Cet article nous a été envoyé par l’un de nos lecteurs afin de vous faire vivre son expérience en terre polonaise.


Lorsque j’ai choisi Varsovie pour faire mon stage de deuxième année d’école de commerce, j’ai d’abord pensé découvrir une des plus belles villes d’Europe de l’Est, avec sa culture et ses habitants. Découvrir de façon générale, ce pays méconnu par les Français, parfois même méprisé de façon injuste, qui a pourtant beaucoup à offrir et à enseigner. À l’inverse des températures, l’accueil que j’ai reçu a été des plus chaleureux, et la ville regorge de choses à faire, à visiter, à admirer.  Mais j’ai aussi pensé, en amoureux du football que je suis, au Legia Varsovie, club mythique de la capitale polonaise, crée il y a 100 ans tout juste (Lire aussi : #0 Genèse du Legia Varsovie – Introduction pour retrouver des liens vers nos articles de notre dossier spéciale sur les 100 ans du club)

© Simon Ducrot

Je suis arrivé ici trop tard pour avoir un billet pour le match opposant le Legiaà l’Ajax en Europa League, car oui, on ne peut rien acheter sur internet si on ne possède pas de carte d’identité polonaise. Mais j’avais déjà repéré cette belle affiche de championnat, Legia vs. Wisła, et cette fois-ci, je n’allais pas manquer l’occasion d’y assister. Une semaine avant, je me rends donc au Stade de l’armée, à 10 minutes à peine du centre-ville en bus.  Pour environ 10 euros, j’obtiens ma place dans la tribune d’honneur, mais du côté des ultras du Legia, car je sais déjà que le spectacle ne sera pas uniquement sur le terrain. Les places sont nominatives et je dois apporter une carte d’identité le jour du match. Le Legia Varsovie veut s’assurer de connaître l’identité de toutes les personnes venant assister à l’un de ses matchs.

Dimanche 12 mars, jour de match. Le temps à Varsovie s’améliore doucement, mais il fait encore 4 degrés à 16h30 quand j’arrive au stade ; c’est déjà mieux que les -10°C d’il y a un peu plus d’un mois. Je n’ai pas eu de mal à trouver mon chemin jusqu’ici. À vrai dire, je n’ai juste eu qu’à suivre les nombreux supporters du Legia, écharpes autour du cou, se rendant au stade 1H30 avant le coup d’envoi. Je suis étonné du nombre de personnes présentes si tôt dans l’après-midi, mais aussi de la population présente dans cette foule ; je vois ainsi des groupes de filles, ce qui est rare en France par exemple. En arrivant, je passe sous un pont, à quelques centaines de mètres du stade, ou des dizaines d’œuvres de street art ont été peintes, certaines à la gloire du Legia ou de la« Zyleta », les ultras du club.

Déjà, depuis que je suis ici, à Varsovie, j’ai eu l’occasion de remarquer de nombreux tags en l’honneur du Legia, avec notamment le « L », le eLka, qui est présent un peu partout en ville, signe qu’ici il n’y a plus qu’un club de haut niveau depuis que le Polonia Warszawa a été rétrogradé pour des raisons financières dans les divisions inférieures. Avant de rentrer dans l’enceinte du stade, je m’achète un maillot à la boutique du club sur lequel je compte y floquer mon nom en version polonais, soit «  Szymon », mais, jour de match oblige, la boutique est pleine. Ce sera pour une autre fois.

© Simon Ducrot

Après vérification de ma carte d’identité, je peux entrer. Le stade se remplit progressivement, mais une majeure partie de la « Zyleta » est présente 45min avant le coup d’envoi, pour finir de régler les derniers détails concernant les tifos, mais aussi pour intimider les joueurs du Wisła, contraint de s’échauffer face à eux. Ils sont bien évidemment copieusement siffler à leur entrée sur le terrain. Bien qu’on ne soit pas dans le virage, tout le monde chante ici, et je décide de m’y mettre comme je peux pour ne pas dénoter avec cette ambiance qui monte.

Le stade contient 31 000 places et est presque plein. Lorsque les joueurs rentrent sur le terrain, le spectacle commence ! La Zyleta déploie un magnifique tifo représentant un supporter sortant des fumigènes avec, en dessous, un message rappelant aux joueurs que c’est maintenant qu’il faut rattraper le mauvais début de saison. Car le Legia, champion en titre, a mal démarré son championnat se retrouvant en difficulté après une dizaine de journées. Malgré une campagne de Ligue des Champions satisfaisante avec de beaux matchs comme le 3-3 contre le Real Madrid (à huis clos malheureusement) ou encore cette défaite historique contre Dortmund 8-4, et pour finir une qualification en Europa League, le début de saison du club de la capitale n’est pas à la hauteur des attentes.

© Simon Ducrot

Le Legia monte en puissance depuis quelque temps à l’approche des phases finales du championnat. Enfin, le champion se réveille ! Mais aujourd’hui, dans ce « classique » du championnat, il faut montrer que le champion est à l’affût.  Dans un vacarme assourdissant, la tribune s’embrase de fumigènes… le coup d’envoi est même retardé de 5 minutes, car on ne voit plus rien. No pyro, no party, comme on dit. Le stade entier est à l’unisson pour chanter « Legiaaaaaa, Legia Warszawa » un des seuls chants que j’arrive à chanter, étant donné sa simplicité. Le polonais n’étant pas la langue la plus facile à apprendre et à comprendre pour moi le Français, les autres nombreux chants des ultras du club me restent inaccessibles.

Le match débute et les joueurs sont à l’image des supporters : chauds. Le Legia met une grosse pression sur la défense du Wisła et, dès la 11e  minute, c’est le serbe Radovic qui marque un joli but en dribblant le gardien adverse. Puis le match s’équilibre au fur et à mesure, le Wisla se montre inquiétant à plusieurs reprises et ses supporters, venus en masse, rugissent à chaque occasion. Mais dans l’ensemble, c’est bien le club de Varsovie qui domine cette première mi-temps.

En revanche, en tribunes, c’est toujours la fête. Quand un chant démarre et qu’il faut attraper son voisin par l’épaule et sauter, mon voisin de droite n’hésite pas une seconde. Je suis alors au cœur de cette ambiance plus conviviale que dangereuse, comme certains pourraient le penser. Les supporters ne s’arrêtent pas du match, entre des chants contre le Wisla, et ceux à la gloire de leur club, la performance est bien là, que ce soit dans ces tribunes ou sur le terrain où il y a toujours ce 1-0 à la mi-temps.

© Simon Ducrot

La température est de 3°C et mes pieds commencent à souffrir. Mais la chaleur de cette ambiance mêlée aux effluves de bières me réchauffe un peu .La température n’empêche pas certains d’être torse nu et chanter à tue-tête.

© Simon Ducrot

Le Legia reprend la main sur le match en fin de rencontre et à plusieurs reprises Guilherme, le Brésilien de l’équipe, s’illustre. Sans une très belle parade du gardien de Cracovie, le joueur du Legia doublait la mise. Le club de la capitale gère son match et tient son avantage d’un but jusqu’à la fin du match. Notons la sortie sous les ovations du Français Thomas Moulin, passé par Caen et présent en Pologne depuis le début de saison ; un joueur qui a su devenir un élément important du groupe.

Tour de stade pour les joueurs qui viennent célébrer cette victoire qui les ramène à trois points de la tête d’un championnat dominé par Jagiellonia. Très belle expérience à renouveler rapidement, et superbe ambiance, comme je l’espérais.

Simon Ducrot


Image à la une : © Simon Ducrot

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