Pour la troisième qualification de son histoire en phase de groupe de l’Europa Ligue, l’Apollon Limassol avait hérité d’un groupe relevé avec l’Olympique Lyonnais, l’Atalanta Bergame et Everton. Mais un convaincant match nul (1-1) à domicile face à Lyon lors du premier match et deux autres par la suite face à Everton et Atalanta a permis au club chypriote de Limassol de croire encore à un possible exploit. Pour y parvenir, seule une option existait : battre Lyon à l’extérieur. Autant vous dire que la mission était bien compliquée pour l’Apollon.
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Il ne m’a fallu que peu de temps de réflexion pour me décider à faire le déplacement à Lyon pour suivre cette rencontre. Comment rater l’occasion peu courante de voir une équipe chypriote fouler une pelouse française lors d’une compétition européenne, dans un Groupama Stadium qui accueillera pour l’anecdote la finale de la Ligue Europa en mai prochain. Et bien sûr, comment manquer l’occasion d’admirer une ambiance « à la chypriote » aux côtés des supporters de l’Apollon, dans la tribune visiteurs.
Jeudi 23 novembre. Notre avant-match débute en fin d’après-midi dans le centre-ville de Lyon. Plus précisément à la place Bellecour où les supporters de l’Apollon Limassol ont décidé de se rassembler afin de rejoindre la station de métro pour se rendre au stade. Bien avant l’heure du départ, une centaine de Chypriotes s’attroupent déjà autour de la place, s’appropriant les lieux à leur façon.
Si la plupart des supporters étaient venus de Chypre pour suivre la rencontre, nous avons croisé des Chypriotes d’Angleterre, de Suisse, d’Allemagne et même de France. Une bonne occasion donc pour la diaspora chypriote de la région de se réunir. Avec un maillot de l’Apollon ou un drapeau autour du dos, les supporters présents sur la place Bellecour s’échauffent déjà à travers des chants, fumigènes et pétards, devant le regard de passants lyonnais incrédules.
18h30. L’heure du départ pour le stade a sonné pour les supporters visiteurs. Le cortège chypriote commence alors à se diriger vers la station de métro la plus proche, devant une trentaine de policiers en charge de nous surveiller. Lors de notre descente dans la station, le capo des Ultras nous fait signe de s’arrêter pour un dernier chant avant le départ.
Si le trajet pour se rendre au stade depuis le centre-ville devait initialement durer trois-quarts d’heure, le périple prend un peu plus de temps que prévu. Après plusieurs arrêts de stations de métro, nous prenons un tramway pour une vingtaine de minutes avant d’utiliser enfin le bus pour arriver au Groupama Stadium. En effet, le stade se trouve à Décines-Charpieu, dans l’est de l’agglomération lyonnaise. Pratiquement à mi-chemin entre le centre-ville et l’aéroport Saint-Exupéry de Lyon.
Devant la vue du stade, je peux entendre quelques Chypriotes faire ironiquement une réflexion sur la ressemblance du Groupama Stadium à celui du stade de l’Apollon Limassol dû à la même forme ovale du stade. Bien sûr, l’antre lyonnais contient pratiquement cinq fois plus de place que le Tsirio Stadium.
Une fois au stade, il n’y a eu aucun mal à trouver des billets pour la tribune visiteurs puisqu’ils en vendaient à l’entrée du virage Est du stade, où les supporters de l’Apollon étaient situés. Après quelques fouilles policières et plusieurs minutes de montée de marches dans les escaliers du Groupama Stadium, nous entrons enfin dans la tribune dédiée aux supporters visiteurs où nous prenons place.
Concernant le nombre de supporters chypriotes, nous avons su bien plus tard, par l’intermédiaire de l’Apollon lui-même et de médias chypriotes, qu’environ 500 supporters avaient officiellement fait le déplacement à Lyon. Si la plupart était assis dans le secteur visiteurs, une trentaine se trouve dans une tribune opposée, proche de la pelouse. Dès l’entrée dans la tribune, le noyau dur des supporters Bleu et Blanc accroche plusieurs affiches sur la tribune ainsi que des drapeaux grecs, chypriotes et celui de leur équipe.
A quelques minutes du coup d’envoi, l’influence du Groupama Stadium n’est pas aussi importante que l’on aurait espéré. Une bonne partie du virage Est – en-dessous et à droite de nous – est vide. Cependant, dans le virage nord sont présents les fameux « Bad Gones » (groupe de supporters du club) tandis qu’au virage sud sont réunis d’autres groupes comme les « Lyon 1950 ».
Lors de l’entrée des joueurs, les supporters de l’Apollon font résonner tour à tour des chants avec drapeau et écharpes à la main, et sans craquage de fumigènes cette fois-ci.
Sur le terrain, les premières minutes sont disputées pour les deux équipes. C’est le club visiteur qui connaît les premières occasions à l’image d’un tir de Valentin Roberge détourné en corner par le gardien Lopes, ou encore d’une frappe de l’attaquant bosniaque Anton Maglica qui passe juste au-dessus des cages lyonnaises. Des occasions qui font frémir les supporters chypriotes présents à côté de moi. Plus l’Apollon a des occasions, plus ils croient à une possible victoire qui permettrait de les maintenir en jeu pour la qualification.
Mais ces occasions mal exploitées coûtent cher au club de Limassol. A la 29e minute, le gardien de l’Apollon Bruno Vale repousse des poings un corner de Depay mais le ballon revient sur Diakhaby qui suit l’action et pousse le ballon dans les filets. Deux minutes plus tard, les Lyonnais doublent la mise par l’intermédiaire de l’homme fort de Lyon, Nabil Fekir. Des buts qui donnent de l’énergie aux supporters lyonnais, arrivés en masse dans les virages Nord et Sud.
En seconde période, c’est le club visiteur qui cherche à plusieurs reprises à réduire le score, malgré ce handicap de deux buts d’écart. Mais ils peuvent compter sur l’aide des supporters Bleu et Blanc toujours aussi dynamiques en tribune.
Forcément, face à une grande équipe lyonnaise bien supérieure à eux, les hommes de Sofronis Augoustis connaissaient de grandes maladresses offensives devant une défense adverse bien regroupée. Des tirs ratés, des centres et des dribbles manqués, l’Apollon manque de réalisme dans cette période malgré une possession de balle importante. Ces occasions manquées lui coûtent cher par la suite. En effet, l’Olympique Lyonnais enterre tout espoir chypriote à la 66e minute grâce à une tête de Mariano qui rend impuissant la défense et le gardien de l’Apollon. Le quatrième but arrive dans les dernières minutes de jeu, suite à un bon travail de Maolida, qui dans un premier temps rate son duel face à Vale, mais parvient ensuite à récupérer le ballon pour le pousser dans les buts vides.
Les derniers coups de sifflet de l’arbitre principal mettent fin aux maigres espoirs d’une qualification côté chypriote. Cela n’empêche pas les supporters de l’Apollon d’applaudir et de remercier leur club pour ce parcours européen à travers des chants. Les joueurs de Sofronis Augoustis finissent par se rapprocher de nos tribunes et nous applaudir également pour notre présence.
Une aventure européenne qui se termine pour l’Apollon Limassol mais qui peut croire à de nouvelles dès l’année prochaine, en cas d’un bon classement dans son championnat en fin de saison. De notre côté, cette lourde défaite n’enlève en rien la bonne expérience vécue au Groupama Stadium dans une tribune visiteurs dynamique aux côtés des supporters de l’équipe chypriote.
Stéphane Meyer
Image à la une : © apollon.com.cy