Souvent considérée comme une équipe surprise lors des compétitions internationales, la Russie arrive à la Coupe du Monde sur la pointe des pieds après un parcours en qualification très encourageant puisque les joueurs de Capello se sont hissés à la première place de leur groupe devant le Portugal.
Un Groupe Abordable, objectif 1/8ème de finale
Le tirage au sort offre à la Russie un groupe similaire au groupe de leur dernière apparition en coupe du monde en 2002, composé de la Belgique, favori annoncé du groupe, l’Algérie et la Corée du Sud. (Belgique, Tunisie, Japon à l’époque).
Pour son entrée dans la compétition, la Russie affronte la Corée du Sud, et pour beaucoup, spécialistes ou non, la Russie fait figure de favori derrière la Belgique et on attend donc une victoire de l’équipe de Capello.
Comme souvent, le sélectionneur italien réserve quelques surprises dans son XI de départ, la non titularisation de Dzagoev est relativement peu étonnante quand on sait que l’italien ne le porte pas dans son estime. Il en est de même pour Igor Denisov, souvent en concurrence avec Glushakov pour un poste de titulaire. La non titularisation de Kerzhakov pouvait paraître un peu plus surprenante compte tenu de ses performances avec la sélection que ce soit pendant la phase qualification et pendant la préparation.
A l’arrivée, un match nul indigeste et une prestation indigne du statut de l’équipe de Capello qui ne doit son salut qu’au coaching « gagnant » du sélectionneur Italien, conscient que son erreur de départ et qui fera entrer les joueurs cadres : Kerzhakov, Dzagoev et Denisov.
Pour le deuxième match contre la Belgique, on attend que la Sbornaya, qui n’a qu’un point au compteur, prenne enfin des risques dans le jeu pour déstabiliser le favori du groupe. Beaucoup s’attendent donc à voir les 3 joueurs ayant fait la différence lors du dernier match titulaires, moi le premier. Mais il n’en sera rien, et Capello nous ressort une énième surprise avec la titularisation de Maksim Kanunnikov…
Le schéma est défensif, le plan de jeu bien défini (jouer le contre) et le plan aurait pu parfaitement fonctionner si la Belgique n’avait pas su faire la différence en fin de match pour arracher la victoire.
Capello a une nouvelle fois fait le choix d’une solide base défensive se privant de son créateur Alan Dzagoev et de son buteur Aleksandr Kerzhakov pour tenter de proposer quelque chose dans le jeu.
Nouvelle désillusion, nouvel échec, il faudra donc tout miser sur la confrontation contre l’Algérie pour espèrer sortir du groupe.
Le match couperet est arrivé, et comme lors des deux derniers matchs, le milieu offensif du CSKA Moscou est sur le banc. Kerzhakov fait son apparition dans le XI de départ aux côtés d’ Aleksandr Kokorin et la Russie ouvre rapidement le score grâce à une tête de l’attaquant du Dinamo Moscou.
Mais la fébrilité défensive et une nouvelle boulette d’Igor Akinfeev permettent à Slimani d’égaliser et ainsi mettre fin aux ambitions russes. Le match se termine sur un nouveau match nul et la Russie est éliminée, un passage éclair qui n’aura été marqué que par les deux interventions manquées d’Igor Akinfeev.
La désillusion, le dur retour sur terre
Arrivée sur la pointe des pieds, éliminée dans l’anonymat le plus total, la sélection de Russie a traversé son mondial d’une bien piètre façon avec 3 prestations extrêmement décevantes qui laissent un goût amer.
Incapable de produire du jeu, des joueurs désorientés, fatigués ou totalement invisibles. Les maigres éléments positifs sont vites engloutis par toutes ces choses négatives qui ressortent et ne font que mettre en perspective les problèmes liés au Football Russe en général, indépendamment de la prestation de Fabio Capello sur laquelle je reviendrai plus tard.
Je fais partie de ceux qui pensent que le déclin progressif du Zenit et la décomposition de son ossature en sélection est un des éléments majeurs de l’échec russe.
Mais au delà de ça, il y a un vrai problème avec la compétitivité du joueur Russe qui se contente des standards minimum et progresse peu ou pas assez vite.
La restriction de joueurs étrangers en Premier League a pour but premier de garantir aux meilleurs russes une place dans chaque XI de départ. Cette limite est d’abord un seuil minimal, rien n’empêche les clubs de jouer avec plus de 4 joueurs russes sur le terrain. Mais, les bons joueurs russes qui peuvent largement prétendre à une place de titulaire hors quotas sont peu nombreux. On se retrouve donc dans une situation d’oligarchie où les joueurs russes déjà en place ne font plus aucun effort car quoi qu’il arrive, ils bénéficieront d’un salaire décent, d’une place de titulaire et peut être même de sélections en équipe nationale. A quoi bon partir à l’étranger pour progresser donc ?
A présent, on se retrouve dans une situation où certains réclament une augmentation de la restriction, et d’autres une suppression de cette limitation.
Fabio Capello se situe dans la première catégorie, lui qui par le passé s’est déjà plaint de ne pas avoir un vivier assez important de joueurs susceptibles de rejoindre la sélection. Il a encouragé les joueurs russes à quitter le pays pour progresser, un appel du pied a la nouvelle génération des Kokorin, Dzagoev, Shatov, Schennikov….
L’autre question qui se pose est relative à la naturalisation de joueurs étrangers qui jouent en Russie, une solution rapide qui pourrait permettre de renforcer rapidement l’équipe mais rares sont les joueurs pouvant apporter une plus-value à l’équipe sur le plan collectif.
L’Échec de Fabio Capello ?
Evidemment, il est assez facile de dédouaner totalement les joueurs et de faire porter la responsabilité de cet échec au sélectionneur italien. Ceci dit, il est fautif sur plusieurs points :
Son entêtement : depuis sa prise de fonction a l’été 2012, le sélectionneur italien est apparu comme quelqu’un avec sa vision du football qu’il tente d’inculquer à ses joueurs, avec des choix forts dans ses différentes listes, délaissant des joueurs comme Artem Dzyuba, meilleur buteur russe du championnat avec 17 réalisations, les sélections de joueurs comme Fedor Smolov qui n’ont clairement pas le niveau et enfin un dispositif tactique trop souvent (pour ne pas dire constamment) porter sur une base solide défensive au détriment de la folie créatrice qui a longtemps caractérisé la Russie.
La non titularisation d’Alan Dzagoev lors des 3 matchs de coupe du monde reste un mystère. Cependant, ceux qui ont l’habitude de suivre la Sbornaya n’ont pas forcément été surpris, le sélectionneur italien ne fait pas confiance au milieu offensif du CSKA, qui apparaît pourtant comme une alternative crédible à Roman Shirokov, forfait pour la coupe du monde. De plus, Dzagoev est surtout le porte étendard de la nouvelle jeunesse pleine de talent du football Russe.
Vite rebondir en 2016 pour être prêt en 2018
La prochaine Edition de la Coupe du Monde prenant place en Russie, il est impensable que la Sbornaya réitère une telle performance chez elle, Capello doit donc se remettre en question ou laisser sa place à un autre.
Il y a de quoi être plus ou moins optimiste si l’on considère que les clubs ont misé d’avantage sur la formation lors des dernières années, le vivier de jeunes russes susceptibles de prétendre à une place en sélection sera donc beaucoup plus important en 2016 et 2018. Reste à savoir si ces jeunes seront correctement conditionnés et pour les plus talentueux d’entre eux, progresser à l’étranger pour apporter à la Sbornaya un nouvel élan de fraîcheur et de compétitivité semble être la meilleure alternative.
SovietXav