Temps de lecture 13 minutesOn a discuté avec Khassa Camara, milieu mauritanien de Xanthi

Formé à Troyes, Khassa Camara (24 ans) fait désormais les beaux jours de Xanthi, l’équipe surprise de Superleague version 2016-2017, qui pourrait bien accrocher une qualification historique pour les playoffs, en avril prochain. Entre chômage, D2 grecque, salaires impayés, Razvan Lucescu ou encore la sélection mauritanienne qu’il a découvert en 2013, le milieu de terrain défensif fait (longuement) le tour d’une carrière déjà riche en rebondissements. Entretien.

Tu es né à Châtenay-Malabry. Tu as commencé le football là-bas, en région parisienne ?

Oui, dans mon petit club de chez moi, là où je suis né. Le foot, tout le monde en fait chez moi. Mon grand frère en fait aussi, donc c’était un peu pour copier au début. Et, avec le temps, j’ai évolué, puis ça a commencé à être sérieux.

À quel moment tu t’es dit que ça commençait à le devenir ?

12-13 ans, même un peu avant. Je commençais à être un petit peu meilleur que les autres. Mon entraîneur me le disait. Et il y avait des clubs un peu plus huppés de Paris qui commençait à venir me voir. J’ai fait quelques essais, donc ça commençait à devenir sérieux là. Puis j’ai signé à Boulogne-Billancourt, à l’ACBB.

C’est de là que Troyes est venu te chercher…

J’ai fait deux ans à Boulogne-Billancourt, en 14 ans fédéraux et DH. Troyes m’avait supervisé durant de longues semaines, et ils sont venus chez moi pour me proposer de venir. J’ai accepté direct. Mais j’ai fait beaucoup d’essais avant, quand j’avais 14 ans, avec pas mal de refus.

C’était la récompense de pas mal d’efforts, finalement.

Oui, c’est clair. Ça n’a jamais été facile pour moi de toute façon, jusqu’à aujourd’hui (rires).

Tu évolues au poste de milieu défensif. Comment ça t’est venu ?

J’ai joué un peu partout quand j’étais plus jeune. Avant d’aller à l’ACBB, j’ai joué beaucoup attaquant, et ailier. Arrivé à 13-14 ans, mon entraîneur m’a placé milieu défensif, et je n’ai plus bougé. Ça m’a plu, parce que c’est là que tu touches le plus de ballon, que tu es la plaque tournante de l’équipe.

Quels souvenirs gardes-tu de ton passage à Troyes ?

La formation, c’était super. C’étaient les meilleurs moments que j’ai passés, avec tous mes amis, les connaissances que j’ai pu faire. Après, ça n’a pas été facile pour arriver en pro et avoir mon contrat, mais en général, je garde un bon souvenir.

Tu as été prêté à Boulogne, en disant que « ça aurait pu mieux se passer ». Ce ne fut pas une bonne expérience ?

Ouais, carrément. Je me suis un petit retenu (rires). Comparé à Troyes, c’est un passage à oublier. L’entraîneur de là-bas m’a appelé, en me disant qu’il voulait que je vienne. Généralement, quand un joueur de Ligue 2 ou Ligue 1 est prêté dans un club inférieur, il est censé jouer directement. Moi, ça ne s’est pas passé comme ça. Vraiment, c’est comme s’il me l’avait mise à l’envers. Il m’a appelé, et j’étais le troisième milieu défensif. Donc ça ne s’est pas très bien passé. J’aurais préféré largement rester à Troyes, et grappiller deux-trois matchs de Ligue 2, que partir dans cette ville pourrie (rires). Mais c’est quand même une expérience. Au moins, je ne referai pas deux fois la même erreur.

Tu restes attaché à Troyes, ton club formateur ?

Bah, pas plus que ça. Je les suis un peu parce que j’ai encore deux ou trois amis là-bas. Mais sinon…

À l’été 2016, tu te retrouves au chômage…

Je me suis retrouvé en fin de contrat à Troyes, puis sans club. Donc je suis allé à l’UNFP. Et plein d’agents m’ont appelé, pour me proposer des trucs pas forcément intéressants. J’aurais presque pu finir en CFA. Mais heureusement, il y a un agent un peu plus sérieux que les autres qui m’a contacté, en me disant qu’il avait deux ou trois trucs, et je me suis retrouvé en Grèce, en deuxième division. Aujourd’hui, je ne regrette pas.

Est-ce qu’on peut anticiper ce genre de moments dans une carrière

On anticipe, parce que déjà, quand on est en fin de contrat, on est obligé d’y penser. Et puis dans le foot, ça va vite, donc tu ne peux pas savoir ce qui va se passer. Moi, je m’y étais de toute façon préparé. L’UNFP, on est un peu contraint d’y aller, parce que c’est mieux de s’entraîner avec un groupe que tout seul. Il y a vraiment beaucoup de joueurs à la même position que ce sont vraiment les premiers arrivés qui sont favorisés, donc j’y suis pas resté très longtemps non plus. À la fin, j’ai préféré m’entraîner tout seul. Heureusement, cet agent m’a contacté et je suis parti en Grèce.

C’est là qu’être bien entouré est important ?

Bah oui, c’est clair. Heureusement que j’étais pas tout seul à ce moment-là, parce que c’était un peu compliqué.

Tu signes à Ergotelis, en septembre. L’objectif, c’était juste de jouer ?

Oui, carrément. Parce que quand tu acceptes d’aller en D2 grecque, ça ne peut être que sportif. Déjà, tu n’es pas sûr d’être payé, et tu sais que les conditions en Grèce ne sont pas faciles. Donc c’était surtout pour retrouver un club, jouer, et puis faire le plus de matchs possible pour me montrer et aller dans un meilleur club. Heureusement, c’est ce qui s’est passé.

Thomas Dos Santos avait longuement évoqué les soucis du club avec nous. Tu étais préparé à tout ça ?

On m’avait prévenu, et moi, j’avais regardé, donc je savais que c’était comme ça. Après, on ne s’attend jamais à ne pas être payé, parce que quand on signe, on te promet toujours que ça va bien se passer, et au final, ça ne se passe pas comme prévu. Il faut rester fort mentalement. Si tu ne l’es pas, ça ne sert rien d’y aller. Mais je savais.

Comment fut l’adaptation à la Grèce ?

De ce côté, ça ne s’est pas trop mal passé. Je me retrouve en Crète, l’un des meilleurs endroits de la Grèce. Les mecs de l’équipe étaient super gentils, je m’entendais bien avec tout le monde, donc ça m’a facilité la chose. Et heureusement que Thomas était là, aussi, parce qu’on était toujours ensemble. Mais quand les mecs sont sympas et t’aident, tu t’adaptes vite. Même les terrains, mis à part deux ou trois qui n’étaient pas terribles, j’étais surpris. C’était vraiment bien. Nous, à Ergotelis, les installations étaient super. Le terrain d’entraînement était impeccable, à même pas 100 mètres de la mer. Le stade, hyper grand. C’est dommage.

Comment tu expliquerais ces soucis ?

Franchement, je ne sais pas du tout. Je ne me suis jamais posé la question. Je ne sais pas comment ils font, mais ça doit être avec tous les problèmes qu’il y a en Grèce en ce moment. Ils ont des limites de transferts, des soucis économiques…

D’un point de vue foot, la D2 grecque, c’est comment ?

Disons qu’il y a deux ou trois équipes de niveau Ligue 2, et le reste, plutôt National. Sans oublier trois ou quatre équipes d’un niveau CFA. C’est hyper hétérogène.

Ergotelis a été un vrai tremplin, finalement, puisque tu signes à Xanthi (D1) dès le mois de janvier.

Oui, parce que je n’y suis resté que 4 mois au final. J’ai signé en septembre, je suis parti en vacances en décembre et je n’y suis pas retourné. Heureusement, j’ai réussi à jouer quelques matchs, faire une bonne partie de saison, et j’ai réussi à trouver ce club de Xanthi qui m’a appelé. Je n’ai pas hésité.

Comment as-tu accueilli cette signature ?

C’était vraiment une bonne nouvelle, parce que c’était ce que je voulais au début. Quand j’ai signé à l’Ergotelis, je me suis dit : « Il ne faut pas que je reste plus de six mois. » En plus, ils avaient des problèmes, et ce n’était pas facile. Donc quand mon agent m’a dit qu’il y avait cette offre-là, on n’a pas hésite une seule seconde.

Tu savais quelque chose de ce club ? Plus de choses que sur l’Ergotelis ?

Si, j’en savais un petit peu plus. Ce club-là est réputé pour ne pas donner de gros salaires, mais payer toujours les joueurs dans la totalité. Ça fait au moins 15 ou 20 ans que Xanthi est connu pour ça. Le président a toujours honnête, et il paye tout ce qu’il doit aux joueurs. On m’a beaucoup parlé de ça sur ce club, donc ça m’a rassuré. Après, c’est une formation qui est depuis longtemps en Superleague, et c’était important aussi.

Le coach, Razvan Lucescu, est en place depuis septembre 2014. C’est assez rare en Grèce…

Ouais, c’est clair (rires). Un coach qui reste plus de deux ans, plus d’un an même, c’est très rare. Mais c’est parce que c’est un super coach. Moi, j’aime beaucoup. Il connaît vraiment bien le football, il sait ce qu’il fait. La preuve : il a réussi, pour la première fois dans l’histoire du club, à arriver jusqu’en finale de Coupe (en 2015). Cette année, je ne sais pas si c’est arrivé déjà à Xanthi, d’être 2e à la 16e journée. Là, on est toujours dans les 5 premiers, donc c’est un aboutissement dans ce qu’il fait. Je pense que c’est sa dernière année, donc il veut la finir en beauté, et c’est pour ça qu’on est mieux cette saison que les autres.

Sur cette première demi-saison, tu ne joues paradoxalement que très peu…

Ouais pas du tout presque, uniquement à la fin de la saison où j’ai dû faire 4 matchs. En fait, quand je suis arrivé, il y avait déjà une équipe en place. C’est le problème quand tu arrives à la mi-saison. Il y avait déjà beaucoup de joueurs au milieu. Même si ça ne se passait pas très bien, le coach m’a beaucoup fait patienter. Je pense qu’ils m’ont un peu gardé et préparé pour cette année. Parce que je joue beaucoup plus là.

Il fallait rester motivé et concentré ?

C’est clair qu’il fallait mentalement fort, encore. Parce que ce n’est pas facile de ne pas jouer pendant presque cinq mois. Après, comme je l’ai dit, ça n’a jamais été facile pour moi. J’ai toujours galéré pour avoir quelque chose, donc j’ai un peu l’habitude. Maintenant, je pense être devenu mentalement assez fort pour ce genre de choses.

Vous finissez 13e, mais le coach reste en place. Pourquoi ?

Le président a dit au début de saison : il a une confiance aveugle en lui. Je pense que c’est par rapport à la finale de Coupe, qui lui a donné beaucoup de crédit. Quand tu fais ça avec une équipe comme Xanthi, qui n’y a jamais été, voilà quoi… C’est un homme qui travaille beaucoup, que ce soit avec nous ou même chez lui. Il est le premier arrivé, le dernier à partir. Des fois, il reste toute la journée au stade. Je pense que c’est mérité.

C’est quel genre de coach ?

C’est quelqu’un qui parle beaucoup aux joueurs. Parfois un peu fou, un peu sévère, mais ce n’est jamais pour enfoncer le joueur, mais toujours pour le faire progresser. C’est mieux qu’il te dise les choses en face plutôt qu’il ne te dise rien. Il est quand même assez proche de ses joueurs. Et toujours pour aider, c’est ça qui est bien.

Cet été, le mercato fut intelligent, avec que des joueurs en fin de contrat, dont Hamza Younes, qui affole les compteurs. Cela explique la bonne saison ?

Je pense qu’ils font toujours ça. Ils n’achètent jamais Xanthi, non ? Parfois, il y a des recrutements qui sont bien, et d’autres qui marchent moins. Cette année, ça a marché avec Hamza, qui a marqué beaucoup de buts. Il y a aussi Pablo De Lucas, qui a apporté beaucoup, parce que c’est un super joueur. J’espère que ça va continuer pour finir l’année en beauté, dans les 5 premières places.

Personnellement, tu es titulaire dans ce 4-2-3-1. C’est un système que tu affectionnes ?

Oui, franchement, cette année j’ai la chance de beaucoup jouer. J’essaye de toujours donner mon maximum. Le coach ne change jamais sa philosophie. Moi, c’est mon système préféré, parce que je préfère jouer avec deux milieux défensifs, c’est là que je me trouve le mieux, que ce soit à gauche ou à droite, c’est pareil. J’aime beaucoup jouer dans ce système-là. Surtout qu’avec Pablo, on se complète beaucoup.

On sent qu’il y a vraiment la place pour aller chercher les playoffs…

C’est clair, mais il ne faut pas oublier qu’au début de saison, l’objectif majeur n’était pas de finir dans les cinq premiers. Il faut rester lucide, même si on est bien et que, maintenant, on veut jouer les cinq premières places. Il faut quand même faire attention. Je pense qu’on a la capacité et la possibilité de finir dans les cinq, voire les quatre premiers. Il faut continuer à enchaîner les matchs, à grappiller des points. En plus, on joue le Pana bientôt. On joue les matchs chaque semaine en pensant au suivant. On ne se prend pas la tête. Et on verra à la fin.

Surtout que personne ne semble vraiment se détacher…

C’est super serré, à part l’Olympiakos qui est déjà assez loin, à quatre ou cinq points près. Ici, on est presque en fin de saison, parce qu’il doit rester une dizaine de matchs (rires). Mais on verra. Nous, on a un calendrier qui est un peu plus favorable que les autres, parce qu’on a joué pratiquement tous les gros, et il ne nous reste plus que le Pana la semaine prochaine. On a un petit peu cette chance là de jouer les clubs moins forts du classement en fin de saison. J’espère que ça va nous aider.

Pourquoi ce numéro 66 ? Ila une signification ?

Pas du tout. À Troyes, j’étais numéro 6. Ici, il était déjà pris, donc j’ai pris le 66, tout simplement. C’est tout bête. Je n’ai pas de superstition ou quoi.

Cet hiver, Sallimo Sylla est arrivé. C’est bien d’avoir un Français avec soi, non ?

Un Français, et un ami surtout, parce que j’ai joué plusieurs années à Troyes avec lui. Je suis formé avec lui, même. C’est une sacrée coïncidence, et ça fait super plaisir de l’avoir avec moi, et avec nous surtout, parce que c’est un super joueur. Il a fait ces deux premiers matchs contre le PAOK, deux bons matchs. Je pense que ça va être un tremplin pour lui, et il va se retrouver dans l’un des meilleurs clubs en Grèce. Je l’espère pour lui.

Vous vous imaginiez vous retrouver un jour en Grèce ?

Pas du tout (rires). Je n’aurais jamais imaginé ça. Mais le football, c’est tout petit. C’est bien, je suis content.

Ton avenir personnel, tu y penses déjà, ou c’est encore trop tôt ?

J’espère faire au moins 20 ou 25 matchs. Si j’ai quelque chose de mieux, un meilleur club, si j’ai la possibilité, pourquoi pas ? C’est l’objectif. Aujourd’hui, je n’ai pas fini la saison, donc je ne peux pas trop me projeter. Mais ça reste un but, c’est sûr.

Tu considères avoir fait le tour de la Grèce, ou tu ne serais pas contre y rester ?

Non, que ce soit en Grèce ou ailleurs… Tant que c’est un meilleur club, je n’ai pas de préférences.

1 an et demi après ton arrivée au pays, penses-tu avoir fait le bon choix en signant à l’Ergotelis ?

Oui, carrément. Même si j’étais à l’Ergotelis, aujourd’hui je me retrouve en D1 grecque, à Xanthi. Je dispute des matchs conte l’Olympiakos, le PAOK, l’AEK, des grosses équipes qui font tous les ans la Coupe d’Europe et la Ligue des Champions. Je vois, en plus, qu’ils n’ont pas un niveau extraordinaire, donc je me dis : « Pourquoi pas moi ? ». Je ne regrette pas du tout, au contraire. Je suis content d’être allé à l’Ergotelis.

Cet aspect de « championnat tremplin » t’avait séduit ?

C’est ça, exactement. Je ne voulais pas rester plus de six mois à l’Ergotelis. Je me disais qu’en janvier, il fallait que j’arrive à partir. J’ai tout donné pour, et j’ai réussi. Maintenant, ici c’est pareil. J’espère faire une année complète. Si ça ne marche pas, je reste. Mais dès que j’ai la possibilité, j’essaye de toujours trouver mieux.

Parmi les gros matchs, lequel as-tu le plus aimé ?

Forcément, c’est l’Olympiakos. Jouer dans un grand stade, avec beaucoup de monde, les premiers… C’est toujours bien. Il y avait de l’ambiance et tout. Malheureusement, on a perdu, même si on fait deux beaux matchs contre eux.

Hors football, comment est la vie à Xanthi ?

C’est une petite ville, très calme et assez sympa. C’est un peu petit, et, par rapport à Ergotelis, ça n’a rien à voir. La Crète, c’est beaucoup plus grand, on est au bord de la mer et il fait toujours beau. Ici, il fait froid. Il n’y a pas photo.

Tu sens vraiment que la Grèce est un pays de foot ?

Ouais, grave. Les gens adorent le foot ici. Dans cette ville, il y a des supporters sont plutôt classiques, mais dans toutes les villes où je suis allé en Grèce, le monde qu’il y a dans les stades… Il n’y a que ce sport-là, ou presque, qui est médiatisé à ce point.

Tu as pu visiter un peu la Grèce ?

Non, pas plus que ça. Thessalonique, ce n’est pas très loin et j’y vais de temps en temps. Mais sinon, non. On a des matchs tous les week-ends, pas souvent des jours de repos, donc c’est compliqué. Quand je suis en vacances, je suis déjà en Grèce toute l’année, donc je pars plutôt voir ma famille au lieu de rester ici.

En France, on parle beaucoup de corruption et d’erreurs arbitrales quand on évoque ce championnat. Qu’en dis-tu ?

Honnêtement, je n’ai pas encore assisté à ou vécu un match où c’était flagrant que l’arbitre était vraiment pour l’autre équipe. Pour l’instant, je n’ai jamais vu ça. Oui, ça parle beaucoup, mais en D1, je ne pense pas que ça ne se fasse beaucoup. Ça doit être assez rare. Je pense qu’il y en a, parce qu’il y en a partout, mais c’est un peu exagéré par rapport à comment ils en parlent et ils le médiatisent. Ça a dû se passer une ou deux fois dans l’année, et ils l’évoquent comme si c’était tous les week-ends. C’est faux.

Et la violence dans les stades, tu l’as déjà vécue ?

Non, pas plus que ça. Mais oui, c’est vrai que les supporters sont chauds, voire très chauds. Le dernier événement que j’ai vécu, c’était en Coupe, contre l’OFI. C’était un peu chaud parce que les gradins sont très proches du stade. À chaque fois qu’il y avait une touche ou un corner, on se faisait insulter, cracher dessus. Ils jettent des pétards, des bouteilles. Pour le football et le sport, ce n’est pas très beau. Mais qu’est ce qu’on peut faire nous (rires) ? On est juste une trentaine de joueurs sur un terrain, qui essayent de marquer des buts et de ne pas en prendre. Eux, ils s’emportent et c’est dommage. Il faudrait juste qu’ils sécurisent un peu plus, parce que ça ne l’est pas assez. C’est ça le problème.

Parlons un peu de la sélection de la Mauritanie. Tu as fêté ta première cape en 2013, contre le Canada…

Ouais, c’est ça. Depuis, ça a bien évolué. On a beaucoup progressé, des joueurs sont arrivés. On n’était franchement pas loin du Cameroun, qui a gagné la CAN, et qui était dans notre groupe. On a fini 2e, en perdant malheureusement nos deux matchs contre eux, mais c’est dommage, parce qu’on avait bien commencé. On a une équipe jeune, et d’ici deux ou trois ans, on a de grosses possibilités de faire la CAN.

Tu as dit oui tout de suite ?

Non. J’ai d’abord réfléchi un peu, avec ma famille. Parce que c’est quand même compliqué. Il faut savoir qu’il faut partir souvent en Afrique, dans tous les pays. C’est aussi dangereux, parce que dans certains pays, c’est vraiment chaud. Mais j’ai pris la décision d’y aller. Je n’ai pas regretté : représenter son pays, c’est une fierté, c’est clair.

On voit de plus en plus de joueurs mauritaniens émerger un peu partout en Europe…

C’est clair, et il y a même beaucoup de Mauritaniens dont on ne sait pas qu’ils sont Mauritaniens (rires). Ils ont un des deux parents qui le sont. On attend juste qu’ils acceptent de venir nous aider, parce qu’on aurait une super équipe.

Ce système qualificatif en Afrique n’est-il pas frustrant pour les « petites » sélections ?

Oui, totalement. Les petites équipes ont toujours des barrages à faire, pleins de trucs, alors que les grosses sont toujours directement dans les groupes. Ils les favorisent beaucoup, et je trouve que ce n’est vraiment pas bien en Afrique.

Des joueurs te demandent des conseils pour venir en Grèce parfois ?

Ouais, ça m’arrive de temps en temps. Certains ont de bonnes offres pour venir en Grèce, et ils se posent des questions. La première, déjà, c’est : « Est-ce qu’ils payent ? » (rires). C’est normal. Moi je leur réponds que la plupart en Superleague payent. Je connais à peu près ceux qui peuvent payer, et ceux qui ont des difficultés. Je peux les aider par rapport à ça.

L’Ergotelis te doit encore quelque chose ?

Ils me devaient encore quelque chose, mais ils m’ont bien eu, parce que j’ai résilié mon contrat, ils m’ont dit que c’était OK pour aller à Xanthi, mais qu’en échange, ils ne me devaient plus rien. Donc, bien sûr, j’ai accepté. Ils ne me doivent plus rien. Tout le monde est content.

Martial Debeaux


Image à la une : © STRINGER / AFP via AFP Photos

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