Temps de lecture 5 minutesLa Russie, ce sera sans eux #8 : La Slovaquie

La phase de groupes des éliminatoires de la Coupe du Monde 2018 est arrivée à son terme. Alors que la Croatie et la Grèce s’affrontent en barrages pour espérer décrocher leur qualification, Footballski revient sur le parcours des équipes d’ores et déjà assurées de ne pas être en Russie en juin prochain. Voici maintenant la Slovaquie, qui dans une lutte acharnée pour la seconde place n’a pas réussi à se qualifier pour les barrages.

LES RÉSULTATS

Slovaquie 0 – 1 Angleterre
Slovénie 1 – 0 Slovaquie
Slovaquie 3 – 0 Écosse
Slovaquie 4 – 0 Lituanie
Malte 1 – 3 Slovaquie
Lituanie 1 – 2 Slovaquie
Slovaquie 1 – 0 Slovénie
Angleterre 2 – 1 Slovaquie
Écosse 1 – 0 Slovaquie
Slovaquie 3 – 0 Malte

Groupe F :

  1. Angleterre – 26 points
  2. Slovaquie – 18 points
  3. Ecosse – 18 points
  4. Slovénie – 15 points
  5. Lituanie – 6 points
  6. Malte – 1 point

À l’annonce de la composition de ce groupe F, le scénario ne laissait que peu de doutes sur le futur à venir. Angleterre, Écosse, Slovaquie et Slovénie. Quatre équipes, deux places. Si l’Angleterre a naturellement trusté la première place conformément aux attentes placées en elle, la bataille pour la seconde place, elle, fut des plus intéressantes. Une place de dauphin pour laquelle la Slovaquie et l’Écosse ont livré une bataille au fil des rencontres, se rendant coup pour coup et prenant alternativement l’ascendant. Une bataille finalement gagnée lors de la dernière journée des matchs de qualification, mais qui, malheureusement, n’a pas donné le droit aux barrages pour les hommes de Jan Kozak. Pourtant, cette campagne n’avait pas débuté sous les meilleurs augures. La faute à deux défaites sur le plus petit des scores, face à l’Angleterre puis la Slovénie. Deux défaites sur le fil, venant crucifier de beaux efforts défensifs pour le premier match cité et une domination stérile pour le second. Si des signes positifs étaient là, les points, eux, boudaient le peuple slovaque. Et puis… cinq victoires de suite, des « avalanches » de buts amenés par des joueurs en forme sur le plan offensif, mais aussi une défense intraitable – comme souvent – emmenée par son capitaine et leader, Martin Škrtel. Un capitaine malheureux qui viendra crucifier les siens à la 89e minute de jeu lors du match retour face à l’Écosse, le 5 octobre dernier. Un résultat désastreux, dans un match qui l’était tout autant, venant poser les premiers clous de la future crucifixion des coéquipiers de Marek Hamšík, la dernière victoire face à Malte (3-0) n’y changeant rien. La Slovaquie termine certes deuxième de son groupe, un résultat honorable, mais ne sera pas des Mondiaux en Russie. De quoi se poser certaines questions.

LES RAISONS DE LA NON QUALIFICATION

Des questions dont les réponses ne sont finalement pas si évidentes que cela. À bien y regarder, la Slovaquie n’a pas été ridicule. Loin de là. Second, 19 points, 17 pions de marqués pour 7 encaissés, 4 défaites dont deux face à l’Angleterre, il n’a pas manqué grand-chose aux hommes de Kozak pour obtenir un ticket pour la Russie. Malheureusement, à ce niveau, les erreurs coûtent chers et ça, la Slovaquie l’a bien compris. Quelques faits de jeu et voilà que les matchs basculent, emportant avec eux les espoirs d’une nation. Le premier match en est un exemple parfait : alors que les Slovaques décident de défendre coûte que coûte face à l’Angleterre, ces derniers se font punir à la 95e minute alors que ces derniers, réduits à 10 à l’heure de jeu, ont été vaillants durant toute la rencontre. Et il est peut-être là, le grand défaut de cette équipe : ne pas savoir gérer ses temps faibles. En témoigne un autre match où, lors de la défaite face à l’Écosse, Robert Mak s’est également vu exclure très vite de la partie. Si la Slovaquie est réputée pour posséder une équipe à la mentalité guerrière, il s’avère que cette mentalité peut aussi poser des problèmes dans l’excès d’engagement.

Le jeu n’est ni juste ni exact. Et ça, les Slovaques l’ont compris. Vous aussi, peut-être. Au fond, personne n’a vraiment déçu. Les cadres ont su répondre présents dans la plupart des matchs, Nemec, pourtant loin d’être le joueur le plus apprécié, a fait figure honorable sur le front de l’attaque, marquant des buts importants, tandis que les nouveaux venus ont également su s’imposer. L’expérience y était, le talent aussi, la chance peut-être un peu moins.

Malgré tout, la sélection slovaque post-Euro 2016 a connu quelques tensions entre le groupe et le sélectionneur. Des frasques de Vladimir Weiss dans la presse slovaque venant ternir l’image du groupe jusqu’aux tensions avec Miroslav Stoch – qui n’est plus présent dans la shortlist de Jan Kozak suite à des tensions divulguées dans la presse après l’Euro. Aujourd’hui, la Slovaquie est à un tournant et son avenir reste à écrire, avec le remplacement progressif de certains habitués comme Stoch par une nouvelle génération. Celle-ci possède certes moins d’expérience, mais elle est aussi synonyme d’espoir.

© TASR

LES MOTIFS D’ESPOIR

De grands espoirs, même. S’appuyant sur les récentes performances de la sélection U21, les A Slovaques se rajeunissent à vitesse à grand V. Un travail de formation salutaire et salué par la plupart des observateurs, la nouvelle génération slovaque s’annonçant prometteuse et très certainement la plus talentueuse de toute l’Histoire du football national. Le dernier match de ces qualifications en est un exemple avec une équipe composée de joueurs comme Ondrej Duda (22 ans, Hertha Berlin), Milan Škriniar (22 ans, Inter Milan), Stanislav Lobotka (22 ans, Celta Vigo), Albert Rusnák (23 ans, Real Salt Lake), tout en ajoutant Róbert Mazáň (23 ans, MŠK Žilina) et Jaroslav Mihalík (23 ans, Cracovia) tous deux entrés en jeu – sans oublier Hrošovský, Greguš, Gyömbér, Štetina tous sur le banc durant ce match et naviguant entre les 25 et 26 ans. De quoi avoir une ossature forte et déjà en place pour le futur, tandis que des joueurs comme Hamšík (30 ans) et Weiss (27 ans) ont encore de longues années à tirer dans le monde du football.

Sans surprises, la Slovaquie va donc s’appuyer sur ce vivier fort et dense assurant un futur radieux – sur le papier tout du moins – à la plupart des postes de la défense et du milieu. Seul point noir persistant dans le football slovaque : le poste d’avant-centre. Un poste pour lequel aucune véritable alternative à Adam Nemec, 32 ans au compteur, n’a été trouvée.

Présent sur le banc depuis quatre ans maintenant, Ján Kozák a su remettre sur les rails cette sélection et composer un groupe solide, s’appuyant sur des bases connues et claires pour lesquelles les joueurs semblent s’adapter facilement, qu’importe leur ancienneté. Toujours de la partie, la sélection slovaque doit maintenant intégrer petit à petit cette nouvelle génération tout en tournant progressivement la page de la génération Kucka, Ďurica & co.

ET MAINTENANT ?

Disons que, finalement, ces qualifications pour la Coupe du Monde en Russie ont au moins eu le mérite d’intégrer progressivement le futur de cette sélection slovaque, notamment Milan Škriniar en défense centrale et Stanislav Lobotka au milieu de terrain, en plein cœur du jeu. Ainsi, si ce groupe doit encore prendre ses marques, se consolider et trouver une nouvelle dynamique de jeu, les plus jeunes de la sélection ont finalement déjà eu l’occasion de tâter à quelques reprises le ballon en portant le maillot des A. Permettant ainsi une préparation optimale pour la future échéance de la Slovaquie : le championnat d’Europe 2020. Mais avant ça, la sélection slovaque joue des amicaux, dont ce dernier match, le 10 novembre 2017, face à l’Ukraine. Un match terne et soporifique se soldant par une triste défaite deux buts à un venant rappeler le point le plus important de ce récapitulatif des performances slovaques : travaillons avant de se voir trop beau. Róbert Mak appréciera.

Pierre Vuillemot


Image à la une : © AFP PHOTO / Joe KLAMAR

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