La neige a fait son retour à Bucarest cette semaine, l’occasion est donc idéale pour visiter la périphérie de la capitale et ainsi voir les bienfaits d’un manteau blanc dans les contrées de la plaine valaque, aux confins du județ d’Ilfov afin de poser le pied à Snagov où devait se rencontrer le Sportul Snagov et le Ripensia Timișoara, pour la reprise de la Liga II, le deuxième échelon roumain. Un stade où Footballski s’était déjà rendu en mai dernier, lorsque le club avait déjà déménagé mais se nommait encore Metalul Reșița.


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Mais bien nous a pris de vérifier, en cours de route, l’adresse exacte de cette rencontre. Alors que l’on s’apprête à prendre le bus vers Snagov et son monastère, nous nous rendons compte que le match est en réalité disputé à Stefaneștii de Jos, dans le stade « Dumitru Mătărău » du CS Stefanești, étant donné que l’arène snagovienne est en rénovation. Bien que Stefaneștii de Jos se trouve à une moindre distance de Snagov, cette illumination nous parvient alors que l’on se trouve à Piața Presei. Il faut donc re-traverser le nord de Bucarest, avant de prendre un minibus jusque-là. Un long périple. La tentation d’ubériser le trajet est grande, mais cela coûte presque autant qu’un vol vers Timișoara, et puis l’envie de découvrir les joies des maxitaxis roumains reprend bien vite le dessus.

Après avoir serpenté Bucarest en bus jusqu’à Colentina, nous prenons donc le maxi taxi vers Stefaneștii de Jos, ou plutôt de Sus, où se trouve le stade. Un Sprinter tout ce qu’il a de plus classique, avec un conducteur qui ne cesse de parler avec son compère gérant la comptabilité (3 lei le trajet, soit 65 centimes d’euro) tapant la causette avec l’un ou l’autre navetteur. La neige fondante s’abat sur Bucarest, mais notre itinéraire nord-est ne nous indique pas vraiment de rayon de soleil, bien au contraire. Exit les barres et les quartiers nord, on traverse la ceinture de Bucarest pour trouver à Stefaneștii de Jos des ruelles moins symétriques et leurs basses maisons, ainsi que ses jolies églises.

Arrivé dans la petite bourgade sous un temps bien pluvieux, on se dirige vaille que vaille vers le stade communal où l’on découvre de visu, pour la première fois, les magnifiques maillots Sang et Or du Ripensia. A l’entrée, une fouille rudimentaire et une réponse amusante à notre bête question posée au stadier qui tient l’entrée : « Combien ça coûte ? – Pour toi, deux millions ! » Qu’importe, on nous donne un ticket en papier avec le numéro de notre siège, un détail dont on se passera aujourd’hui. Direction le haut de la tribune pour éviter le plus possible les rafales de vent qui nous guettent de partout.

© Footballski.fr

Une unique tribune latérale, couverte, parsemée d’une centaine de spectateurs déjà plongés dans un match commencé depuis une vingtaine de minutes. Comme le veut la légende, il existe des supporters du Ripensia dans les quatre coins de la Roumanie. Stefaneștii de Jos n’échappe pas à la règle et plusieurs ripensistes sont présents, l’un d’entre eux portant même l’écharpe et un drapeau aux couleurs du club. A l’étage de la maison qui abrite les vestiaires, la terrasse abrite ce qui semble être la tribune VIP, elle aussi dotée de deux parasols pour échapper aux minuscules flocons. La télévision est elle aussi bel et bien présente et retransmet le match en direct sur une chaîne locale d’un opérateur de téléphone allemand qui a porté, fût un temps, Jan Ullrich au sommet.

Les flocons, les joueurs n’en sont pas dispensés. Sur un terrain en relativement mauvais état, cabossé et où la température doit frôler le zéro, les courses sont saccadées et les mouvements imprécis, tout comme les passes. Difficile de construire du jeu, même si le Sportul Snagov semble tirer son épingle du jeu. Les hôtes contrôlent la balle sans toutefois se créer beaucoup d’occasions. Un déboulé côté gauche oblige toutefois le gardien ripensiste Rădulescu à faire entendre le bruit de ses gants sur une frappe assez lourde qui se dirigeait en lucarne. Entre temps, la rigolade est à son comble lorsqu’un défenseur du Ripensia fait tomber la poubelle des tribunes en dégageant le ballon. Dix points.

Quelques minutes plus tard, sur un ballon vers l’avant assez anodin, le même Rădulescu et son défenseur sont victimes d’une incompréhension folle qui les font se percuter l’un l’autre. Une grossière erreur qui permet à Huiban de récupérer le ballon et de se diriger vers le but vide… jusqu’à un sauvetage incroyable, d’un tacle rageur, d’un défenseur ripensiste sur la frappe finale ! Le 0-0 est maintenu à la pause, mais le Ripensia a eu chaud, très chaud.

Les Jaune et Rouge font le gros dos, tentent d’alerter Mediop ou Bădăuţă par des longs ballons, et ne sont pas réellement mis en danger grâce à une bonne organisation défensive, hormis sur cette énorme mésentente. En outre, les sorties de balle sont propres et quand ce ne sont pas des dégagements vers l’avant, la construction est limpide et permet quelquefois d’atteindre les ailes pour adresser un centre. Sans succès pour le moment.

Le vent, impitoyable, balafre quant à lui les joues droites des spectateurs. Preuve de sa puissance, les dégagements du gardien visiteur ont bien souvent du mal à dépasser la ligne médiane. Au retour des vestiaires, les 22 acteurs sont bel et bien là, mais la tribune s’est vidée de moitié, tant les conditions climatiques sont exécrables et le vent frigorifie tout le monde. Et ce, malgré la belle playlist de la sono du stade qui goinfre directement les baffles des derniers titres de Carla’s Dreams et d’Inna, en oubliant de les couper pendant quelques dizaines de seconde à la reprise d’ailleurs.

Mi-temps. Sono à fond, vent terrible, horizon incertain. |
© Footballski.fr

Le jeu d’égal à égal se poursuit, quelques tentatives lointaines sont captées sans problème par les gardiens. A la 65minute, une action du Ripensia arrive jusqu’à cette passe dans la surface pour Mediop, mais c’est finalement Bădăuţă qui prend en charge le ballon et ouvre le score pour son équipe ! Le Ripensia mène 0-1 sous les clameurs d’une bonne moitié des spectateurs restant. Les visiteurs semblent ensuite contrôler le match mais se font surprendre dix minutes plus tard, sur un centre qui semble sans danger mais sur lequel Tudor, tout juste rentré en jeu, laisse son vis-à-vis Ferfelea tout seul pour placer une tête qui fait poteau rentrant. 1-1, le Sportul Snagov égalise méritoirement.

La fin de match est plus confuse, le Ripensia prend petit à petit le dessus sur son opposant en contrôlant notamment le milieu du terrain. A cinq minutes du terme, tous les bras se lèvent en pensant à un tir contré par la main d’un défenseur du Sportul Snagov. L’arbitre ne l’entend cependant pas de cette oreille et laisse le jeu se poursuivre. Le Ripensia pousse encore dans les derniers instants mais la dernière passe ou les centres manquent de précision. Un dernier corner est repoussé par la défense des hôtes et l’arbitre de siffler la fin de la rencontre. 1-1, un score logique au vu de la physionomie du match. Les joueurs du Ripensia claquent les mains de leurs adversaires avant d’aller remercier les quelques supporters qui les ont encouragés dans cette froide journée de février, pour la reprise du championnat après la trêve hivernale. Les deux équipes restent bien plantées dans le ventre mou de Liga II, respectivement 10e et 11e, encore trop proche toutefois des cinq dernières places de relégables. Le week-end prochain, le Ripensia a l’occasion de se refaire la cerise face à l’avant-dernier, Brăila, tandis qu’un court mais difficile déplacement à Afumați (4e) attend le Sportul Snagov.

Les joueurs du Ripensia viennent féliciter la petite dizaine de supporters venus braver le froid en ce samedi midi pour les soutenir. Après s’être éclipsée durant la seconde mi-temps, la neige reprend de la vigueur alors que nous quittont le stade et ce village de Stefaneștii de Jos, qui ne paie pas de mine mais mériterait une visite ultérieure lorsque le soleil aura eu raison des tranchées pluvieuses voire boueuses qui décorent ses rues. Il est temps pour nous de reprendre un maxitaxi vers la capitale. Celui du retour n’est d’ailleurs pas encore passé par la case non-fumeur d’après son conducteur. Les gribouillis sur le siège de devant nous rappelle en tout cas que le football et la rivalité Steaua/Dinamo est visible un peu partout à Bucarest et dans les environs. Tant pis pour l’odeur, au moins pouvons nous réchauffer quelque peu nos pieds et nos mains avant de les garnir d’une placintă bien chaude une fois arrivés à Bucarest.

Les deux buts en vidéo

Les notes de Footballski

Standing du stade (4/5) :

Un stade de village, avec tout de même une tribune couverte d’environ 500 places, toute proche du terrain et avec une parfaite visibilité. Pas d’apparat, un terrain qui sent le vécu, on aime ça. Le CS Ștefănești joue en 3e division, c’est donc conforme à son standing.

Disponibilité des billets (5/5) :

Etant donné qu’il s’agit d’un terrain de remplacement en attendant la rénovation du stade de Snagov, difficile à dire si la foule se bouscule habituellement, mais on peut se permettre d’en douter vu la relative petite taille du village. Les billets sont donc disponibles à qui venant, le jour du match. Pas certain qu’on puisse en commander à l’avance de toute façon.

Tarifs (5/5) :

En Liga II, c’est gratuit, tout simplement.

Ambiance (3/5) :

Encore une fois, le Sportul Snagov ne joue pas « à domicile » – et évolue même à 500 km de son lieu initial de résidence en tant que successeur du défunt Metalul Reșița. Le soutien local est donc assez parsemé puisque le tout nouveau club n’a pas de réel supporter. On apprécie d’autant plus la présence de quelques supporters du Ripensia qui ont fait entendre leur voix lors du but timisoréen.

Risques (5/5) :

Rien à signaler, surtout que la vigilance des stadiers est au rendez-vous. A voir avec une présence accrue de supporters visiteurs ou locaux.

Accessibilité & transports (3/5) :

Ștefănești se trouve à un peu moins de quinze kilomètres de Bucarest. A part avec une voiture, on peut atteindre le village en maxitaxi (415, 417, 426 par ex.) depuis le nord-est de Bucarest (quartier Colentina), qui sont assez fréquents même en week-end (toutes les quinze minutes a priori). Il faut compter une vingtaine de minutes pour y arriver. Le stade est bien indiqué par des panneaux et se trouve à deux pas de la route principale empruntée par les maxitaxis.

Boissons (0/5) :

Rien trouvé ni vu à l’horizon. Pas de casse-croûte ni de boisson vendus à la sauvette, ni de spectateurs pouvant se sustenter. Cela étant peut-être dû au statut temporaire de la présence du Sportul Snagov dans ce stade.

Quartier environnant (5/5) :

Les conditions climatiques étaient tout sauf exceptionnelles pour en profiter, mais Ștefănești porte déjà les traits de villages roumains calmes et paisibles à quelques encâblures de la capitale. Rien de folichon mais un peu d’air pur et d’eau fraîche, ça fait toujours plaisir.

Par Radu Caragiale


Image à la une : © Footballski.fr

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