En marge de ce France – Russie, nous vous présentons ici un récapitulatif des dernières rencontres entre les deux pays, qui ont donc commencé dans les années 1990. Avec du Karpin, du Semak, du Titov et beaucoup de buts.
29 juillet 1993 – Match amical – France 3 – 1 Russie
Equipe de France
Martini, Roche, Petit, Boli, Blanc, Le Guen, Deschamps, Sauzée, Papin, Martins, Cantona
Equipe de Russie
Cherchesov, Khlestov, Onopko, Ivanov, Kanchelskis, Gorloukovitch, Lediakhov, Karpin, Piatninski, Yuran, Radchenko
Premier match entre la France et la Russie après la chute de l’Union Soviétique en 1991. On peut quasiment dire que c’est un France – Spartak Moscou étant donné le nombre de joueurs évoluant au club moscovite (sept joueurs titulaires). Un club qui domine dans ce temps là le championnat russe. Les deux équipes sont encore en course dans leur groupe respectif pour la qualification à la Coupe du Monde 1994 qui se déroulera aux Etats-Unis.
Le match se joue principalement en première mi-temps. Dans un stade d’Ornano qui donne de la voix, les hommes de Gérard Houiller se projettent vite vers l’avant. Boli sur son côté droit pose problème à la défense russe qui a bien du mal à le contrôler. Côté russe, le rythme est lent mais les combinaisons offensives à base de une-deux font rappeler la philosophie de jeu spartakiste.
L’ouverture du score viendra à la 17e grâce à une passe en profondeur de Cantona pour Papin, qui a tout le temps de centrer à ras terre pour Sauzée qui ajuste Tchertchessov. La défense russe est aux abonnés absents. 1-0. Trois minutes plus tard, Deschamps lance Cantona qui se retrouve seul face au gardien et marque malgré le retour d’un défenseur, 2-0. La Russie réduira le score à la 23e sur une frappe de Kanchelskis, déviée par Blanc (2-1).
A la 37ème minute, les esprits s’échauffent entre Cantona et Onopko. Ce dernier, un peu énervé, fait une faute dans la surface sur Papin, qui transforme en deux temps le penalty qui s’en suit (3-1). En deuxième période, la Russie se voit accorder un penalty concédé par Yuran mais Bernard Lama, qui a remplacé Martini à la mi-temps, le repousse. Le score ne bougera pas et la France remporte donc cette première confrontation post-soviétique 3-1.
Le commentateur russe ne tarit pas d’éloges sur cette formation française, persuadé qu’on la retrouvera aux Etats-Unis. La Bulgarie éteindra tous les espoirs le 17 novembre 1993, journée noire du football français. La Russie quant à elle finira seconde de son groupe et se qualifiera pour la Coupe du Monde, où ils finiront troisième de leur poule derrière le Brésil (futur vainqueur) et la Suède (futur troisième) et où Oleg Salenko écrira son nom dans l’histoire de la Reine des compétitions en marquant cinq buts en un seul match, face au Cameroun, lui permettant de terminer buteur ex-æquo avec Stoïckhov.
25 mars 1998 – Match amical – Russie 1 – 0 France
Equipe de Russie
Filimonov, Khlestov, Nikiforov, Tchugaïnov, Yanovski, Yuran, Onopko, Kanchelskis, Alenitchev, Kolyvanov, Gerasimenko
Equipe de France
Letizi, Petit, Leboeuf, Turam, Desailly, Djorkaeff, Deschamps, Diomède, Guivarch, Liamouchi, Karembeu
La France se déplace en Russie pour un match amical avant sa Coupe du Monde à domicile qui démarre dans quelques mois. La Russie n’a pas réussi à s’y qualifier en perdant en barrages la confrontation face à l’Italie. Pour les deux équipes, c’est aussi le moment de se juger l’une et l’autre car les deux pays se retrouvent dans le même groupe éliminatoire pour les Championnats d’Europe en 2000.
Au regard de la composition, Aimé Jacquet aligne une Équipe de France sans quelques tauliers comme Barthez, Zidane ou Blanc. Dans le stade du Dynamo, sur un terrain difficile, les Français se font surprendre dès la 3e minute. Sur une passe en retrait anodine de Leboeuf, Letizi tente de dégager et se fait contrer par Yuran qui n’a plus qu’à la pousser dans le but pour ouvrir le score. Cette boulette de Letizi va d’ailleurs lui couter sa place au sein de l’Equipe de France.
Les Russes auront les plus grosses occasions du match notamment ce poteau trouvé sur une frappe de Yuran. Filipov sera peu mis en danger durant cette partie pauvre en occasions. La défaite 1-0 des Français à quelques mois de la Coupe du Monde entraînera des interrogations sur les chances de l’Équipe de France dans ce Mondial. Le titre de Champion du Monde sera la plus belle des réponses.
10 octobre 1998 – Eliminatoires Euro 2000 – Russie 2 – 3 France
Equipe de Russie
Ovchinnikov, Khlestov, Varlamov, Alenichev, Yanovski, Beschastnykh, Onopko, Karpin, Titov, Mostovoi, Tikhonov
Equipe de France
Lama, Thuram, Lizarazu, Petit, Blanc, Djorkaeff, Deschamps, Desailly, Anelka, Zidane, Pirès
Quelques mois après l’euphorie née de son titre mondial, l’équipe de France doit démarrer les éliminatoires de l’Euro 2000 dans un groupe très relevé où figurent la Russie et l’Ukraine. Avec un match nul en Islande (1-1), les Bleus ont mal entamé ces qualifications tout comme la Russie, battue chez le voisin ukrainien (2-3). Ce sont donc deux équipes en manque de points qui se retrouvent au stade Luzhniki. Les Bleus s’illustreront les premiers : Zidane envoie un caviar au jeune Nicolas Anelka qui devance la sortie d’Ovchinnikov d’un superbe ballon piqué (0-1).
Un quart d’heure plus tard, un Anelka virevoltant sur son côté gauche envoyait un centre parfaitement repris par Robert Pires qui portait le score à 0-2. De quoi décourager définitivement les Russes ? Pas vraiment : juste avant la pause, c’est un joueur qui évolue alors en France, en l’occurrence Igor Yanovski, qui redonnera espoir à la Sbornaya en battant Bernard Lama de la tête (1-2). En deuxième période, il faudra à peine dix minutes aux Russes pour égaliser grâce à un coup franc puissant signé d’une vieille connaissance du championnat de France, Aleksandr Mostovoi. La précision de la frappe du célèbre numéro 10 russe ne laisse aucune chance à Bernard Lama. 2-2.
Déterminée à s’imposer, l’équipe de France reprend alors le contrôle des opérations et elle obtiendra sa victoire au bout du suspense grâce à l’un de ses remplaçants : Zidane trouve Pires qui centre alors pour Boghossian, qui n’a plus qu’à pousser le ballon dans le but vide. Laurent Blanc ratera ensuite un penalty, sans conséquence. Avec cette victoire (2-3), les Bleus lançaient enfin leur campagne de qualification et s’offraient un succès historique car étant le premier dans l’histoire à Moscou.
https://www.youtube.com/watch?v=oN1l6p7qtAY
5 juin 1999 – Eliminatoires Euro 2000 – France 2 – 3 Russie
Equipe de France
Barthez, Candela, Thuram, Petit, Blanc, Djorkaeff, Deschamps, Desailly, Anelka, Wiltord, Dugarry
Equipe de Russie
Filimonov, Khlestov, Varlamov, Semak, Smertin, Mostovoi, Onopko, Karpin, Titov, Panov, Tikhonov
C’est la fin de la saison pour l’équipe de France qui peine à convaincre depuis son couronnement à la Coupe du Monde (l’Allemagne actuelle ne dira pas l’inverse). Le début de campagne éliminatoire pour l’Euro 2000 a été plutôt poussif pour les Bleus et nombre de joueurs sont fatigués à l’image de Zinedine Zidane, blessé et donc absent pour ce France – Russie. En face, la Sbornaya se présente dans une configuration « à l’ancienne » avec une défense à cinq menée par le libero et capitaine Viktor Onopko. L’entame est plutôt française mais Filimonov fait le travail dans les buts pour empêcher les Bleus d’ouvrir le score. Et à la surprise générale, ce sont les Russes qui ouvriront le score : Karpin sert Titov dont le centre est dévié du bras par Candela. La trajectoire du ballon surprent Barthez et Aleksandr Panov n’a plus qu’à pousser le ballon au fond (37′, 1-0). C’est avec cet avantage au score que la Russie rentrera aux vestiaires.
Dès l’entame de la deuxième période, les Bleus réagiront : le coup franc de Petit, en force et à ras de terre, est suffisamment dévié par Sergei Semak (une future connaissance de la Ligue 1) pour prendre Filimonov à contre-pied (47′, 1-1). Ce début de seconde mi-temps est totalement à l’avantage des Français et Sylvain Wiltord s’offre alors un but d’anthologie. Toute teinture blonde dehors, celui qui porte le numéro dix et qui vient d’être sacré champion de France et meilleur buteur avec Bordeaux démarre un sprint insensé de sa moitié de terrain, prend toute la défense russe de vitesse et finit par conclure d’une frappe croisée (53′, 2-1). La France se créera par la suite d’autres occasions sans concrétiser, ce qui profitera aux Russes qui égaliseront à un quart d’heure du terme. Karpin récupère le ballon au milieu du terrain avant de distiller une passe parfaite pour Panov (futur joueur de Saint-Étienne) qui, pour le match de sa vie, s’offrira un doublé grâce à une frappe puissante imparable pour Fabien Barthez (74′, 2-2). La fin de match sera totalement à l’avantage de la Russie qui allait voir ses intentions récompensées en fin de rencontre.
Avant-dernier passeur sur le premier but, passeur décisif sur le second, Valeri Karpin se muait en buteur en étant parfaitement placé pour reprendre un centre du regretté Ilya Tsymbalar, entré en jeu plus tôt dans la rencontre (84′, 2-3). Ce but est la copie conforme de celui d’Alain Boghossian qui avait offert la victoire aux Bleus lors du match aller. La Russie l’emporte face à une équipe de France fatiguée à l’image d’un Djorkaeff victime d’un malaise après la rencontre. Elle devenait tout à la fois la première équipe à s’imposer face aux Bleus au Stade de France depuis son inauguration et la première à battre la France depuis son succès en Coupe du monde. Un peu plus d’un an plus tard, la Russie ne sera néanmoins pas qualifiée pour l’Euro 2000 pendant que les Bleus remportaient le tournoi.
https://www.youtube.com/watch?v=cpv0trMkX4M
17 avril 2002 – Match amical – France 0-0 Russie
Equipe de France
Barthez, Turam, Leboeuf, Desailly, Lizarazu, Vieira, Petit, Zidane, Djorkaeff, Henry, Anelka
Equipe de Russie
Nigmatullin, Daev, Onopko, Nikiforov, Sennikov, Karpin, Smertin, Titov, Mostovoï, Izmaïlov, Beschastnykh
Les deux pays s’affrontent pour la cinquième fois en match amical à quelques mois de la Coupe du Monde 2002 au Japon et en Corée du Sud. La France, vainqueur de la Coupe du Monde 1998 n ‘a pas participé aux phases éliminatoires. La Russie a terminé première de son groupe derrière la Slovénie avec une seule défaite face à cette dernière.
Au Stade de France, la France se procure les meilleures occasions de la première période par l’intermédiaire d’Anelka notamment, qui a l’opportunité d’ouvrir le score mais il est justement signalé en position de hors-jeu. Côté russe, la plus belle occasion est pour Egor Titov qui décoche une superbe frappe des 35 mètres mais Barthez est à la parade. En deuxième période, Desailly d’une tête n’est pas loin d’ouvrir le score mais Nigmatullin, décisif à plusieurs reprises ce soir-là, l’en empêche. Les esprits s’échauffent entre Karpin et Zidane et durant les vingt dernières minutes, Karpin sera l’objet des sifflets du public à chaque fois qu’il touche le ballon.
Lire aussi : Egor Titov, le fidèle du Spartak
Le score ne bougera pas et les deux équipes se quittent sur un score nul et vierge. Les deux équipes quitteront la Coupe du Monde 2002 par la petite porte, la Russie finissant 3ème de son groupe avec une victoire (contre la Tunisie 2-0) et deux défaites (contre le Japon et la Belgique) et la France dernière de son groupe avec un match nul (Uruguay) et deux défaites (Sénégal et Danemark).
Karim Hameg et Vincent Tanguy
Image à la une : © PHILIPPE DESMAZES/AFP/Getty Images