De passage à Chypre pour le mois d’août, je me suis aussitôt mis à rechercher les différents matchs intéressants à suivre au stade. Outre la plage et autres attractions touristiques qu’offre l’île, je souhaitais découvrir l’atmosphère d’une soirée de compétition européenne. Plusieurs choix d’équipes s’offraient à moi : l’AEK Larnaca, l’Apollon Limassol, l’AEL Limassol ou encore le champion en titre, l’APOEL. Résidant à Nicosie et connaissant les derniers exploits européens du club de la capitale, j’ai finalement opté de me rendre au Stade GSP pour voir l’APOEL affronter l’équipe roumaine du FC Viitorul au troisième tour de qualification de la Ligue des Champions. Grand bien m’en a pris.
Mercredi 2 août. Jour de match. Je décide, en raison de son emplacement, de me rendre au stade quelques heures bien avant le match pour éviter les embouteillages. En effet, le stade GSP se trouve en pleine périphérie de Nicosie, à quelques mètres de l’autoroute. Alors, pour vous y rendre en venant de la capitale chypriote, deux possibilités se présentent à vous. La première, en passant par l’autoroute – la route principale – et en prenant une sortie où se trouve l’entrée principale du stade GSP. La seconde, en passant par une route moins connue qui vous fera arriver à l’arrière du stade. Mais dans les deux cas à cause de l’afflux massif de supporters attendus au stade, partir au dernier moment accroît le risque de bouchons.
En chemin vers le stade, je croise de nombreux supporters sur les routes, en voiture ou en moto, arborant les couleurs jaunes et oranges du club. A la sortie de la capitale, je découvre le siège des ultras de l’APOEL, placé stratégiquement à l’intersection de deux grandes rues ; lieu de rassemblement d’ailleurs des fanatiques du club pour le départ au stade avant chaque match de leur équipe. A l’arrière du siège est visible un panneau inscrit en anglais : « Welcome to Nicosia, home of APOEL since 1926 » (en VF : « Bienvenue à Nicosie, la maison d’APOEL depuis 1926 »). Un panneau provocateur qui laisse probablement un goût amer aux supporters de l’Omonia Nicosie, deuxième club de la capitale et rival de l’APOEL.
Une heure avant le coup d’envoi, je me retrouve déjà au stade et plus précisément dans la tribune Est appelée Ανατολική (‘Anatoliki’). Un choix purement stratégique puisqu’il offre une vue optimale sur le terrain ainsi que sur le virage Sud où se trouvent les fanatiques du club chypriote. Au même moment, les joueurs roumains du FC Viitorul font leur traditionnelle entrée d’avant match sous les sifflets incessants des supporters présents au stade tandis que, peu après, c’est au tour des joueurs du club local de s’entraîner mais, eux, sous les applaudissements.
A dix minutes du coup d’envoi, dans un stade plein à craquer, le « capo » des ultras de l’APOEL fait signe aux supporters des trois tribunes de lever les mains vers le haut. L’hymne de l’APOEL est alors entonné par les milliers de supporters chypriotes. Une sorte d’avant-goût de l’ambiance de la soirée qui m’attendra, avec des supporters qui chercheront par tous les moyens à encourager leur équipe vers une qualification qui, pour l’heure, est loin d’être acquise. En effet, l’APOEL a connu une défaite (1-0) au match aller en Roumanie, ce qui a entrainé la destitution de son entraineur Mario Been, au club depuis à peine deux mois. Les « galazokitrini » («bleus et jaunes » nom donné aux joueurs du club de Nicosie, NDLR) ont alors l’obligation de renverser la vapeur et de se qualifier. Quoi de mieux que devant leurs supporters.
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Lors de l’entrée des joueurs, la tension devient palpable. Un grand tifo orange et noir représentant une tête de mort est déployé dans le virage Sud. Juste en dessous, une bannière sur laquelle est inscrit en grec un slogan destiné à faire prendre conscience aux joueurs de l’enjeu de cette rencontre : « La qualification ou la mort ». Un message qui sonne comme un avertissement… Tout cela accompagné par un « Ως στο μυαλό, είσαι κάτι μαγικό » ( VF : « Jusqu’au cerveau, tu (APOEL, NDLR) es quelque chose de magique ») résonnant dans les trois tribunes du GSP. L’ambiance de Ligue des Champions, dont je rêvais tant s’annonçait déjà, quelques secondes avant le début du match.
Dès le coup d’envoi donné par l’arbitre russe Aleksey Eskov, le FC Viitorul se montre dangereux et se procure des occasions franches. Sur une contre-attaque roumaine, Florinel Coman, tout juste âgé de dix-neuf ans, voit son tir détourné en poteau par le gardien de l’APOEL Boy Waterman. Une occasion qui glace les tribunes du stade GSP dès la deuxième minute de jeu. Le club chypriote ne peut attaquer et subit d’entrée de jeu, comme le montre un tir du même Florinel Coman qui sera dégagé in extremis par le défenseur de l’APOEL, Jesús Rueda. Mais la réaction chypriote ne se fait pas attendre. Six minutes plus tard, sur un centre du bulgare Zhivko Milanov, l’attaquant Igor De Camargo tire dans la surface de réparation, obligeant le gardien roumain Rimniceanu à détourner le ballon en corner. Une occasion qui réveille le GSP Stadium après une trentaine de minute d’angoisse.
Cependant l’équipe locale trouve peu d’espaces et manque d’efficacité en attaque, se dirigeant ainsi à la mi-temps sans résultat. De son côté, le FC Viitorul a multiplié les occasions dangereuses. Le club roumain fondé en 2009, présidé et entrainé par Gheorghe Hagi, se base entièrement sur ses jeunes. Pour l’anecdote, sept joueurs du FC Viitorul ont moins de 25 ans sur les onze alignés sur le terrain aujourd’hui. Champion de Roumanie, le FC Viitorul compte bien prouver à l’Europe le succès de son académie.
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En seconde période, l’APOEL change de visage. Poussé par des supporters en folie, le club chypriote devient de plus en plus dangereux, à l’image de ce tir cadré du milieu Stathis Aloneftis qui est détourné en corner par le gardien roumain, trois minutes seulement après le début de la deuxième période. Mais les efforts finissent par payer. A la 53e minute, sur un corner tiré par ce même Stathis Aloneftis, le défenseur Carlão ouvre le score d’un coup de tête puissant, laissant peu de chance au gardien Victor Rimniceanu. Un but qui fait exulter les milliers de supporters du club présents au stade. Un but tant attendu, qui met enfin à égalité les deux équipes.
Le FC Viitorul cherche par la suite à reprendre la main à deux reprises, à la 55e et 58e minute, mais la défense chypriote écarte le danger. Pendant ces trente dernières minutes, les joueurs de l’APOEL campent dans le camp adverse à la recherche d’un but en or, qui les qualifiera en play offs et délivrera tout un club. Par deux tentatives, l’une sur une frappe de Lorenzo Ebecilio qui passe à quelques centimètres des cages de Rimniceanu, l’autre sur un coup franc tiré par le brésilien Vander détourné encore par le gardien roumain, l’APOEL avait l’occasion d’y parvenir. Un but qui ne vient finalement pas. Les deux équipes filent alors en prolongation.
L’ambiance au stade monte d’un cran. Dès la reprise de la première partie de la prolongation, sur un corner mal dégagé par la défense roumaine, l’APOEL récupère la balle dans la surface de réparation par l’intermédiaire d’Igor De Camargo. Il voit sa frappe contrée par un défenseur du FC Viitorul mais la balle revient derrière sur Giorgos Merkis qui, instantanément, tire au fond des filets. Un but délivreur qui fait exploser les tribunes du stade GSP. Une scène que j’ai pu immortaliser sur le moment.
Une minute plus tard, je décide de continuer à filmer le terrain lorsque soudain l’APOEL revient en attaque. Sur un centre de Roberto Lago, l’attaquant belgo-brésilien Igor De Camargo reprend de la tête et le met au fond des filets pour le 3-0. Rimniceanu est battu. Et le stade explose littéralement.
A la 105e minute, l’APOEL finira par alourdir le score par l’intermédiaire du milieu chypriote Giorgos Efrem qui marquera le quatrième but de la rencontre. Le joueur viendra d’ailleurs vers la tribune où je me situe pour célébrer son but. Un tir chypriote victorieux qui clôt toutes chances de qualification du FC Viitorul.
L’APOEL se qualifie ainsi au bout du suspens aux barrages de la Ligue des Champions et affrontera le champion en titre de la République Tchèque, le Slavia Prague.
LES NOTES FOOTBALLSKI :
Standing du stade (4/5) :
Un stade moderne et classique dans les normes de l’UEFA, avec une capacité d’environ 23 000 places. Seul petit bémol : une tribune est couverte.
Disponibilité des billets (5/5) :
Il n’est pas bien difficile de trouver des billets. Dès une semaine précédant un match, les billets sont en vente sur le site internet du club et dans leur magasin officiel. De plus, lors des jours de match, les guichets du stade sont ouverts quelques heures avant le début de la rencontre pour les retardataires.
Tarifs (4/5) :
Plusieurs tarifs sont visibles, allant de cinq euros pour les enfants de moins de douze ans à quinze euros pour les adultes. Des prix plutôt corrects à Chypre pour un match de Ligue des Champions et de l’ambiance qui va avec.
Ambiance (5/5) :
On espérait une grande ambiance, on n’a pas été déçu ! Les Ultras de l’APOEL présents dans le virage Sud du stade, accompagnés par une autre grande partie des supporters du club, ont fait le show pendant les 120 minutes du match. Un stade qui deviendra en liesse en prolongation au moment des buts. Un 5 sur 5 bien mérité.
Risques (5/5) :
Aucune tension et aucun débordement à signaler dans et autour du stade, grâce à la présence policière. Pour information, la trentaine de supporters du FC Viitorul présente au stade, était placée dans la tribune Ouest, à quelques mètres des supporters chypriotes. Et aucun débordement n’a là aussi été constaté.
Accessibilité & transports (2.5/5) :
Le stade GSP se trouve sur la périphérie de Nicosie, très visible puisqu’il se trouve à quelques mètres de l’autoroute. Mais le seul moyen de transport pour y accéder reste la voiture, la moto et les taxis. Ou à pied si vous habitez dans les quelques habitations proche du stade. Par conséquent, il peut y avoir un risque d’embouteillage en fin de match.
Boissons (5/5) :
Plusieurs buvettes sont ouvertes tout au long du match dans les différentes tribunes du stade où vous pouvez acheter tout type de boissons et des snacks. De plus, avant et après les matchs, de nombreux vendeurs ambulants traînent autour du stade.
Quartier environnant (2.5/5) :
Comme mentionné auparavant, le stade se trouve à la périphérie de Nicosie, à côté de l’autoroute principale reliant Nicosie et les autres villes chypriotes. A part ça, quelques maisons à côté sont visibles mais pas d’endroits touristiques ou de restaurants dans les environs à part celui du stade.
Stéphane Meyer
Image à la une : © Stéphane Meyer / Footballski