Temps de lecture 7 minutesLe football dans les RSS #40 – L’Arménie : Le football depuis l’Indépendance

A moins d’un an de la Coupe du Monde, nous avons décidé de nous replonger dans l’histoire du football soviétique des différentes (quatorze, hors Russie) républiques socialistes soviétiques d’Union Soviétique avec quatorze semaines spéciales, toutes reprenant le même format. Nous entamons déjà la deuxième partie de notre série avec cette semaine l’Arménie et aujourd’hui, nous vous offrons le dernier épisode de cette série arménienne avec un retour sur le football depuis l’Indépendance.


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Enclavée dans le Petit Caucase, l’Arménie était la plus petite des Républiques socialistes soviétiques. De 1936 à 1991, le football se jouait dans le cadre d’un championnat régional au sein de l’URSS. L’Ararat Erevan était à cette époque le représentant arménien dans le championnat soviétique avec en 1973, le titre suprême de champion d’URSS. En 1991, l’URSS s’effondre et oblige l’Arménie à fonder son propre championnat. La Première Ligue arménienne voit alors le jour. Retour sur 26 ans de football arménien mouvementé.

Le premier championnat en 1992 rassemble 24 équipes, certaines ayant évolué dans le championnat soviétique, d’autres ayant été créées à cette occasion. Ce dernier va connaitre au cours des années une variation plus ou moins constante du nombre de clubs, de 24 clubs en 1992 à seulement six clubs cette saison.

Les irréductibles

Le FC Shirak, club fondé en 1958 basé à Gyumri n’a jamais connu la relégation. Le FC Shirak, l’un des clubs les plus anciens du football national, a su gérer la transition post-URSS en remportant le championnat en 1994, 1999 et 2013. Récemment, les orange et noir ont remporté la coupe d’Arménie, l’année dernière, sur un score de trois buts à zéro, contre le Pyunik Erevan.

Le FC Shirak est réputé pour avoir produit de nombreux talents depuis les années 90. On peut citer Artur Petrosyan, un des meilleurs buteurs de la sélection nationale avec onze buts en 69 sélections, ou encore Harutyun Vardanyan, joueur emblématique du Shirak des années 90 qui y joua 225 matchs et marqua 56 buts. Joueur polyvalent, il passe une partie de sa carrière dans différents clubs suisses (Servette, Young boys, Lausanne…).

Le FC Shirak a joué le haut de tableau durant les années 90 avant d’avoir un passage à vide durant les années 2000. En 2010, le club a été repris par Arman Sahakyan, chef d’entreprise originaire de Gyumri, qui relança la machine et permit au club de retrouver un titre en coupe d’Arménie, en 2011, et le podium en championnat.

L’Ararat Erevan est évidemment un inconditionnel du championnat arménien. Figure majeure du football arménien pendant la période soviétique, l’Ararat Erevan n’a jamais retrouvé sa gloire passée. Depuis 1992, le club n’a remporté le titre qu’une seule fois, en 1993. Pire, l’Ararat a connu par deux fois la descente en deuxième division. La première de 2004 à 2006 puis une seconde fois en 2010. Au regard des résultats compliqués cette saison (dernier du classement avec neuf points en quinze matchs), il se pourrait que l’Ararat connaisse de nouveau la relégation…

C’est en coupe que l’Ararat a redoré tant bien que mal son blason. Certes la dernière victoire a dix ans aujourd’hui, mais l’Ararat a remporté quatre coupes dans les années 90, maigre consolation pour un club de cette envergure. Seuls deux clubs historiques sont donc encore actuellement actifs et ont eu des parcours globalement différents. Concentrons-nous désormais sur les clubs qui ont vu le jour à la suite de l’indépendance.

Commençons par le FC Banants. Fondé en 1992 par Sarkis Israelyan, dans son village natal de Kotayk, qui rassemblait moins de 2000 âmes, le Banants remporte dès l’année de sa création la coupe d’Arménie et monte sur le podium du championnat en terminant troisième. Mais les ennuis financiers font leur apparition en 1995 et le FC Banants quitte la scène tout en se sauvant grâce à une fusion avec le FC Kotyak.

On retrouve le Banants, en 2001, après un déménagement à Erevan, et de nouveau les « fiers aigles » fusionnent avec le Spartak Erevan et se dotent d’une base d’entrainement dès 2005. Une ascension qui permet de retrouver les trophées avec une deuxième coupe d’Arménie cette même année. Il faudra attendre la saison 2013/14 pour voir le club remporter son premier titre en championnat et par la suite la Supercoupe d’Arménie. Souvent présent dans le top 3, le Banants est une figure habituelle du championnat arménien.

Mais vous allez vous demander ce que j’attends pour parler du club phare de l’après-URSS ! Comment oublier le Pyunik Erevan tant sa domination est importante sur le football arménien depuis l’indépendance.

Renommé Pyunik Erevan en 1995 après avoir porté le nom de Homenetmen Erevan, club fondé en 1992, le club de la capitale est certainement le club porte-étendard du football arménien aux yeux de l’Europe tant sa domination est importante dans le football national depuis l’indépendance. Dès sa première saison, en 1992, le nouveau venu tient tête à l’histoire Shirak en finissant l’exercice à une place de co-leader symbole des ambitions et de la soif de trophées du club. Ce dernier s’installe progressivement dans le haut de tableau et, sous sa nouvelle identité de Pyunik, réalisé le doublé coupe / championnat en 1996, continuant par la même occasion de rafler le titre de champion la saison suivante.

Le Pyunik disparaît un temps pour réapparaître plus fort que jamais en 2001 sous la houlette de Ruben Hayrapetyan, qui dispose aussi de la casquette de Président de la Fédération de Football arménienne et qui peut compter sur le soutien financier de nombreux partenaires. Cet apport lui permet de mettre sur pied une équipe composée des meilleurs éléments des clubs arméniens tout en agrémentant son effectif de joueurs en provenance du Mali, du Cameroun, d’Argentine ou, plus tard, de Roumanie. S’ensuit alors une prédominance sur le football arménien durant les dix années suivantes, remportant l’ensemble des championnats et quatre coupes d’Arménie (2002, 2004, 2009, 2010). Une domination qui concentre l’ensemble des talents nationaux au sein du club et oblige la concurrence à aller voir en dehors de ses terres. Une situation qui n’avantage pas du vraiment la sélection nationale, en manque criant de résultats durant cette période. Le Pyunik rajoute par la suite un titre de champion en 2015 ainsi que trois coupes en 2013, 2014 et 2015. Le club aux treize titres semble accuser le coup ces derniers temps, actuellement avant dernier du classement, loin derrière le leader Alashkert FC.

Les autres et la réalité

Des clubs qui tentent d’exister de manière durable ou qui ont réussi à tirer leur épingle du jeu sur une ou deux saisons. Ce fut le cas du FC Erevan, en 1997, qui remporte le championnat avant de disparaître en 2000, seulement cinq ans après sa création. Ce fut également le cas du FC Tsement Ararat, fondé en 1960 sous le nom de FC Ararat et représentant la ville d’Ararat et qui, durant les années 90, remporta un titre de champion en 1998 puis en 2000 sous le nom de Araks Ararat FC. Mais, malgré les bons résultats, les finances ne suivent pas et le club disparut en 2001.

Le manque de financement est, avec l’affairisme, l’un des principaux maux du football arménien. Et la concentration toujours plus grande des clubs dans la capitale n’arrange en rien les affaires. Le championnat en pâtit inévitablement à travers un manque cruel de compétitivité, et par conséquent de résultats au niveau européen et international avec la sélection nationale.

Les clubs du FC Mika et du FC Ulisses ont aussi été dans le même cas… Le dernier cité, fondé en 2000 sous le nom du Dinamo 2000 Erevan (Dinamo Zenit en 2004 puis Ulisses FC en 2006 en raison de changement de sponsors), le FC Ulisses peut se targuer d’être l’équipe qui fit tomber la domination du Pyunik Erevan en 2011 en remportant le championnat. Mais trois ans plus tard, le club connut des difficultés financières au point de ne pas être sûr de participer à la saison suivante. Le club se sauve grâce à l’arrivée de Valeriy Oganissian qui monte par la même occasion une équipe faite de joueurs locaux et étrangers deux semaines avant le début de la reprise du championnat. Le club accroche la seconde place et peut se qualifier pour l’Europe, mais la défaite contre le club maltais FC Birkirkara met rapidement fin aux rêves d’Europe. Seulement deux semaines après la claque européenne, Valeriy Oganissian, tout juste nommé directeur général du FC Torpedo Armavir, nouveau club ambitieux russe de l’époque, ramène une grande partie de l’effectif dans ses bagages, Ulisses FC sombre sportivement puis financièrement, totalement délaissé par ses dirigeants. Si l’on rajoute en plus de tout cela une condamnation de quatre membres de l’équipe pour matchs truqués, il est évidemment difficile pour Oganissian de trouver de nouveaux sponsors, le club jetant définitivement l’éponge en 2016.

Le FC Alashkert, nouvelle étoile filante ?

Le FC Alashkert peut se targuer d’une histoire faite de hauts et de bas, mais à l’heure actuelle, le club semble être celui qui dispose de toutes les bonnes conditions pour être la locomotive du football arménien.

Fondé en 1990 à Martuni au bord du lac Sevan, le FC Alashkert joue la première saison du championnat arménien, mais finit à la toute dernière place. Le club quitte la scène pour revenir dans le football professionnel en 1998, mais de nouveau, le club s’arrête net et stoppe ses activités l’année suivante. Il faut attendre l’année 2011 et la reprise par Bagrat Navoyan, businessman originaire de Martuni, pour faire renaître le club. En 2013, le FC Alashkert n’échappe pas à la délocalisation à Erevan et s’installe au Nairi Stadium. Monté en Premier League, le club n’a besoin que de deux ans pour s’asseoir sur le trône du championnat et glaner les deux derniers championnats (2016, 2017). Avec une avance confortable cette saison, le titre semble ne pas devoir leur échapper à nouveau …

L’avenir nous le dira.

Sélection nationale

La sélection arménienne a, tout au long de ses 28 ans de vie, participé aux qualifications pour une compétition majeure sans pour autant accéder une seule fois à l’une d’entre elles.

Avec un championnat faible footballistiquement ainsi qu’une Fédération toujours aussi désavouée, l’Havakan (« équipe collective » surnom de la sélection arménienne) a bien du mal à accéder au Graal. La campagne pour l’Euro 2012 est à retenir parmi toutes les autres avec une belle troisième place avec 17 points en dix matchs à seulement quatre points de l’Irlande barragiste.

La présence d’Enrickh Mkhitaryan dans l’effectif est évidemment une aubaine, mais le joueur d’Arsenal ne peut malheureusement pas tout faire tout seul. La future Ligue des Nations sera peut-être l’occasion d’espérer une qualification.

Vincent Tanguy


Image à la une : VAHRAM BAGHDASARYAN / ANADOLU AGENCY via AFP Photos

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