Bero (AS Trenčín), Czech Republic Erik Daniel (Spartak Myjava), Curaçao Gino van Kessel (AS Trenčín)
  • Attaquant : Slovakia David Depetris (Spartak Trnava)

Et cette saison ?

La nouvelle édition du championnat slovaque débute ce week-end, l’occasion pour nous de faire le point sur ce qui animera le football slovaque tout au long de l’année.

Commençons par le champion sortant, Trenčín. Si le club a connu quelques départs importants, notamment celui de Gino van Kessel, l’AS Trenčín ne devrait pas avoir de mal à conserver son titre de champion. Avec un recrutement qui semble intéressant sur le papier et avec la venue de quelques joueurs en provenance du championnat néerladais, l’équipe semble stable et devrait une nouvelle fois faire éclore quelques jeunes pépites. Le joueur à suivre ? Le jeune ailier nigérian Samuel Kalu, déjà annoncé comme le futur Moses Simon.

Du côté du Slovan Bratislava, le mercato a été très actif avec la venue de Ruben Ligeon en provenance de l’Ajax, Mitchell Schet, viré par l’AS Trenčín pour avoir conduit alcoolisé et provoqué un accident après la fête du titre de champion, Lorenzo Burnet, un autre joueur néerlandais en provenance de Groningen, Lesly de Sa, également batave, venant de l’Ajax, ou encore le retour de prêt de Seydouba Soumah et l’arrivée du serbe Milan Rundic en défense. Notons aussi les départs des légendaires Robert Vittek et Marko Milinkovic, ou encore celui de Priskin qui devrait s’engager prochainement en Hongrie, au Videoton d’Henning Berg. Autant vous dire que la stabilité n’est toujours pas au rendez-vous du côté du Slovan Bratislava. Et c’est bien là l’une des peurs des nombreux supporters du club.

L’une des probables surprises de cette saison devrait être Ružomberok. Ambitieux, le club a su attirer Hrnčár sur son banc de touche, les jeunes défenseurs espoirs Jozef Menich et Simon Kupec mais surtout le grand espoir Martin Chrien au milieu de terrain, qui a connu quelques difficultés en République Tchèque, et l’attaquant tchèque Simon Kupec en provenance du Dukla Prague. Pour couronner le tout, le club a su garder sa colonne vertébrale et pourra encore s’appuyer sur Jan Maslo en défense centrale. De quoi espérer une place européenne.

Enfin, Žilina devrait être la dernière équipe à animer les premières places du championnat. Pour une fois, le club n’a pas vendu énormément de joueurs, si ce n’est le très bon Bénes à Gladbach. Toujours en place sur le banc de touche, Adrián Guľa devrait encore régaler avec un jeu léché et offensif. Mention spéciale pour le milieu de terrain qui devrait nous proposer de belles choses avec le vétéran international slovaque Viktor Pečovský, le jeune argentin Iván Díaz – qui devrait être l’homme à suivre dans cette équipe, ou encore des Slovaques Jakub Paur, Miroslav Kacer, Michal Svarka et Jakub Michlík. Du beau monde.

Pierre Vuillemot


Image à la une : © SITA/Ivan Kopčáni

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