Temps de lecture 6 minutesSaison 2015-2016 : Un an de football en Autriche

Après 36 journées et 477 buts inscrits, la Bundesliga autrichienne s’est achevée comme l’an dernier. Le Red Bull Salzburg a achevé ses adversaires à quelques journées de la fin, laissant de maigres miettes aux deux clubs de Vienne. Malgré un effectif affaibli par les transferts, le club affilié à la célèbre boisson stimulante a remporté son septième titre sur les dix dernières années. Un succès lié en grande partie à son duo très prolifique Soriano-Keita. Tout simplement prodigieux. Mention spéciale à l’Admira Wacker, surprenant quatrième.

Classement final @transfermarkt
Classement final @transfermarkt

Le champion : Salzburg, un règne sans partage

Tranquillement mais sûrement, les hommes d’Oscar Garcia ont su faire front après un début de saison très compliqué. Éliminée de toute compétition européenne après des échecs face à Malmö (LDC) et Dinamo Minsk (Europa League), l’équipe rouge et blanche s’est reconstruite dans le silence. Seulement cinquième au soir de la huitième journée, le RB a dû lutter jusqu’à fin mars avec le tenace Rapid Wien pour garder son titre.

La recette miracle ? L’adaptation tactique en toute circonstance de cette équipe. Habitué à jouer depuis de nombreuses en 4-4-2 avec deux pointes fixes, Oscar Garcia a amené sa touche personnelle en modifiant à de nombreuses reprises le schéma du Red Bull Salzburg. L’équipe a ainsi terminé son championnat en 4-3-3 sapin, après avoir évolué en 4-1-3-2 ou encore en 3-4-3. Dans ces modifications, les joueurs y trouvent toujours leur place. Par exemple, Naby Keita, révélation de la saison, a pu jouer en relayeur, mais aussi sur l’aile et en numéro 10. Ces changements n’ont pas affecté ses performances (12 buts et 8 passes décisives), le Guinéen étant très régulier depuis août dernier.

Mais l’homme de cette saison, incontestablement, reste Jonathan Soriano (Lire aussi : Jonathan Soriano, le triomphe modeste). L’Espagnol de 30 ans termine pour la quatrième année consécutive meilleur buteur de Bundesliga. Avec 21 buts, le joueur formé à l’Espanyol Barcelone a soulagé à de nombreuses reprises ses jeunes coéquipiers. Berisha 23 ans, Reyna 22 ans, Minamino 21 ans et Lazaro 20 ans ont ainsi pu compter sur son expérience, de près, en attaque. Soriano reste cependant mystérieux à propos de son avenir, de nombreux clubs lui font les yeux doux et sa domination en Autriche pourrait se transformer en lassitude.

© Getty Images/Bongarts/Getty Images
© Getty Images/Bongarts/Getty Images

Podium : Vienne capitale frustrée

Encore une fois, les deux clubs viennois ont laissé le Red Bull Salzburg écraser le championnat. Mais cette fois-ci, il y a eu du suspense. Un sentiment étrange subsiste à la fin de cet exercice 2015-2016, le Red Bull, fragilisé par un changement d’entraîneur et un début de saison médiocre, était à leur portée. Mais l’histoire se répète, et dans les moments-clés, à leur manière, l’Austria et le Rapid ont craqué.

Pour les Verts et Blancs, la première partie ressemblait à une idylle amoureuse parfaite. À la lutte pour le titre en Bundesliga à la trêve en développant un jeu très attrayant, le Rapid s’est même offert le luxe de terminer devant Villarreal en phase de poule d’Europa League, excusez du peu ! Malheureusement, cette belle machine s’est enrayée. Le Rapid a enchaîné les déconvenues. La plus sévère ? L’humiliation reçue en C3 par Valence, avec un score cumulé de 10-0 en seizième de finale, a eu des conséquences mentales irréversibles sur cette jeune équipe.

© Steindy
La rivalité entre l’Austria et le Rapid a offert encore une fois quatre rencontres très intenses et disputées © Steindy

Privé de Robert Beric à la fin du mercato, le technicien Zoran Barisic a dû compter sur un effectif juvénile cette saison. Cette jeunesse dorée du Rapid, avec Schaub, Kainz, Pavelic, Schobesberger possède un vivier talentueux, mais qui mérite d’être encadrée. Cette maturité a sans doute manqué dans les rendez-vous clés de la saison, comme lors des confrontations face au Red Bull (une victoire, deux défaites, un nul).

Pour l’Austria, l’équipe était beaucoup plus équilibrée que l’an dernier. Avec l’Allemand Thorsten Fink à sa tête, les Mauves ont retrouvé des couleurs cette saison. Le club n’a jamais été décroché du podium et a même été en tête de la Bundesliga au milieu du championnat. Une belle réussite, liée à un recrutement malin et des cadres relancés. À l’image d’Alexander Gorgon, très performant cette saison avec 19 réalisations et 8 passes décisives. Le capitaine de l’Austria a ainsi pu taper à la porte de la sélection nationale, malheureusement insuffisant pour figurer dans les 23 de Marcel Koller.

Lukas Rotpuller avec un mec de Nuit Debout. @TwitterAustriaWien
Lukas Rotpuller avec un mec de Nuit Debout. © fk-austria.at

Le club a trouvé également l’attaquant de pointe qu’il lui manquait tant, en la personne d’Olarenwaju Kayode. Le Nigérian, arrivé l’été dernier d’Israël a planté 13 buts et délivré 9 passes décisives. Son profil athlétique et puissant a notamment attiré des recruteurs anglais récemment. Les Autrichiens sont largement à l’honneur dans cette formation. Grunwald, Friesenbichler, Holzhauser et Rotpuller peuvent être fiers de leur saison, en attendant peut-être de partir en Allemagne, afin de franchir un cap.

La surprise : l’Admira Wacker étonne et détonne

Sans faire de bruit, l’Admira Wacker termine à une belle quatrième place et devance ainsi un triste Sturm Graz, qui encore une fois reste loin du trio de tête. L’Admira a su s’imposer dans les matchs à sa portée, mais a également accroché au moins une fois le Red Bull, le Rapid et l’Austria. Des résultats plus qu’encourageants à l’échelle de l’Autriche. Bon, il y a quand même eu un cinglant 8-0 infligé par Salzburg, preuve que l’écart est encore énorme. L’équipe s’est également hissée en finale de la coupe d’Autriche, qu’elle disputera contre le Red Bull Salzburg. Sur un match tout est possible …

Un joueur à retenir, il s’agit du capitaine Christoph Schösswendter. Très solide en défense centrale et rassurant en relance, ce joueur autrichien de 27 ans a même terminé meilleur buteur de son équipe. Vous comprenez très vite pourquoi avec sa taille, 1,95 m. Dominateur dans les airs, il a servi d’arme fatale à son équipe sur corner. Suivi par les équipes du haut de tableau, il pourrait faire ses valises dès cet été.

La déception : Graz sans éclat

Cinquième n’est pas en soit une catastrophe pour le Sturm Graz. Cependant le faible spectacle proposé, 40 buts inscrits et 40 encaissés, témoigne de la fébrilité de cette équipe. Pourtant sur le papier, les Noirs et Blancs du Sud-Est autrichien avaient une équipe plutôt séduisante. Doni Avdijaj, arrivé en prêt de Schalke 04, avait le profil pour être la révélation de cette saison. Le jeune attaquant a très vite été éclipsé par Naby Keita.

Avdijaj, une de seules réussites de Graz cette saison. @SkySportAustria
Avdijaj, une des seules réussites de Graz cette saison. © SkySportAustria

Avec trois réalisations et sept passes décisives, Avdijaj a montré qu’il avait du ballon. Ses coéquipiers n’ont pas répondu aux attentes des supporters. L’ancien de l’Austria, Roman Kienast, termine meilleur buteur du club avec 8 unités au compteur, même s’il a cruellement manqué d’efficacité. Un autre jeune prometteur, lui aussi arrivé de la capitale, a prouvé qu’il pouvait être l’avenir proche du club. Sacha Horvath, annoncé comme un futur crack en Autriche, a été remuant sur le front de l’attaque, mais doit encore canaliser son énergie. À surveiller donc pour l’an prochain.

Le maintien : Grödig groggy

Plusieurs équipes ont été concernées jusqu’au bout par la lutte pour le maintien en Bundesliga. Un seul perdant, le dixième, et cette année c’est le SV Grödig qui descend en deuxième division. Avec un petit total de 35 points et 56 buts encaissés, les Bleus et Blancs n’ont jamais été en mesure de se sauver, malgré des formations aussi mal en point. Pire, en raison de sa situation économique déplorable, le club démarrera la saison prochaine dans une ligue régionale. Les sponsors se sont désengagés du SV Grödig, précipitant ainsi sa chute aux enfers. Wolfsberger, Ried, Altach et Mattersburg terminent en queue de peloton, et se tiennent en quatre unités.

L’an prochain, c’est St Polten qui quitte le purgatoire de la Erste Liga. L’équipe retrouve pour la première fois la Bundesliga depuis la saison 1993-1994. Elle s’est tout de même hissée en demi-finale de la coupe d’Autriche et aura largement les moyens de se sauver en 2016-2017.

Équipe type de la saison 2015-2016

Esser (Sturm)

Pavelic (Rapid) – Car (Salzburg) – Schösswendter (Admira) – Ulmer (Salzburg)

Kainz (Rapid) – Keita (Salzburg) – Schwab (Rapid) – Gorgon (Austria)

Soriano (Salzburg) – Kayode (Austria)

Adrien Mathieu


Image à la une : © Andreas Schaad/Bongarts/Getty Images

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