La phase de groupes des éliminatoires de la Coupe du Monde 2018 est arrivée à son terme. Alors que la Croatie a été la dernière équipe à avoir décroché sa qualification, Footballski revient sur le parcours des équipes d’ores et déjà assurées de ne pas être en Russie en juin prochain. Place à la Slovénie, extrêmement décevante dans un groupe à sa portée. Cette campagne aura été la dernière du sélectionneur Srecko Katanec, cible de toutes les critiques.

LES RÉSULTATS

Lituanie – Slovénie : 2-2
Slovénie – Slovaquie : 1-0
Slovénie – Angleterre : 0-0
Malte – Slovénie : 0-1
Écosse – Slovénie : 1-0
Slovénie – Malte : 2-0
Slovaquie – Slovénie : 1-0
Slovénie – Lituanie : 4-0
Angleterre – Slovénie : 1-0
Slovénie – Écosse : 2-2

Groupe F :

  1. Angleterre – 26 points
  2. Slovaquie – 18 points
  3. Ecosse – 18 points
  4. Slovénie – 15 points
  5. Lituanie – 6 points
  6. Malte – 1 point

La Slovénie s’avançait dans ces qualifications en visant la seconde place dans un groupe abordable. Et pourquoi pas créer la surprise si jamais l’Angleterre n’était pas à son niveau. Au bout de trois matchs, la confiance est toujours de mise. Malgré deux points de perdus bêtement lors du match inaugural à Vilnius, la Slovénie fait forte impression face à la Slovaquie (1-0) et surtout l’Angleterre (0-0). Ce dernier match est marqué par des parades exceptionnelles de Joe Hart, sans lesquelles l’outsider aurait fait trépasser le favori. Malheureusement, par la suite, la sélection slovène retourne dans ses travers. Soit peu d’inspiration, pas de créativité et pas de jeu. Ça suffit contre Malte, mais pas contre une Ecosse pourtant limitée, ni contre la Slovaquie malgré les multiples parades d’Oblak. Lors de ce match, Katanec décide d’aligner le joueur de Domžale Amedej Vetrih à la place de Benjamin Verbic pourtant autrement plus sûr… Une décision curieuse dans un match décisif.

A ce moment, la Slovénie est déjà très loin de la Coupe du Monde. Outre les résultats, ce sont les performances montrées par l’équipe de Katanec qui inquiètent. Le jeu collectif et la stérilité offensive sont notamment pointés du doigt. En 7 matchs, la Slovénie n’a alors inscrit que 6 buts, dont 3 à Malte et 2 en Lituanie. Les deux défaites contre les concurrents directs ont coûté très cher et ont écarté la Slovénie de la course à la qualification, malgré une balade contre une très faible Lituanie (4-0). La dernière carte à abattre était à Wembley. Mais sur ce match d’un ennui terrible, la Slovénie ne fut jamais en mesure de gagner autre que sur un coup du sort. Finalement, dans les arrêts de jeu, au bout de l’ennui, c’est l’Angleterre qui dissipait tout espoir Slovène de partir en Russie en juin prochain.

Le dernier match des qualifications contre l’Ecosse a eu sa part d’intérêt. Non pas pour la qualification, déjà ratée, ni parce que Katanec avait annoncé avant le match qu’il ne continuerait plus l’aventure avec la sélection, mais pour célébrer son premier joueur à avoir atteint le cap des 100 sélections. Qui donc ? L’inébranlable Bostjan Cesar, capitaine et taulier de la défense. Un sentiment de fierté qui n’a même pas été gâché par le carton rouge récolté lors de ce match.

LES RAISONS DE LA NON QUALIFICATION

Ce n’est pas une surprise avec Katanec, mais on a vu une Boring Slovénie pendant ces qualifications. Peu de jeu offensif, des prises de risques très limitées et un manque de joueurs capables de faire la différence ont coûté cher à la sélection. Pourtant, la Slovénie a de bons joueurs. Oblak est l’un des meilleurs gardiens au monde, Kampl et Iličić sont deux milieux de terrain de très haut niveau et les attaquants sont également de bon niveau (Matavz, Bezjak, Sporar voir même Beric). Mais sur ses qualifications, seul l’un d’entre eux a été à son niveau : Josip Iličić. Kampl, soit blessé, en méforme ou en froid avec son coach, n’a pas été d’une grande utilité. Les attaquants à l’image de Sporar ou Beric ont souvent été blessés et la retraite de Novakovic a laissé un vide. Mais le problème vient plutôt du collectif, qui n’a jamais semblé exister à part contre l’Angleterre au match aller. Cette faillite ressemble surtout à celle du sélectionneur, qui n’a pas su mettre en valeur les joueurs qu’il avait à sa disposition, comme les talentueux offensifs Benjamin Verbic ou Jasmin Kurtic, peu à l’aise dans le système de jeu.

Srečko Katanec, ancien joueur yougoslave de haut niveau (31 sélections), avait pris une première fois les rênes de l’équipe de Slovénie de 1998 à 2002 pour le succès que l’on connaît. L’équipe jouait bien et a réussi à se qualifier pour l’Euro 2000 et la Coupe du Monde 2002. Une première pour cette petite nation. Le clap de fin pour le coach intervient durant la Coupe du Monde et le clash mémorable qu’il a avec la star de l’équipe, Zlatko Zahovic. Il claque la porte de la sélection slovène et s’engage avec l’Olympiakos, pour ce qui sera un désastre à tous les niveaux. Pas mieux à la tête de la Macédoine, où il se fâche avec la star Goran Pandev. Son expérience suivante à la tête des Emirats Arabes Unis n’est pas plus heureuse. Pour se relancer, quoi de mieux que de reprendre la sélection slovène?

Katanec avait annoncé venir pour reconstruire, avec quelques joueurs habitués au haut niveau. 2013, 2015, 2017, au final le sélectionneur n’aura pas beaucoup construit mais plutôt démoli. Les expérimentations incessantes ne donnaient pas l’impression que les choses étaient sous contrôle. La sélection ressemblait même parfois à une gare de transit puisque pendant les cinq ans sous sa direction, jusqu’à 62 joueurs ont joué avec la Slovénie. Et les résultats n’ont pas été brillants, quelques bons matchs (Angleterre, Suisse, Norvège) ne suffisent pas à relever un mauvais bilan.

Et pour faire honneur à sa carrière de sélectionneur, Katanec en a profité pour s’embrouiller avec deux des trois meilleurs footballeurs slovènes. Avec Josip Iličić lors de la première moitié de son mandat, puis avec Kevin Kampl dans la seconde moitié. Ces derniers mois ont aussi été caractérisés par l’énergie négative répandue par le sélectionneur en public, comme s’il voulait en finir avec tout le monde. Médias, supporters, fédération, Kampl, tout le monde en a pris pour son grade. Résultat, l’équipe qui est souvent qualifiée d’aussi talentueuse que la génération dorée de 2000/2002 n’a même pas été proche de se qualifier, dans un groupe très abordable. La Slovénie n’avait pas été classée aussi bas depuis 2008. A cette époque, le sélectionneur était Matjaz Kek… qu’on annonce favori pour succéder à Katanec.

Cependant, n’enlevons pas au crédit de Katanec quelques bonnes choses dont on se souviendra de son deuxième mandat. Les buts empilés de Milivoje Novakovic, jusqu’en juin 2016 et son dernier but face à Malte dans ces qualifications, confirme que les footballeurs devraient être divisés en mauvais et bons, pas en vieux et jeunes. Le joueur nous venant immédiatement à l’esprit est Bostjan Cesar, un vrai capitaine. À l’âge de 35 ans, il n’est peut-être pas le meilleur investissement pour l’avenir, mais avec son attitude, sa capacité de combat et sa qualité, il a montré qu’il pouvait aussi mener la Slovénie vers une nouvelle histoire. S’il le veut.

LES MOTIFS D’ESPOIR

Pourquoi espérer ? Parce que les joueurs slovènes ont trusté les premières places des classements statistiques durant les qualifications pour la Coupe du Monde 2018. L’attaquant Roman Bezjak a montré une précision extraordinaire dans la poule de qualification pour la Coupe du monde 2018 avec 72,7 % de réussite. L’attaquant slovène est le premier dans le classement auquel participent tous ceux qui ont tiré au moins dix fois dans les qualifications pour la Coupe du monde 2018. Mbappé 2ème et Morata 3ème ne peuvent que s’incliner devant le talent de Bezjak.

Josip Iličić est un passeur d’exception. Avec 5 passes décisives, il est le 7ème au classement. Avec 3 buts en plus mais surtout 5,10 tirs en moyenne par match, il a été un poison constant pour la défense adverse. Seul Cristiano Ronaldo a tenté plus de tirs qu’Iličić durant ces qualifications. Enfin, Benjamin Verbic est deuxième en termes de nombre de fautes commises (24) juste derrière Vieira (Andorre) et devant Casciaro (Gibraltar) ou Edmundsson (Féroés).

Et maintenant ?

Plus sérieusement, il semble que l’avenir de l’équipe nationale slovène, qui voit de nouvelles portes  s’ouvrir avec le départ de Srecko Katanec, soit brillant, mais cela dépendra principalement de ce que voudra bien en faire la direction de l’Association de football de Slovénie.

Cela fait quatre fois consécutives que la Slovénie ne participera pas à la plus grande compétition de football. Une aussi longue période de disette n’a jamais été vécue dans la jeune histoire de la sélection. Mais il faut parier sur une fin de la série noire. Car la sélection possède de bons joueurs de football. Si seule une poignée d’entre eux jouent régulièrement au plus haut niveau, beaucoup peuvent s’enorgueillir d’un grand nombre de matches dans une des ligues européennes décentes, certains même dans les meilleures. Last but not least, nous avons Maribor, qui joue en Ligue des Champions et qui grandit d’année en année sous la direction de Zlatko Zahovic.

Damien F


Image à la une : © facebook.com/NogometnazvezaSlovenije

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