Fin mars en Russie, fin de l’hiver, début du printemps. Une température qui tutoie le zéro, mais qui n’empêche en rien la pratique du football. Une semaine après le terrible incendie de Keremovo qui emporta la vie de nombreux enfants, les Moscovites ont encore la tête tournée vers ce drame qui a touché ce centre commercial de Sibérie. Un contexte particulier vécu par Footballski à la RZD Arena pour la rencontre entre l’Amkar Perm et le Lokomotiv Moscou.

A la découverte d’un nouveau stade moscovite

Le rituel, on commence tout doucement à le connaître quand on se prépare à partir en Russie. Visa, passeport, vin et chocolat pour les amis, mais surtout un regard sur le calendrier du championnat russe. Nous sommes plutôt gâtés en ce weekend de Pâques, pas moins de trois matchs dans la capitale ! Mais la ligue n’a pas pensé aux valeureux Français venus défier le froid et qui souhaitaient découvrir les trois enceintes de la capitale. Au programme ce samedi, le Lokomotiv Moscou qui se déplace dans son stade pour y affronter l’Amkar Perm (nous vous expliquerons cette histoire farfelue), le Dinamo Moscou qui reçoit l’Arsenal Tula pour l’une de ses dernières à la Khimki Arena ou bien le Spartak qui affronte Tosno. Des matchs peu espacés et donc peu propices au Groundhopping cette année. Notre choix se portera sur le Lokomotiv Moscou, le leader du championnat russe, fortement influencé par le fait que notre ami russe Vlad nous obtienne de bons billets grâce à ses contacts. Trop fatigué la veille pour assister à une rencontre de PFL programmée en début d’après-midi entre le Lokomotiv Kazanka (la réserve du Loko) et le Chernatovo Moscou, cette journée de samedi sera donc l’unique occasion de profiter d’un bon match russe.


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Le match étant en début d’après-midi, le matin est propice à une petite visite de la capitale. Direction le parc central de culture et de détente de Moscou, aka Parc Gorki, pour flâner et découvrir des pans de la capitale russe qui ne figurent pas forcément sur les cartes postales. Nous sommes plongés dans une ambiance purement soviétique avec de nombreux monuments portants encore l’emblème soviétique ainsi que de nombreux ministères aux alentours comme celui de la Défense, flanqué d’un grand CCCP sur sa façade. Le temps est gris, mais le soleil tente quelques timides apparitions, la neige est encore présente et les employés du parc enlèvent les dernières installations pour la période hivernale. De notre côté, nous profitons de notre ballade en sifflotant Wind of Change de Scorpion qui fait référence au parc de la capitale. L’heure tourne, nous rejoignons le métro et partons en quête de notre fast food local préféré, Teremok. Histoire de bien nous remplir la panse avant le match de cet après-midi, nous déjeunons à la russe : blinis, sarrasin, kvas, caviar, choux et salades sont au programme pour un prix ridicule.

Direction désormais la RZD Arena, le stade du Lokomotiv Moscou situé au nord-est de la capitale. Ouverte en 2002, l’enceinte était longtemps considérée comme la plus moderne de Moscou avant la construction du stade du Spartak Moscou. Un peu éloigné du centre-ville, nous nous inquiétons quand notre métro se bloque brusquement à seulement quelques kilomètres de la station Tcherkizovskaïa. On nous annonce dans l’oreillette qu’une personne est tombée de la voie et que nous attendons que la situation s’améliore. Vlad et son père nous attendent déjà à l’arrêt et avec l’aide du destin nous arriverons dans les temps. Par chance, l’enceinte se trouve juste à côté du métro, plutôt pratique. Le quartier est peu séduisant, seul point positif, le Auchan qui se dresse devant nous, une bonne adresse si vous souhaitez faire vos courses après le match. L’enceinte semble grandiose de l’extérieur, de l’entrée avec la présence d’une locomotive aux décors du stade, on se retrouve parfaitement dans l’ambiance de la RZD, la SNCF russe. Il n’y a pas foule aux alentours du stade. Il faut dire qu’en vérité le Lokomotiv joue à l’extérieur !

On a connu plus bouillant. © Footballski

Away days at home are the best days

La ligue a pris une décision qui fâche en déclarant le terrain de Perm inapte à la réception de la rencontre. De cette façon le Lokomotiv a « gracieusement » accepté d’inverser le match et de permettre à l’Amkar de recevoir… dans son propre stade. Le tout en prenant en charge le coût de l’organisation, mais en offrant la recette de la billetterie au club de l’Amkar, autant dire un très bon coup pour le club de l’Oural. Bien entendu, les poursuivants du Lokomotiv accusent le leader d’avoir acheté la rencontre, étant favorisé avec ce match à domicile. Il faut dire que ce n’est pas la première fois que le club de la capitale bénéficie d’un coup de pouce du destin. L’année dernière, le Tom Tomsk avait aussi dû jouer une rencontre à domicile dans le stade des cheminots.

Malgré la distance entre Perm et Moscou, de nombreux supporters ont fait le déplacement pour encourager l’Amkar. Pas trop présents dans le parcage visiteur, on les retrouve clairsemés aux quatre coins du stade. Une enceinte qui fait vide malgré les tarifs attractifs mis en place : dix euros la place en latéral, moins de cinq euros derrière les buts, vraiment bon marché pour une équipe qui joue le titre.

Tout juste en place, les deux équipes entrent sur la pelouse sous le magnifique hymne de la RPL. Une rencontre forcément marquée par le terrible incendie quelques jours auparavant. Les joueurs arborent un tee-shirt spécial, des banderoles sont présentes dans la tribune des ultras du Loko ainsi que chez les supporters de Perm. Une ambiance plus que spéciale, une minute de silence émouvante et une première mi-temps sans aucun chant dans le stade, les supporters ayant décidés de ne pas chanter lors du premier acte en hommage aux victimes. C’est donc dans une drôle d’atmosphère que la rencontre débute. Le Lokomotiv se doit de remporter la rencontre pour conserver son avance en tête du classement. L’Amkar, quant à lui, a besoin de points dans la course au maintien. Deux équipes que tout oppose, mais qui vont nous fournir un match très serré.

Le début de match est en faveur des cheminots qui vont très rapidement obtenir un penalty plus que généreux sur une faute (?) d’Ari dans la surface adverse. Manuel Fernandes en profite pour le transformer et engendre une ébullition sur les réseaux sociaux, l’arbitre se fait copieusement insulter et les soupçons de match arrangé planent déjà ! Mais contrairement à ce qu’on pouvait attendre, l’Amkar va réagir et s’offrir de grosses occasions, mais manque de réussite devant le but. Voyant la tendance s’inverser, notre voisin de tribune pro Loko n’hésite pas à insulter sa propre équipe et prend un malin plaisir à insulter chaque joueur du Lokomotiv à la moindre erreur. Dans un silence de cathédrale, l’arbitre siffle la mi-temps.

Dur dur de vibrer dans une rencontre où le silence est maître. Nous décidons de nous réchauffer à la buvette du stade avec un bon thé chaud à un prix plutôt bas. Les burritos, churros, pop corn sont de sortis et remplissent le ventre de supporters sous tension. La deuxième mi-temps nous permet d’apprécier la véritable ambiance d’une RZD Arena qui sonne quand même bien creux. 8 500 spectateurs sont présents et vont assister à une deuxième période en faveur de l’Amkar Perm ! Olanaré, le buteur du CSKA prêté à Perm, va faire taire les critiques et va inscrire un doublé en seconde période! Un penalty (également généreux) ainsi qu’une sublime Madjer, le Nigérian est en feu et est remplacé dans la foulée par Bodul. L’énervement est palpable dans la tribune, notre voisin est fou de rage et assiste à l’impuissance de son équipe qui ne parvient pas à passer le bloc défensif rouge et noir. Frappe de loin sur frappe de loin, le Lokomotiv n’y est pas et est même à deux doigts d’encaisser un troisième but, mais le poteau sauve Guilherme.

2-1 score final, l’Amkar réalise l’exploit du jour et se donne un peu d’air au classement. De notre côté, nous quittons l’enceinte pour faire un tour dans le Fan Shop du Lokomotiv. Une très belle boutique où nous achetons maillots, écharpes et quelques souvenirs. L’heure est maintenant au départ direction Skhodnya au nord-ouest de Moscou afin de passer une soirée avec nos amis. Mais ça, c’est une autre histoire…


Les notes Footballski :

Standing du stade (4/5) :

Tout est fait pour rappeler l’emprise des chemins de fer russes sur le club et son histoire. Des portes d’entrées aux différents secteurs qui semblent former les roues d’une locomotive aux voiles tendues tout autour du stade montrant des locomotives filant à la vitesse de l’éclair en passant par l’antique modèle de locomotive qui trône fièrement à l’entrée. Mais en dehors de ça la RZD Arena est un stade moderne aux tribunes proches de la pelouse, non démesuré. Un bel outil donc. Notez d’ailleurs que le stade du Lokomotiv Kazanka, qui accueille les matchs de la réserve avec un potentiel de 10 000 places, se situe à proximité et ne manque pas de cachet non plus.

Disponibilité des billets (4/5)

Billets disponibles en ligne plusieurs semaines à l’avance. Choix de la place très simple et réservation en quelques clics. Pas de version anglaise pour le site de réservation si on veut vraiment chipoter.

Tarifs (4,5/5)

Difficile de noter compte tenu de l’organisation particulière du match, mais à 5€ le prix d’entrée et autour de 12€ la place la plus chère, on est sur des prix très bas pour un match de championnat de première division.

Ambiance (3/5)

Le contexte particulier a fait qu’il nous a fallu attendre la seconde mi-temps pour entendre enfin le stade. Au final, un bon groupe de supporters du Loko a mis l’ambiance, même si les chants sonnaient parfois un peu creux vu l’affluence.

Risques (5/5)

Quartier tranquille et relativement à l’écart. Pour le reste, les patrouilles de police montée et les policiers présents dès le quai du métro assurent la tranquillité.

Accessibilité et transports (5/5)

Le stade est accessible par le métro, sur la ligne rouge, celle qui traverse Moscou du nord-est au sud-ouest, et à quelques stations de la ligne circulaire qui permet de reconnecter n’importe quelle autre ligne. Le stade est par ailleurs situé à quelques mètres du métro et visible dès la sortie. Difficile de se perdre.

Boissons (3/5)

Rien d’extraordinaire, mais des prix corrects, les « traditionnels  » burritos, hot-dogs et thé chauds à la russe étant accessibles pour quelques centaines de roubles (compter 3,5€ le snack et 1,5€ la boisson chaude).

Quartier environnant (1/5)

On ne va pas se mentir, l’environnement n’est pas ce qui devrait vous faire revenir dans le coin. Ambiance parking de supermarché et barres d’immeubles. Plusieurs commerces aux abords du stade, au cas où vous voudriez joindre l’utile de faire vos courses du samedi à l’agréable d’aller vous voir un match.

Antoine Jarrige


Image à la une : © Footballski

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