C’est le grand retour de la Ligue des Champions. Ce mardi, pendant que toute la France sera tournée vers le Parc des Princes, le Zenit Saint-Pétersbourg se déplacera sur le terrain de Benfica pour le compte de son huitième de finale aller avec pour objectif de se rapprocher des quarts de finale. La rencontre entre les deux derniers champions de Russie et du Portugal tend à devenir un classique de la compétition puisque c’est la troisième fois en quatre ans que ces deux équipes se retrouvent en Ligue des Champions.

La première confrontation entre ces deux équipes a eu lieu à ce même stade des huitièmes de finale en février 2012. Il s’agissait d’une première historique à ce stade de la compétition pour le Zenit. Retour sur une rencontre spectaculaire.

Le contexte

Observer le tableau des huitièmes de finale de la Ligue des Champions 2011/2012, c’est prendre conscience des changements qui ont affecté le football européen en seulement quatre ans. À l’époque, l’Italie qualifiait directement trois de ses représentants pour la C1 et ces trois équipes avaient toutes passé le premier tour. On retrouvait le Milan AC, l’Inter Milan et Naples, la Juventus n’étant qualifiée pour aucune compétition européenne et démarrant tout juste son opération reconquête sur le plan national. Le Milan AC est d’ailleurs encore une équipe qui compte en Europe et quelques heures après le match qui nous concerne, il écrasera Arsenal (4-0).

La France envoie quant à elle deux équipes en huitièmes de finale : Lyon et Marseille, Lille, champion de France en titre, étant éliminé dès le premier tour. Tout juste racheté par les Qataris, le PSG a été sorti dès les phases de poules… de l’Europa League. Monaco, qui vient d’être racheté par Dmitry Rybolovlev, se traîne quant à lui en bas de tableau de Ligue 2. Enfin, le CSKA Moscou a permis à la Russie d’aligner pour la première fois de l’histoire deux équipes en huitièmes de finale. L’ancien club de l’Armée rouge fait à l’époque encore figure d’outsider en Europe, lui qui avait atteint les quarts de finale de la Ligue des Champions deux ans plus tôt. Performance qui ne se reproduira pas : le Real Madrid était bien trop fort (1-1, 1-4).

Cette saison 2011/2012 est également la dernière durant laquelle on assistera à des affrontements entre clubs russes et ukrainiens. Lors du troisième tour préliminaire, le Rubin Kazan éliminera le Dynamo Kiev (2-0, 2-1) tandis que le Zenit Saint-Pétersbourg figurera dans le même groupe que le Shakhtar Donetsk (nous y reviendrons).

Le parcours

Champion de Russie en 2010, le Zenit Saint-Pétersbourg retrouvait la Ligue des Champions un an après le mémorable échec en barrages face à l’AJ Auxerre. Le tirage au sort lui a offert le groupe G, un groupe plutôt homogène où figurent Porto, le Shakhtar Donetsk et l’APOEL Nicosie. La mission ne s’annonce toutefois pas facile puisque Porto (sans Falcao) est à l’époque tenant de l’Europa League tandis que le Shakhtar Donetsk a atteint les quarts de finale de la Ligue des Champions la saison précédente.

Tout démarre très mal pour le Zenit : sur le terrain de l’APOEL Nicosie,  Zyryanov ouvre le score, mais les Chypriotes marquent deux fois en deux minutes et obtiennent une victoire surprenante (2-1). La suite se déroule heureusement mieux : face au FC Porto, le Zenit se remet plutôt bien de l’ouverture du score de James Rodríguez et finit par l’emporter (3-1) grâce notamment à un doublé de Shirokov. Le Zenit est ensuite tenu en échec sur le terrain du Shakhtar Donetsk au terme d’un match spectaculaire (2-2) avant de l’emporter au retour (1-0).

Ensuite, le club de Saint-Pétersbourg concède le nul face à l’APOEL Nicosie (0-0) avant de se qualifier après un nouveau nul, à Porto (0-0), un résultat préservé par un Vyacheslav Malafeev exceptionnel dans les buts.
Le Zenit Saint-Pétersbourg se qualifie pour la première fois de son histoire pour les huitièmes de finale de la Ligue des Champions. Il ne termine toutefois que deuxième de son groupe derrière le surprenant APOEL Nicosie. À égalité de points avec les Chypriotes, le Zenit est devancé à la différence particulière.

Benfica a quant à lui terminé leader du groupe C devant le FC Bâle et, plus surprenant, devant Manchester United. L’Oţelul Galaţi, qui figurait lui aussi dans ce groupe en tant que champion de Roumanie en titre, a terminé dernier avec six défaites en autant de matchs.

Les compositions d’équipe

Le Zenit de Luciano Spalletti apparaît affaibli au moment d’affronter Benfica le 15 février 2012. Le héros de Porto Vyacheslav Malafeev est absent dans les buts, remplacé par le Biélorusse Yuri Zhevnov. En défense, l’absence de Domenico Criscito entraîne le passage à gauche de Tomáš Hubočan et la titularisation dans l’axe de la défense de Bruno Alves aux côtés de Nicolas Lombaerts. Aleksandr Anyukov, titulaire à droite, est capitaine. Le milieu de terrain Shirokov – Denisov – Zyryanov (qui est aussi celui de la sélection russe de l’époque) est présent. En attaque, le Zenit doit se passer de son meilleur joueur Danny, victime quelques semaines plus tôt d’une rupture des ligaments croisés lors d’un camp d’entraînement de son club en Italie.

L’ailier portugais allait également manquer l’Euro 2012 dans la foulée. Arrivé quelques jours plus tard, Andrei Arshavin n’était de toute façon pas qualifié pour jouer, ayant déjà joué en Ligue des Champions avec Arsenal. C’est le jeune Maksim Kanunnikov, revenu d’un prêt au Tom Tomsk, qui occupe le couloir gauche. Kerzhakov, de retour de blessure, est aligné en pointe tandis que Viktor Fayzulin est titulaire à droite. Vladimir Bystrov est sur le banc aux côtés de Sergei Semak.

Bruno Alves est le seul portugais présent sur le terrain au coup d’envoi. Benfica n’aligne en effet aucun national dans son onze de départ qui comporte quatre Brésiliens (Artur, Emerson, Luisão et Bruno César), deux Argentins (Gaitán et Garay), un Paraguayen (Cardozo), un Uruguayen (Maxi Pereira), un Espagnol (Rodrigo), un Serbe (Matić) et un Belge (Witsel). Comme Hulk quelques semaines plus tôt, Witsel et Garay (ainsi que Javi García, absent ce jour-là) ne se doutent pas encore qu’ils finiront par fouler très régulièrement la pelouse du stade Petrovsky.

Le déroulement du match

Dominateur, Benfica va logiquement ouvrir le score à la 20ème minute. Sur un terrain indigne (ce qui est souvent le cas en Russie à cette période de l’année), les Portugais vont obtenir un excellent coup franc à l’entrée de la surface. Le tir d’Óscar Cardozo est repoussé par Zhevnov dans les pieds de l’une des figures emblématiques de Benfica, l’arrière droit uruguayen Maxi Pereira.

Les Portugais verront rapidement les Russes revenir dans la partie : 28ème minute : Hubočan centre depuis le côté gauche pour Roman Shirokov dont la reprise de volée ne laissait aucune chance à Artur. 1-1, c’était le score à la pause.

En deuxième période, Luciano Spalletti procède à du coaching. Konstantin Zyryanov est remplacé par Sergei Semak à la pause tandis qu’à la 66ème minute Vladimir Bystrov remplace Maksim Kanunnikov. Des changements payants puisque les deux entrants seront à l’origine de l’un des plus beaux buts de la saison, d’une véritable démonstration de grâce, ce qui est normal au pays du ballet du Bolchoï.

On joue la 71ème minute : Aleksandr Kerzhakov, mobile et actif comme à son habitude, se retrouve sur le côté droit et remise le ballon d’une aile de pigeon. En une touche de balle, Vladimir Bystrov remet le ballon dans la surface en direction de Sergei Semak. Dos au but, le vétéran russe tente alors un geste fou : sa talonnade termine au fond des filets d’Artur.
Ce but exceptionnel semble mettre le Zenit sur le chemin de la victoire, mais les Portugais poussaient pour égaliser et revenir à Lisbonne avec un résultat favorable. Une pression payante puisqu’en fin de rencontre Nicolás Gaitán, laissé trop seul dans la surface, tirait au but. Zhevnov repoussait le ballon, mais en tentant de s’en emparer il renvoyait le ballon sur Cardozo qui ne se faisait pas prier pour concrétiser l’offrande (87′).

Les erreurs du gardien biélorusses allaient coûter la victoire au Zenit Saint-Pétersbourg, mais c’était sans compter sur la pugnacité de Roman Shirokov. Le milieu de terrain russe, alors au sommet de sa carrière, profitait des approximations lisboètes en défense à la suite d’un centre d’Anyukov. Après avoir effacé Artur de manière un peu chanceuse, Shirokov propulsait le ballon au fond et offrait la victoire au Zenit (3-2) quasiment dans la foulée de l’égalisation.

La suite

Cette courte victoire sera insuffisante pour le club russe. Au match retour, Maxi Pereira et le jeune Nélson Oliveira permettaient à Benfica de l’emporter (2-0) et d’aller en quarts de finale.
Le parcours de Benfica s’arrêtera en quarts de finale face à Chelsea, futur vainqueur de l’épreuve (0-1, 1-2).

Les deux équipes se retrouveront lors de la saison 2014/2015, en phase de poules. Le Zenit aura sa revanche puisqu’il l’emportera à deux reprises (2-0, 1-0). Ce sera toutefois insuffisant pour passer le premier tour. Les Portugais terminaient quant à eux derniers du groupe.

Karim Hameg


Image à la une : © Вячеслав Евдокимов / fc-zenit.ru 

2 Comments

  1. Benfica TV 13 octobre 2016 at 19 h 23 min

    Très belle prestation de la part des deux clubs, je m’en souvient 😉

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  2. Pingback: 2012 : quand le transfert de Witsel a failli faire exploser le Zenit - Footballski - Le football de l'est

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