Les pays d’Europe de l’Est ont produit certains des meilleurs joueurs de l’histoire. Et l’Italie a eu la chance de voir évoluer plusieurs d’entre eux. Avec Serie A Mon Amour, site référence sur le football transalpin, nous vous proposons le meilleur XI de ces footballeurs passés par la Botte. Première partie ce mardi avec l’entraîneur, le gardien de but et les défenseurs.
Entraîneur : Ernő Erbstein (Torino)
Et si le meilleur entraîneur des années 1940 était un Hongrois ? Après une honnête quoique modeste carrière de joueur entre Budapest et I’Italie (Fiume), Ernő Erbstein a connu un parcours bien plus riche en tant que coach. Considéré par certains comme l’influenceur du jeu de la grande sélection néerlandaise des années 1970, c’était un homme en avance sur son temps.
Ayant survécu aux deux guerres mondiales, obligé de se cacher afin de fuir les persécutions antisémites, Erbstein est revenu encore plus fort en 1945. Adepte du style de jeu en « WM », il a gagné quatre titres de champion d’Italie avec le « Grande Torino » (de 1946 à 1949). En plus de son intelligence tactique, le technicien a développé une approche innovante à bien des égards (nutrition, scouting, préparation physique…). Comme ses joueurs, il a été fauché en pleine gloire, lors du tragique crash d’avion de Superga en 1949.
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Samir Handanovič (Inter Milan)
Quand on parle de gardiens slovènes, le premier nom qui vient à l’esprit est, bien souvent, celui de Jan Oblak. Mais il serait très malvenu de ne pas évoquer Samir Handanovič qui, au fil des années, s’est imposé comme une véritable référence du poste en Italie. Passé par Trévise, la Lazio Rome, Rimini et l’Udinese, le portier formé à Domžale a commencé l’écriture d’un nouveau chapitre de sa carrière en 2012, au moment de rejoindre l’Inter Milan. Un chapitre auquel il n’a toujours pas mis de point final.
Rassurant dans les airs, agile sur sa ligne et précis dans son jeu au pied, Handanovič a su convaincre tous les techniciens – et il y en a eu ! – qui se sont succédé sur le banc nerazzuro au cours des huit dernières saisons, d’Andrea Stramaccioni à Antonio Conte, en passant par Roberto Mancini et Luciano Spalletti. Elu à trois reprises meilleur gardien de Serie A par l’AIC (2011, 2013, 2019), le natif de Ljubljana (35 ans) est désormais un leader incontestable de l’effectif lombard. C’est d’ailleurs lui qui a pris le relais de Mauro Icardi en tant que capitaine. Seule ombre au tableau : son palmarès collectif est toujours désespérément vierge. Une anomalie pour un dernier rempart de cet acabit.
Embed from Getty ImagesKakhaber « Kakha » Kaladze (AC Milan)
A l’instar de la France, la Géorgie a aussi eu son « Président ». Kakhaber (dit « Kakha ») Kaladze, c’est tout simplement l’un des plus grands joueurs géorgiens, qui a disputé plus de 280 matchs en dix ans sous le maillot de l’AC Milan et a défendu les couleurs de l’équipe nationale une quinzaine d’années durant (84 sélections). C’est également le transfert le plus onéreux pour un joueur géorgien (les Rossoneri ont déboursé 12 millions d’euros pour le faire venir du Dynamo Kiev).
Que ce soit au milieu, en défense, à gauche ou au centre, Kaladze faisait preuve d’un dévouement sans faille envers le collectif. La charnière qu’il formait tantôt avec Alessandro Nesta, tantôt avec Paolo Maldini, était peut-être ce qui se faisait de mieux en Europe au cours des années 2000. Vainqueur de deux Ligue des Champions avec les Lombards (2003 et 2007), Kaladze est désormais l’une des figures majeures de la vie politique en Géorgie. Nommé ministre de l’Energie peu après la fin de sa carrière, il est maire de la capitale, Tbilissi, depuis novembre 2017.
Embed from Getty ImagesSiniša Mihajlović (Lazio Rome)
Ailier, milieu offensive puis défensif… Siniša Mihajlović s’est exprimé – avec brio ! – à différents endroits du terrain avant que Sven-Goran Eriksson, alors coach de la Sampdoria, ne décide en 1994 d’en faire un rouage inamovible de sa défense centrale. En toute logique, c’est aussi à ce poste que nous avons choisi d’aligner l’ancien international yougoslave, qui n’a d’ailleurs ensuite plus bougé jusqu’à ce qu’il raccroche les crampons, en 2006. Joueur très complet, solide physiquement et d’une grande habileté balle au pied, « Barbika » reste avant tout connu pour sa redoutable précision sur coups de pied arrêtés. Au cours de sa carrière en Serie A, il a inscrit 28 buts sur coups francs. Seul Andrea Pirlo est parvenu à se hisser à son niveau, c’est dire.
Vainqueur de la Coupe d’Europe des clubs champions avec l’Etoile Rouge Belgrade en 1991, Mihajlović a étoffé son palmarès dans la Botte, glanant notamment deux Scudetti (2000,2006), quatre coupes nationales (2000, 2004, 2005, 2006) et, surtout, la Coupe des coupes 1999 avec la Lazio Rome, où il a laissé un souvenir ineffaçable. Devenu entraîneur, le natif de Vukovar a essentiellement dirigé des formations transalpines et se trouve actuellement sur le banc de Bologne. Mais le technicien de 51 ans mène, en parallèle, un combat sans merci contre une leucémie, dont il a annoncé être atteint en juillet 2019.
Embed from Getty ImagesIgor Tudor (Juventus Turin)
C’est le 13 septembre 1998, lors d’un déplacement à Pérouse (3-4), que la Juventus Turin a eu le plaisir de revoir à l’œuvre Zinédine Zidane et Didier Deschamps, fraîchement sacrés champions du monde. Arrivé sur la pointe des pieds et éclipsé par l’ombre des deux Français, Igor Tudor s’est néanmoins signalé ce jour-là. Buteur pour son tout premier match sous le maillot bianconero, le défenseur croate a idéalement lancé son idylle avec la Vieille Dame. Des buts, ce grand gaillard d’1,92m en a marqué d’autres par la suite. Celui, crucial, inscrit à la 92e minute d’une rencontre de C1 face au Deportivo La Corogne en 2003 (3-2) est resté dans les mémoires. Mais les tifosi se souviennent surtout des qualités athlétiques du natif de Split, de ses interventions dans le domaine aérien comme de l’aspect salvateur de ses tacles glissés.
Loin du cliché de l’arrière dur sur l’homme et prompt à dégager en touche, Tudor était, au contraire, doté d’une aisance technique indéniable. Tant et si bien que Marcelo Lippi n’a pas hésité à l’utiliser au poste de milieu défensif, où sa faculté à relancer proprement a fait florès. En l’espace de neuf années passées dans le Piémont (1998-2007), l’international croate a disputé 171 matchs, remportant notamment deux Scudetti (2002, 2003) et prenant part à une finale de Ligue des Champions (2003). Aurait-il pu aller plus haut ? Probablement, si ses pépins physiques avaient été un peu moins récurrents. Retraité à 30 ans, Tudor est ensuite devenu entraîneur. Jusqu’en novembre dernier, il était d’ailleurs assis sur le banc de l’Udinese.
Embed from Getty ImagesCristian Chivu (Inter Milan)
Cristian Chivu n’est peut-être pas le joueur le plus star system de ce XI, mais il n’en reste pas moins l’un des tout meilleurs défenseurs de son époque. Natif de Reșița, à l’ouest de la Roumanie, le jeune prodige est un modèle de précocité. Entraîné par son père Mircea, dont le stade de Reșița porte aujourd’hui le nom, il a débuté en équipe première à 16 ans. A 18 ans, déjà international, il a signé à l’Ajax Amsterdam avant de rejoindre ensuite l’AS Rome, avec laquelle il a marqué dès son premier match de Serie A. Mais c’est avec l’Inter Milan qu’il a connu ses meilleures années.
Lorsqu’il l’a recruté, Roberto Mancini a affirmé voir en lui le successeur de Siniša Mihajlović. Une comparaison qui en aurait étouffé plus d’un, mais Chivu avait la tête sur les épaules et ne craignait pas la pression. Trois fois champion d’Italie, il a surtout été de l’équipe réussissant le triplé de 2010, avec la victoire en Ligue des Champions en apothéose. Il est alors le deuxième Roumain à remporter le prestigieux trophée. Capable de jouer dans l’axe (comme avec la sélection roumaine douze années durant) comme sur le côté gauche de la défense, Cristi Chivu a rayonné par son anticipation, sa qualité de relance et de passe, qui lui ont permis de glaner les trophées collectifs et individuels (4 fois joueur de Roumanie, une fois élu dans l’équipe de l’année de l’UEFA). Căpitanul (le Capitaine) était surtout un meneur d’hommes hors pair. Seules les blessures ont eu raison de son talent, notamment celle l’obligeant à jouer avec un casque jusqu’à sa retraite, à 34 ans.
Embed from Getty ImagesLa deuxième partie de ce XI a été publiée sur le site de Serie A Mon Amour !
Le XI complet
Raphaël Brosse, avec Antoine Gautier, Antoine Jarrige et Pierre-Julien Pera
Image à la Une : © Mathieu Pecquenard