Les deux plus grandes villes de Pologne étaient mises à l’honneur en ce dimanche de Święty Mikołaj (Saint-Nicolas). Avec 3 journées de championnat calées en une semaine, le programme était donc chargé pour toutes les équipes de l’élite. Pour l’occasion, les Rouges du Wisła Krakow ont été gâtés avec une suite de match relativement compliquée. Ainsi, après avoir affronté Cracovia pour le derby (Voir aussi : On a vécu Wisla Krakow vs. Cracovia ) puis le Lech Poznan, champion en titre qui revient de journée en journée dans le haut du tableau, ils ponctuaient cette grosse semaine avec la réception du Legia Varsovie, pour un des grands Classiques d’Ekstraklasa.

Le Wisla laisse les clés de Cracovie

Favori et en pleine confiance, le Legia se déplaçait à Cracovie invaincu depuis 5 matchs, deuxième au classement, avec la deuxième meilleure attaque et la deuxième meilleure défense. Les Légionnaires partaient également avec l’avantage moral de ne plus avoir perdu ce classique depuis 2013.

Privés de victoire à domicile depuis le 28 août (!), les fans du Wisła ne sont pas récompensés pour leur support indéfrisable. De plus, le club va mal et les Étoilés vivent une période compliquée avec trois matchs sans victoire, un derby perdu à domicile dimanche dernier et enfin, le limogeage de l’entraîneur Kazimierz Moskal suite au derby. Mais plus que les faits, le jeu proposé est loin d’être convaincant et les problèmes internes (salaires, direction) guettent.

Pour enfoncer le clou, une dizaine de supporters ont fait irruption sur la pelouse du stade samedi, veille du match, où les joueurs s’entraînaient. Aucun incident à signaler heureusement, mais les fans ont clairement fait savoir qu’ils voulaient voir les joueurs mouiller le maillot et se donner à fond, peu importe les scores. Une victoire de prestige face au Legia dans un moment si difficile pourrait alléger une ambiance déjà bien lourde.

Petite éclaircie dans la grisaille ambiante, Arkadiusz Glowacki, le capitaine des Étoilés, fêtait pour l’occasion son 400e match. Il a été honoré comme il le mérite et remercié par son club de toujours. Celui qu’on surnomme ‘Arek’ a par la même occasion battu le record du club vieux de 45 ans. Arrivé en 2000 en provenance du Lech Poznan, Glowacki n’a plus joué que pour le Wisła, mis à part une parenthèse entre 2010 et 2012 à Trabzonspor.

Déjà mal en point, le Wisła devait en plus composer sans plusieurs joueurs dont Pawel Brozek, le meilleur buteur du club blessé. En face, le Legia comptait également quelques absents dont Rzeźniczak ou encore Furman. Toutefois, Nemanja Nikolić, le meilleur buteur du championnat, était bien sur la feuille de match.

Le Saint-Patron pour aider le Wisla ?

A l’entrée des joueurs, la poignée de supporters du Legia nous offraient fumigènes, coups de sifflets et insultes. Tandis que les ultras du Wisła nous en mettaient plein la vue, avec un superbe tifo aux couleurs du club, et dans une ambiance beaucoup plus intense que face à Cracovia! Stade plein, atmosphère de grands soirs, et 2 camps de supporters qui se haïssent: les ingrédients pour une ambiance surchauffée!

Dès le coup d’envoi, les Étoilés y faisaient honneur en prenant les choses en main. Dominateurs dans le jeu, ils ont rapidement imposé leur rythme et présence dans le camp visiteur. Et après un round d’observation rapide, les Rouges se créaient quelques actions chaudes comme lorsque l’international Haitien Donald Guerrier se permettait un beau retourné acrobatique. Dušan Kuciak, le gardien slovaque du Legia avait beaucoup de boulot dans cette première demi-heure, très sollicité. Et il fallait attendre la fin de la mi-temps pour enfin voir la première offensive du Legia. Les visiteurs revenaient dans le coup avec 2 occasions dangereuses via Ondrej Duda et Tomasz Brzyski sur coup-franc, juste avant le repos. Seul point noir, la sortie sur blessure du Slovène Boban Jović, un autre coup dur pour les Étoilés.

Après la pause, le rythme et l’intensité baissaient légèrement, les échanges s’équilibraient un peu et le Legia revenait dans le coup. Les visiteurs se montraient un peu plus dangereux et Stanislav Tchertchessov décidait de faire rentrer Guilherme et Piech après l’heure de jeu, pour accentuer la pression offensive.

© Chafik O. / Footballski
© Chafik O. / Footballski

L’absence de Pawel Brozek se faisait cruellement sentir. Efficace mais aussi capable d’attirer les défenseurs pour créer des espaces, le Wisła était clairement en manque d’inspiration offensive sans son meilleur buteur. Malgré un match courageux et une bonne présence physique dans les duels, ils sont finalement tombés à court d’idées et incapables de se créer des occasions franches, ni d’inquiéter le gardien visiteur.

C’est là qu’entrent en scène l’expérience et le réalisme du Legia. Et qui d’autre que Nikolic, jusque là invisible (et il faut le dire, très bien muselé par le duo défensif Glowacki – Guzmics), pour surgir tel un diable et crucifier tout un stade à 5 minutes de la fin! Sur un centre-tir dévié par la défense rouge, le serial buteur hongrois esseulé au 2e poteau profite du relâchement de la défense pour inscrire son 20e but de la saison.

Alors qu’on se dirigeait vers un nul logique, le hongrois a non seulement fait taire tout un stade, mais gentleman, il offre même le 2e but à son co-équipier suisse Aleksandar Prijovicia dans les arrêtes de jeu.

0-2 score final, un score injuste pour le Wisła mais le réalisme paye en football. La performance générale du Legia n’était ni impressionnante, ni brillante, mais solide et efficace. Le coach russe Stanislav Cherchesov avait opté pour une compo de départ assez défensive. Tactique payante car au fil du match, on pouvait remarquer le Wisła s’essouffler, leur domination devenir stérile, et leurs occasions se rarifier malgré une bonne possession de balle. Les visiteurs, eux, jouaient le contre tout en restant solides et bien groupés, avec une grosse perf’ du capitaine Michał Pazdan en défense.

Conférence de presse sous le signe de la moustache et du Legia

Cette saison est l’année du Centenaire du Legia et le titre une obligation. Quand au Wisła, les Étoilés continuent leur décente aux enfers. Martin Broniszewski, l’entraîneur intérim restera sur le banc pour finir l’année, avant qu’un nouveau coach arrive cet hiver. Les joueurs vont devoir gérer la pression, se remettre en question et surtout continuer à travailler.

Après le match, Arkadiusz Glowacki revenait très modestement sur sa 400e: « C’est un immense honneur et une grande fierté, jamais je n’aurai pensé arriver à un tel record. Mais vu la mauvaise passe que l’on vit actuellement, je préfère mettre cela au second plan et rester concentré sur l’équipe. » Pour rappel, celui qui a remporté 6 championnats, 2 Coupes nationales, 1 Super Coupe et 1 Coupe de la Ligue avec le Wisła, a annoncé en début de saison qu’il jouerait la dernière de sa carrière.

En conférence de presse, Stanislav Cherchesov a parlé du calendrier très chargé qui attentait son équipe. Il est également revenu sur le match difficile et très physique – il craint d’ailleurs des blessures suite à quelques contactes très virils, et déplore certaines décisions de l’arbitre. Enfin, il a tenu à saluer la performance solide de ses Légionnaires, qui ont bien résisté et dont la patience a payé avec 2 buts très tardifs.

Malgré la présence du Saint-Patron, qui par tradition apporte des cadeaux aux enfants sages, les fans du Wisła n’ont pas été gâtés et devront se montrer patients, très très patients même…

Chafik O.


Image à la une : © Chafik O. / Footballski

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