Ce samedi 25 juillet, toute la planète football avait les yeux braqués sur le palais Constantin (ou Konstantinovskiy) de Saint-Pétersbourg. Sous la direction de la célèbre mannequin russe Natalia Vodianova et du présentateur Dmitry Shepelev (qui s’était distingué lors du dernier Eurovision) et avec une foule d’invités prestigieux venus du monde du football (Ronaldo, Fabio Cannavaro, Diego Forlán, Oliver Bierhoff…) a eu lieu le tirage au sort des éliminatoires de la Coupe du monde 2018 qui aura lieu en Russie. Tirées en dernier, les équipes européennes savent désormais ce qui les attend sur la route du Mondial. À un peu plus d’un an du début de ces qualifications, il sera question ici de tenter le pari, risqué, d’évaluer les possibilités des uns et des autres.
Pour rappel, les équipes d'Europe de l'est étaient répartis au sein des chapeaux de la manière suivante : Chapeau 1 : Roumanie, Croatie Chapeau 2 : Slovaquie, Autriche, République tchèque, Bosnie-Herzégovine Chapeau 3 : Ukraine, Pologne, Hongrie, Albanie, Serbie, Grèce Chapeau 4 : Slovénie, Bulgarie, Monténégro Chapeau 5 : Estonie, Lettonie, Biélorussie, Macédoine, Lituanie, Moldavie (la Russie est qualifiée d'office en tant que pays organisateur)
Groupe A : Pays-Bas, France, Suède, Bulgarie, Biélorussie, Luxembourg
La France redoute, à juste titre, ces éliminatoires dans un groupe difficile. Mais que doivent alors penser la Bulgarie et la Biélorussie ? Peu visibles lors des dernières échéances éliminatoires, ces deux équipes n’ont que de très faibles chances de qualification dans un groupe qui compte deux des meilleures équipes européennes et un habitué des phases finales. Mieux vaut d’ores et déjà, pour ces deux équipes, penser à la Ligue des Nations et à l’Euro 2020.
Groupe B : Portugal, Suisse, Hongrie, Îles Féroé, Lettonie, Andorre
Encore en course dans la qualification à l’Euro 2016, la Hongrie pourrait disputer une phase finale pour la première fois depuis 30 ans, bien aidée par l’élargissement de l’Euro à 24 et, par conséquent, par la possibilité offerte aux troisièmes de se qualifier. Cette possibilité n’existe pas pour les éliminatoires de la Coupe du monde. Les Magyars devront terminer à l’une des deux premières places de leur groupe s’ils veulent voir la Russie et la mission s’annonce plutôt difficile avec la présence du Portugal et de la Suisse dans ce groupe. La Hongrie ne devra pas lâcher de points face aux autres équipes du groupe (d’un niveau relativement faible) et jouer le coup à fond face aux favoris.
Pour la Lettonie, en revanche, les chances de qualification sont presque inexistantes. Avec la présence des Îles Féroé, les Baltes pourront toutefois viser la quatrième place.
Groupe C : Allemagne, République tchèque, Irlande du Nord, Norvège, Azerbaïdjan, Saint-Marin
Championne du monde en titre et quasiment invincible en éliminatoires du Mondial, l’Allemagne sera bien évidemment favorite de ce groupe C. Plutôt que d’être la principale concurrente des Allemands pour la première place, la République tchèque s’avance dans ce groupe en tant que favorite à la deuxième place, celle de barragiste. Si l’Azerbaïdjan et Saint-Marin ne semblent pas en mesure d’effrayer les Tchèques, l’Irlande du Nord et la Norvège pourraient être de sérieux concurrents en vue d’une éventuelle qualification.
Groupe D : Pays de Galles, Autriche, Serbie, Irlande, Moldavie, Géorgie
Quatre équipes de l’est sont présentes dans ce groupe qui s’annonce comme étant l’un des plus ouverts de ces éliminatoires. Placées respectivement dans les chapeaux 2 et 3, l’Autriche et la Serbie ont hérité de l’une des têtes de série les plus faibles (sur le papier) de ces qualifications, à savoir le Pays de Galles, et ont toutes les chances d’accéder au moins à la deuxième place et donc aux barrages. Une lutte à quatre semble se dessiner entre Gallois, Autrichiens, Serbes et Irlandais.
Derrière ce groupe homogène, la Moldavie semble loin d’un espoir d’atteindre l’une des deux premières places et se contente de la future visite de Gareth Bale à Chişinău. Elle va sans doute se battre avec la Géorgie pour éviter la dernière place.
Groupe E : Roumanie, Danemark, Pologne, Monténégro, Arménie, Kazakhstan
Quatre représentants de la « Team Footballski » et deux anciennes républiques soviétiques figurent dans ce groupe très ouvert. Tête de série grâce à son bon parcours lors des éliminatoires de l’Euro 2016, la Roumanie ne fait pas vraiment figure de favorite dans ce groupe ouvert où le Danemark et la Pologne (leader de son groupe qualificatif pour l’Euro 2016, devant l’Allemagne) ont également des chances de qualification. Le Monténégro saura lui aussi saisir sa chance dans son style accrocheur si caractéristique.
Groupe F : Angleterre, Slovaquie, Écosse, Slovénie, Lituanie, Malte
Comme lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2010, la Slovaquie et la Slovénie (presque le même nom, presque le même drapeau) se retrouveront dans le même groupe éliminatoire. À l’époque, ces deux sélections avaient terminé aux deux premières places de leur groupe et s’étaient qualifiées toutes les deux pour le Mondial sud-africain, la Slovénie triomphant de la Russie au terme d’un barrage resté dans les annales (1-2, 1-0). Il apparaît peu probable qu’un tel scénario se reproduise puisque l’Angleterre figure dans ce groupe. Si cette dernière ne brille pas lors des phases finales, elle sait se mettre en évidence lors des éliminatoires. Entre la Slovaquie et la Slovénie, il ne devrait donc en rester qu’un, au meilleur des cas, puisque l’Écosse sera également un adversaire redoutable.
Troisième larron est-européen du groupe, la Lituanie n’aura sans doute pas les moyens de se mêler à la lutte.
Groupe G : Espagne, Italie, Albanie, Israël, Macédoine, Liechtenstein
Nantie de son nouveau statut d’équipe du troisième chapeau, l’Albanie pensait pouvoir croire en ses chances de qualification. Elle n’a malheureusement pas été gâtée par le tirage au sort qui lui a offert un groupe relevé dans lequel figurent l’Espagne et l’Italie (soit les deux finalistes du dernier Euro qui ont à eux deux remporté deux des trois dernières Coupe du monde). Habituées des phases finales, ces deux sélections vont sans doute terminer aux deux premières places du groupe. Au grand dam, donc, de l’Albanie qui va d’ici là se concentrer pleinement sur les éliminatoires de l’Euro 2016 où elle reste invaincue.
La Macédoine fera quant à elle de la figuration dans ce groupe mais son duel avec l’Albanie sera très attendu dans un contexte tendu entre les deux pays.
Groupe H : Belgique, Bosnie-Herzégovine, Grèce, Estonie, Chypre
Lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2014, la Bosnie-Herzégovine et la Grèce figuraient dans le même groupe. Au coude à coude jusqu’au bout, les deux équipes ont terminé avec le même nombre de points mais ce sont les Bosniens, grâce à une meilleure différence de buts, qui se sont qualifiés directement tandis que les Grecs ont dû passer par les barrages pour rejoindre le Brésil. Ces deux équipes se retrouveront lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2018 mais il est peu probable de voir ces deux formations, actuellement en difficulté dans la course à l’Euro 2016, se qualifier toutes les deux. Et pour cause, la Belgique figure dans ce groupe dont elle sera la favorite. La lutte Bosnie-Herzégovine – Grèce devrait cette fois concerner la deuxième place.
L’Estonie aura quant à elle du mal à se qualifier au vu de la densité de ce groupe.
Groupe I : Croatie, Islande, Ukraine, Turquie, Finlande
Ce groupe n’est sans doute pas le plus relevé sur le papier mais il est l’un des plus denses de ces éliminatoires. Tête de série, la Croatie sera favorite dans la course à la qualification directe mais elle n’aura pas de match facile à jouer.
L’Ukraine tentera quant à elle de jouer sa carte mais elle apparaît moins armée que les Croates. Elle devra lutter pour une place de barragiste avec l’Islande, puissance émergente du football européen, mais également avec la (régulièrement décevante) Turquie. La Finlande ne sera pas non plus facile à battre. Bref, difficile d’établir un quelconque pronostic.
Rappelons que les premiers de chaque groupe seront qualifiés directement pour le Mondial 2018. Les huit meilleurs deuxièmes iront en barrages et les quatre vainqueurs des barrages iront à la Coupe du Monde.
Comme la France pour les éliminatoires de l’Euro 2016, la Russie affrontera les équipes de l’un des groupes à cinq lors de matchs amicaux, en l’occurrence celles du groupe H (l’Ukraine figurant dans le groupe I, la Russie ne peut affronter les équipes de ce groupe).
Le calendrier des éliminatoires est déjà disponible sur le site de la FIFA, tout comme celui des matchs amicaux que devra disputer la Russie.
Karim Hameg